ENQUÊTE RADIO FRANCE – Après Orpea, le gestionnaire d’Ehpad Bridge mis en cause…

Le groupe Bridge, gérant d’Ehpad, se voit à son tour reprocher des dysfonctionnements : certains résidents délaissés, établissements en surcapacité…

Ses méthodes ne sont pas sans rappeler celles qui sont reprochées à Orpea.

Enquête au cœur des Ehpad Bridge : des résidents livrés à eux-mêmes, des aides-soignants en sous-effectifs et des familles qui souffrent.

 

Une enquête de Géraldine Hallot, cellule investigation de Radio France. 

Tous les jours, à la même heure, Jean-Jacques rend visite à sa femme qui a été admise l’an dernier à la maison de retraite « Les Fontaines », à Horbourg-Wihr près de Colmar. Cet Ehpad de 84 places est spécialisé dans l’accueil de résidents souffrant de la maladie d’Alzheimer. Il jouissait jusqu’à peu d’une excellente réputation.

Mais en décembre dernier, l’établissement a été racheté par le groupe Bridge. Depuis, d’après plusieurs familles, la prise en charge des résidents se serait fortement dégradée. « Je me suis rendu compte que ma femme n’avait pas été changée pendant quatre jours », nous indique Jean-Jacques lors de l’une de ses visites quotidiennes à laquelle nous avons assisté. « J’ai remarqué aussi, devant l’état de ses cheveux, qu’elle n’avait pas été douchée pendant plus d’une semaine », poursuit-il. « Avant d’arriver à l’Ehpad, on se pose la question : qu’est-ce qu’on va trouver ? »

La chambre de son épouse Colette est propre et lumineuse. Mais nous remarquons une grosse bosse sur son front. “À priori, elle a dû chuter, explique Jean-Jacques, mais personne ne s’en est rendu compte. » Colette garde aussi sa tête penchée vers l’avant, alors qu’il y a encore quelques jours, elle la maintenait droite, toujours selon son mari. Lorsqu’il a interrogé la direction de l’Ehpad, on lui a répondu, nous raconte-t-il, que « personne n’avait constaté de chute », et que « cela devait être un torticolis ». Jean-Jacques se dit « sceptique » devant cette réponse.

Il se dit aussi « convaincu » que le rachat de l’Ehpad et les « méthodes de management de Bridge » ont « fait fuir les salariés » et que cela a « dégradé la prise en charge des résidents ». Aujourd’hui, d’après nos constatations, l’établissement fonctionne avec trois aides-soignantes par étage, là où auparavant, d’après des documents que nous avons consultés, il y avait cinq aides-soignantes au deuxième étage pour 42 résidents très dépendants et quatre au premier étage pour 42 résidents un peu plus autonomes.

Des résidents levés « un jour sur deux »

Comment en est-on arrivé là ? En janvier 2022, selon des échanges de mails dont la Cellule investigation de Radio France a eu connaissance, le groupe Bridge a demandé à la directrice de l’Ehpad de l’époque de supprimer huit postes équivalent temps plein. Après avoir refusé ces suppressions de postes, la directrice a été licenciée pour insubordination lors d’un simple entretien par visioconférence.

Le groupe Bridge a aussi annoncé, dès son arrivée, la suppression des primes de remplacement, d’assiduité et de participation qui représentent entre 100 et 150 euros net sur le salaire d’une aide-soignante.

Depuis, entre les départs – volontaires ou contraints – et les arrêts maladie, l’établissement est en sous-effectif, nous raconte une aide-soignante. « Après le rachat, c’est vrai, ça s’est dégradé », nous explique-t-elle lors d’une rencontre le soir, après son travail. « En moyenne nous sommes trois par étage, pour 42 résidents. Certains jours nous ne sommes que deux par étage », déplore-t-elle.

Ce manque de personnels a des conséquences directes sur la prise en charge des résidents, selon elle. « Les douches sont aléatoires. On n’a pas le temps. On a les yeux rivés sur le chrono. »

À l’Ehpad Les Fontaines, près de Colmar, depuis le rachat par le groupe Bridge, les aides-soignantes sont en sous-effectif.

Certains jours, les résidents ne sortent même pas de leur lit. « On essaie de faire au mieux, d’alterner, de les lever un jour sur deux. » Les pensionnaires, précise-t-elle, sont très dépendants et atteints de la maladie d’Alzheimer. Ils peuvent difficilement se lever seul. Un témoignage que réfute la direction du groupe Bridge. Celle-ci nous affirme dans un mail : « Tous les résidents qui le peuvent, sont naturellement habillés chaque jour par nos équipes, désireuses de préserver la dignité et le lien social des personnes dont nous avons la charge. »

Une autre salariée des Fontaines affirme qu’« à cause du manque de sollicitations, on constate davantage de chutes et de pertes de poids. Il y a eu toute une période où beaucoup de résidents ne voulaient plus manger ». Selon la jeune femme, « il y a eu aussi un allégement du protocole Covid. Avant, les soignants se faisaient tester une fois par semaine. Mais en février, les tests antigéniques hebdomadaires ont cessé. Depuis, des résidents sont tombés malade, chose qu’on n’avait plus vu chez nous depuis la première vague ».

L’agence régionale de santé alerté

Deux résidents sont morts du Covid fin février début mars 2022. Coralie (prénom d’emprunt, NDLR) était à leurs côtés. Ecœurée par le peu de moyens dont elle disposait pour soulager leurs souffrances, elle a démissionné. « C’étaient des personnes qui étaient alitées et avaient du mal à respirer en restant couchées.

