« Pour changer les droits des personnes handicapées il faut plus » que les Jeux paralympiques, selon le Collectif Handicaps…

Si Arnaud de Broca salue les performances des athlètes, il ne pense pas « qu’il faille attendre plus d’un évènement sportif ».

Des feux d'artifice illuminent le ciel au-dessus du stade olympique lors de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Tokyo 2020, à Tokyo, le 5 septembre 2021. (PHILIP FONG / AFP)

 

« Pour changer les droits des personnes handicapées il faut plus » que les Jeux paralympiques, a affirmé dimanche 5 septembre sur franceinfo Arnaud de Broca, président du Collectif Handicaps, après la clôture des Jeux de Tokyo. Arnaud de Broca salue les performances des athlètes, mais ne pense pas « qu’il faille attendre plus d’un évènement sportif ». Mais il espère que Paris-2024 sera « un booster » pour l’accessibilité des villes.

franceinfo : Est-ce que les Jeux paralympiques peuvent changer l’image des personnes en situation de handicap ?

Je pense que c’est avant tout un événement sportif. Cela montre effectivement des sportifs, des athlètes. Après, de là à dire que cela change l’image de la société, voire même les droits des personnes handicapées, je pense que cela va un peu vite de mon point de vue. C’est avant tout un événement sportif qu’il faut saluer, que tout le monde salue. Si cela peut donner envie à des jeunes, des adolescents handicapés, de faire du sport, de s’inscrire dans l’un des clubs de sport, si tant est qu’ils soient accessibles et qu’ils leur ouvrent leurs portes, c’est déjà beaucoup.

Est-ce que cela peut faire évoluer des mentalités ?

Cela peut certainement faire évoluer des mentalités, parce qu’on voit davantage le sport handicapé à la télévision. Cela peut faire évoluer les Jeux Paris-2024, avec sans doute un certain nombre d’éléments ou de mise en accessibilité dans Paris et dans les sites qui seront retenus pour les Jeux paralympiques. Après, je pense que les gens, de manière générale, savent que les athlètes handicapés sont des athlètes. Je ne suis pas sûr que cela contribue à changer le regard de tout un chacun sur les personnes en situation de handicap. Si cela y contribue, tant mieux. Mais je ne suis pas sûr qu’il faille attendre plus d’un évènement sportif. Cela peut susciter des vocations. On est fiers de notre équipe française. Mais pour changer les droits des personnes handicapées, il faut plus. Il faut travailler sur un certain nombre de sujets, mais qui ne passent pas forcément par le sport ou par les Jeux paralympiques. Je pense qu’il y a des questions liées à l’emploi, liées à l’accès à l’école, liées aux démarches administratives, liées aux droits, à l’accessibilité, à l’accès au logement.

Est-ce que vous espérez qu’avec les Jeux paralympiques de Paris-2024, les villes changent et s’adaptent aux personnes en situation de handicap ?

C’est effectivement un des enjeux de l’organisation de ces Jeux, à la fois pour les Jeux paralympiques et les Jeux olympiques, puisqu’on sait que l’on va accueillir beaucoup de visiteurs étrangers. Donc il faut aussi rendre accessibles davantage Paris et les autres sites qui sont retenus pour permettre à la fois aux visiteurs et à la fois aux Jeux paralympiques de se tenir. De ce point de vue-là, cela peut être un booster. De même, peut-être pour l’emploi. Les Jeux olympiques de 2024 vont créer de l’emploi. Espérons que dans ces emplois créés, on puisse aussi trouver et recruter un certain nombre de personnes handicapées. Et puis surtout, je pense qu’il faut susciter des vocations d’athlètes, de sportifs handicapés. Si on arrive à susciter des vocations sportives chez les enfants, les personnes en situation de handicap, même sans avoir l’objectif de devenir athlète, je pense que déjà que Paris 2024 aura atteint un bon niveau.

Source FRANCE INFO.

« A 20 ans, faire quatre médailles, je n’ai pas les mots » : la consécration pour le cycliste Alexandre Léauté…

Le cycliste français a décroché une médaille de bronze jeudi dans la course en ligne (catégorie C1-C3) au Fuji Speedway.

Il repart de Tokyo avec quatre médailles autour du cou.

"A 20 ans, faire quatre médailles, je n’ai pas les mots" : la consécration pour le cycliste Alexandre Léauté

 

Alexandre Léauté finit ses Jeux paralympiques avec autant de podiums que d’épreuves individuelles. Le cycliste français a décroché une médaille de bronze jeudi dans la course en ligne (catégorie C1-C3) au Fuji Speedway.

