Saint-Maximin : des opérations recrutement dédiées aux personnes en situation de handicap. « Plus de 80 % des handicaps ne sont pas visibles »…

Ce type de processus de recrutement reste encore très rare pour les travailleurs en situation de handicap qui sont, au niveau national, deux fois plus touché par le chômage que des travailleurs valides.

Les personnes en situation de handicap sont plus touchées par le chômage que les personnes valides. En France, 27% d'entre elles sont inscrites depuis au moins trois ans sur les fichiers de demandeurs d'emplois. LP/Simon Gourru

 

« Bien sûr que ça bloque les recruteurs, ils se disent qu’on est bon à rien. » Reconnu comme travailleur en situation de handicap, pour des problèmes au dos et à la jambe, Laurent n’a plus travaillé depuis 2016. Alors, à 58 ans, il s’est rendu ce vendredi matin à l’agence Pôle emploi de Saint-Maximin pour une session de recrutement spéciale.

Vingt postes d’agents et deux de chefs d’équipes sont à pourvoir sur le site d’Amazon à Senlis. Particularité, ils sont réservés aux travailleurs handicapés. Des opérations spéciales de recrutement encore inédites il y a un an qui permettent de mieux cibler les besoins spécifiques de ces demandeurs d’emploi deux fois plus touchés par le chômage que le public valide. Environ 350 personnes sont concernées sur l’agence de Saint-Maximin, ils étaient un peu plus de 1600 dans l’Oise en 2020.

« Plus de 80 % des handicaps ne sont pas visibles »

Et qui dit handicap ne dit pas forcément fauteuil roulant. « Plus de 80 % des handicaps ne sont pas visibles », précise Bachir Kordjani, directeur d’APF Entreprises, le réseau d’entreprises adaptés de l’Association des Paralysés de France, à l’origine du partenariat avec Amazon.

Les responsables le martèlent, le handicap n’a le plus souvent aucun effet sur la qualité de travail. « Cela demande des aménagements mais ces personnes sont encore plus motivées car elles savent les freins qu’elles ont eus avant de pouvoir décrocher un job », détaille Vincent Coutourides, directeur de l’agence Pôle emploi de Saint-Maximin.

« Je me suis senti écouté »

Un sentiment appuyé par Bachir Kordjani. « Ici comme ailleurs, nous avons convenu avec Amazon qu’il n’y ait pas de cadences imposées à ces travailleurs. Mais comme les postes sont suivis, on se rend compte que leurs performances sont supérieures. À l’APF, cela ne nous surprend pas. Ce sont des gens qui relèvent la tête après des situations critiques, Certains masquaient même leur handicap de peur d’être discriminés. »

Yassine n’est pas de ceux-là. Ce trentenaire souffre de troubles d’apprentissage qui font qu’il n’arrive pas à lire. « J’ai fait plein de remises à niveau mais il y a un vrai blocage que je n’arrive pas à dépasser », soupire-t-il. Amazon, ce ne sera pas pour lui, trop difficile compte tenu de son handicap. « Mais au moins, par rapport à un entretien classique, je me suis senti écouté et pas jugé », apprécie-t-il.

À Saint-Maximin, deux conseillers sont spécialisés dans l’accompagnement de ces demandeurs d’emploi. « Certains sont presque dans le déni, ils veulent travailler comme des personnes 100 % valides, détaille l’un d’eux, Éric Lefèvre. Il faut les rassurer comme, en face, il faut rassurer les employeurs qui pensent qu’il y a trop de contraintes. »

Source LE PARISIEN.

Handicap au travail : « On voit qu’on peut rebondir »…

Le temps d’une journée, Marie Hamot, reconnue travailleuse handicapée, s’est glissée dans la peau de Geneviève Camus conseillère à Pôle-Emploi, pour le Duoday.

L’occasion de confronter et de conforter ses projets professionnels.

Geneviève Camus et Stéphane Cros de l’agence Pôle-Emploi de l’Arsenal ont partagé leur quotidien avec Marie Hamot.

 

« Je découvre la réalité du métier dont on peut avoir une vision parfois éloignée. Et ça permet aussi de voir les aspects plus négatifs, que l’on évoque rarement sur les fiches de poste. » Une immersion pour confronter et conforter son projet de reconversion professionnelle. Voilà l’objectif du Duo day, ce jour où travailleurs valides et handicapés partagent leur quotidien. Au Pôle-emploi de l’Arsenal, Marie Hamot, 37 ans, a ainsi pu s’imprégner de la mission de Geneviève Camus, conseillère en emploi et référente handicap.

Marie est en reconversion professionnelle. Minée par sa première expérience dans le commerce où le transport des marchandises sur les marchés a usé son dos, elle est désormais reconnue comme travailleuse handicapée. « Je ne peux plus rester en posture debout ou assise de manière prolongée. Mais je ne voulais pas du statut de travailleur handicapé. Je ne me considérais pas ainsi et j’avais peur que ça effraie les employeurs, face à l’équipement éventuel du poste de travail. » Une période complexe que Marie Hamot met à profit pour amorcer un virage professionnel, avec le projet de devenir conseiller en insertion. « Avant de déménager ici, je me suis longtemps sentie seule. A Tarbes, j’ai été très bien accompagnée par Cap emploi. Ils mettent des choses en place qui font qu’on ne se dit plus qu’on est capable de rien. On travaille sur la confiance en soi. On voit qu’on peut rebondir. »

Pour Marie, ce rebond passera par une formation dans l’insertion professionnelle. « De par mon parcours, j’ai beaucoup d’empathie. J’aime cet aspect humain. » Un projet conforté par cette journée au sein de l’agence Pôle-emploi de Tarbes-Arsenal. « Même si un jour, ce n’est pas suffisant, pointe Stéphane Cros, le directeur du site. On voit que de plus en plus d’entreprises jouent le jeu lors de ces opérations. Ils intègrent que le handicap n’est pas une contrainte pour leur société, mais une chance. » À l’issue de cette journée aux côtés de Geneviève Camus, Marie Hamot est déterminée à saisir la sienne.

Source LA DEPÊCHE.