Coronavirus: le lavage des mains est-il vraiment le geste le plus efficace?…

Les autorités sanitaires et politiques le répètent: il faut nettoyer ses mains toutes les heures.

Cela peut-il permettre de se protéger du coronavirus et de freiner l’épidémie ?

Se laver les mains, un «geste barrière».

LA QUESTION. «Lavez-vous les mains. Lavez-vous les mains souvent, toutes les heures», répétait la semaine dernière le ministre de la Santé, Olivier Véran, suivi du premier ministre, Édouard Philippe. Pour se protéger du coronavirus et limiter sa propagation, serinent les autorités sanitaires, le «geste barrière» le plus efficace serait d’observer une scrupuleuse hygiène des mains.

On le comprend aisément pour un virus comme celui de la gastro-entérite, qui nous contamine notamment lorsque nous touchons des surfaces souillées. Le lavage des mains est évidemment essentiel chez les soignants, surtout lorsqu’ils procèdent à des gestes invasifs, occasion rêvée pour les pathogènes d’entrer à l’intérieur de notre organisme. Mais pourquoi diable un virus respiratoire, transmis par la toux et les gouttelettes de salive, serait stoppé par le lavage des mains?


VÉRIFIONS. «Les mains sont un vecteur de transmission des micro-organismes», explique le Dr Stéphane Gayet, médecin infectiologue au CHRU de Strasbourg. Pour nous infecter, un pathogène a besoin d’une «porte d’entrée», soit une muqueuse (nez, lèvres, bouche, conjonctive oculaire…), ou une plaie. Or lorsque quelqu’un tousse face à nous, explique le médecin, «les particules virales émises dans l’air n’arrivent pas facilement à nos muqueuses. Mais les mains viennent récupérer celles déposées sur nos joues, notre cou, notre front…» Un bonbon, une cigarette, un « gratouillis » des lèvres, et le virus a tôt fait d’arriver dans notre bouche.

Les virus et bactéries étant enveloppés d’une membrane lipidique, le savon est particulièrement efficace pour les éliminer de nos mains. Une équipe britannique le montrait en 2011 sur des bactéries responsables de diarrhées: alors que 44 % des échantillons prélevés chez des volontaires ayant touché poignées et balustrades étaient contaminés par ces pathogènes, ce taux tombait à 23 % après un passage à l’eau, et à 8 % lorsque le nettoyage était fait au savon! Quelques années plus tôt, des Australiens montraient aussi une très bonne efficacité du savon contre un virus grippal. Quant au gel hydroalcoolique, une équipe allemande a récemment montré, dans le Journal of Hospital Infection , qu’ils étaient efficaces contre le nouveau coronavirus.

Pour autant, se laver les mains peut-il freiner une épidémie? En 2011, une revue de littérature de la Cochrane concluait que «la propagation des virus respiratoires peut être évitée par des mesures d’hygiène, telles que le lavage des mains, en particulier chez les jeunes enfants». Difficile cependant, parmi toutes les mesures mises en œuvre contre la propagation des virus respiratoires, d’isoler l’efficacité spécifique du lavage de mains. Mais «compte tenu de son efficacité démontrée dans d’autres contextes, il n’existe pas de preuves irréfutables qu’il faille cesser d’utiliser de bonnes pratiques d’hygiène des mains pour réduire le risque d’infection et de transmission de la grippe dans le cadre communautaire», notaient il y a un an des chercheurs canadiens.

Plusieurs équipes ont par ailleurs démontré que ceux qui se lavent le plus scrupuleusement les mains, sont aussi ceux qui souffrent le moins d’infections respiratoires. Un lavage de mains régulier et scrupuleux est donc une excellente habitude à prendre pour traverser sereinement les épidémies de grippe qui sévissent chaque hiver! Une équipe britannique a ainsi, pour une étude publiée en 2015 dans le Lancet , testé sur près de 17.000 participants l’efficacité d’une simple intervention par internet encourageant les gens à mieux se laver les mains: après 16 semaines, 51 % des individus ayant bénéficié de l’intervention avaient eu un ou plusieurs épisodes d’infection respiratoire, contre 59 % dans le groupe contrôle.

Huit petits points qui n’ont l’air de rien, mais qui peuvent changer la donne. En décembre, une équipe internationale modélisait dans Risk Analysis l’intérêt d’encourager l’hygiène des mains chez les usagers des aéroports, hauts lieux de propagation des épidémies. Considérant qu’à un instant t, 20 % des usagers ont les mains propres, les auteurs estiment qu’augmenter ce taux à 30 % réduirait le risque d’épidémie grippale de 24 % ; à 60 % de mains propres, la baisse serait de 69 % !

Source LE FIGARO.

 

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