« C’est juste fantastique »

« A 20 ans, faire quatre médailles, je n’ai pas les mots, c’est juste fantastique », savoure pour ses premiers Jeux le Breton qui ne pédale que d’une jambe, étant hémiplégique côté droit.

Sous le déluge – « un temps compliqué, avec beaucoup de pluie, des virages dangereux » énumère-t-il – Alexandre Léauté a été le plus rapide parmi le groupe de poursuivants arrivés près de sept minutes après le duo britannique ayant pris les deux premières places à l’issue d’un parcours vallonné de 79 kilomètres.  « Dans ce sprint, je ne me suis jamais mis aussi minable, j’avais des crampes à 500 mètres de la ligne », raconte le médaillé. « Dans la dernière bosse, j’étais vraiment à la limite, ça montait très vite. Je pensais à tous les sacrifices que j’ai faits, livre-t-il. Je suis un compétiteur et trois médailles, ça ne me suffisait pas, j’avais besoin d’une quatrième. »

J’espère être à Paris-2024

Premier médaillé d’or de la délégation française après sa victoire au vélodrome d’Izu en poursuite individuelle (catégorie C2), il avait ensuite pris l’argent dans le kilomètre et le bronze dans le contre-la-montre sur route.

« J’espère être à Paris-2024, il y aura mes proches, se projette déjà Alexandre Léauté. Ce sera en France, je serai attendu, je pense, avec ce que j’ai fait cette année. »

Marie Patouillet, 33 ans, aussi. La médecin généraliste, déjà médaillée de bronze sur piste en poursuite (catégorie C5) a doublé la mise lors de la course en ligne sur route. Née avec une malformation à un pied, la protégée de Grégory Beaugé a pris la troisième place au bout d’un parcours identique à celui d’Alexandre Léauté. Seulement devancée, elle aussi par deux Britanniques, dont Sarah Storey. Cette dernière, avec sa 17e médaille d’or paralympique (dont trois à Tokyo) est devenue l’athlète paralympique la plus titrée de son pays.

Source LE PROGRES.

Jeux Paralympiques de Tokyo: « Ce que les personnes en situation de handicap accomplissent n’est pas assez visible »…

Retransmis plusieurs heures en direct, il s’agit d’un événement sportif mais aussi militant: d’ordinaire les personnes en situation de handicap ont une part de 0,6% de visibilité dans l’audiovisuel.

Zhou Zhaoqian, de l'équipe de Chine, franchit la ligne d'arrivée pour remporter la médaille d'or du 1500...

 

e 24 août ont débuté les Jeux Paralympiques de Tokyo 2020, événement sportif planétaire. Sportif car il s’agit avant tout de compétitions entre des athlètes capables de performances exceptionnelles au prix d’entraînements acharnés. Le dépassement de soi, le dépassement des limites, le propre du sport en somme.

Mais il s’agit également d’un événement militant de sorte qu’il rend visible ce que notre société médiatique tend à invisibiliser.

« Une volonté de créer le plus grand mouvement de défense des droit humains pour promouvoir l’accès aux droits pour celles et ceux qui représentent 15% de la population mondiale. »

Imaginez plutôt, plusieurs heures de direct en pleine journée pendant 15 jours sur France Télévisions alors que le baromètre de la diversité du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) recensait pour 2020 un taux de seulement 0,6% de détection de personnes en situation de handicap à l’antenne.

Une exposition médiatique qui coïncide avec le mouvement “WeThe15” lancé par le comité international paralympique.

Le 19 août dernier 125 monuments dans le monde se sont illuminés en violet (couleur du handicap), de l’Empire State Building à New York au Colisée à Rome en passant par l’Élysée à Paris.

Une volonté de créer le plus grand mouvement de défense des droit humains pour promouvoir l’accès aux droits pour celles et ceux qui représentent 15% de la population mondiale, soit 1 milliard 200 millions de personnes selon les Nations Unies.

Dans le même temps, la France vient d’être auditionnée par l’Organisation des Nations Unies sur sa politique handicap, le comité onusien réaffirmant avec force l’objectif de fonder l’approche du handicap sur les droits de l’Homme.

Audition à laquelle j’ai eu l’honneur de participer en tant que membre de la délégation française qui s’est tenue du 18 au 23 août.

Cette aspiration mondiale d’accès aux droits et de lutte contre la discrimination que subit ainsi la plus large minorité au monde selon l’Organisation Mondiale de la Santé pourrait ainsi devenir le nouveau combat des minorités après Black Lives Matter et #MeToo.