On devait les redresser », raconte-t-elle, encore émue. « Mais les coussins de positionnement pour les maintenir, il n’y en avait plus. Des devis ont été demandés pour que ces personnes puissent mourir… correctement. » Faute de les avoir à temps, elle a dû « récupérer le coussin d’une personne qui venait de décéder pour le réattribuer à quelqu’un qui était en train de mourir ». Coralie a quitté l’Ehpad des Fontaines d’Horbourg-Wihr après cet épisode.

Des familles et des salariés ont témoigné auprès du Conseil de vie sociale de l’établissement. Cette instance élue est un intermédiaire entre les résidents et la direction du groupe. Son président André Schmidt, inquiet face à l’afflux de témoignages circonstanciés, a alerté l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est. Jointe par la Cellule investigation de Radio France, l’ARS nous a répondu avoir conscience du « climat social dégradé » et des « difficultés de ressources humaines » dans cet Ehpad.

« Une visite de l’établissement a d’ores et déjà été organisée le 17 mars 2022 », poursuit l’ARS dans son mail, avant de conclure « nous restons attentifs à l’évolution de la situation au sein de l’Ehpad les Fontaines ».

“Seul dans un couloir, les mains pleines d’excréments”

L’Ehpad d’Horbourg-Wihr n’est pas le seul à avoir été racheté par Bridge. Le groupe, fondé en 2017 par Charles Memoune, un ancien consultant d’Ernst & Young, a une stratégie : racheter des maisons de retraites médicalisées (Ehpad) de taille intermédiaire en zone rurale ou péri-urbaine. En cinq ans, Bridge a acquis 34 établissements, soit un peu plus de 2.000 lits. Parmi eux, toujours en Alsace, il y a celui de Lutterbach près de Mulhouse. Là-bas aussi des familles se sont émues du traitement réservé aux résidents. Ainsi cette femme raconte dans un mail au Conseil de vie sociale de l’Ehpad de Lutterbach (voir ci-dessous) que début mars, elle a retrouvé son mari « seul dans le couloir les mains pleines d’excréments ». Elle a dû faire sa toilette elle-même.

Mail adressé au Conseil de vie social d l’Ehpad de Lutterbach par l’épouse d’un résident en mars 2022.
Mail adressé au Conseil de vie social d l’Ehpad de Lutterbach par l’épouse d’un résident en mars 2022. © Radio France – Cellule investigation de Radio France

Christiane, elle, constate que sa mère est souvent alitée, et pas habillée quand elle lui rend visite. « Maman est en pyjama car le personnel n’a pas le temps de l’habiller », nous raconte cette femme dynamique. « Samedi dernier, il était 15h30. J’avais prévenu que je venais accompagnée de mon père. Mais là encore, ma mère était en pyjama. Papa a fait semblant de ne pas voir. Quand je l’ai ramené chez lui, il a fait une crise de larmes, et il a dit ‘mais c’est ma femme, qu’est-ce qu’ils en font ?’ C’est très dur. » Christiane aussi estime qu’il y a « un avant/après » le rachat par Bridge. « Depuis les effectifs de soignants ont fondu. »

D’autres familles nous ont livré des témoignages similaires. « J’ai perdu confiance dans la méthode de gestion de Bridge », dit Bernard, dont l’épouse de 86 ans est arrivée à l’Ehpad de Lutterbach en 2019. « Du coup, je rends visite à ma femme tous les jours pour observer comment ça se passe. Les aides-soignantes sont en nombre insuffisant », estime-t-il. « Les repas sont souvent froids, je l’ai signalé à la direction. » Bernard rappelle qu’il paie « 2.700 euros par mois » pour « de telles prestations ». « Toute ma retraite y passe », conclut-il.

Le maire de Lutterbach lui-même a pris la plume en mars 2022 pour sermonner la direction du groupe Bridge. Dans un courrier dont nous avons eu connaissance (voir ci-dessous), Rémy Neumann (EELV) écrit : « la gestion financière semble être une priorité dans votre groupe avant celle de la gestion humaine des résidents et du personnel. » La mairie de Lutterbach était en discussion avec le groupe Bridge pour la construction d’une résidence seniors dans la zone d’aménagement concerté (ZAC) Rives de la Doller. Mais le projet a été abandonné.

« Nous avons décidé de rechercher un autre opérateur plus en phase avec les valeurs humaines que nous défendons », conclut le maire dans son courrier. Sollicitée, la direction du groupe Bridge nous a répondu que si dysfonctionnements il y avait eu, ils étaient antérieurs à la reprise des établissements par le groupe : « Nous avons acheté 3 établissements de l’est de le France fin décembre 2021 (…), la qualité de l’accueil et des soins apportés était en deçà de notre niveau d’exigence, et des dysfonctionnements majeurs ont été détectés. Nous avons été, en conséquence, contraints de prendre les mesures qui s’imposaient pour rétablir une situation satisfaisante », affirme le groupe.

Lettre du maire de Lutterbach à la direction du groupe Bridge, mettant le groupe en garde contre ses mauvaises pratiques.
Lettre du maire de Lutterbach à la direction du groupe Bridge, mettant le groupe en garde contre ses mauvaises pratiques. © Radio France – Géraldine Hallot, Cellule investigation de Radio France

Un Ehpad interdit d’accueillir de nouveaux résidents

Hors Alsace, d’autres Ehpad du groupe Bridge sont également dans le viseur des ARS. Selon nos informations, les agences régionales de santé d’Ile-de-France, de Normandie et du Centre-Val de Loire ont, elles-aussi, reçu des signalements de familles et de salariés du groupe. La résidence « Les Cèdres » à Savigny-sur-Orge (Essonne) a fait l’objet d’une inspection inopinée le 24 février 2022, dont le résultat n’est pas encore connu. Quant à l’ARS de Normandie, elle avait placé l’Ehpad « Les Opalines » aux Moutiers-en-Cinglais (Calvados) sous administration provisoire début mars en raison de « dysfonctionnements graves ». Cette tutelle a été levée par le tribunal administratif de Caen qui statuait en référé.

