Coronavirus : « Le message des pouvoirs publics est mal passé »… En pharmacie, les autotests n’attirent pas les foules…

Disponible en pharmacie depuis le 12 avril, cet outil supplémentaire de dépistage du coronavirus n’a pas encore convaincu.

Coronavirus : « Le message des pouvoirs publics est mal passé »… En pharmacie, les autotests n’attirent pas les foules

 

  • Les autotests sont une forme de test antigénique à réaliser soi-même.
  • Ce dispositif est déployé dans les pharmacies depuis le 12 avril. Mais il peine à se faire connaître, et certains pharmaciens s’inquiètent de son usage inadapté.
  • 20 Minutes est allé dans des officines de la région parisienne pour en savoir plus.

A quelques pas de l’hôpital Beaujon, à Clichy, au nord-ouest de Paris, la pharmacie du docteur Jean-Yves Fournet vend des autotests depuis le 12 avril. C’est depuis cette date que les officines proposent aux patients ces tests antigéniques, qui viennent compléter l’arsenal du dépistage contre l’ épidémie de coronavirus en France. Remboursés pour les personnes travaillant auprès des personnes âgées, ils sont vendus à 6 euros. Un prix plafonné qui, d’ici au 15 mai, baissera à 5,20 euros.

Mais la demande ne semble pas au rendez-vous. Dans son officine, Jean-Yves Fournet indique que depuis le début de leur commercialisation, il en a seulement vendu une dizaine. Et au niveau national ? Libération indiquait récemment que d’après la DGS, la moitié des officines en ont déjà vendu. Jean-Yves Fournet doit en outre faire preuve de pédagogie. « Rien qu’hier, on m’a appelé deux fois pour me demander comment faire et s’il était possible de revenir à l’officine pour confirmer le résultat ».

« La crainte majeure, c’est que les résultats positifs passent sous les radars »

Les autotests sont destinés aux personnes de plus de 15 ans qui n’ont pas de symptômes du Covid-19 et ne sont pas cas contact. Mais ça, tout le monde ne le sait pas. « Les personnes qui souhaitent en acheter ne répondent pas à ces critères, confirme Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine. Les gens se trompent. Je pense que le message des pouvoirs publics est mal passé ». Autre info souvent ignorée du grand public : « ces tests n’ont d’intérêt que s’ils sont réalisés une à deux fois par semaine », afin de détecter le virus au début de la maladie, ajoute Gilles Bonnefond.

Cet outil sera par ailleurs largement utilisé dans les prochaines semaines auprès des lycéens, comme l’a annoncé Jean-Michel Blanquer la semaine dernière. « Cela pourrait permettre une hausse de l’utilisation dans les familles », espère le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine. Mais avec un risque : que les personnes dont l’autotest se révèle positif n’aillent pas plus loin dans leurs démarches. « La crainte majeure, c’est que les résultats positifs passent sous les radars ».

Les pharmaciens rappellent à chaque fois la marche à suivre : si le test s’avère positif, il faut s’isoler et effectuer un test PCR, plus fiable. Sans oublier l’autre danger : « Ces autotests ne doivent pas se transformer en « pass » pour faire la fête et oublier les gestes barrières », rappelle Gilles Bonnefond.

En attendant les livraisons

Il n’y a donc pas foule côté acheteurs. Mais du côté de l’offre, certaines pharmacies ne sont toujours pas livrées. « On a précommandé auprès du laboratoire Biosynex il y a deux semaines, explique Esther Boman, docteur à la Pharmacie du Landy, toujours à Clichy. Tous les autotests ont été réquisitionnés par l’Etat. Ils sont en rupture de stock, donc on attend ».

Non loin, à la Pharmacie de l’Avenir, c’est le même constat. : « Ils ont annoncé trop vite, on n’a pas de nouvelles de l’organisme qui devait nous fournir », nous dit-on sur place.

Source 20 MINUTES.

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