Une assistance, payée par l’état, pour aider les personnes atteintes de déficience mentale, dans leur vie quotidienne, dés janvier…

Les personnes porteuses d’une déficience intellectuelle pourront bénéficier à partir de janvier 2023 d’une aide humaine pour effectuer certains actes de la vie quotidienne, comme faire leurs courses ou des démarches administratives, a annoncé ce mercredi 20 avril le gouvernement.

Des aides pour les déficients mentaux

 

Un décret paru mercredi 20 avril, au Journal officiel a élargi les critères ouvrant droit à la « prestation de compensation du handicap » (PCH) afin que cette aide puisse être octroyée aux personnes présentant un handicap psychique, mental, cognitif ou un trouble du neurodéveloppement.

L’aide humaine pourra être octroyée si la personne éprouve des difficultés à « gérer son stress » face à l’imprévu ou à effectuer des « tâches multiples » de la vie quotidienne, comme les tâches successives nécessaires pour préparer un repas (préparer les aliments, réaliser la cuisson), selon le décret.

Les personnes éligibles pourront bénéficier d’une aide humaine pour soutenir leur « autonomie globale » (aide pour faire les courses, prendre les transports, participer à la vie en société, etc.).

Le dispositif a été testé l’an dernier dans trois départements : les Ardennes, la Gironde et les Vosges, selon un communiqué des services de la secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel.

Le collectif Handicaps a salué la publication tant attendue de ce texte

Le collectif Handicaps, qui regroupe 51 associations, a salué sur Twitter « la publication tant attendue de ce texte, fruit d’une mobilisation de plusieurs associations ». « Il met fin à une discrimination que nous avons dénoncée collectivement » avec Autisme France, HyperSupers TDAH France, l’Unafam et l’Unapei.

Selon les associations représentant les personnes concernées et leurs familles, les critères d’attribution de la PCH – qui permet depuis 2005 de financer une aide humaine pour certains gestes du quotidien – excluaient de facto les personnes porteuses d’un handicap mental.

Pour en bénéficier, il fallait jusqu’à présent que la personne soit dans l’incapacité d’effectuer seule des activités quotidiennes essentielles comme se laver, s’habiller, aller aux toilettes, manger, se déplacer dans son logement.

Or de nombreuses personnes porteuses d’un handicap psychique ne sont pas entravées pour ces gestes quotidiens mais pour d’autres démarches – faire ses courses, aller chez le médecin, prendre l’autobus… – pour lesquelles elles n’avaient droit jusqu’à présent à aucune aide.

Avec AFP.

Source  WHATSUPDOC.

Présidentielle 2022 : « On ne voit pas le bout du tunnel »… Les associations de personnes handicapées interpellent les candidats…

Les associations de défense des personnes handicapées espèrent que les candidats à l’Elysée reprendront leurs revendications, alors que le secteur fait face à une hémorragie de soignants.

Présidentielle 2022 : « On ne voit pas le bout du tunnel »… Les associations de personnes handicapées interpellent les candidats

 

  • Jeudi, Jean Castex réunit le dernier comité interministériel du handicap.
  • Alors que le secteur du handicap souffre encore davantage qu’avant la crise sanitaire de manque de personnels, les associations montent au créneau pour demander plus de moyens.
  • A trois mois de l’élection présidentielle, elles espèrent surtout que leurs préoccupations vont s’inviter dans la campagne.

Un ultimatum ? Ce mardi, le collectif Handicaps, qui regroupe 51 associations nationales représentatives des personnes en situation de handicap et leur famille a donné de la voix à trois mois de l’élection présidentielle.

Lors d’une conférence de presse, il a d’abord tiré un bilan du quiquennat Macron, puis listé ses demandes les plus urgentes pour le prochain locataire de l’Elysée. Le collectif invite d’ailleurs toutes les candidates et candidats les 3 et 15 mars, à participer à un « grand oral » en visio. Histoire d’imposer leurs préoccupations dans une campagne présidentielle pauvre en débats sur les sujets sociaux.

Bilan en demi-teinte

« Ce gouvernement aime bien l’autosatisfaction », tacle Arnaud de Broca, président du collectif Handicaps. Mais si beaucoup de chantiers ont été ouverts, tous n’ont pas abouti à une amélioration des conditions de vie des personnes handicapées. Et les associations de s’appuyer sur des exemples concrets : « l’allocation pour adulte handicapé (AAH) a été revalorisée [passant de 808 en 2017 à 903 € en 2022], mais le complément de ressources (pour les personnes qui touchent l’AAH et ne peuvent pas travailler) a été supprimé [en décembre 2019], illustre Arnaud de Broca. Le gouvernement s’est refusé à individualiser l’AAH (c’est-à-dire qu’elle soit décorrélée des ressources du conjoint). Sur l’éducation, des efforts ont été faits, mais on a encore des milliers d’enfants qui ne sont pas scolarisés. Un statut d’ accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH) a été créé, mais il est très précaire et insuffisant. »

Tous les acteurs du handicap tirent aussi la sonnette d’alarme depuis quelques mois : les établissements recevant des enfants et adultes handicapés manquent de bras. Au point que certains doivent fermer des services… Comme le centre médico-éducatif Les Mésanges à La Motte-Servolex en Savoie, où Loris, un jeune homme polyhandicapé de 20 ans, passe ses semaines. Sa mère, Véronique Davallet-Pin, a voulu témoigner de son inquiétude face à la vague de départs dans cet établissement. Maman et en parallèle, AESH depuis onze ans, elle est « des deux côtés de la barrière du mépris », résume-t-elle. Avec le collectif de parents « A bout de souffle », elle organise des manifestations, sollicite les députés, « mais on ne voit pas le bout du tunnel ». Sa crainte ? Que l’institution spécialisée, dans laquelle Loris passe cinq jours et trois nuits par semaine, ferme. « Jusqu’à cet automne, ça résistait. Mais sur l’épuisement des mois de lutte contre le Covid-19 s’est ajoutée l’obligation vaccinale des soignants… Les professionnels s’en vont les uns après les autres. Je ne fais pas de politique, je vois juste l’étendue des dégâts. »