Le juge a estimé qu’il n’y avait pas de « risques immédiats ». Mais en attendant la décision du juge sur le fond, le tribunal a maintenu l’interdiction d’accueillir de nouveaux résidents pendant six mois en raison « d’une insuffisance chronique de moyens en personnels (…) qui ne permet pas d’assurer une prise en charge satisfaisante des résidents lors des toilettes, des repas et des couchers ».

Ailleurs en France, une ancienne responsable d’un Ehpad du groupe Bridge, dénonce elle-aussi une « mauvaise prise en charge des résidents ». Elle qui a quitté le groupe en automne dernier, raconte que dans son établissement, « une chambre n’avait plus de chauffage depuis deux ans », « des seringues pour piquer les résidents étaient périmées ».

Après les décès de plusieurs pensionnaires, raconte-t-elle encore, elle n’a pas pu envoyer de bouquets de fleurs aux familles car sa supérieure trouvait cela trop cher. Elle explique s’être donc contentée de « trois cartes », qu’elle juge « ridicules ». Et puis elle décrit cette « pratique étonnante » : « Lors de la visite de préadmission, on montre aux familles un kit de présentation dans la future chambre du résident : un dessus de lit, un joli cadre, un vase avec des fleurs et un fauteuil très confortable… qui sont immédiatement enlevés une fois le contrat signé. »

Interrogée sur ces affirmations, la direction du groupe Bridge nous a répondu que « ni les audits internes du réseau, ni le récent contrôle inopiné de l’ARS n’ont révélé de non-conformité autour de la gestion des seringues. Si un audit devait mettre en lumière une quelconque non-conformité, nous prendrions les mesures qui s’imposent avec la plus grande célérité. » Le groupe ajoute : « sur le service hôtelier (…), nous encourageons la personnalisation des espaces avec du mobilier et des habitudes de vie qui leur sont propres. »

D’après un document interne à Bridge que nous nous sommes procuré (voir ci-dessous), le groupe pratique aussi la surcapacité. C’est-à-dire qu’il accueille dans ses Ehpad plus de résidents que les ARS ne l’autorisent. D’après nos calculs, cela concerne 19 établissements sur 34.

Document interne du groupe Bridge démontrant que le groupe accueille plus de résidents que les ARS ne l‘autorisent.
Document interne du groupe Bridge démontrant que le groupe accueille plus de résidents que les ARS ne l‘autorisent. © Radio France – Géraldine Hallot, Cellule investigation de Radio France

Accusé lui aussi de « surbooker » ses Ehpad, Orpea avait été épinglé pour la même raison dans le rapport de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) et de l’IGF (Inspection générale des Finances) publié début avril. La direction du groupe Bridge nous a précisé au sujet de ce document, « Nous n’avons jamais dépassé sur l’année l’occupation autorisée pour les places financées. Lorsqu’il arrive que des établissements disposent de chambres surnuméraires, elles sont soit dédiées aux familles, soit à l’accueil de personnes âgées autonomes qui souhaiteraient bénéficier de la sécurité d’un habitat collectif et des services associés (restauration, hôtellerie, animations). »

Source FRANCE BLEU.

Gironde. Un homme soupçonné d’avoir manipulé une vieille dame pour la dépouiller de 90 000 €…

Un quadragénaire a été placé en garde à vue début avril 2022 pour des soupçons d’abus de faiblesse.

Il aurait profité de la vulnérabilité d’une habitante de Mérignac (Gironde) âgée de 72 ans pour lui soutirer 90 000 €.

L’homme est connu par la justice pour escroquerie.

photo d'illustration

 

Une vieille dame de 72 ans aurait été manipulée et volée par le fils de son assistante sociale. Cet homme de 42 ans a été interpellé début avril 2022 après une enquête de la Division de lutte contre la criminalité financière, rapporte Sud Ouest. Il aurait réussi à soutirer 90 000 € à une habitante de Mérignac (Gironde) entre mai 2019 et décembre 2020.

Il vivait à l’hôtel sous une fausse identité

Selon nos confrères, le suspect rendait régulièrement visite à la retraitée qui l’entretenait. Il aurait réussi à instaurer une relation de confiance avec la victime qui aurait accepté de lui signer des chèques et de lui confier sa carte bancaire à plusieurs reprises. Il aurait également profité de la vulnérabilité du fils de la personne âgée placé sous tutelle, complètent nos confrères.

L’homme, qui habitait dans un hôtel sous une fausse identité, sera jugé le 15 septembre 2022. Il est poursuivi pour abus frauduleux de l’ignorance ou de la faiblesse d’une personne en état de sujétion psychologique résultant de pression ou technique de nature à altérer le jugement, précise Sud Ouest. Le suspect a été placé sous contrôle judiciaire et a l’interdiction, jusqu’à son audience, de se rendre chez la senior.

Source OUEST FRANCE.

Ce jeu vidéo peut-il aider à diagnostiquer plus tôt la maladie d’Alzheimer ?…

Un jeu vidéo peut-il aider à diagnostiquer la maladie d’Alzheimer ?

C’est en tout cas l’objectif du projet Sea Hero Quest.

