Jura : Une mère de famille se voit refuser des aides pour sa fille malentendante, elle écrit au Chef de l’Etat… Vidéo…

Le 11 février, Emmanuel Macron promettait d’aider la scolarisation des enfants en augmentant le nombre d’accompagnants à l’école.

Le même jour, Sandra Verjus, la mère d’une petite fille en situation de handicap dans le Jura, se voyait refuser cette aide.

Elle écrit au Président de la République.

Jura : Une mère de famille se voit refuser des aides pour sa fille malentendante, elle écrit au Chef de l'Etat © Laurent Brocard

« Aucun enfant en situation de handicap ne sera déscolarisé au mois de septembre prochain »,

c’est la promesse qu’a formulé le président de la République dans un discours prononcé pendant la conférence nationale du handicap, le 11 février 2020.

Le chef de l’Etat a promis 11 500 postes d’accompagnants scolaires supplémentaires d’ici 2022.

En attendant, certains parents se voient toujours refuser cette aide.
Une famille jurassienne en a fait la douloureuse expérience. A Bonlieu, non loin de Lons-le-Saunier, chez Sandra Verjus, les dossiers médicaux et les courriers s’accumulent.

Sa fille Apolline, âgée de 7 ans est malentendante. Malgré plusieurs demandes auprès de la MDPH, la maison départementale des personnes handicapées, elle n’a droit à aucune aide. Lorsque la mère de famille reçoit les lettres de refus, elle a d’abord du mal à y croire.
La famille a effectué plusieurs démarches pour sa fille : une demande d’accompagnement en classe par le biais d’un AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap), l’intervention du CEEDA, organisme spécialisé dans l’éducation pour enfants déficients auditifs, ainsi qu’une allocation pour enfant handicapé.

Le MDPH a refusé toutes les demandes, expliquant que la présence d’un AESH, n’est pas adaptée. De, même le CEEDA ne serait pas en adéquation avec les besoins d’Apolline.

« Aujourd’hui, Apolline a des difficultés dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Malgré son appareillage, elle ne parvient pas à percevoir certains sons »,

explique sa maman.

Refusant de se résigner, elle décide d’écrire à Emmanuel Macron, Président de la République ainsi qu’à plusieurs autres élus.
Recevant des retours encourageants à ses courriers, Sandra espère trouver les aides nécessaires avant la rentrée prochaine d’Apolline, qui entrera en CE2.

Selon le Président de la République, « le nombre d’enfants qui étaient en attente d’un accompagnant a été divisé par près de deux entre 2018 et 2019 », de 15 000 à 8 000, mais « on doit réussir à tomber à zéro », insiste-t-il.

 

Source FRANCE BLEU.

Emmanuel Macron n’a pas totalement convaincu le monde du handicap…

Ecole, diagnostic, allocation, retraite…

Le président de la République a fait des annonces mardi 11 février, à mi-mandat, lors d’une conférence nationale sur le handicap, qui touche 12 millions de Français.

Certaines mesures sont appréciées, mais toutes les associations ne sont pas convaincues que le quotidien des handicapés va en être amélioré.

En France, douze millions de personnes sont en situation de handicap.

« Le chemin n’est pas terminé », a admis ce mardi 11 février 2020 Emmanuel Macron concernant l’amélioration de la vie des 12 millions de personnes handicapées en France. Devant 500 personnes (associations, chefs d’entreprises, élus…) invitées à l’Élysée pour cette conférence nationale sur le handicap, il a salué les actions engagées par son gouvernement et annoncé une série de mesures applicables d’ici la fin de son mandat.

Aucun élève sans solution

C’était déjà la promesse du gouvernement à la rentrée 2019, or 8 000 enfants n’avaient pas d’accompagnant pour leur scolarité (AESH) à la rentrée dernière (contre 15 000 en 2018). Il n’empêche. Emmanuel Macron a redit ce mardi qu’« aucun enfant ne sera sans solution de scolarisation en septembre prochain. Le 8 000 doit passer à zéro. On ne doit rien lâcher. » Il a ainsi annoncé l’embauche de 11 500 AESH supplémentaires d’ici à 2022 et « un contrat digne » pour ces professionnels trop souvent à temps partiel et payés au Smic. « Nous devons travailler à leur stabilisation pour leur donner au moins 35 heures par semaine. » Jusque-là inexistant, un module sur le handicap sera aussi intégré dans la formation initiale des professeurs de l’Éducation nationale dès septembre.