Des structures très fragilisées par la crise

Selon ces associations, la situation serait « inédite », selon les mots de Luc Gateau président de l’Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales). « Les maisons d’accueil spécialisées ont vu leurs capacités diminuer faute de soignants et d’éducateurs. Un baromètre fait état de 30.000 postes vacants, soit 5 % des professionnels du secteur. »

Conséquences ? Certaines structures, pour rester ouvertes, font appel à des vacataires. « Mais donner à manger à des enfants qui ont des troubles de la déglutition, ça ne s’improvise pas, s’agace Luc Gateau. Il faut une réaction. » Et le président de l’Unapei de saluer tout de même la décision, tardive, sur la question du Ségur. En effet, quand le gouvernement a annoncé en juillet 2020 la revalorisation de 183 euros net par mois pour les paramédicaux des Ehpad, hôpitaux publics et privés, les soignants du médico-social financé par les départements en étaient exclus. Mais le 8 novembre 2021, Jean Castex annonce que la revalorisation sera étendue aux 20.000 salariés « oubliés du Ségur ». Reste que beaucoup de ces paramédicaux avaient déjà quitté le navire du médico-social, écœurés. « On attend encore des réponses concrètes sur les métiers du social jeudi », insiste Arnaud de Broca. En effet, Jean Castex réunit jeudi les acteurs du secteur pour le dernier Comité interministériel du Handicap (CIH). L’occasion de faire des annonces sur les métiers du social ? Ce serait étonnant à trois mois des élections.

Le collectif a donc publié cinq propositions prioritaires. La première concerne, sans surprise, les moyens : « la branche autonomie a été adoptée, mais ce n’est qu’une coquille vide, tranche Arnaud de Broca. Il faut entre 10 et 12 milliards supplémentaires pour financer une politique du handicap conforme à nos attentes. » Deuxième exigence : l’inscription dans la Constitution de l’accessibilité dans toutes ces formes pour tous types de handicap. « Cela aurait évité par exemple, que ce gouvernement décide de réduire le nombre de logements neufs accessibles aux personnes handicapées à 20 % au lieu de 100 % », pointe Arnaud de Broca.

« On attend les candidats, les troisièmes couteaux ça ne nous intéresse pas ! »

Le troisième point fait écho au témoignage des familles : « Il faut garantir la qualité de l’accompagnement des personnes handicapées en établissements, mais aussi à domicile ». Le collectif demande aussi « un revenu d’existence pour les adultes handicapés qui ne peuvent pas travailler, ce que ne sont pas l’AAH ou les pensions d’invalidité ». Dernière proposition : « Renforcer la participation des personnes handicapées à la définition de la politique publique ». Pourtant, ce gouvernement a réuni un Comité interministériel du handicap tous les six mois, de nombreuses rencontres sur le sujet… « Les visios se sont enchaînées, mais ce n’est pas ça qui fait une concertation, balaie Arnaud de Broca. Nous n’avons pas eu l’impression d’être traités comme des partenaires. »

A voir si ces ambitieuses demandes trouveront écho les 3 et 15 mars, rendez-vous qui sert de signal de l’intérêt, ou non, des prétendants à l’Elysée. Le collectif assure avoir reçu quelques réponses positives. « On attend les candidats, les troisièmes couteaux ça ne nous intéresse pas !, prévient son président. Peut-être que les candidats pourront s’intéresser aux 12 millions de personnes [touchées par un handicap]… et autant d’électeurs. »

Source 20 MINUTES.

POINT DE VUE. Handicap : « Pour une politique volontariste »…

Vingt et une associations du réseau national Unapei (fédération française d’associations de représentation et de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles) signent une lettre ouverte pour « alerter sur une crise sans précédent. »

Douze millions de personnes sont porteuses d’un handicap en France, autant d’aidants familiaux et des centaines de milliers de professionnels de l’accompagnement.

 

« Monsieur le Président, nous réclamons des actes forts et immédiats ! Les 21 associations signataires de cette lettre ouverte, membres du réseau national Unapei (Fédération française d’associations de représentation et de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles), formulent une alerte sur une crise sans précédent. Nous sommes 80 000 personnes accompagnées, proches, aidants, adhérents et professionnels. Nous réclamons des actes immédiats du gouvernement et à venir des engagements forts des candidats aux élections présidentielles et législatives.

« Un retour en arrière de 60 ans pour notre pays »

Trop de professionnels médico-sociaux et sociaux ne sont pas reconnus à la hauteur de leurs compétences et de leur engagement. Épuisés, paupérisés, ils quittent ce secteur pour lequel ils se sont engagés. Trop de personnes en situation de handicap sont mises en danger, privées de soins et d’activités essentielles à leur vie. Leurs droits fondamentaux, déjà peu respectés en temps normal, sont totalement bafoués. Trop de parents, de grands-parents, de sœurs, de frères, sont abandonnés par la société.

Ils sacrifient leurs vies personnelles et professionnelles pour s’occuper de leur proche en situation de handicap. C’est un retour en arrière de 60 ans pour notre pays ! Nous sommes plus que jamais oubliés et ignorés par les pouvoirs publics. En France, plusieurs millions de personnes en situation de handicap, de familles, de proches, d’aidants, de professionnels du social et du médico-social se sentent abandonnées, déconsidérées et désespérées.

Appliquer la revalorisation salariale prévue par le Ségur

La pétition du réseau Unapei, lancée en octobre 2021, est soutenue par plus de 80 000 signataires à ce jour. Cependant, l’État reste immobile et la situation s’aggrave tous les jours. L’hémorragie des professionnels médico-sociaux se poursuit inexorablement, avec pour corollaire de nombreuses personnes en situation de handicap en ruptures d’accompagnement ou subissant des restrictions d’activités essentielles à leur vie quotidienne. De nombreuses familles sont au bord de l’épuisement, inconsidérées. La revalorisation salariale prévue par le Ségur de la Santé pour les professionnels de santé, doit bénéficier sans délai à tous les professionnels sociaux et médico-sociaux en lien avec les personnes en situation de handicap. Tous les métiers doivent être revalorisés, sans restriction, sans conditionnement et avec une totale égalité de traitement.

