Quelles mesures pour protéger une personne qui ne peut plus veiller sur elle-même ?…

ARGENT – Il arrive qu’une personne ne soit plus en état de veiller sur ses propres intérêts. Sur décision d’un juge, il est alors possible de la placer sous une mesure de protection juridique plus ou moins contraignante.

Quelles mesures pour protéger une personne qui ne peut plus veiller sur elle-même

 

Au gré des circonstances de la vie, il arrive qu’une personne ne soit plus en état de veiller sur ses propres intérêts. À la demande de ses proches ou des services sociaux, le juge des contentieux de la protection (qui a remplacé le juge des tutelles lors de la réforme de la Justice en 2020) peut alors décider de la mettre sous la coupe d’une mesure de protection juridique plus ou moins contraignante.

Un époux peut ainsi être autorisé par un juge à effectuer des actes de gestion courante (appelés actes d’administration) au nom de sa moitié lorsque qu’elle n’est pas en mesure d’exprimer sa volonté ou de comprendre ces opérations. C’est ce qu’on appelle une habilitation judiciaire pour représentation du conjoint. Si ce n’est pas possible, notamment en l’absence de mariage, le tribunal pourra donner une habilitation familiale, générale ou limitée à certains actes, à un de ses proches pour une durée déterminée, sans plus intervenir par la suite.

Des contraintes encadrées

À l’inverse, le juge exerce un contrôle important dès lors qu’il s’agit de placer un adulte sous une mesure de protection juridique plus contraignante. C’est tout d’abord le cas pour la sauvegarde de justice, qui consiste à désigner un mandataire spécial pour accomplir des actes précis de représentation ou d’assistance, comme l’utilisation d’un placement bancaire ou la vente d’un bien immobilier.

Un cran au-dessus, la curatelle permet de faire librement ses choix de vie mais impose l’intervention d’un curateur pour les actes qui engagent le patrimoine (appelés actes de disposition), du type vente d’un bien immobilier, donation, emprunt… Néanmoins, le juge peut choisir une formule renforcée dans laquelle c’est le curateur qui percevra les ressources de la personne protégée et réglera ses dépenses sur un compte ouvert au nom de celle-ci.

Enfin, dans le cadre d’une tutelle – le niveau de protection le plus élevé –, tous les actes d’administration sont effectués par le tuteur, tandis que les actes de disposition doivent être autorisés par le juge.

Des droits préservés

Si ces dispositifs restreignent forcément la liberté de la personne vulnérable, la loi garantit dans tous les cas un certain nombre de droits essentiels. Dans le cadre familial, les actes personnels, tels que la reconnaissance d’un enfant et l’exercice de l’autorité parentale, peuvent ainsi être librement réalisés. De même, en vertu d’une loi du 23 mars 2019, tout majeur protégé peut également se marier, se pacser ou divorcer sans besoin d’autorisation. La simple information préalable du curateur ou du tuteur suffit.

Alors que ce public fragile pouvait auparavant être privé du droit de vote, ce n’est en outre plus le cas depuis cette date. Au registre des successions, sachez enfin que même un individu sous curatelle ou tutelle (avec l’autorisation du juge) peut rédiger un testament seul et le révoquer quand il le souhaite.

Source 20 MINUTES.

Tutelle, curatelle. Des associations demandent une hausse du budget pour les mandataires…

Les professionnels chargés d’exercer une tutelle ou une curatelle estiment que le secteur a besoin de 130 millions d’euros par an en plus pour pouvoir recruter.

La population qui fait appel à ces mandataires est amenée à doubler d’ici 20 ans.

320 000 personnes bénéficient d’un régime de tutelle ou de curatelle (photo d’illustration).

Les professionnels chargés d’exercer une tutelle ou une curatelle sur des personnes majeures, en raison de troubles psychiques, d’un handicap ou du grand âge, ont réclamé mardi 13 octobre une hausse de près de 20 % des fonds publics qui leur sont alloués pour cette mission, ce qui permettrait d’augmenter leurs effectifs.

Le secteur estime à 130 millions d’euros par an les besoins supplémentaires, afin de recruter 2 000 professionnels – en plus des 12 000 actuels -, ont expliqué lors d’un point de presse les représentants de l’interfédération de la protection juridique des majeurs (IFPJM).