Ce jeu vidéo peut-il aider à diagnostiquer plus tôt la maladie d’Alzheimer ?

 

L’idée : Développer un test capable d’évaluer le sens de l’orientation pour détecter le plus tôt possible cette maladie, dont la désorientation spatiale est un symptôme précoce.

Un jeu vidéo pour l’aide au diagnostic de la maladie d’Alzheimer ? Je ne sais pas vous, mais quand je lis ce genre de titre j’ai tendance à lever les yeux au ciel. C’est vrai qu’à l’heure où les soignants sont poussés à bout par les effets croisés d’une pandémie et de la dégradation de leurs conditions de travail, proposer de les aider avec un jeu vidéo ressemble au mieux à un vœu pieux, au pire à une provocation… Pourtant, le projet Sea Hero Quest , développé par nos équipes de recherche en collaboration avec des soignants a pour objectif de répondre à un vrai besoin exprimé par ces derniers.

L’idée est de développer un test capable d’évaluer le sens de l’orientation pour détecter le plus tôt possible la maladie d’Alzheimer, dont la désorientation spatiale est un symptôme précoce. Rassurez-vous, ce n’est pas parce que vous pensez avoir un mauvais sens de l’orientation que vous êtes plus à risque de développer une démence. De nombreux facteurs culturels et démographiques comme l’âge, le genre, le niveau d’éducation, ou encore les habitudes de sommeil influencent nos capacités à nous repérer.

Et c’est justement un problème pour les médecins : comment savoir si M. Martin a un mauvais score à son test d’orientation spatiale parce qu’il développe une démence ou s’il a toujours été comme cela ? Une solution est de comparer les performances de M. Martin à celles d’autres personnes ayant les mêmes caractéristiques démographiques. Cela permettrait de s’assurer que ses mauvaises performances ne sont pas liées qu’à son profil, mais sont bien potentiellement pathologiques. Comparer le comportement du patient à celui de milliers de personnes lui ressemblant rendrait le test beaucoup plus précis, taillé sur mesure.

4 millions de participants à l’étude scientifique

Mais pour faire toutes ces comparaisons, il faut une base de données avec du monde, beaucoup de monde. Bien plus que les quelques dizaines de participants recrutées habituellement dans les études en neurosciences ou en psychologie. Avec Sea Hero Quest, nous avons mis à profit une fraction des milliards d’heures hebdomadaires passées par les humains à jouer à des jeux vidéo. Nous avons, en collaboration avec le studio de « game design » Glitchers, développé un jeu vidéo d’orientation spatiale sur smartphones et tablettes. Le joueur incarne le capitaine d’un petit bateau devant résoudre des labyrinthes aquatiques de plus en plus complexes. Ces épreuves virtuelles correspondent à des tâches classiques de la littérature scientifique, que nous avons rendues ludiques. S’ils le veulent bien, les joueurs peuvent aussi répondre à quelques questions sur leur profil démographique. Selon nos résultats, les performances à ce jeu sont bien prédictives des performances spatiales dans le monde réel, et non pas le simple reflet des compétences en jeux vidéo. Ouf.

Cela a marché au-delà de nos espérances. Entre 2016 et 2019, plus de 4 millions de joueurs de tous les pays du monde ont téléchargé et joué à Sea Hero Quest. À ce moment-là, nous sommes éberlués, hypnotisés par le flux de données s’amassant sur nos serveurs. Si on avait voulu tester autant de participants de manière « classique », directement dans notre labo, ça aurait pris 1 000 ans et coûté 100 000 000 d’euros.

Un tel jeu de données est inédit en sciences comportementales. Au-delà de l’aide au diagnostic de la maladie d’Alzheimer, il permet de répondre à des questions jusqu’alors irrésolues. Par exemple sur la différence entre les hommes et les femmes en termes de navigation spatiale. De nombreuses études scientifiques ont fait état d’un avantage pour les hommes à certaines tâches d’habileté spatiale, mais on n’a jamais très bien compris d’où venait cette différence.

Grâce au jeu de données de Sea Hero Quest, on a pu estimer l’ampleur de cette différence entre les sexes dans 53 pays. On a remarqué que cette dernière était proportionnelle à l’égalité entre les hommes et les femmes du pays dans lequel on se place, telle que mesurée par le Rapport mondial sur l’écart entre les femmes et les hommes du Forum économique mondial. Ce rapport compare l’accès des hommes et des femmes à l’emploi, à la santé, à l’éducation, et aux instances politiques. Il y a ainsi peu de différences de genre en termes de navigation spatiale dans les pays scandinaves, beaucoup plus en Égypte ou en Arabie saoudite. Cela signifie que la dimension socioculturelle joue un rôle important dans ces différences cognitives entre les genres.

Et Sea Hero Quest est un outil parfait pour l’investiguer.

Notre sens de l’orientation dépend de l’endroit où l’on a grandi

Dans un article paru la semaine dernière à la Une de la revue scientifique Nature , nous nous sommes intéressés à un autre facteur culturel : l’influence de l’endroit où l’on grandit sur notre sens de l’orientation à l’âge adulte. On sait que si on fait grandir une souris dans une cage « enrichie » avec des jeux et des labyrinthes, cela a un impact sur la forme de son cerveau et sur ses fonctions cognitives comparées à une souris qui aurait grandi dans une cage plus simple. Mais comme il est interdit de mettre des enfants dans des cages, ce résultat n’a jamais été reproduit chez les humains.