Si nous espérons que cette mesure de justice sociale enrayera à court terme la crise, une vision d’une société solidaire et inclusive, et une politique volontariste s’avèrent indispensables compte tenu des attentes et besoins des Français en situation de handicap et de leurs proches. Les candidats à l’élection présidentielle doivent s’engager pour ces citoyens oubliés. 12 millions de personnes sont porteuses d’un handicap en France, autant d’aidants familiaux et des centaines de milliers de professionnels de l’accompagnement.

Signataires : Christian Vincent, président de l’Adapei-Nouvelles Côtes-d’Armor ; Frédéric Soudon, président Papillons Blancs du Finistère ; Catherine Lechevalier, présidente Adapei Ille-et-Vilaine ; Isabelle Hillion, présidente Association Sévigné ; Nelly Allanic, Présidente Association Notre Avenir ; Sophie Biette, Présidente Adapei Loire-Atlantique ; Sylvie Beauce, Présidente APEI Ouest 44 ; Jacques Fillonneau, Président ATIMP 44 ; Marie-Hélène Chautard, Adapei Maine-et-Loire ; Jacques Mariel, Président HandiCap’Anjou ; François De Sauveboeuf, présidents APAHRC ; Martine Evrard, Présidente Adapei Mayenne ; Annick Desmons, Présidente ATMP 53 ; Monique Doudard, Présidente EKLA (Apei Nord Mayenne) ; Armand Eichler, président Adapei Morbihan : Sandrine Guérard, Présidente Adapei de la Sarthe ; Odile Beauvoir, Présidente APEI Sablé Solesmes ; Philippe-Marie Durand, Président Adapei-Aria de Vendée ; Françoise Malette, Présidente ATHM de Vendée ; Florence Fourmont, présidente Unapei Pays de la Loire ; Jack Meunier, président Unapei Bretagne.

Source OUEST FRANCE.

Un défilé inclusif réunit près de 60 personnes handicapées mentales à La Rochelle…

57 modèles, porteurs d’un handicap intellectuel, se sont entraînés pendant des mois pour apprendre à défiler. Cet évènement unique en France est organisé dans l’agglomération rochelaise par l’association UNAPEI. 

La coiffeuse Sophie Beauçais finalise la coiffure d'une participante.

 

Qui a dit qu’on ne peut pas fouler les podiums en étant en situation de handicap ? Certainement pas l’UNAPEI de Charente-Maritime, l’association d’aide aux personnes handicapées mentales, qui fête cette année ses 60 ans et qui a décidé pour l’occasion d’organiser un grand « défilé inclusif ». 57 participants exactement, défilent au Biopôle de Léa nature à Périgny, ce 24 septembre à 19 heures. Tous ces top-modèles d’un soir vivent au quotidien dans les foyers de l’UDAPEI. L’évènement n’aurait pas pu se faire sans le concours d’une autre association Partage ta différence, spécialisée dans les défilés inclusifs.

Les dernières répétitions se sont déroulées au foyer rural de Périgny.

Dans la grande salle de répétition, au foyer rural de Périgny, Bruno se prépare à défiler : « Je passe en deuxième position », sourit-il. Il écoute avec attention les consignes de Fathé Dellal, présidente de Partage ta différence. « Vous êtes prêt le groupe 2 ? » lance-t-elle. La musique démarre, et les modèles s’avancent sur le podium, surveillés de loin par Fathé Dellal. « Ils ont besoin de repères pour se positionner : au sol il y a des cerceaux, mais surtout il y a nous, les encadrants. Ils nous connaissent et ça les rassure », explique-t-elle.

Il faut s’adapter à l’handicap de chaque participant. Certains ne comprennent que si l’on parle très fermement, alors que pour d’autres il faut parler tout doucement. C’est pour ça qu’on a mis trois mois pour que tout le monde apprenne à défiler ! » – Fathé Dellal, présidente de Partage ta différence

Heureusement, il n’y a pas que le stress du podium à vaincre : les participants se font aussi chouchouter par des coiffeurs, des stylistes et des maquilleurs. Tous sont venus aider bénévolement, comme la coiffeuse Sylvie Buttigier. « C’est génial car les participants savent précisément ce qu’ils veulent. Tout à l’heure, une jeune fille voulait des couettes, et rien d’autre ! » rigole-t-elle.

Dans leurs émotions, ils partagent beaucoup plus que mes clients habituels, ils sont très généreux ! » – Sophie Bauçais, coiffeuse bénévole pour le défilé de l’UNAPEI

« Moi je suis contente pour les gens qui vont venir nous voir défiler », tient à rappeler Catherine, une des participantes. « Ils vont être content de voir ce spectacle ! » Emilie Journée, chargée de l’évènement pour l’UNAPEI 17, conclut : « On veut surtout qu’ils s’amusent et se fassent plaisir. On ne vise pas la perfection ! »

Source FRANCE BLEU.

Face au manque de personnel soignant, l’impossible quotidien des familles de personnes handicapées…

Les associations du réseau de l’Unapei sont confrontées à une pénurie de professionnels médico-sociaux qualifiés. Avec des conditions de travail difficiles et des salaires peu élevés, ces « oubliés du Ségur de la Santé » déclinent peu à peu les offres d’emploi pour se tourner vers d’autres secteurs, laissant les personnes handicapées et leur famille sur le carreau. 

Le réseau de l'Unapei est confronté à une pénurie de professionnels médico-sociaux. En Haute-Savoie, 120 postes sont vacants.

 

« On ne peut pas reprendre nos chers handicapés à la maison ». Véronique, 51 ans, et son époux, 53 ans, s’occupent de leur fils Loris, atteint du syndrome de Pitt Hopkins, une maladie génétique orpheline. À 19 ans, le jeune homme a un âge cognitif de 6 à 12 mois. « En comptant son frère aîné, ça fait 21 ans que l’on change des couches tous les jours et parfois avant même le petit déjeuner ». Jusqu’à présent, la famille a pu compter sur la prise en charge de leur cadet par le foyer des Mésanges, en Haute-Savoie, 3 nuits par semaine. Mais, faute d’effectifs, ces périodes se sont successivement réduites. « À cinquante ans, on ne peut pas s’organiser un week-end », regrette Véronique. « Il y a pire, mais c’est lourd à porter ».

