Corse : inauguration de la première maison d’accueil pour autistes adultes à Ajaccio…

Ce vendredi 9 juillet, un établissement inédit a été inauguré à Ajaccio : une maison d’accueil spécialisée dans les troubles du spectre autistique.

Un lieu qui se veut « comme une maison » et « non comme un hôpital ». 

La maison d'accueil spécialisée autisme a été inaugurée vendredi 9 juillet, à Ajaccio. Elle héberge 10 résidents.

 

À 10 heures, ce vendredi 9 juillet, les 10 résidents de la maison d’accueil spécialisée dans les troubles du spectre autistique (MAS), « Les Magnolias » à Ajaccio, se réveillent à leur rythme.

Dans la salle commune, Sabrina, Sébastien, Lucas et Xavier terminent leur petit-déjeuner alors que les autres dorment encore. « Ici, nous sommes chez eux. Ce n’est ni un hôpital, ni une structure médicalisée. C’est eux qui décident de l’heure à laquelle ils mangent ou vont se coucher. On s’adapte au mode de vie de chacun« , explique Julie Le Berre, neuropsychologue.

Lucas, entouré de deux éducatrices, au petit-déjeuner.

« Les Magnolias » est la première structure régionale à accueillir des autistes adultes. La plus jeune a 17 ans, le plus âgé 52 ans. Jusqu’à présent, deux options s’offraient à eux : soit ils restaient au domicile familial, soit ils étaient pris en charge au sein d’un institut médico-éducatif (IME) réservé aux enfants et aux adolescents atteints de handicap. Dans ces deux cas, les soins et le suivi n’étaient pas toujours adaptés. « Je suis vraiment rassurée, explique la mère d’une résidente. Jusqu’à présent, il y avait une absence totale d’établissement dédié aux adultes. Ma fille Sabrina est atteinte du syndrome d’Angelman. Elle a pu rester dans un IME grâce à l’amendement Creton qui stipule que les adultes handicapés, c’est-à-dire de plus de 20 ans, et évoluant dans un IME ne peuvent pas être laissés sans prise en charge. »

Salle sensorielle et salle blanche

Les 10 patients de la MAS ajaccienne présentent tous des formes graves du handicap. Aucun ne communique. Afin de faciliter leur quotidien et de structurer le temps et l’espace, les professionnels de la structure suivent la méthode Teacch -(Treatment and Education of Autistic and related Communication handicapped Children). « Elle leur permet de mieux comprendre leur environnement« , reprend Julie Le Berre.

Ainsi, sur les murs de la salle commune, l’emploi du temps de chaque résident est affiché. « Souvent, les personnes avec autisme n’aiment pas ne pas savoir ce qui va arriver après. Les emplois du temps permettent de structurer la journée, et de se diriger vers la prochaine activité. Cela permet de travailler l’autonomie, c’est très important« , complète la neuropsychologue.

Une partie des emplois du temps des résidents.

Deux salles ont également été conçues pour répondre au mieux aux troubles autistiques qui entraînent, notamment, des difficultés sensorielles. La première, dite « sensorielle », a été conçue pour les personnes « qui ressentent moins les choses« . Cette salle renferme un matelas à eau, et propose des jeux de lumières tamisées. La seconde, « la blanche », contient seulement un coussin. Elle est destinée aux personnes qui, à l’inverse, « ressentent trop les choses« . « Ces espaces sont en libre accès, les résidents peuvent venir quand ils le souhaitent et y passer le temps qu’ils veulent. »

Mutualisation

Cette MAS est intégrée au centre de rééducation du Finosello. Un emplacement qui permet aux résidents de bénéficier des techniques de rééducation et du personnel de la structure médicalisée. « Quand on est autiste, on a du mal à fonctionner en miroir avec les autres et on fait des gestes répétitifs qui ne correspondent pas à grand-chose, souligne le docteur Rémy François, psychiatre et directeur général des deux structures. Grâce aux plateaux techniques de rééducation neurologique, on va réapprendre à faire des gestes pour faire des choses qui servent. De plus, prendre en charge un patient autiste en l’incluant dans la société permet de changer le regard des soignants et des patients. Tous se rendent compte qu’un autiste est quelqu’un qui peut vivre comme tout le monde. »

Xavier, un des résident de la MAS "Les Magnolias", en séance de rééducation.

Si « Les Magnolias » représente un véritable soulagement et l’assurance d’une prise en charge adéquate pour les familles et les personnes autistes, pour certains, cela ne sera que de courte durée : après 60 ans, les résidents d’une MAS sont dirigés en Ehpad, une structure qui n’est pas adaptée pour ce type de handicap.

Source FR3.

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