Grâce au jeu Sea Hero Quest, nous pouvons comparer les fonctions cognitives de personnes ayant grandi dans une multitude d’endroits. Nous avons tout d’abord remarqué que les joueurs ayant grandi en ville ont en moyenne un moins bon sens de l’orientation que ceux ayant grandi en dehors des villes, indépendamment de leur âge, genre, ou niveau d’éducation. Mais là encore, l’ampleur de cette différence varie beaucoup d’un pays à l’autre.

Dans certains pays comme les États-Unis, l’Argentine ou le Canada, vivre dans une ville est vraiment préjudiciable, alors qu’en France, en Roumanie ou en Inde, il n’y a pas de différence significative entre ville et campagne. Mais d’où viennent ces variations d’un pays à l’autre ?

Les pays où les différences sont les plus fortes comportent davantage de villes avec un plan quadrillé, comme Chicago, Buenos Aires ou Toronto. Et de fait, il est bien plus simple de s’orienter dans ces villes que dans les rues tourmentées de Paris, Prague ou New Delhi. En grandissant dans une ville quadrillée, on exerce moins son sens de l’orientation qu’en grandissant à la campagne, où les réseaux de routes sont moins organisés et les distances à parcourir plus importantes, et ça se ressent à l’âge adulte.

La période clef qui façonne durablement notre sens de l’orientation est l’enfance, lorsque notre cerveau est en plein développement. À l’inverse, le lieu où vivent les joueurs au moment où ils jouent n’est pas statistiquement lié à leurs compétences spatiales. Ça ne veut pas dire qu’il est impossible de s’améliorer en tant qu’adulte, mais ça demande plus de travail !

« L’Homme n’est que la silhouette de son paysage natal », a dit le poète Shaul Tchernichovsky, et ce résultat ne lui donne pas tort.

La version originale de cet article a été publiée dans The Conversation

Source OUEST FRANCE.

Pour éviter la démence, il faut avoir un but !…

Les personnes qui ont un but dans la vie seraient cinq fois moins susceptibles de connaitre un déclin cognitif handicapant.

Pour éviter la démence, il faut avoir un but !...

 

L’ESSENTIEL
  • Le fait de se fixer un but ou des objectifs réduirait le risque de développer une démence
  • Les programmes de prévention de la démence sont trop souvent axés sur le bien-être en oubliant d’orienter les personnes vers des activités utiles

C’est un peu le sens de la vie… mais cela permettrait par ailleurs de réduire le risque de développer une démence : avoir un but dans l’existence ferait diminuer sous les 20% le risque de déclin de la mémoire et des capacités cognitives. C’est la conclusion d’une étude réalisée par des chercheurs de l’université de Londres et publiée dans la revue Aging Research Reviews.

Etat d’esprit positif

C’est l’analyse des données de 62 250 personnes âgées vivant partout dans le monde qui a servi de base à ce travail. Les personnes dont les données indiquaient qu’elles avaient un état d’esprit positif reposant sur des objectifs ou des engagements étaient associées à une incidence inférieure de 19% de troubles cognitifs cliniques. Selon l’OMS, ces troubles concernent la dégradation, de la mémoire, du raisonnement, du comportement et de l’aptitude à réaliser des activités quotidiennes.

Cette étude ouvre la voie à un autre regard sur la prévention de la démence : « Les programmes qui vont dans ce sens et qui sont destinés aux groupes à risque sont souvent axés sur le bien-être; or ils pourraient donner davantage la priorité aux activités qui donnent un but et un sens à la vie des gens, plutôt qu’aux activités amusantes « , souligne ainsi le Dr Joshua Stott de l’UCL (University College of London), auteur principal de l’étude.

La maladie d’Alzheimer, la forme la plus commune

C’est, selon, des données issues d’études antérieures, la capacité des personnes à se fixer un but ou des objectifs qui agirait positivement sur leur niveau de stress en réduisant ainsi l’inflammation du cerveau, un des facteurs qui augmentent le risque de démence. Une démence qui est une des causes principales de handicap et de dépendance parmi les personnes âgées. On considère qu’entre 5 et 8% des plus de 60 ans seraient touchés par une forme de démence, la maladie d’Alzheimer étant la forme la plus commune avec 60 à 70% des cas. Dans le monde, la démence clinique pourrait toucher plus de 150 millions de personnes d’ici à 2050.

Source POURQUOI DOCTEUR.

Au CHU de Montpellier, des groupes de paroles pour apprendre à vivre avec la maladie…

Arthrose, diabète, Alzheimer… pour près de 70 maladies, le CHU de Montpellier propose des cursus d’éducation thérapeutique du patient.

Des malades se réunissent autour de soignants pour apprendre à mieux gérer leur pathologie, et aussi la dédramatiser.

Assia Diani a participé au programme dédié à la sclérose en plaques

 

Il y a deux ans, Assia Diani était « au fond du trou ». Tout juste remise d’un très grave accident de la route, elle découvre qu’elle développe une sclérose en plaques. Une maladie qu’elle appréhende bien mieux depuis sa participation à un groupe de parole du CHU de Montpellier. Un parcours appelé « éducation thérapeutique du patient ».

« L’éducation thérapeutique du patient ça consiste à acquérir des connaissances qui permettent au patient de mieux gérer sa maladie chez lui, au quotidien » – Xavier de la Tribonnière

68 maladies chroniques bénéficient aujourd’hui de cette prise en charge. Elle concerne, par exemple le diabète, l’arthrose, Alzheimer, l’asthme ou les addictions. Pour toutes ces maladies de long court, les patients peuvent rejoindre un groupe de parole animé par des soignants.

