Covid-19 et embolie pulmonaire : découverte majeure au CHRU de Besançon…!

L’hôpital de Besançon est au centre des attentions depuis la publication d’un article scientifique de portée mondiale.

Salués par la profession, ces travaux prônent un changement de pratique en termes d’examen thoracique, en détaillant des liens jusqu’alors méconnus entre coronavirus et embolie pulmonaire.

Le Pr Eric Delabrousse nous explique.

Covid-19 et embolie pulmonaire : découverte majeure au CHRU de Besançon

Depuis ce jeudi 23 avril, il ne cesse de recevoir des messages de félicitations de ses confrères, ou de sollicitation des médias. Le Pr Delabrousse fait partie de l’équipe de radiologie du CHRU de Besançon qui, avec le Pr Sébastien Aubry et les Dr Franck Grillet, Julien Behr et Paul Calame, a publié un article scientifique de portée mondiale, dans la prestigieuse revue américaine RADIOLOGY. La Bible en la matière.

Si la guerre médicale engagée contre le Covid-19 est loin d’être gagnée, leur étude vient d’éclairer la recherche mondiale sur ce satané virus, qui garde ses parts de mystère.

Quel constat initial ?

Pour la faible proportion de malades symptomatiques développant la forme pulmonaire du coronavirus, un examen était jusqu’alors systématiquement pratiqué : le scanner thoracique. Ses résultats permettent de quantifier la part des poumons infectés.

Problème : « Les images montraient parfois des poumons peu atteints, alors que l’état du patient nécessitait de la réanimation, une intubation, et débouchait parfois sur un décès », résume le Pr  Delabrousse. Les facteurs de comorbité associés – diabète, obésité, hypertension, etc. – expliquent en partie cet écart théorique, mais de nombreux chercheurs tentent d’aller plus loin.

Quelle hypothèse ?

« Il y a deux raisons d’être hypoxique (en manque d’oxygène, NDLR) : c’est soit ventilatoire, soit vasculaire », rappelle le professeur… Le moteur, ou les tuyaux. Comme d’autres praticiens dans le monde, l’équipe médicale bisontine a donc exploré la piste de l’embolie pulmonaire. Il faut pour ce faire changer le paradigme alors en vigueur, et remplacer le scanner thoracique classique – qui ne permet pas de détecter une éventuelle embolie – par un angioscanner, qui utilise des produits de contraste.

Quel résultat ?

Il est sans appel  sur 100 patients suspectés de pneumonie liée au Covid-19, 23 souffraient également d’une embolie pulmonaire. « C’est une proportion colossale », tranche le Pr Delabrousse.

L’article bisontin signé dans la revue RADIOLOGY apporte un second éclairage. Une embolie trouve généralement sa source dans de gros caillots formés dans les jambes. Les travaux du CHRU Minjoz soutiennent que le Covid-19 provoque, en réalité, la formation d’une galaxie de minuscules caillots directement dans les petits vaisseaux des poumons.

Covid-19 et embolie pulmonaire : découverte majeure au CHRU de Besançon

L’article de l’équipe bisontine de radiologie est qualifié de « princeps », un terme technique qui met en avant son côté précurseur. Photo DR/revue scientifique RADIOLOGY 

Quels changements ?

Concernant la méthodologie d’examen à pratiquer en cas de Covid, ils sont fondamentaux. « Le propre de notre article, c’est de dire qu’il faut injecter tout le monde avec du produit de contraste. Car dès lors qu’on repère une embolie pulmonaire, c’est traitable », simplifie le Pr  Delabrousse. Il suffit de placer le patient sous anticoagulant. De fluidifier son sang, pour permettre à l’oxygène de mieux circuler.

D’autres études, menées notamment aux États-Unis, allaient déjà dans ce sens en plébiscitant l’utilisation massive d’anticoagulants. « À Besançon, l’ensemble des patients Covid placés en réa sont désormais  »anticoéagulés » », abonde Eric Delabrousse. Tout comme au CHU de Strasbourg, également précurseur.

Quelles conséquences ?

L’article du CHRU de Besançon alimente un espoir réel, qui reste à démontrer scientifiquement : que la meilleure détection des embolies pulmonaires permette un traitement optimal de ce problème vasculaire, et fasse baisser le taux de mortalité globale du coronavirus. Même s’il reste à gérer l’infection des poumons, déterminante dans les décès de patients.

Source EST REPUBLICAIN.

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