Depuis la rentrée, le secteur médico-social subit une « crise profonde, sans pareille, représentant un grave danger pour l’accompagnement des personnes en situation de handicap », alerte l’association de parents d’enfants inadaptés (APEI) dans une pétition signée plus de 50.000 fois. « Rien qu’à l’APEI de Chambéry, on a 50 postes vacants », regrette François Cleyet-Merle, représentant au conseil de vie sociale. Cette baisse d’effectif demande un effort supplémentaire aux familles qui s’épuisent au fil des années.

Colette a 73 ans. Depuis 50 ans, elle s’occupe de Pierre, son fils unique. Ce dernier, victime d’un accident lors de la naissance, n’est pas autonome. « Il doit suivre une routine, sinon il a de fortes angoisses », explique Colette. « On cherche pour son enfant ce qu’il y a de mieux », raconte la retraitée qui n’a pas hésité à quadriller la région de la Seine et Marne pour dénicher un établissement qui corresponde aux besoins de son fils. Après avoir quitté un IMPro à 22 ans, Colette a inscrit son fils en Esat. « Il faisait 2h15 aller et 2h15 retour par jour », souligne-t-elle. Puis elle trouve une place dans un foyer en novembre après être restée sur liste d’attente. Pour l’instant, Pierre peut dormir la semaine sur place, mais il passe le week-end chez sa mère obligeant cette dernière à parcourir les 70 kilomètres en voiture. Si pour l’instant, elle est en capacité de les effectuer, cette solution n’est pas pérenne. « Ca fait peur pour la suite », conclut-elle

« Il ne faut pas que ça devienne du gardiennage » 

« La crise du Covid-19 a été le détonateur », précise François Cleyet-Merle, « elle a mis le doigt sur les disparités salariales que subit le milieu médico-social ». Malgré la présence d’infirmiers, de dentistes, ces « oubliés du Ségur de la Santé » n’ont pas reçu de prime, les établissements de l’Unapei relevant du secteur privé. « Aujourd’hui, un moniteur éducateur touche 1,17 fois le Smic (1.736 euros) pour des horaires et des conditions de travail difficiles, touchant à l’humain. En 1989, pour le même poste, le professionnel touchait 1,8 fois le Smic, (à l’époque 1.242 euros) », rapporte François Cleyet-Merle.

Pour pallier le manque de personnel, certains centres se sont tournés vers des intérimaires moins qualifiés entraînant des accidents tels que des chutes de fauteuil ou des soins de moins bonne qualité. « Un jeune homme dont la main est détraquée s’est blessé à l’intérieur sur la paume. Le temps que le personnel s’en rende compte, des asticots rongeaient la plaie », raconte Véronique, membre de l’association A bout de Souffle, créée quelques semaines auparavant. « Les professionnels n’ont pas les moyens de faire leur travail », soupire la quinquagénaire. « Mon fils mérite une vraie vie, mais à force de couper les financements, ça ne sera plus que du gardiennage ».

Source ETXSTUDIO.

Montpellier. Handicap : ateliers, animations, webinaire et dîner dans le noir…

Le projet Handicap est porté par six clubs FACE de la région d’Occitanie : au programme, des ateliers, des animations, un webinaire et un dîner dans le noir.

Une personne handicapée dans un emploi chez une fleuriste.

 

Le projet handicap a été créé dans un contexte régional et est co-animé par six clubs FACE de la région Occitanie. Celui-ci a deux objectifs : sensibiliser et accompagner les entreprises pour une meilleure prise en compte et intégration professionnelle des personnes en situation de handicap ; sensibiliser et accompagner les personnes en situation de handicap dans leur posture professionnelle et le recherche d’emploi.

Quels enjeux ?

Un webinaire sur  le maintien dans l’emploi des personnes souffrant  de maladies invalidantes est organisé mardi 14 septembre 2021, de 17h à 18h30. Au menu : de quoi parle-t-on ? Quels enjeux pour les entreprises et les salarié.e.s, problématiques des entreprises et des salariés vivant ces situations. Quelles solutions et acteurs à mobiliser pour accompagner au mieux les salarié.e.s ?

Des visites d’ESAT et d’EA sont programmées le mardi 21 septembre de 10h30 à 13h (10h30-12h : visite ; 12h-13h : déjeuner), puis, mercredi 22 septembre de 10h à 13h (visite et déjeuner » à l’ESAT L’Envol UNAPEI 34. Au programme : échanges avec les acteurs locaux du handicap, valoriser les compétences des personnes en situation de handicap.

Enfin, un dîner dans le noir aura lieu mi-octobre dans le cadre ce projet. Objectif : sensibilisation au handicap visuel et lutter contre les stéréotypes.

Pratique : le webinaire se déroulera en ligne mardi 14 septembre de 17h à 18h. La visite EA APF Entreprises 34 aura lieu le mardi 21 septembre de 10h à 13h, rue du Walhalla, à Montpellier. La visite ESAT l’Envol UNAPEI 34 aura lieu le mercredi 22 septembre de 10h à 13h, 650 avenue Blaise Pascal, à Castelnau-le-Lez.

Source ACTU.FR

La galère de trois familles franciliennes pour scolariser leur enfant handicapé…

PARCOURS DE COMBATTANTES – Deux mamans et un papa racontent les difficultés qu’il et elles ont rencontrées pour que leur enfant handicapé puisse apprendre comme les autres.

La galère de trois familles franciliennes pour scolariser leur enfant handicapé

 

  • Des familles galèrent à scolariser leur enfant handicapé en Ile-de-France et pointent des inégalités territoriales.
  • « L’inclusion telle qu’on veut nous la montrer aujourd’hui est à l’opposé de celle qu’on veut nous montrer sur le terrain », estime un père, qui critique la communication gouvernementale.
  • Près de 12.000 enfants handicapés rencontrent chaque année des difficultés de prise en charge à l’école, selon le gouvernement, un chiffre sous-évalué selon l’Unapei, qui regroupe 550 associations autour du handicap.