Les professionnels doivent être rapidement soutenus pour qu’ils puissent assumer un accompagnement de qualité auprès d’une population appelée à doubler d’ici à 20 ans, a plaidé l’IFPJM, qui fédère des associations tutélaires (Fnat), familiales (Unaf), ainsi que l’Unapei, représentant des personnes atteintes d’un handicap mental.

320 000 personnes concernées

Quelque 320 000 personnes vulnérables placées sous protection juridique sont actuellement suivies par des mandataires professionnels, et au moins autant par des bénévoles, généralement un membre de leur famille.

Une telle hausse du budget permettrait notamment de limiter à 45 – contre près de 60 aujourd’hui – le nombre moyen de personnes vulnérables suivies par un même tuteur, et aussi d’augmenter la rémunération des professionnels de 300 € brut par mois, a précisé Hadeel Chamson, délégué général de la Fnat.

Nous tirons la sonnette d’alarme car les conditions de travail sont actuellement très dégradées. Les professionnels ont parfois le sentiment de mal faire leur travail, ils sont surchargés, a-t-il expliqué.

Confrontés à une lourde charge mentale au quotidien, les salariés des associations concernées sont rémunérés moins de 1 400 euros net par mois en début de carrière, ce qui pose un vrai problème d’attractivité pour recruter, selon lui.

Des revendications de longue date

Depuis des années, le secteur peine à se faire entendre des pouvoirs publics qui ont tendance à dire que nous coûtons trop cher, a déploré M. Chamson.

En réalité, les dispositifs de protection juridique assurés par des professionnels font économiser de l’argent à la société, soutient l’IFPJM qui, pour tenter de le démontrer, a fait réaliser une étude par un cabinet privé, Citizing.

Celui-ci estime à plus d’un milliard d’euros par an les gains socio-économiques générés par les mandataires à la protection juridique des majeurs, notamment car ils évitent à des dizaines de milliers de personnes vulnérables de basculer dans la pauvreté, voire dans le sans-abrisme.

Pour chaque euro public investi, nous permettons à l’État d’économiser 1,50 €, a détaillé M. Samson, pour qui ces chiffres soulignent la légitimité des attentes des professionnels.

Source OUEST FRANCE.

Placement sous tutelle d’un proche : penser à surveiller la tutelle…

Enquête sur la mise sous tutelle d’un proche et la nécessité d’une surveillance de cette tutelle.

La mise sous tutelle d'un proche doit être controlée et surveillée. Photo d'illustration 

Un sujet parfois délicat pour les familles, un sujet peut-être évoqué, celui du placement sous tutelle d’un proche qui devient dépendant et inapte à gérer ses finances.

Un placement sous tutelle peut générer des angoisses.  

franceinfo : c’est important, quelle que soit la situation, de surveiller la tutelle d’un de ses proches ? 

Frédérique Schmidiger : En tout cas, c’est important de montrer qu’on se préoccupe de leur bien-être et qu’on n’abandonne pas tout au tuteur. Il faut s’assurer qu’on s’occupe bien d’elle ou de lui. C’est d’autant plus important que depuis la loi de programmation de la justice votée en mars 2019, le tuteur est de moins en moins soumis au contrôle du juge des tutelles. Par manque de temps, ce contrôle n’était souvent pas vraiment opéré ou pas très approfondi. Mais aujourd’hui, il disparait complètement pour le contrôle des comptes de gestion, par exemple.

Dans un cadre familial, on imagine que cela peut être difficile de trouver sa place. On peut donner l’impression de ne pas faire confiance au tuteur…

Oui, ça peut évidemment être mal pris, ou en tout cas, pris comme un signe de défiance. Il faut bien avouer que la tâche n’est pas non plus facile pour le tuteur. C’est une lourde charge. Il peut donc vite être agacé par quelqu’un qui surveille, critique, sans aider. Le levier pour garder de bons rapports avec le tuteur, c’est peut-être justement de proposer d’alléger ce poids. S’occuper de renouveler les vêtements, être présent pour les visites médicales, proposer des sorties…

Il y a une vraie différence à avoir dans son rapport au tuteur, qu’il soit professionnel ou un membre de la famille ?