Elargir le diagnostic de l’autisme et des troubles du comportement

Existant pour les enfants de moins de 6 ans, le forfait précoce du diagnostic de l’autisme et de sa prise en charge (ergothérapeute, psychologue…), sans reste à charge pour les familles, sera étendu aux enfants jusqu’à 12 ans et aux troubles dys (dyslexie, dyspraxie…) à compter de 2021. Une maison de l’autisme, lieu de ressources pour les familles et les professionnels, sera aussi créée.

Un numéro unique

Pour éviter la « montagne administrative » et « l’errance de guichet en guichet », un numéro de téléphone (le 360) dédié à l’appui des adultes et enfants handicapés sera mis en place en 2021. Il sera relayé par 400 équipes locales qui seront créées d’ici à 2022. Emmanuel Macron, conscient qu’il y a « trop de différences » selon les départements, souhaite aussi associer les Maisons France service, afin de définir un lieu unique d’accès. Concernant, le temps de traitement des dossiers, très variables selon les territoires (de 2 à 8 mois pour une réponse de l’AAH), le Président a affirmé qu’au 1er janvier 2021, « aucune demande ne doit être traitée en plus de trois mois ».

Pour Jean-Luc Duval, du collectif Citoyen handicap (celui qui monte dans les grues pour réclamer des accompagnants scolaires), ces mesures ne changeront rien au quotidien des personnes handicapées. Il ne croit pas au numéro unique : Nous avons l’habitude de ceux qui ne répondent plus : Aide handicap école, ceux des maisons du handicap…

1 000 places supplémentaires

Afin d’éviter les exils vers la Belgique, 1 000 places supplémentaires seront créées dans les établissements spécialisés dans trois régions prioritaires (Île-de-France, Hauts-de-France, Grand-Est), en plus des 2 500 places déjà programmées pour 2021-2022 sur tout le territoire. Son objectif ? Il ne souhaite « d’ici fin 2021, plus aucun départ contraint vers l’étranger » et veut permettre des retours vers la France.

Pas touche à l’allocation adulte handicapée

Le président a affirmé clairement que l’allocation adulte handicapée (AAH), actuellement versée à 1,2 million de personnes, ne serait pas « diluée » dans le futur revenu universel d’activité (RUA). Le RUA doit fusionner plusieurs allocations : RSA, prime d’activité, allocations logement. Une réponse à l’inquiétude d’associations qui avaient claqué la porte des négociations sur le RUA, la semaine dernière, pour marquer leur refus de voir l’AAH intégrée dans ce dispositif. Cette clarification sur l’AAH a été saluée par Alain Rochon, de l’APF France handicap, qui pointe toutefois l’absence de chiffre sur les financements.

Pari sur l’apprentissage

D’ici à 2021, 10 000 places en apprentissage seront réservées aux personnes handicapées. L’idée est d’atteindre le cap de 6 % de recrutement de personnes handicapées. Aujourd’hui, il n’est qu’à 3,5 %.

Retraite anticipée garantie

Dans le cadre du système universel, la retraite anticipée à partir de 55 ans sera simplifiée pour les travailleurs handicapés, qui pourront bénéficier d’une bonification de points. Emmanuel Macron s’est aussi dit favorable à une retraite progressive dès 55 ans pour les travailleurs handicapés et à une majoration spécifique pour la retraite des parents d’enfants handicapés. Enfin, les congés de proches aidants ouvriront des droits.

Réactions : des satisfactions et des déceptions

Regroupant 48 associations, le collectif Handicaps a salué l’humilité dans le bilan des actions passées et des engagements qui répondent pour certaines d’entre elles aux attentes. Néanmoins, il pointe le manque de débats. On a beaucoup entendu parler les ministres et les associations étaient juste là pour applaudir, regrette Jean-Louis Garcia, président de l’Apajh, premier mouvement regroupant tous les handicaps. Dénonçant des discussions difficiles avec la secrétaire d’État Sophie Cluzel et son mépris, il est satisfait du discours ferme et engagé du Président.

