Déconfinement : ne pas toucher et respecter la distanciation, un vrai défi pour les aveugles…

Respecter les gestes barrières et appliquer la distanciation physique s’avèrent très compliqué pour les personnes malvoyantes et aveugles.

Les malvoyants et les non-voyants sortent souvent accompagnés au bras d'une personne. (Illustration)

Depuis le lundi 11 mai, il n’y a plus besoin de sortir dans la rue muni d’une attestation. Mais la prudence est de mise car le virus est toujours présent. La distanciation physique et les gestes barrières restent donc de rigueur. Des mesures difficiles à appliquer pour les malvoyants et les aveugles. 

Difficile de garder ses distances

François Laspéras habite à Limoges. « J’ai 80 ans et j’ai la pêche » dit-il pour se présenter. Aveugle depuis ses 50 ans, le confinement n’a pas été simple pour lui. Privé d’une auxiliaire de vie, c’est un bénévole qui lui a livré ses courses. Habitué à partager son temps entre yoga, piscine, cours de cuisine, peinture et randonnées, l’octogénaire hyper actif s’est adaptée à une vie plus calme chez lui. Il a fallu aussi trouver une solution pour les promenades de son chien-guide, lui aussi habitué à se dépenser. Une amie de François s’est proposée pour s’en charger.

Jusqu’à présent « il garde le moral » mais il sait que le déconfinement s’annonce aussi compliqué. « C’est difficile pour moi de respecter la distance. J’avance avec prudence, je demande. Et puis les vigiles sont très vigilants, c’est le cas de le dire ! » dit-il en riant. « La dernière fois je suis passé devant la poste Carnot (à Limoges), il y avait une grande foule et un vigile m’a aiguillé pour traverser la masse sans trop les frôler, mais c’est pas évident. » 

« On tient le bras de la personne »

D’ordinaire François va faire ses courses accompagné d’une auxiliaire de vie. Là encore, il est difficile de garder ses distances. Marie-Claude Carl habite à Limoges, elle aussi est aveugle : « Quand on est accompagné, on tient le bras de la personne. Donc le mètre de distance n’est pas possible pour nous », indique-t-elle. C’est d’ailleurs pour cette raison que de nombreuses activités et les voyages du groupe Voir Ensemble en Haute-Vienne et en Creuse sont reportés explique Angélique Classe, malvoyante et présidente de l’association : « Fin août, on avait un séjour qui a dû être repoussé à l’année prochaine parce que pendant les voyages nous sommes guidés au bras par des personnes qui voient. Comme nos membres sont âgés, on a voulu éviter cette proximité. »

Le toucher est inévitable

Depuis le début de la pandémie, il est recommandé se laver les mains régulièrement car le virus peut se transmettre par les mains si elles sont portées à la bouche par exemple. Le toucher est pourtant un sens dont les malvoyants et les non-voyants ne peuvent se priver. « L’autre jour, je cherchais mes billets dans mon porte-monnaie et le boucher m’a proposé d’utiliser la carte », raconte François Laspéras. « Mais ce n’est pas plus simple, pour mettre ma carte, même avec le sans contact, il faut que je repère le récepteur, il faut que je touche », conclut l’ancien kinésithérapeute.

Actuellement, de nombreuses associations de malvoyants et de non-voyants lancent des appels aux dons pour venir en aide à leurs adhérents.

Source FRANCE BLEU.

 

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