« Notre fils n’aura pas école pour la troisième année de suite », « Notre fils est déscolarisé depuis 2018 », « J’ai un enfant handicapé et je ne trouve malheureusement pas de place »… Sur marentree.org, les témoignages de parents d’enfants handicapés s’accumulent, dans la foulée de la campagne #jaipasecole, lancée par l’Unapei, mouvement associatif français qui regroupe 550 associations autour du handicap. En Ile-de-France, la situation n’est pas meilleure qu’ailleurs, avec ses spécificités départementales. 20 Minutes a recueilli le témoignage de trois familles, dont les enfants ont été orientées vers des structures inadaptées, ou qui sont carrément sans solution pour la rentrée.

C’est le cas d’Ewa Grajner, maman de Filip, 7 ans, diagnostiqué autiste à 22 mois, et qui habite à Villemomble, en Seine-Saint-Denis. Il est ce qu’on appelle « non verbal » : il ne parle pas du tout et communique en pointant avec le doigt, avec des pictogrammes. « Il ne saura sans doute jamais lire, ni écrire. Peut-être jamais parler », explique sa mère, et c’est la raison pour laquelle son fils a besoin d’une structure qui le prend en charge avec ergothérapeute, psychologue, psychomotricien, orthophoniste, etc. pour qu’il progresse.

Pendant quatre ans, Filip a été correctement pris en charge à l’hôpital de jour à Neuilly-sur-Marne selon sa mère, à raison de 32 heures par semaine. Mais en juillet dernier, le suivi s’est arrêté, et malgré les efforts des parents depuis un an, impossible de trouver une place en institut médico-éducatif (IME), la seule structure adaptée aux yeux des parents de Filip.

A l’IME de Soubiran, pourtant dans leur département, ils se sont même vus répondre que leur domicile était hors du « secteur géographique » de l’institution, qui n’est pourtant pas censée sectoriser. En juillet, une convention entre la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), le département de Seine-Saint-Denis et la MDPH a été signée pour améliorer les délais de traitement.

« Cela va à l’encontre du droit à l’enfant »

D’autres parents ont dégoté une solution, mais au prix de coûteux sacrifices financiers. C’est ce qui s’est passé pour Marie*, mère d’une petite Mégane* de 7 ans et demi, porteuse d’un syndrome génétique rare, qui nécessite là aussi une prise en charge pluridisciplinaire. Pour scolariser l’enfant, Marie, qui habite Paris, s’est résolue à embaucher une accompagnante d’élèves en situation de handicap (AESH) privée, la directrice d’école lui ayant clairement dit, selon son témoignage, que l’enfant ne serait pas pris à l’école avec une AESH de l’Education nationale, qui ne reçoit que 60 heures de formation.

« Cela va à l’encontre du droit à l’enfant, c’est comme si on disait « votre enfant ne va pas rentrer dans cette classe-là car on n’a pas l’enseignant adapté ». C’est à l’école de s’adapter, pas à la famille », s’insurge Sonia Ahehehinnou, vice-présidente de l’Unapei.

Entre-temps l’enfant avait commencé à se mutiler

Les prises en charge inadaptées peuvent se révéler catastrophiques et rendre encore plus difficiles la situation des familles d’enfants handicapés, et surtout des enfants eux-mêmes. C’est ce qui est arrivé à Luc*, enfant autiste de 11 ans, qui réside dans le Val-de-Marne. Scolarisé au départ à l’école selon le récit de son père Sami*, l’enfant devait subir des changements incessants de classe, les enseignantes et enseignants de l’établissement ayant refusé de le prendre en charge plus d’une heure d’affilée. A quoi se sont ajoutés plusieurs changements d’institutrices, parties en congé maternité.

« Le pédopsychiatre a alerté le médecin scolaire dès le lendemain de la rentrée que cela allait majorer les troubles de l’enfant », explique Sami, mais ce n’est qu’en décembre, quand député et Défenseur des droits se sont déplacés, que l’enfant a été autorisé à intégrer normalement une classe. Entre-temps l’enfant avait commencé à se mutiler, et il a finalement été décidé de le déscolariser. A la rentrée, la formation à « l’école inclusive » deviendra obligatoire pour tous les nouveaux enseignants.

« On est en train de créer des cas complexes, tout cela parce qu’à la base le système n’est pas adapté aux enfants », se désole Sonia Ahehehinnou. Et Luc, qui suivait depuis les cours par le Cned, est aujourd’hui également privé de cette ressource, selon son père, parce que la Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH) a notifié une scolarisation en classe Ulis en juillet, alors que les dernières commissions d’attribution se tiennent en juin, rapporte-t-il.

Inégalité territoriale

Les délais d’attente peuvent être très longs, jusqu’à 4 ans, et varient selon les départements, provoquant une inégalité territoriale. « Tous les départements ne s’investissent pas de la même façon pour la prise en charge du handicap et la scolarisation : le Val-d’Oise et les Yvelines ont moins d’implication que la Seine-Saint-Denis ou le Val-de-Marne », explique Bruno Lefebvre, président de l’Unapei Ile-de-France. Les délais sont les plus longs dans le Val-d’Oise : il faut y compter quatre ans pour une place en institut médico-éducatif, contre « seulement » un an et demi ou deux ans en Seine-et-Marne ou dans l’Essonne.