Mais davantage de mesures concrètes étaient sans doute attendues. Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Unafam (Union de familles de handicapés psychiques), est en colère. Elle déplore que lors de la conférence, il n’y ait pas eu un mot sur le handicap psychique, qui touche trois millions de personnes. Il est grand temps de rendre visible le handicap lié aux troubles bipolaires, aux troubles obsessionnels compulsifs, à la schizophrénie…

Source OUEST FRANCE.

À Poitiers, le parcours du combattant d’une famille face au handicap… Vidéo.

Difficile de concilier la surdité profonde d’un enfant avec une scolarité ordinaire : la famille Bourdet en sait quelque chose.

Après plusieurs périodes de galère et un déménagement, elle s’est installée à Poitiers où la petite Cléa est inscrite dans une école classique.

Aurélie et sa fille Cléa, scolarisée sur Poitiers, peuvent enfin souffler. / © Thomas Chapuzot / FTV

De Toulon à Poitiers, le chemin a été long pour Aurélie, Benoît et leur petite fille Cléa, atteinte de surdité profonde depuis sa naissance. Car un tel handicap est difficile à concilier avec une scolarité classique. Aujourd’hui, la famille peut se réjouir : à neuf ans, Cléa est inscrite en CE2 à l’école Paul Blet où elle suit un enseignement standard en compagnie d’élèves entendants.

De Toulon à Poitiers

Lorsque le diagnostic tombe, elle n’a un an et demi. « À ce moment, on s’est sentis très seuls, se souvient Aurélie Bourdet. J’ai fondu en larme et j’ai appelé ma famille pour chercher du réconfort. » Sur Toulon, le couple ne parvient pas à trouver une école adaptée qui le satisfait. Après un an de galère, la famille emménage sur Poitiers à la faveur d’une mutation de Benoît.

L’occasion de prendre un nouveau départ, mais aussi l’obligation d’apprendre la langue des signes. Un apprentissage qui ne s’improvise pas du jour au lendemain.

« C’est très long à apprendre, reconnaît la maman de Cléa, j’ai beau faire tout mon possible, je rame. J’aimerais vraiment pouvoir échanger avec elle comme je voudraisC’est également compliqué pour communiquer quand elle est dans sa chambre, il faut qu’on monte. Mais ce sont des habitudes qu’on prend et qui se font facilement au quotidien.

Des classes bilingues pour échanger

Pour autant, le couple reste convaincu d’avoir trouvé la bonne solution pour leur fille comme pour toute la famille. À Paul Blet, Cléa reçoit le même enseignement que les enfants entendants, doublé d’un apprentissage de la langue des signes. Dans cette école, où des co-enseignants sourds participent directement en classe, l’accent est mis sur l’échange entre les élèves sourds et les autres.

En France, on estime à un milliers le nombre de nouveau-nés atteints de surdité chaque année, soit 0,25 % des naissances. Selon un rapport de la Drees, ils sont environ 216.000, âgés de 6 à 25 ans, à être scolarisés et 70 % d’entre eux suivent, comme Cléa, un parcours scolaire ordinaire. À Poitiers, où la première classe bilingue a ouvert ses portes en 1984, ils étaient 80 jeunes sourds scolarisés en 2018.

Heureuse, la famille Bourdet peut respirer. Le parcours de Cléa est assuré jusqu’à la terminale. La question se posera néanmoins à nouveau pour les études supérieures.

Reportage d’Alain Darrigrand, Thomas Chapuzot et Christophe Pougeas :

Source FR3.

 

Rouen : il réalise des vidéos de cuisine… en langue des signes…

À Rouen, Sean Lemercier réalise des tutoriels vidéos de cuisine à destination des sourds.

Il montre la réalisation de ses recettes en langue des signes.

Le youtubeur JackiSigne en train de réaliser la recette de la mousse au chocolat / © Baptiste Galmiche - France Télévisions

Trépied, téléphone portable, contrôle de la lumière, fermeture des volets… La cuisine, prêtée par une des amies de Sean pour ses tournages, prend des allures de studio d’enregistrement. Et pour cause : Sean Lemercier s’apprête à tourner une nouvelle vidéo de recette pour sa chaîne Youtube.

