Cinq raisons de penser que la fin du port du masque n’est pas pour demain…

Le masque destiné à limiter la propagation du coronavirus est entré dans notre vie quotidienne depuis plusieurs mois, désormais. Et il ne semble pas près d’en sortir.

Explications.

Cinq raisons de penser que la fin du port du masque n’est pas pour demain...

Dans la rue, dans les commerces, dans les transports en commun, au travail… Le port du masque pour limiter la propagation du Covid-19 est désormais un geste adopté par de nombreux Français au quotidien. Souvent imposé, il est presque devenu une habitude.

Et il devrait encore être de mise pendant de nombreux mois, encore. Y compris après la commercialisation d’un vaccin. Nathan Peiffer-Smadja, infectiologue à l’hôpital Bichat de Paris, nous explique pourquoi.

1. Parce qu’il faudra attendre un taux d’immunité élevé

Le masque, on n’est pas près de ne plus en entendre parler. Pour que celui-ci ne soit plus nécessaire, les médecins estiment qu’il faudrait obtenir un contrôle parfait de l’épidémie, ou une immunité forte de la population. Or pour l’instant, aucune des deux options n’est plausible.

« Actuellement la situation épidémique ne permet pas d’imaginer à court terme d’arrêter de porter le masque, précise Nathan Peiffer-Smadja. Ce qui nous permettrait de l’arrêter, c’est une immunité collective forte, d’environ 80 % de la population. »

Un stade qui, pour être atteint, demandera encore beaucoup de patience. « Ça ne peut se faire que par la vaccination si on veut éviter l’hécatombe. »

2. Parce qu’aucun vaccin n’est encore commercialisé

Et élaborer un vaccin, ça prend du temps. Aujourd’hui, on estime que près de 200 sont à l’étude dans le monde, et que certains sont déjà entrés dans la phase 3 de la conception, à savoir une étape d’essais cliniques à grande échelle. Une évolution rapide, mais qui nécessitera encore quelques mois avant de voir la commercialisation éventuelle d’un vaccin. « Il ne devrait y avoir aucune homologation d’ici 2021 », souligne Nathan Peiffer-Smadja.

3. Parce qu’on ne saura pas qui aura été vacciné

« Les campagnes de vaccination prendront du temps », prévoit l’infectiologue, qui explique aussi qu’avant de pouvoir vacciner à grande échelle, une étape majeure devra être franchie : « Convaincre les Français de se faire vacciner. » Sans compter que lorsqu’il y aura un vaccin, « le monde entier va se l’arracher », anticipe-t-il, « et pour vacciner admettons 40 millions de Français, ça demandera du temps, on n’aura peut-être pas de quoi vacciner tout le monde directement ».

Et donc, si certains auront la chance d’être vaccinés, d’autres ne le seront pas immédiatement. Alors pour éviter toute contamination, le masque devrait encore être recommandé. En effet, « il sera difficile de savoir qui aura été vacciné ou non ».

4. Parce qu’on ne sait pas combien de temps le vaccin sera efficace

On ignore encore la qualité de la réponse immunitaire d’un vaccin contre le Covid-19. Et sur le long terme, l’autre aspect à surveiller sera celui de « la durabilité de la réponse ».

Car avec le temps, les virus mutent et se modifient légèrement. Mais sur ce point, l’infectiologue se veut rassurant : « Le coronavirus n’est pas comme le virus de la grippe. Il est peu probable que le vaccin anti-coronavirus doive être refait tous les ans. Mais pour l’instant la durée de la réponse immunitaire reste floue. »

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, quelques cas de réinfection ont pu être observés. Des « exceptions » selon l’infectiologue, puisque sur les plus de 40 millions de cas positifs dans le monde depuis l’arrivée du coronavirus, seuls quelques-uns ont fait l’objet d’une réinfection. « L’immunité qu’on acquiert après une infection ou après un vaccin est différente, précise Nathan Peiffer-Smadja. Elle peut éventuellement être plus durable avec un vaccin. »

5. Parce que le masque freine la propagation d’autres virus

« S’il y a quelque chose de positif à retenir de cette pandémie, c’est qu’on peut espérer que les gens portent plus volontiers des masques lorsqu’ils sont symptomatiques », poursuit l’infectiologue. Dans certains pays d’Asie, c’est un réflexe déjà adopté volontiers, pour d’autres maladies, y compris un simple rhume, dès que les gens toussent, éternuent, etc.

Pour Nathan Peiffer-Smadja, l’adoption définitive du masque en France lors de symptômes n’est pas le scénario le plus probable « s’il y a une vaccination ». Mais d’ici là, aucune chance de voir le masque laissé de côté.

Source OUEST FRANCE.

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