Pour une place en milieu scolaire ordinaire, c’est dans l’académie de Versailles où cela pêche le plus, à cause d’un manque d’AESH, selon Bruno Lefebvre. « Les enfants sont dits « scolarisés » mais ne le sont en fait que sur une demi-journée par semaine. »

Familles sacrifiées

Les enfants trinquent mais les familles aussi. Ewa Grajner, qui était adjointe de direction dans une grande surface, a dû arrêter de travailler, tout comme Marie. « Je ne pouvais pas organiser l’agenda de ma fille jusqu’à 2 heures du matin tous les jours », dit-elle. Les vacances suivent pour cette dernière le rythme des thérapies de sa fille : « Quinze jours en Espagne l’an dernier pour des soins intensifs dans une clinique, cette année en Bretagne pour une rééducation neuro-fonctionnelle dans un centre spécialisé qui fait beaucoup de pédiatrie et de neurologie. » Sans compter les efforts financiers : les « vacances » de Mégane coûtent entre 2.000 et 3.000 euros, et ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale. Au quotidien, comme Marie a choisi d’être aidée financièrement pour une prise en charge humaine, les soins qu’elle peut requérir pour sa fille ne lui sont pas remboursés. Il fallait choisir, c’était l’un ou l’autre. « On ne peut pas cumuler les deux », explique-t-elle.

Les familles qui font face à ces problèmes sont souvent surmenées, épuisées. Sami, le père de Luc, a lui aussi mis entre parenthèses son métier d’enseignant pour faire l’école à son fils à domicile, mais il a été rattrapé par des ulcères à l’estomac, qu’il attribue au stress généré par la situation de son enfant. Double peine, il a ensuite été déclaré inapte à toute fonction publique à vie à la suite du passage d’un expert, selon son témoignage, une décision contre laquelle il se bat aujourd’hui au tribunal. « N’importe quelle maman dira qu’elle est prête à se suicider quand elle doit refaire un dossier à la MDPH », abonde Marie.

Que fait le gouvernement ?

En face, le ministre de l’Education met en avant l’augmentation du nombre d’accompagnants d’enfants en situation de handicap (AESH), passés de 70.000 à plus de 120.000 aujourd’hui. Mais ces chiffres sont largement contestés par les parents que nous avons interrogés, qui affirment ne voir aucun progrès sur le terrain. « Sur le papier c’est magnifique, mais on ne fait rien », se désole Ewa Grajner. « L’inclusion telle qu’on veut nous la montrer aujourd’hui est à l’opposé de celle qu’on veut nous montrer sur le terrain », renchérit Sami.

Pour Sonia Ahehehinnou, « l’école ne sera réellement inclusive que lorsqu’on aura une évaluation bien concrète des besoins du terrain ». Le gouvernement affirme que 12.000 enfants handicapés rencontrent chaque année des difficultés de prise en charge à l’école (sur 385.000 enfants en situation de handicap scolarisés en classe ordinaire à la rentrée 2020) mais l’Unapei considère que les chiffres sont largement sous-évalués, car ils englobent toutes les prises en charge y compris celles jugées déficientes ou insuffisantes par les parents. Contacté par 20 Minutes, le cabinet de la ministre Sophie Cluzel nous confirme que ce sont bien les heures prescrites par la MDPH qui sont comptabilisées, et non les heures effectives.

* Le prénom a été changé

Source 20 MINUTES.

Handicap : les familles en colère contre le manque d’enseignants dans les instituts médico-éducatifs…

Pour l’Unapei, principale association de familles de personnes avec handicap intellectuel ou psychique, de nombreux enfants « sont toujours privés de scolarisation adaptée à leurs besoins ».

Handicap : les familles en colère contre le manque d’enseignants dans les instituts médico-éducatifs

 

Porteur d’un handicap intellectuel, Bastien, 15 ans, n’a bénéficié l’an dernier que de deux heures de classe par semaine dans son institut médico-éducatif (IME). Une situation anormale, dénoncent les associations qui, à l’approche de la rentrée, demandent davantage d’enseignants pour les enfants « à besoins particuliers »

Comme chaque année, le gouvernement aborde cette rentrée scolaire en vantant les progrès de « l’école inclusive », qui accueille plus de 400 000 élèves handicapés (en hausse de 4 % en un an et de 19 % en cinq ans), épaulés par 125 500 accompagnants (AESH). Cependant, pour l’Unapei, principale association de familles de personnes avec handicap intellectuel ou psychique, le compte n’y est pas : de nombreux enfants « sont toujours privés de scolarisation adaptée à leurs besoins », dénonce le mouvement, qui a recueilli et publié sur un site web dédié 675 témoignages de familles en colère.

Les difficultés, pointe du doigt l’Unapei, ne concernent pas que l’école proprement dite, mais aussi les IME : dans ces structures dépendant du ministère de la Santé, l’Éducation nationale doit en théorie détacher des enseignants pour faire classe aux enfants handicapés qui, le reste du temps, sont pris en charge par des ergothérapeutes, kinés et autres orthophonistes.

Mais à l’IME René-Coutant d’Évreux, où est accueilli Bastien, une seule enseignante doit faire classe à 34 enfants et adolescents, se désole Jacques Serpette, le directeur général de l’Adapei 27, qui gère la structure. Pour être efficace, les cours ne peuvent avoir lieu que par petits groupes, si bien que les enfants ne voient l’enseignante que quelques heures par semaine.

« Les derniers servis »

L’Éducation nationale est certes constamment sollicitée, reconnaît-il, « mais nous, on est toujours les derniers servis. Comme si l’administration pensait que ces enfants ne peuvent pas apprendre, ou que ce n’est pas si grave que ça », enrage-t-il. « Ce sont des enfants qui ont besoin d’être stimulés plus que les autres », souligne Florence Alavin, la mère de Bastien, inquiète que son fils « perde ses acquis ». « J’aimerais qu’il puisse se débrouiller au moins pour la lecture et l’écriture, mais je sens que ça va être compliqué ».

Dans l’ensemble du pays, l’Éducation nationale déploie un peu plus de 3 500 enseignants dans les IME, pour environ 70 000 enfants et adolescents, selon le ministère. Des chiffres qu’il faut remettre en perspective, relève l’Unapei, puisque l’enseignement ne peut avoir lieu qu’en petits groupes.

L’administration « a une vision d’éducation de masse, mais pour ces enfants (handicapés), il faut faire du cas par cas », souligne Jean-Baptiste De Vaucresson, responsable de cinq IME dans le Val-de-Marne, qui comptent huit enseignants pour 450 enfants. « Bien sûr que ces jeunes ne pourront pas aller jusqu’au bac. Mais ils sont capables d’apprendre, il ne faut pas les ostraciser », insiste-t-il.