Ce jour-là au programme : la mousse au chocolat. Dans cette vidéo, vous ne l’entendrez pas parler, car « JackiSigne Cuisine » (son pseudonyme) s’exprime en langue des signes.

« Au départ, ma première passion, c’était la cuisine. Jusqu’à ce que je rencontre cette amie sourde qui m’a appris la langue des signes. C’est devenu ma deuxième passion« , raconte-t-il. Il se consacre alors à la langue des signes, mais la cuisine le manque. « C’est mon métier de cœur, ce que j’aime faire depuis mes 10 ans. Alors j’ai marié mes deux passions, la cuisine et langue des signes, pour faire ces tutos !« 

« C’est important pour nous »7

Sa chaîne Youtube n’en est qu’à ses balbutiements, mais plusieurs centaines de personnes ont déjà vu ses vidéos. Quiche lorraine, pâte brisée, tarte aux citrons meringuée… « J’ai trouvé cette idée de tutos intéressante« , affirme Pierre Braun, un des amis de Sean, atteint de surdité. « On aime regarder des vidéos sur Youtube. Mais quand on lit les sous-titres, on s’ennuie très rapidement et on ne comprend rien. Le fait que Sean s’exprime dans notre langue nous donne une accessibilité et c’est important pour nous. »

Car Sean, étudiant en langue des signes, a bien cerné la demande des sourds. « Nous, entendants, on est contents de regarder une vidéo en français. Eux, c’est pareil, une vidéo dans leur langue, c’est plus intéressant à regarder« , conclut le youtubeur, qui mitonne d’ores et déjà trois autres recettes.

Source FR3.

Nantes. Dans ce restaurant bilingue en langue des signes, on dit merci avec la main…

La Papotière, premier restaurant nantais bilingue en langue des signes, a ouvert en centre-ville.

On y déjeune du lundi au vendredi, des produits bios et locaux cuisinés maison.

Nantes. Dans ce restaurant bilingue en langue des signes, on dit merci avec la main

Presque deux ans qu’elles attendaient ça. Imane Gourire et Kanyaman Brossaud accueillent leurs clients derrière le comptoir. En décembre, elles ont ouvert la Papotière, le premier restaurant bilingue français langue des signes de Nantes.

« Trouver un local en centre-ville a été compliqué, confie Kanyaman. Celui-ci était idéalement placé, sur le parcours de la ligne verte, mais il y avait tout à refaire. » Aidées de bénévoles, elles ont retapé l’intérieur, du sol au plafond.

Au menu, des produits bio et locaux.

L’ambiance est épurée : murs blancs, comptoir en bois brut, cuisine ouverte, deux salles (dont l’une avec un espace enfants). Aux fourneaux, Lila Bensebaa ; au service, Imane Gourire. Toutes les deux sourdes. « Les gens avaient un peu peur au début, ne sachant pas trop comment réagir quand ils comprenaient qu’Imane n’entend pas, raconte Kanyaman, qui reste toujours en retrait, en cas de besoin. Ils voient vite que tout se passe bien. Ça apprend à se regarder. »

Pour aider ceux qui le souhaitent, des cartons représentant les mots les plus utiles en langue des signes (bonjour, merci, entrée, plat, dessert, etc.) ont été placés sur le comptoir. « Ici, tout le monde doit être à l’aise, entendant comme mal entendant,  assène Kanyaman Brossaud. C’est la vocation de La Papotière : être accessible à tous, aux personnes signantes ou non, aux familles, aux travailleurs qui cherchent un endroit où se poser le midi. »

Des dessins en langue des signes pour apprendre à commander en signant.

Dans les assiettes, les deux cogérantes ont fait le choix du bio et du local. Deux entrées (4 €), deux plats (7 €) et trois desserts (3,50 €) sont proposés chaque midi, du lundi au vendredi. Le menu change chaque semaine. « On commence à avoir des habitués, se réjouissent Imane et Kanyaman. Et certains se mettent à signer. »

La Papotière , 16, rue Saint-Léonard, à Nantes, de 10 h à 18 h, du lundi au vendredi (sur réservation le soir) ; formules déjeuner à 10 € (entrée-plat ou plat-dessert) et 13 € (entrée-plat-dessert).

Source OUEST FRANCE.