« L’éducation thérapeutique du patient ça consiste à acquérir des connaissances qui permettent au patient de mieux gérer sa maladie chez lui, au quotidien », explique le professeur Xavier de la Tribonnière, le coordinateur du programme. Ces ateliers gratuits, basés sur le volontariat, abordent aussi bien l’aspect médical (la prise du traitement, les bons gestes, etc.) que paramédical. A commencer par l’acceptation de soi et de sa maladie.

Le CHU de Montpellier précurseur

En dix ans d’existence, le programme a permis d’accompagner près de 4.000 malades à Montpellier. Il s’est également étoffé, à raison de 7 nouveaux parcours ouverts chaque année. Pour poursuivre dans cette direction, le CHU vient de mettre en place une campagne d’affichage intitulée « Je suis grand malade, et alors ? »

Xavier de la Tribonnière, médecin coordinateur du programme.

Un dispositif présenté comme « innovant » et « personnalisé » par Xavier de la Tribonnière, le médecin coordinateur du programme. Selon lui, tout l’enjeu est de « transférer des compétences au patient ». C’est à dire le rendre plus autonome grâce aux conseils de soignants, tout en faisant tomber les tabous liés à la maladie.

Reprendre le contrôle sur la maladie

Après un an et demi de suivi, Assia Diani dit s’être « totalement révélée » lors du cursus d’éducation thérapeutique du patient. D’abord sur le plan médical : « Ça m’a permis de déconstruire certaines croyances sur la maladie, notamment des fausses informations que j’avais pu lire sur internet », explique la trentenaire originaire de Perpignan.

S’ajoute à cela l’acceptation de la maladie : « J’ai quand même un corps balafré après ma vingtaine d’opérations. Des cicatrices un peu partout. Je n’avais plus d’intimité, j’avais même du mal à entretenir une relation amoureuse parce que je faisais un refus de mon corps. J’ai même pris rendez-vous chez tous les tatoueurs de Perpignan pour camoufler ces cicatrices. Mais grâce aux groupes de parole, aux rencontres que j’ai pu faire, j’ai changé de regard. Finalement, je ne me suis jamais faite tatouer, et je n’ai jamais autant aimé mon corps qu’aujourd’hui.« 

Assia Diani veut aujourd’hui passer le témoin. Elle est devenue « patiente experte » c’est-à-dire qu’elle a suivi une formation pour coanimer à son tour des ateliers sur la sclérose en plaques.

Source FRANCE BLEU.

Ehpad : Atteinte d’Alzheimer, Françoise, 92 ans, vit désormais… en colocation…

Brut, partenaire de « 20 Minutes », visite une sympathique structure pour personnes âgées dépendantes.

Ehpad : Atteinte d’Alzheimer, Françoise, 92 ans, vit désormais… en colocation...

 

Alors que le gouvernement a annoncé, suite au scandale des Ehpad Orpea, un «  plan de contrôle des établissements », les alternatives d’hébergement pour  personnes âgées dépendantes ne sont pas légion. D’autant moins quand ces dernières souffrent de problèmes de santé invalidants. La famille de Françoise, atteinte d’ Alzheimer, a heureusement trouvé une solution : la dame de 92 ans vit désormais… en colocation.

Un lieu plus adapté et plus convivial

Il ne s’agit évidemment pas d’une colocation classique puisque si le logement collectif est occupé par Françoise, Salvatore et Marie-Pierre (tous trois malades Alzheimer), ils y sont constamment secondés par des  auxiliaires de vie, l’un d’eux étant même présent « 6 nuits par semaine, selon un système de « loyer contre service » ».

Françoise, elle, a retrouvé sa joie de vivre après une mauvaise expérience en Ehpad : « Ça n’était pas du tout adapté à maman, se souvient Sophie, sa fille. Ici, elle est à la fois en sécurité physiquement, parce qu’il y a une surveillance, et mentalement, parce qu’elle est rassurée ».

Découvrez son nouveau – et convivial – lieu de vie dans cette vidéo de notre partenaire Brut.

Source 20 MINUTES.

Malgré les maladies chroniques, le nombre d’années de vie en bonne santé augmente..

Entre 1991 et 2011, les hommes ont gagné 3,7 ans d’espérance de vie, sans handicap.

Pour les femmes, il y a eu en moyenne deux années supplémentaires en bonne santé. 

Malgré les maladies chroniques, le nombre d’années de vie en bonne santé augmente

 

L’ESSENTIEL
  • L’espérance de vie en bonne santé représente le nombre d’années de vie sans incapacité à réaliser les tâches et activités quotidiennes.
  • En France, elle est de 64,1 ans pour les femmes et 62,7 ans pour les hommes.
  • Les troubles cognitifs peuvent être des problèmes de mémoire, des difficultés à communiquer, un ralentissement de la pensée, etc.

Une étude auprès des personnes de plus de 65 ans

« Il y a eu des progrès dans les soins de santé au cours des dernières décennies, ce qui signifie que de nombreuses personnes atteintes de maladies chroniques vivent plus longtemps », expliquent les auteurs en préambule de leurs travaux. Cette équipe de recherche a analysé les données de deux grandes études réalisées auprès de personnes âgées de 65 ans ou plus en Angleterre. Concrètement, elles comprenaient la réalisation d’entretiens avec 7 635 personnes entre 1991 et 1993 et ​​avec 7 762 personnes entre 2008 et 2011, avec deux ans de suivi dans chaque cas. Dans ces échantillons, ils ont recherché les cas de maladies chroniques, de handicap, ou encore d’accident vasculaire-cérébral.