Pour beaucoup de familles, l’entrée à l’IME est certes souvent vécue comme un soulagement, après des années sans solution de prise en charge. Ce qui ne les empêche pas d’être « en colère » face au manque d’enseignants, observe Sabine Calarnou, dont le fils Titouan, 14 ans, atteint d’une maladie génétique, est accueilli dans un IME de Saint-Maur, dans le Val-de-Marne.

« Je n’attends plus qu’il sache lire et écrire, mais au moins qu’il acquière une autonomie fonctionnelle : aller acheter seul sa baguette, se débrouiller dans les transports en commun », résume la mère de famille, convaincue que son fils « aurait pu apprendre plus de choses » s’il avait bénéficié d’un temps d’enseignement plus conséquent.

« Tous les enfants ont le droit à la scolarisation, en milieu ordinaire ou pas », estime Sonia Ahehehinnou, de l’Unapei. Ce problème du manque d’enseignants, doublé d’une « disparité territoriale anormale », « ça fait longtemps qu’on le fait remonter à l’Éducation nationale, mais ça ne bouge pas beaucoup », se désole-t-elle.

Source SUD OUEST.

Rentrée scolaire : « Nous avons normalisé le chemin des élèves handicapés vers l’école », affirme Sophie Cluzel…

La secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, nous a accordé son interview de rentrée et fait le bilan de l’action du gouvernement depuis cinq ans.

Rentrée scolaire : « Nous avons normalisé le chemin des élèves handicapés vers l’école », affirme Sophie Cluzel

 

  • A quelques jours de la rentrée scolaire, Sophie Cluzel, fait le point, dans une interview accordée à 20 Minutes, sur la scolarisation des élèves en situation de handicap.
  • La secrétaire d’Etat annonce que 4.000 accompagnants (AESH) supplémentaires ont été recrutés cette année, ce qui porte leur nombre à 125.000. La formation à « l’école inclusive » devient obligatoire cette année pour tous les nouveaux enseignants.
  • Elle annonce également que des élèves polyhandicapés vont être accueillis cette année dans des établissements ordinaires.

La rentrée, c’est un moment crucial pour eux. En septembre, plus de 400.000 élèves en situation de handicap ​ prendront le chemin de l’école, ce qui correspond à une augmentation de 19 % en cinq ans. Un progrès dont se félicite la secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel. Elle a accordé à 20 Minutes son interview de rentrée et détaille les grandes nouveautés qui seront mises en place dès septembre. Un entretien en forme de bilan, puisque son mandat ministériel s’achève dans quelques mois.

L’Unapei (qui regroupe 550 associations défendant les intérêts des personnes handicapées) relance l’opération « #jaipasecole » pour recenser les élèves privés de solution de scolarisation adaptée à leurs besoins. Comment allez-vous limiter ces cas en cette rentrée ?

Cette opération est anxiogène pour les familles et peu constructive. Je ne nie pas qu’il existe des soucis d’inscription, parce que des familles ont déménagé, parce que des dossiers MDPH (Maisons départementales des personnes handicapées) n’ont pas été traités à temps… Mais nous sommes prêts à étudier toutes les situations individuelles pour résoudre les problèmes. Depuis deux ans, je réclame en vain à l’Unapei de me transmettre les coordonnées des personnes pour trouver des solutions ensemble. En vain, donc je m’interroge sur le sens profond de cette campagne.

Depuis le 1er juillet 2020, un numéro vert unique – 0 805 805 110 ou le 0 800 730 123 (accessible aux personnes malentendantes) – permet aux parents de nous soumettre leurs difficultés. Et dans chaque département, des commissions d’affectation ont été ouvertes en juin afin de proposer une solution de scolarisation à chaque élève. Je répète aux familles : « N’ayez pas d’angoisse, tout le monde est mobilisé pour résoudre les problèmes à la rentrée. »

La fermeture de classe dès le premier cas de Covid-19 en primaire pourrait pénaliser davantage les élèves handicapés, pour lesquels l’école à distance est parfois difficile à suivre. Quelles solutions avez-vous prévues pour eux ?

Nous avons recruté 4.000 accompagnants (AESH) en plus cette année, ce qui porte leur nombre à 125. 000. Ils peuvent intervenir à domicile pour aider les élèves dans l’enseignement à distance, tout comme les professionnels de la rééducation.

Vous souhaitiez raccourcir les délais de traitement des dossiers au sein des Maisons départementales des personnes handicapées. Y êtes-vous parvenue ?

Il existe une vraie iniquité territoriale dans ce domaine. Nous voulons que ce grand service public s’améliore. Et c’est la feuille de route que nous avons fixée aux MDPH pour 2022, avec l’objectif de parvenir à un traitement du dossier dans les 3 mois, contre 4 aujourd’hui. Un baromètre publié chaque trimestre fait désormais le point sur les délais de traitement des dossiers observés dans chaque département. Et l’on constate que peu à peu, les délais se réduisent. Et même si ce sont les départements qui sont en responsabilité sur la gestion des MPDH, l’Etat a versé 10 millions pour aider à embaucher des agents afin de réduire les délais.

Les notifications des MDPH concernant le nombre d’heures d’accompagnement par un AESH auxquelles ont droit les élèves ne sont pas toujours respectées, faute de moyens humains. Comment améliorer la situation ?

Nous avons augmenté de 35 % le nombre d’accompagnants entre 2017 et 2021. L’effort a été colossal ! Mais il manque encore parfois des AESH, car les notifications arrivent au fil de l’eau pendant l’année. Pour que l’organisation soit optimisée, nous avons aussi mis en place les Pial (Pôles inclusifs d’accompagnement localisés) qui coordonnent les AESH et les affectent aux élèves en fonction des besoins du terrain. Aujourd’hui, il y a deux sortes de notifications : soit un AESH mutualisé qui accompagne plusieurs enfants en même temps, soit un AESH individuel parce que l’enfant a un besoin soutenu.