Nantes : Elles créent un resto en langue des signes pour faire entendre la voix des sourds…

INITIATIVE Kanyaman, entendante, et Imane, sourde, viennent d’ouvrir leur propre restaurant en centre-ville de Nantes.

Kanyaman, entendante (à gauche) et Imane, sourde, ont monté leur propre restaurant à Nantes.

  • La Papotière est un nouveau restaurant bilingue en langue des signes, ouvert dans le centre-ville de Nantes.
  • Ses créatrices veulent sensibiliser le grand public et améliorer l’insertion professionnelle des personnes atteintes de surdité.

Elle prévient, avec humour : elle s’occupe de tout mais ne comptez pas sur elle pour la playlist. Depuis quelques semaines, Imane est la cogérante d’un nouveau resto un peu particulier situé rue Saint-Léonard, dans le centre-ville de Nantes. Cette jeune femme de 28 ans, sourde de naissance, a monté avec Kanyaman, une amie entendante, un restaurant bilingue français/langue des signes. C’est d’ailleurs samedi soir qu’aura lieu l’inauguration officielle de la Papotière.

Pour passer commande, directement au comptoir, les clients peuvent pointer du doigt, à travers la vitrine, le mets qui les a séduits. Tous les plats (entrées et desserts) exposés sont faits maison. A côté, un petit dessin donne la traduction en langue des signes. « Je leur montre comment on fait, lentement pour qu’ils comprennent bien, comme à un touriste qui parle une langue étrangère, indique Imane, seule à l’accueil. C’est sûr qu’on n’est pas les plus rapides à servir, mais les clients sont en général curieux et jouent le jeu ! L’objectif est que l’on arrive à communiquer ensemble, que les gens n’aient plus peur quand ils se retrouvent face à une personne sourde. »

Un accès difficile au monde du travail

S’il ne s’agit pas d’un handicap visible, les difficultés sont pourtant bien réelles lorsqu’on est atteint de surdité. Et notamment dans le milieu professionnel, raconte la jeune restauratrice, qui a dû attendre de créer sa propre affaire pour travailler. « Pendant les entretiens d’embauche, on me disait que je n’allais pas pouvoir m’intégrer, ou que prendre un interprète n’entrait pas dans le budget », se souvient Imane, qui a obtenu un diplôme de prothésiste dentaire.

C’est après avoir rencontré Kanyaman dans un centre de formation à la langue des signes que l’idée de créer ce restaurant a germé. Un lieu, comme il en existe quelques autres en France, où n’importe qui peut être sensibilisé à la LSF, et pas uniquement les proches de personnes sourdes, disent-elles. Mais là encore, il a fallu s’accrocher. « Ça a mis deux ans, raconte Kanyaman, 27 ans. Moi, étant entendante, j’ai eu accès à toutes les formations très rapidement. Mais pour Imane, ça a vraiment été très long… » Après une campagne de financement participatif réussie, les deux associées ont aussi pu compter sur plusieurs artisans malentendants, qui ont participé bénévolement aux travaux.

« L’échange se fera, tout naturellement »

Pour le moment, à la Papotière, ça semble rouler comme sur des roulettes. Pour les réservations, les clients passent par Facebook. Et pour les fournisseurs, beaucoup communiquent de toute façon par texto. Mais la communication dans l’équipe se passera encore mieux quand le système de vibreurs sera installé entre la salle et la cuisine, pourtant ouverte. Car aux fourneaux, Lila aussi est sourde. « Je me suis formée il y a sept ans mais personne n’a voulu m’embaucher depuis », explique la cuisinière, qui a enseigné l’histoire de l’art mais qui a « toujours eu une passion pour la cuisine et les produits locaux ».

Dès les prochains jours, des ateliers seront dispensés dans une deuxième salle de l’établissement. « Ce ne sera pas des cours pour devenir bilingue mais on pourra y apprendre les bases du vocabulaire, sur différentes thématiques, explique Imane. Il y aura aussi de la couture, des ateliers pour bébé, animés par des personnes sourdes. » Kanyaman sera présente « pour rassurer ». « Mais l’échange se fera, tout naturellement », espèrent les jeunes femmes.

Source 20 MINUTES.

Rennes. Les sourds ont le sentiment d’être invisibles, ils veulent « être entendus »…!