Près de quatre ans d’espérance de vie gagnée

Pour les personnes en bonne santé et pour celles souffrant de problèmes de santé, le nombre moyen d’années d’espérance de vie sans incapacité, ni handicap a augmenté de 1991 à 2011, observent les scientifiques britanniques. Les hommes ont gagné 4,6 ans d’espérance de vie, mais cela correspond en réalité à 3,7 années sans problème de santé. « Les hommes souffrant d’affections telles que l’arthrite, les maladies coronariennes, les accidents vasculaires cérébraux et le diabète ont gagné plus d’années en bonne santé que d’années avec une incapacité », précisent les auteurs. Ce qui signifie que cette amélioration de l’espérance de vie en bonne santé concerne tout le monde, même les personnes atteintes de maladie chronique.

L’impact des troubles cognitifs

Entre 1991 et 2011, les femmes ont connu une augmentation de l’espérance de vie à 65 ans de 2,1 ans et une augmentation de l’espérance de vie en bonne santé de 2 ans. Pour elles aussi, cette amélioration concerne également les femmes atteintes de maladie chronique. En revanche, les auteurs remarquent qu’il n’y a pas d’amélioration de l’espérance de vie en bonne santé en cas de troubles cognitifs. Ce n’était pas le cas pour les hommes. « Étant donné que les troubles cognitifs étaient également la seule affection à long terme où l’espérance de vie a diminué, c’est une source de préoccupation et cela nécessite une enquête plus approfondie« , estiment les auteurs.

Source POURQUOI DOCTEUR.

Selon une étude, de trop longues siestes pourraient être le signe d’une démence…

Les personnes diagnostiquées avec la maladie d’Alzheimer au cours de cette étude ont presque triplé leur temps de sieste, pour atteindre un repos diurne de 68 minutes par jour. 

Une sieste excessive peut être l'un des nombreux indices qu'une personne pourrait être sur la voie du déclin cognitif.

 

Il y a certaines habitudes qu’on ne pense pas dangereuses, elles constituent pourtant un signe d’alerte à ne pas négliger. Selon une étude (source 1), des siestes fréquentes ou régulières pendant de longues heures pendant la journée peuvent être un signe de démence précoce chez les personnes âgées.

Les chercheurs ont constaté que les personnes âgées qui faisaient la sieste au moins une fois par jour – ou plus d’une heure par jour – étaient 40% plus susceptibles de développer la maladie d’Alzheimer. Ces conclusions ont été publiées dans Alzheimer’s and Dementia : Le Journal de l’Association Alzheimer.

« Nous avons découvert que l’association entre les siestes diurnes excessives et la démence persistait après ajustement en fonction de la quantité et de la qualité du sommeil nocturne », a déclaré le co-auteur principal, le Dr Yue Leng, professeur adjoint de psychiatrie à l’Université de Californie à San Francisco. Les chercheurs ont analysé les données de 1 400 personnes âgées de 74 à 88 ans. Pendant plusieurs années, les participants ont été équipés de tracker destinés à analyser leurs mouvements. Aucun mouvement pendant une période prolongée entre 9 h et 19 h a été interprété comme une sieste. Pendant cette période d’inactivité, il est possible que les personnes aient lu ou regardé la télévision, « nous avons développé un algorithme unique pour définir les siestes et pour différencier les siestes de l’absence d’activité », souligne l’étude.

Des changements cérébraux

« Je pense que le public ne sait pas que la maladie d’Alzheimer est une maladie du cerveau qui provoque souvent des changements d’humeur et de sommeil », a déclaré le Dr Richard Isaacson, directeur d’une clinique de prévention de la maladie d’Alzheimer qui n’a pas participé à l’étude. Avant d’ajouter : « Une sieste excessive peut être l’un des nombreux indices qu’une personne pourrait être sur la voie du déclin cognitif et déclencher une évaluation en personne avec un médecin traitant ».

La qualité et la quantité de sommeil diminuent avec l’âge, souvent en raison de douleurs ou de complications liées à des maladies chroniques telles que des pauses plus fréquentes aux toilettes. Selon les auteurs de cette étude, les siestes la journée peuvent traduire des changements cérébraux. Au fil des années, les chercheurs ont constaté que les siestes augmentaient en moyenne de 11 minutes par an pour les adultes qui ne développaient pas de troubles cognitifs. Toutefois, un diagnostic de déficience cognitive légère a doublé le temps de sieste pour un total de 24 minutes par jour. Les personnes diagnostiquées avec la maladie d’Alzheimer ont presque triplé leur temps de sieste, pour atteindre une moyenne de 68 minutes par jour.

Source SANTE MAGAZINE.

Maladie d’Alzheimer : quels sont les facteurs qui influencent l’espérance de vie ?…

La maladie d’Alzheimer est très handicapante. Pourtant, correctement pris en charge, certains patients atteints vont survivre pendant 10 ou 15 ans après l’annonce de la maladie tandis que d’autres n’ont que quelques mois à vivre.

Maladie d’Alzheimer : quels sont les facteurs qui influencent l’espérance de vie ?...

 

Cela dépend bien entendu de l’âge de la personne au moment du diagnostic. Des chercheurs ont réussi à identifier d’autres facteurs permettant de prédire l’espérance de vie des malades.

La maladie d’Alzheimer survient généralement vers l’âge de 65 ans. Elle concerne plus de 20 % des individus de plus de 80 ans en France. Ses manifestations les plus connues sont la perte de mémoire et la perte d’autonomie. Même si les personnes atteintes de la maladie n’en meurent pas directement, celle-ci a une influence directe sur l’espérance de vie. Par exemple, la pneumonie représente la cause la plus fréquente de décès chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer : les troubles de la déglutition survenant souvent chez les malades favorisent les infections pulmonaires.

