Covid-19 : une possible « deuxième vague plus violente » et des « mesures désespérées »…!

Christian Drosten, le virologue allemand à l’origine de la politique de tests de masse en Allemagne, s’inquiète d’une deuxième vague de Covid-19 plus violente que la première.

drosten

En période de pandémie, à chaque pays son virologue en vogue. A l’instar d’Anthony Fauci aux Etats-Unis, en Allemagne, le virologue Christian Drosten est en première ligne pour répondre à la crise du SARS-CoV-2. En poste au prestigieux hôpital de la Charité à Berlin, Christian Drosten, 48 ans, publie aussi un podcast quotidien (à réécouter sur le site de radio NDR pour les germanophones). Selon un sondage mené par le tabloïde allemand Bild, il serait le virologue en qui les Allemands ont le plus confiance.

A l’origine d’un test de diagnostic contre le SRAS, un autre coronavirus, en 2003, Christian Drosten est à l’origine de la politique de tests massifs de contaminations menée en Allemagne. Maintenant que le pays entame sa période de déconfinement, suivie de nombreux pays en Europe, le virologue s’inquiète d’une deuxième vague de virus qui serait plus violente que la première. Des interrogations dont il faut part dans un entretien accordé au journal néerlandais Hat Laatse Niews.

« Nous sommes sur le point de perdre complètement notre avance sur la maladie« 

Depuis le 20 avril 2020, l’Allemagne est le premier pays européen a avoir commencé un déconfinement progressif. Longtemps salué pour sa gestion de la crise, le pays a désormais rouvert les magasins de moins de 800 m2. Mais depuis la réouverture progressive, l’Allemagne enregistre un rebond du nombre de cas. Un chiffre à l’origine de l’inquiétude du virologue Christian Drosten. « Je regrette ce qu’il se passe depuis quelques jours. Nous sommes sur le point de perdre complètement notre avance sur la maladie« , estime le scientifique dans l’interview, pour qui le déconfinement trop en amont représente une erreur stratégique. « Nous sommes l’un des rares pays au monde où le nombre d’infections diminue. »

Le R0, le taux de reproduction du virus, c’est-à-dire le nombre de personnes qu’un malade infecte à son tour, pourrait à nouveau augmenter en Allemagne. Le R0 y est actuellement de 0,9 personnes. Il continue donc de se propager, mais grâce au confinement et aux mesures barrières, le taux de propagation est bien plus bas que ce qu’il n’a initialement été. « En ce moment, nous voyons des unités de soins intensifs à moitié vides en Allemagne« , explique le scientifique dans un autre entretien accordé au journal britannique Guardian. « C’est dû au fait que nous avons commencé très tôt les tests de diagnostic et à une grande échelle, c’est ainsi que nous avons stoppé l’épidémie, c’est-à-dire que nous avons réduit son taux de reproduction à moins de 1. Mais maintenant nous arrivons à ce que j’appelle ‘le paradoxe de la prévention’. Les gens estiment qu’on en a trop fait et il existe une pression politique et économique à revenir à la normale. Les gens voient que les hôpitaux ne sont plus débordés. Ils ne comprennent pas pourquoi leurs magasins doivent rester fermés. (…) Pour beaucoup de gens, je suis le méchant qui ralentit l’économie« , confie le virologue.

Une deuxième vague violente et des « mesures désespérées« 

Pourtant, si toutes les mesures barrière et les si les efforts sont abandonnés trop rapidement, une deuxième vague de contamination, plus puissante et moins facile à gérer que la première pourrait déferler sur le pays. « Le plan fédéral est de lever le confinement en douceur mais comme les états allemands, les Länder, fixent leurs propres règles, je crains que nous ne voyions beaucoup de créativité dans l’interprétation de ce plan. Je crains que le taux de reproduction ne croisse à nouveau et que nous devions affronter une deuxième vague. »

Les mesures pour répondre à cette deuxième vague encore plus dangereuses devront, selui lui, être bien plus extrêmes que lors de la première vague. « Nous nous retrouverons dans des situations où des camions-citernes remplis de désinfectant circuleront dans les rues, car ce sera les seules mesures, désespérées, pour combattre le virus« , selon Christian Drosten. Ce dernier étaye ses propos par une comparaison avec la grippe espagnole et ses ravages en 1918. Le virologue exprime qu’elle est d’abord apparue au printemps, période à laquelle elle s’est propagée de façon inégale. Disparue pendant quelques temps pendant l’été avec des mesures de couvre-feu, elle est revenue de plus belle, plus puissante encore, à l’automne qui a suivi. Le scientifique allemand explique que les 50 millions de morts causées par la grippe espagnole sont, pour la plupart, survenus durant cette deuxième vague automnale.

Les propos de Christian Drosten, qui concernent avant tout l’Allemagne peuvent s’appliquer à tous les pays dont le déconfinement se ferait trop rapidement. Pour autant, le virologue ne prêche pas une gestion de la crise « à l’allemande » pour tous les pays, bien au contraire. « Même en Allemagne, avec notre immense capacité à tester dirigée quasiment entièrement vers les personnes ayant des symptômes, nous n’avons pas eu plus de 8% de résultats positifs. Donc je pense que les tests ciblés doivent être ce qu’il y a de mieux, en restant concentrés sur les personnes vraiment vulnérables, le personne hospitalier et le personnel de soin dans les établissements spécialisés par exemple. » Christian Dorsten rappelle que 60 à 70% de la population doit être porteuse d’anticorps pour atteindre l’immunité de groupe. « Mais en Europe et aux Etats-Unis, les tests ne sont pas fiables. Tous présentent des faux positifs. » Une situation complexe à laquelle, pour le moment, aucun virologue ni d’Allemagne ni d’ailleurs n’a de réponse.

Source SCIENCES AVENIR.

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