Parce qu’ils ont le sentiment d’être invisibles, les sourds ont organisé un rassemblement, dimanche 12 janvier, à Rennes. Ils étaient près de 200 à demander à être davantage pris en considération.

Les représentants des associations de sourds avec, de gauche à droite, Gilles Crozat (APES 35), Maud Lomenech (La Compagnie des deux mains), Delphine Goëder (club sportif des sourds de Rennes) et Danièle Le Moënner (ASR35).

De toutes générations, de tout le département, ils étaient près de 200 sourds à se retrouver ce dimanche 12 janvier durant l’après-midi.

C’est la deuxième fois que les quatre associations (Association des sourds de Rennes, Club sportif des sourds de Rennes, La compagnie de deux Mains et l’association des parents d’enfants sourds d’Ille-et-Vilaine) se réunissent à Rennes pour mettre en avant leur culture et la langue des signes.

« Le dossier est sans cesse reporté »

Cette rencontre exceptionnelle a un but essentiel : « Nous voulons montrer, notamment à la mairie de Rennes, que nous existons et que nous avons besoin d’un lieu pour être entre nous », explique Danièle Le Moënner, présidente de l’ASR35, traduite par l’interprète en langue des signes.

Ce besoin, ils l’ont déjà exprimé à plusieurs reprises à Rennes. « Mais nous n’avons pas de réponse, regrette Delphine Goëder, présidente du CSSR. Le dossier est sans cesse reporté… ».

« Un enfant sur 1 000 naît sourd »

Les quatre associations lancent un appel aux élus : « On a besoin de leur soutien même si jusqu’à présent on a l’impression de ne pas être entendus. Il y a encore des problèmes d’accessibilité et de communication. Il y a un gros retard dans ce domaine. Les initiatives sont marginales. Nous avons les mêmes besoins que les entendants, la différence c’est notre langue des lignes. C’est pour cela que nous souhaitons une ville accessible à tous pour vivre en bonne intelligence. »

Les associations réclament aussi davantage d’informations. « Un enfant sur 1 000 naît sourd, rappelle Gilles Crozat. Mais les parents manquent encore souvent d’informations ».

Les associations donnent à nouveau rendez-vous à Rennes au mois de septembre 2020, à l’occasion de la journée mondiale des sourds et de la surdité.

Source OUEST FRANCE.

Handicap : l’association Pôle Surdité réclame un interprète en Corse…

L’association Pôle Surdité vient de se créer en Corse. Son objectif et de permettre aux personnes sourdes de gagner en autonomie dans leur quotidien et leurs démarches administratives.

Elle réclame notamment l’arrivée d’un interprète dans l’île.

L’association Pôle Surdité vient de se créer en Corse. / © Jacques Paul-Stefani / FTVIASTELLA

« L’idéal, c’est que vous lui parliez en face comme ça elle peut bien lire sur vos lèvres », sourit Joséphine. Ce jour-là, elle accompagne son amie Angélique, sourde de naissance, à la boucherie.

Et si la jeune femme, appareillée, est suivie par un orthophoniste afin de verbaliser au mieux, lorsqu’elle n’est pas accompagnée son interlocuteur ne la comprend pas toujours. Un quotidien qu’Angélique juge difficile. « Parfois, à la maison, j’enlève l’appareil. Je suis soulagée quand je ne l’ai pas », explique-t-elle.

Système D

Afin de permettre aux personnes sourdes de gagner en autonomie, l’association Pôle surdité, nouvellement créée en Corse, réclame un interprète dans l’île. Car même si la technologie a permis de faciliter la tâche des sourds, il est notamment possible de joindre un référent en appel vidéo pour des prises de rendez-vous médicaux, le système D est le plus souvent de mise. « On essaye de s’adapter et d’expliquer avec des gestes. S’il y a des problèmes, on essaye d’expliquer en prenant un papier et un stylo ou en montrant des photos », indique Chloé Thomas-Massimi, kinésithérapeute.

Source FR3.

Brive : une semaine sous les signes des personnes sourdes et malentendantes…

Du 3 au 7 décembre 2019, dans le cadre de la semaine de sensibilisation au handicap, la Ville de Brive a placé la surdité au centre de ses actions.

De nombreux événements immersifs dans le monde des personnes sourdes, malentendantes et non-voyantes sont organisés.