L’espérance de vie à partir de l’annonce du diagnostic varie énormément d’une personne à l’autre. Celle-ci peut être de 3 à 12 ans en moyenne. Quels sont les facteurs qui l’influencent ? Peu de données sur le sujet sont actuellement disponibles dans la littérature. Une équipe d’une université du Texas s’est penchée sur la question et a publié ses résultats dans la revue spécialisée Journal of Alzheimer’s Disease.

Le déclin cognitif est le facteur le plus prédictif

Des données issues des dossiers de 764 patients décédés de la maladie d’Alzheimer entre 2005 et 2015 ont été analysées. Des autopsies cérébrales ont été menées afin de confirmer que les patients étaient bien atteints de la maladie. Les personnes incluses dans l’étude ont survécu entre 1 et 131 mois après l’annonce du diagnostic. Les auteurs de l’étude ont pu identifier sept facteurs permettant de prédire l’espérance de vie des individus. Le facteur ayant le plus de poids statistique était la performance cognitive globale du patient au moment du diagnostic. Plus le déclin cognitif était important, plus l’espérance de vie était courte.

Les autres facteurs d’une espérance de vie plus courte étaient le sexe masculin, l’âge avancé, la couleur blanche, la présence de symptômes neuropsychiatriques, des résultats anormaux aux examens neurologiques et une déficience fonctionnelle.

Une information pour les familles

Prédire l’espérance de vie des patients atteints de la maladie d’Alzheimer pourrait être d’une grande aide pour les familles. Cette maladie est souvent vécue très douloureusement par l’entourage.

Savoir à l’avance combien de temps il reste tout en sachant, bien sûr, qu’il ne s’agit que d’une hypothèse peut permettre de s’organiser. On ne planifie pas les choses de la même manière quand il reste un an ou dix ans de vie. Les auteurs ont prévu de poursuivre leurs travaux avec des échantillons de population plus importants afin de préciser ces premiers résultats.

Source FUTURA SCIENCES.

Les retraites face à un choc démographique d’ici 2040…

Au moment où la campagne présidentielle entre dans sa dernière ligne droite, l’âge de départ focalise l’essentiel des débats sur les retraites.

Tribune de Valérie Batigne, dirigeante-fondatrice de Sapiendo Retraite.

Tribune de Valérie Batigne, dirigeante-fondatrice de Sapiendo Retraite.

A ce sujet, Valérie Batigne, fondatrice et dirigeante du cabinet expert Sapiendo Retraite rappelle l’importante augmentation de la part des seniors d’ici 2040 qui provoquera un déséquilibre structurel inéluctable.

33 % de seniors en plus d’ici 2040 par rapport aux 20-64 ans

Dans moins de 20 ans, notre système de retraite devra absorber une augmentation de 33 % de personnes de plus de 65 ans par rapport aux 20-64 ans, selon les calculs Sapiendo issus des statistiques de l’Insee (projection de la population 2021-2070, janv. 2022 et nov. 2016).

En 2040, la France comptera 50 seniors (65 ans et plus) pour 100 personnes de 20 à 64 ans contre 38 aujourd’hui. Et le ratio passera, en 2070, à 57 seniors pour 100 personnes de 20 à 64 ans.

C’est un choc démographique pour notre système de protection sociale, dont il faut prendre la mesure au plus vite, avec des réformes en conséquence, puisque dans notre système de retraite par répartition, ce sont les actifs qui financent les pensions des retraités.

Un équilibre entre le nombre de cotisants et retraités est indispensable pour préserver notre modèle. Certes, les projections de l’Insee ne traduisent pas directement un rapport cotisants/cotisés mais ces dernières sont étroitement corrélées.

Un défi pour maintenir la confiance des jeunes générations dans notre modèle

Tout l’enjeu est d’adapter le système pour que les jeunes générations gardent confiance dans notre système de retraite de manière à maintenir des niveaux de pensions globaux en adéquation avec leur effort contributif, qui est très important. Il faut rendre le rapport cotisations / droits acquis lisible.

Dans le système actuel, les leviers de réforme tournent autour de trois paramètres : relever l’âge de départ, augmenter le taux de cotisation ou diminuer les pensions. Ces leviers, déjà utilisés, n’affectent pas les mêmes personnes.

Par exemple, diminuer le niveau de pension en augmentant les prélèvements sociaux affectera les retraités. Reculer l’âge de départ en retraite impactera les actifs. Il n’y a pas de solutions faciles.

Un défi pour encourager à travailler plus longtemps

Prolonger la durée de vie active reste le levier le plus efficace, puisque cette mesure permet de générer rapidement des économies. Des leviers, plus incitatifs et offrant plus de liberté aux assurés, pourraient être envisagés.

Un système qui laisserait à l’assuré le choix de l’âge de départ en assortissant d’un système de décotes pour dissuader de partir tôt et de surcotes plus fortes pour inciter à travailler plus longtemps, à l’image du bonus-malus en place à l’Agirc- Arrco. Ces décotes-surcotes devraient se rapprocher du coût réel actuariel d’un âge de départ précoce ou tardif.

Simplifier et encourager le cumul emploi-retraite pourraient aussi être une solution à explorer, car les cotisations payées par les retraités qui reprennent une nouvelle activité permettraient d’alimenter notre système de protection sociale.

Aujourd’hui, les règles du cumul emploi-retraite sont complexes. De plus, les cotisations versées à l’occasion de l’activité de cumul ne rapportent pas de nouveaux droits au retraité qui reprend une activité. Corriger ces défauts faciliterait les reprises d’activité.

Source ARGENT BOURSIER.