Les AESH sont encore trop souvent à temps partiel, mal rémunérés et en CDD. Ce qui rend difficile leur fidélisation. Que faire ?

Sous le précédent quinquennat, 60 % AESH étaient en contrat aidé et leur contrat s’arrêtait au bout de 10 mois. Il n’y en a plus aucun sous ce statut aujourd’hui. Tous sont en CDD renouvelable une fois ou en CDI au sein de l’Education nationale. En moyenne, ceux qui exercent en primaire travaillent 24 heures, ceux qui sont affectés en collège, 30. Et la proportion de ceux qui travaillent à temps complet est en augmentation. Une grille indiciaire va être créée pour les AESH afin d’améliorer leur rémunération. Et à partir de cette rentrée, les AESH bénéficieront d’une formation d’adaptation à l’emploi de 60 heures.

La formation à « l’école inclusive » devient obligatoire cette année pour tous les nouveaux enseignants. Mais pourquoi ne pas la rendre aussi obligatoire pour tous les enseignants déjà en poste ?

Impossible d’obliger les enseignants à se former en cours de carrière, mais s’ils le souhaitent, des formations à l’école inclusive sont à leur disposition. Quant à la formation des nouveaux enseignants, c’est une grande avancée. Car ils auront tous 25 heures d’enseignement obligatoire sur le sujet.

De nouvelles classes « polyhandicap » vont ouvrir à cette rentrée, de quoi s’agit-il ?

Elles accueilleront des élèves polyhandicapés dans des établissements ordinaires, alors que ces enfants sont habituellement scolarisés en IME (institut médico-éducatif). Cela va leur permettra d’être visibles, de grandir au milieu des autres. Et cela contribuera à ce que les autres élèves acceptent mieux la grande différence. Les futures générations vont ainsi peu à peu changer leur regard sur le handicap.

Où en est la généralisation des équipes mobiles d’appui à la scolarité prenant en charge les élèves ayant des troubles du comportement, mais qui n’ont pas eu de diagnostic posé ?

Elles ont été généralisées à l’ensemble du territoire et il y en a plus d’une par département désormais. Et à cette rentrée, il y en aura 166 supplémentaires pour permettre l’intervention d’équipes pluridisciplinaires (par exemple un ergothérapeute ou un psychomotricien et un éducateur spécialisé ou un psychologue), afin qu’il n’y ait pas de rupture de parcours scolaire pour les enfants qui n’ont pas encore de dossier MDPH.

Bien souvent, les élèves en situation de handicap décrochent au moment du secondaire. Comment comptez-vous agir sur ce phénomène ?

C’est un vrai sujet. Un enfant doit pouvoir poursuivre en lycée Ulis (unités localisées pour l’inclusion scolaire) pro et en Ulis générale. Il n’y a pas de raison qu’un collégien qui a été scolarisé en milieu ordinaire, bifurque en IMPRO (Institut médico-professionnel). Nous y travaillons avec le ministre de l’Education nationale.

Vous avez été nommée secrétaire d’Etat en charge des personnes handicapées en 2017. De quoi êtes-vous la plus fière concernant la scolarisation des élèves handicapés ?

Depuis cinq ans, nous avons normalisé le chemin des élèves handicapés vers l’école. Il est perfectible, mais on regarde désormais les élèves handicapés comme des élèves en capacité d’apprendre avec les autres. On ne me pose plus la question du « pourquoi », mais du « comment ».

Source 20 MINUTES.

« La prise en compte du handicap est un enjeu de justice sociale qui concerne toute la société »…

Malgré la multiplication de mesures en faveur des personnes en situation de handicap, leurs conditions de vie n’ont cessé de se dégrader, estime, dans une tribune au « Monde », un collectif de responsables d’associations.

Ils appellent à la mise en place d’une véritable politique inclusive qui prenne en considération tous les pans de leur vie.

« La prise en compte du handicap est un enjeu de justice sociale qui concerne toute la société »...

 

Tribune. En 2021, la France compte environ 12 millions de personnes en situation de handicap, soit près d’un Français sur cinq. Cependant, un grand nombre de ces personnes restent sans solution quant à l’accès à leur pleine citoyenneté et à leur autonomie. Depuis la loi « handicap » de 2005, les politiques en faveur de l’inclusion des personnes en situation de handicap se sont multipliées, pourtant les objectifs définis par le texte sont encore loin d’être tous atteints.

Quand le gouvernement abandonne des millions de personnes au bord de la route, quels leviers reste-t-il pour se faire entendre ? L’Etat français est signataire de textes internationaux qui l’engagent, parmi lesquels la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées, adoptée et ratifiée par la France en 2010. Il est responsable de l’accès aux droits fondamentaux de chaque citoyenne, citoyen en situation de handicap.

Or, en France, un retard considérable a été pris depuis des années. De ce fait, les personnes en situation de handicap voient leurs conditions de vie se dégrader profondément. Le défaut de propositions de l’Etat français les laisse privées de leurs droits d’accès à des accompagnements adaptés, au logement et aux soins. Ces personnes, trop souvent exclues de la société, sont exposées à la pauvreté.

Une dégradation de la situation des handicapés

Leur droit à une protection sociale n’est pas respecté. Les familles, qui doivent assumer l’accompagnement de leur proche handicapé, sont quant à elles fragilisées socialement, financièrement, mentalement et physiquement. Des personnes dont la pandémie a aggravé la situation mais qui ont eu peu de place dans les discours politiques. Les observations du Défenseur des droits, publiées en mars 2021, démontrent encore une fois que les droits des personnes en situation de handicap et de leurs familles restent entravés.

Face au silence assourdissant qu’on oppose aux personnes concernées, en mai 2018, le Forum européen des personnes handicapées et inclusion Europe, soutenu par un collectif de cinq associations françaises – APF France handicap, Clapeaha, Fnath, Unafam, Unapei –, a déposé une réclamation devant le Conseil de l’Europe. Il attend aujourd’hui la décision définitive du Comité européen des droits sociaux.

Source LE MONDE.