A l'occasion de la semaine de sensibilisation au handicap, la ville de Brive axe son programme sur la surdité / © MAXPPP

Le handicap est une question centrale du projet pour Brive du maire de la ville, Frédéric Soulier. Depuis trois ans, Brive rejoint l’entreprise nationale de la semaine de sensibilisation au handicap du 3 au 10 décembre 2019.

A l’échelle locale, chaque année porte un thème particulier. 2019 est placée sous le signe de la surdité, de la compréhension du langage des personnes sourdes et malentendantes.

Un cinéma. Drôle d’endroit pour lancer cette semaine de sensibilisation ? Pas tant que ça.

Carine Voisin, conseillère municipale déléguée en charge du Handicap et Romain Grosjean, directeur du Cinéma REX de Brive ont opté pour ce lieu afin d’entrer dans le vif du sujet dès les premiers instants.

« Les personnes atteintes de surdité se sentent souvent les grands oubliés du handicap en termes d’accessibilité. » Carine Voisin

Prêter l’oreille

Le cinéma le REX à Brive rend accessibles ses services au plus grand nombre en adoptant cette année, des alternatives au handicap sonore et visuel, tel que le système TwaVox.

En effet, depuis 2014 ce dispositif permet aux personnes atteintes de problèmes de surdité et de vue de profiter d’une séance de cinéma, d’un débat ou de cours en amphithéatre dans les mêmes conditions qu’une personne non-handicapée.

Une simple application à télécharger sur son téléphone permet au public d’accéder aux sous-titres du film, à un volume sonore plus élevé et audible et à une audiodescription multi-langues. Au REX, à Brive, trois projections de films sont prévues tout au long de la semaine :

– Vers la lumière de Naomi Kawase, mardi 3 décembre 2019 à 18h30
– Patients de Grand Corps Malade et Mehdi et Idir, jeudi 5 décembre à 20h30
– J’avancerai vers toi avec les yeux d’un sourd de Laëtitia Carton, samedi 7 décembre à 14h

La dernière séance de la semaine est suivie d’un débat « Goûter signe » autour du thème de la semaine de sensibilisation.

Donner à voir

Le langage des signes fascine, interpelle et se démocratise. Depuis le 11 février 2005, la Loi n°2005-102 reconnait la langue des signes française comme « langue à part entière ». En 2008, la LSF est devenue une option au baccalauréat. Il s’agit de faire découvrir ce moyen de communication technique et précieux à tous.

La médiathèque du centre-ville de Brive est le second repère de cette semaine de sensibilisation au handicap. Depuis le 26 novembre 2019 et jusqu’au 14 décembre, une exposition photo « des couleurs et des émotions » en partenariat avec l’association Signée Bricole présente une série d’oeuvres autour du langage des signes.

Dans cette lignée, des ateliers sont proposés aux plus jeunes (6-10 ans) pour comprendre cette langue parlée avec les mains.

https://www.facebook.com/SophieVouzelaudOff/videos/424841488200683/

En novembre 2019, Sophie Vouzelaud, ancienne première dauphine de Miss France 2007 et atteinte de surdité avait déployé sa colère sur les réseaux sociaux suite à une amende injustifiée dans le train.

L’organisation de semaines et événements de sensibilisation face au handicap comme à Brive sont là pour permettre à toutes les générations de comprendre et s’adapter aux situations de chacun. Elle vise enfin à réduire les discriminations à l’égard de ces personnes.

Source FR3.

Handicap: une application créée à Cherbourg pour transformer la vie des sourds et malentendants…

La Scop cherbourgeoise Le Messageur, dejà multiprimée, vient de recevoir le prix  » utilité sociale » par la Mutualité Française Normandie.

Parmi ses activités de transcription, elle teste une application téléchargeable qu’elle a conçu pour faciliter la vie des personnes sourdes et malentendantes.

L'application créée par le Messageur, à l'état de prototype, a pour but de faciliter la qualité de vie des sourds et malentendants. / © Marie Saint-Jours

3 questions à Samuel Poulingue, co-fondateur de la Scop le Messageur. 

Quelles sont les missions de la Scop le Messageur? 