La différence est énorme bien sûr. Elle tient à la charge affective. C’est souvent un des enfants qui exerce la tutelle. D’ailleurs, normalement le juge doit désigner, en priorité, un membre de la famille. Les autres enfants peuvent se sentir tenus à l’écart ou souffrir d’une forme de lien privilégié, ou même du pouvoir exercé par l’enfant tuteur sur son parent. Cela peut être très déstabilisant pour toute la fratrie.   S’il n’y a aucun proche pour assumer le rôle de tuteur, ou si la famille s’entend vraiment trop mal, le juge désigne un tuteur professionnel, qu’on appelle un mandataire judiciaire à la protection des majeurs. Là, la difficulté, c’est d’arriver à échanger avec lui. Les mandataires sont souvent débordés car ils doivent gérer beaucoup de mesures.

Donc il faut commencer par faire confiance au tuteur. Mais des signes peuvent alerter. Il faut se questionner face à certaines situations (isolement du proche sous tutelle)

Certains tuteurs font barrage et finissent par isoler la personne qu’ils sont censés protéger en limitant par exemple les visites. La loi l’interdit. La Charte des droits et libertés de la personne majeure protégée, impose au tuteur de préserver les liens familiaux et de tenir compte du rôle de la famille et des proches. Mieux, elle dit bien que la personne protégée est libre d’avoir des relations non seulement avec sa famille mais aussi avec ses amis !

Les proches ont le droit de venir lui rendre visite et de l’héberger chez eux. Au besoin, on peut alerter le juge des tutelles et lui demander d’organiser les visites et un hébergement, par exemple pendant les vacances.

Si cela tourne mal, on peut faire annuler la tutelle et changer le tuteur ? Ou il y a des mesures intermédiaires (droit de regard, devenir subrogé tuteur) ?

Il faut peut-être distinguer deux situations. Il y a le cas de la mésentente, quand le courant ne passe pas entre le tuteur et le majeur protégé. Si par exemple il est très agité après l’avoir vu, ou s’il n’est jamais associé aux décisions qu’il prend. Dans ce cas, il faut contacter le juge avec des faits précis et lui demander de nommer quelqu’un d’autre.

L’autre situation, concerne plutôt le cas d’un tuteur qui ne gère pas bien les affaires de la personne. Qui paye en retard ou pas du tout les factures, ou pire, qui pourrait bien siphonner les comptes. Vous ne pouvez pas en principe exiger de voir les comptes de gestion ou avoir une copie des relevés bancaires. Le tuteur n’a tout simplement pas le droit de les communiquer. Ils sont confidentiels. Mais vous pouvez demander au juge à être autorisé à vous les faire communiquer.

Dans tous les cas, le meilleur moyen d’être plus étroitement associé à la tutelle, c’est de demander au juge à être désigné comme subrogé tuteur. Cela donne le droit de surveiller les actes et de vérifier les comptes.

Un tuteur ne peut toutefois pas agir seul lorsqu’il s’agit de prendre les décisions les plus importantes ?

Il doit demander l’autorisation du juge des tutelles et consulter le subrogé tuteur (s’il y en a un) pour accomplir les actes qui engagent le patrimoine du majeur protégé. Cela couvre différents types d’opération, comme par exemple, réaliser de grosses réparations sur sa maison, demander une carte de crédit ou souscrire un placement…

Au moment de la mise sous tutelle, décision souvent lourde, une avocate citée dans votre article, conseille de commencer par nommer un tuteur professionnel et de prendre le relais par la suite. Ainsi la plupart des démarches auront déjà été effectuées, et bien effectuées…

C’est effectivement un bon conseil. Le plus dur, le plus compliqué, parce qu’on ignore ce qu’il faut faire et comment le faire, c’est de mettre en place la tutelle. Informer les banques, faire l’inventaire du patrimoine. Une fois que tout est mis sur les rails, la famille peut assumer seule. Et puis, il est toujours possible de se faire aider par les associations familiales, une Udaf (union départementale des associations familiales) ou France Tutelle par exemple, pour prendre en main la fonction de tuteur familial.

Source FRANCE INFO.