Clément, aveugle, veut emmener les non-voyants sur les sentiers des Vosges…

Clément Gass, Mathieu Kirchhofer et Joseph Peter, le président du Club vosgien de Saint-Amarin, ont récemment effectué une grande randonnée dans les Vosges, au-dessus de Saint-Amarin.

L’objectif, pour Clément, non voyant, était d’effectuer une reconnaissance du parcours afin d’en devenir le guide, seul, en août 2020, et de le rendre accessible à tous.

 

Clément, aveugle, veut emmener les non-voyants sur les sentiers des Vosges

La vallée est enveloppée par le brouillard, mais les hauteurs du Stockenberg émergent de ce coton d’automne. Sur le sentier balisé d’un rectangle rouge blanc rouge, des randonneurs avancent d’un pas décidé et volontaire. Ils sont trois, partis de Saint-Amarin pour rallier d’abord le Haag pour le déjeuner, puis le sommet du Grand Ballon avant de revenir à leur point de départ dans la vallée.
Équipés de bonnes chaussures et de sacs à dos, ils progressent à un rythme soutenu, cadencé par leurs cannes de marche.

31,9 km, 1325 m de dénivelé en huit heures

Un des trois cependant, n’a qu’une canne, blanche, équipée d’une sphère montée sur ressort à son extrémité. Son propriétaire balaye d’un mouvement métronomique le terrain devant ses pieds. Clément Gass est non-voyant depuis sa naissance.
Accompagné par Joseph Peter, président du Club vosgien de Saint-Amarin (CVSA) et par Mathieu Kirchhoffer, ils attaquent aujourd’hui un circuit de 31,9 km et 1325 m de dénivelé positif, pour une durée de sept heures et cinquante minutes. Clément, trailer confirmé (il a notamment traversé la Corse par le GR20) aidé de sa canne tactile et guidé par son téléphone, vient reconnaître ce circuit en vue d’une sortie, organisée par le CVSA, qu’il guidera en août 2020.

Enregistrer des commentaires

Tout au long du parcours, Joseph et Mathieu vont lui donner des informations qu’il va enregistrer sur son téléphone. « Trois heures » ou « neuf heures » sont des indications pour bifurquer à angle droit vers la gauche ou la droite (midi, c’est droit devant). Clément mémorisera ainsi tout l’itinéraire avec, pour chaque changement de direction, un cap, une distance et des commentaires.
La canne, elle, sert à détecter les obstacles tels que cailloux ou branchages. Ses deux accompagnateurs, pourtant randonneurs chevronnés, ont par moments bien du mal à le suivre, tellement il va vite. Plus la pente est raide, plus il accélère. C’est Joseph Peter, après leur rencontre sur un tour de la vallée, qui lui a proposé de guider une sortie.

Trois conditions réunies pour accepter l’aventure

Clément, avant d’accepter, a posé trois conditions : au moins 1000 m de dénivelé positif, un parcours d’au moins trente kilomètres et, surtout, personne devant lui ! Chapeau bas ! Son objectif, hormis de piloter un groupe le 2 août 2020, est de rendre disponible ce parcours, par ses relevés, pour n’importe quelle personne non-voyante.

La marche est pour lui le seul moyen autonome de déplacement et il la considère comme un plaisir. Dans la vie, quand il ne skie pas ou ne randonne pas, Clément est ingénieur statisticien à l’Insee. Il est également vice-président de l’association Vue du cœur, dont de jeunes membres ont pris part à un tour de la vallée. Il vient de créer avec un ami une autre association, Elandicap, qui veut démontrer par ses actions que, selon le contexte, le handicap peut s’effacer. Clément s’affirme comme un personnage, offrant une leçon de courage et un bel exemple à suivre…

Source L’ALSACE.

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