Le Messageur est une entreprise coopérative qui agit depuis 2012 pour faciliter la communication aux personnes malentendantes et sourdes. Son action consiste à rendre accessible des événements, des établissements recevant du public, des environnements professionnels et à former sur la question du handicap auditif. Basée en Normandie, à Cherbourg, le Messageur intervient sur l’ensemble du territoire français. Au fil des années, il a créé des outils et une démarche d’accompagnement innovants, à même de mettre les personnes en situation en handicap auditif à égalité de chances dans leur vie quotidienne.

La transcription à distance instantanée représente près de 60% de son activité, permet par exemple l’accès au spectacle vivant à l’aide de boucles magnétiques, en passant par le sous-titrage de films ou de vidéos. On ne raisonne pas en termes de marché mais de besoin.

La scop accompagne entre 400 et 500 clients chaque année et couvre environ un événement par jour.

Quelle est la différence entre une application de reconnaissance vocale que l’on trouve facilement sur internet et cette application que vous portez parmi vos nouveaux outils? 

Sur Messag’In, ce sont des interprètes de l’écrit qui produisent le sous-titrage en temps réel, à la vitesse de la parole. Ils font une traduction du message oral, vers l’écrit, dans les codes de l’écrit, avec la ponctuation adaptée, pour rendre accessible le message oral. C’est donc bien une traduction, sans les tics de langage qui n’apportent rien à la compréhension. Une transcription mot à mot n’apporte pas en général une compréhension du message oral. C’est souvent incompréhensible. Le rôle de l’interprète, c’est donc de produire un texte aéré, fidèle aux propos tenus, avec une position neutre. Il prête ses oreilles à la personne sourde. Cela permet de rendre accessibles des discussions naturelles, avec des gens qui bégaient, font des digressions, ont des accents, ou des difficultés pour s’exprimer. C’est donc indispensable d’utiliser des interprètes pour des réunions professionnelles multilocuteurs, des formations, des événementiels, … pour pouvoir participer à égalité de chances. Pour ce qui est de la reconnaissance vocale automatique, elle est utile et intéressante pour l’accessibilité à la communication des personnes sourdes et malentendantes uniquement si le locuteur qui parle s’exprime en dictant ce qui doit s’écrire. Le logiciel de reconnaissance vocale ne sait pas écrire correctement si les gens s’expriment loin du micro, en parlant naturellement, avec des accents, sans articuler correctement… Le logiciel fait des erreurs qui empêchent la compréhension du message oral. Concernant les usages qui peuvent être fait : la majorité des sourds et malentendants oralisant s’appuient sur le son en premier lieu, et le sous-titrage sert de béquille pour vérifier, et compléter la compréhension orale. Un petit nombre de personnes ne peut s’appuyer sur les restes d’audition et doit lire 100 % des sous-titres.

… Comme il n’est pas possible d’utiliser un interprète 24h/24, dans toutes les situations de la vie quotidienne, il est intéressante d’utiliser une appli de reconnaissance vocale pour les conversations informelles de la vie quotidienne, qui sont les plus nombreuses. À condition de dicter. Les applis de reconnaissance vocale automatiquement sont souvent présentées comme des « baguettes magiques », ce qui provoque de la déception. Au final, il n’existe pas une solution, mais des solutions différentes qui peuvent être pertinentes dans certaines situations mais pas dans d’autres. Et surtout, ce qui va créer de l’inclusion, c’est l’utilisation des outils adaptés, avec les bons usages de communication de l’entourage : – captation de la voix du locuteur dans un micro (bâton de parole), qui permet de réguler la prise de parole, d’une part, et d’envoyer UNIQUEMENT le son de la voix du locuteur (débarrassée des sons parasites) directement dans les aides auditives. Et mise en place d’un sous titrage en temps réel quand il y a besoin.

Reportage avec Samuel Poulingue et Jean-Luc Le Goeller, co-fondateurs de la scop Le Messageur et Solène Nicolas, malentendante. 

Qu’est ce que ça change cette application? 

La surdité et la malentendance sont des handicaps invisibles. Ce dispositif les rend visibles pour le coup, psychologiquement ce n’est pas du tout anodin pour ces personnes. Cela met par ailleurs les personnes qui ne souffrent pas de ces handicaps en situation d’adaptation, ce qui est une autre démarche.

Source fr3.