« Il ne doit pas être question de cliver une société déjà si fracturée. Ce doit être un combat universaliste qui rassemble, qui embarque de telle sorte qu’il permette des avancées pour la société dans son entièreté. »

En effet si la diversité en raison de l’origine, du sexe ou de l’orientation sexuelle a connu de réelles avancées et une grande visibilité sur la scène mondiale ces dernières années, la question du handicap n’a pas été traitée…

À cette différence qu’il ne doit pas être question de cliver une société déjà si fracturée, ce combat pour le plein accès aux droits ne doit pas être le combat d’une partie de la population contre une autre.

Il doit être un combat universaliste qui rassemble, qui fédère, qui embarque de telle sorte qu’il permette des avancées pour la société dans son entièreté.

Ce combat pour plus d’autonomie, pour l’émancipation, doit être universaliste, et doit permettre de réconcilier notre société.

Source HUFFINGTONPOST.

Des athlètes dénoncent l’iniquité des catégories aux Jeux Paralympiques…

Malgré des systèmes de classification et de contrôle des handicaps mis en place par le Comité international paralympique (CIP), les polémiques sur l’équité sportive continuent d’animer les Jeux Paralympiques.

Des athlètes dénoncent l'iniquité des catégories aux Jeux Paralympiques

 

Le système de classifications des sportifs en fonction de l’impact de leur handicap, c’est la base pour les Jeux paralympiques.

Les athlètes sont regroupés en trois grandes catégories, listées sur le site du Comité paralympique français : handicapés physiques, malvoyants et non-voyants, handicapés mentaux ou psychiques. Mais c’est ensuite que cela se complique, car chacune de ces catégories a son propre système de classification, lui même différent selon le sport.

Selon plusieurs athlètes, ces catégories décident souvent de leurs chances de médailles. C’est ce que déplore Théo Curin, nageur quadri-amputé et visage du handisport français. Actuellement sur le tournage d’un téléfilm tout en préparant son prochain objectif, la traversée à la nage du lac Titicaca qui s’étend sur 120 kilomètres, il ne participe pas aux Jeux paralymiques de Tokyo. «J’ai décidé de mettre de côté la natation paralympique tant que les problèmes de classification sont là, ca m’a un peu dégoûté du mouvement paralympique», affirme le sportif de 21 ans.

Et pour cause, l’athlète explique sa surprise lorsqu’il a vu apparaître du jour au lendemain dans sa catégorie S5, deux personnes qui nageaient avec leurs deux mains. «Il n’y a pas besoin d’être très intelligent pour comprendre que deux mains en natation, ça aide beaucoup», explique-t-il à l’AFP.

Une multitude de catégorie

Vingt-deux sports pour plus de 500 épreuves cohabitent aux Jeux paralympiques de Tokyo.

Si certains sports comme l’escrime fauteuil classe les athlètes selon trois critères – avec ou sans l’équilibre du tronc, ou, tétraplégique – d’autres présentent un véritable casse-tête et multiplient les catégories. En athlétisme on compte jusqu’à 39 catégories, tandis qu’au basket chaque joueur se voit attribuer un certain nombre de points en fonction de la gravité de son handicap.

Des contrôles difficiles

Et pour déterminer les catégories, des classificateurs mandatés interviennent dans chacune des fédérations. Un examen « fait à l’œil et à la sensation des observateurs » pour Claire Supiot, nageuse ancienne championne de France valide, touchée par la maladie de Charcot et ayant basculée dans le handisport. Sous couvert d’anonymat, un ex-classificateur racontait au Guardian, la difficulté de son métier face à la triche de certains athlètes. Le but étant d’être classé dans une catégorie à l’adversité moindre. Pour l’heure le CIP semble ignorer toutes ses polémiques qui pour lui ne sont que le résultat « d’un petit nombre d’athlète qui dominaient auparavant leurs sports respectifs et qui ont eu du mal à s’adapter à une concurrence accrue ».

Source CNEWS.

Paralympiques 2021 : la plus jeune participante veut changer le regard sur le handicap en Afrique…

En Ouganda, les bébés nés avec un handicap sont souvent abandonnés par leurs parents, déplore la jeune nageuse Husnah Kukundakwe. 

L'Ougandaise Husnah Kukundakwe lors d'une série du 100m brasse femmes au Centre aquatique de Tokyo, le 26 août 2021. (KAZUHIRO NOGI / AFP)

 

A 14 ans, la nageuse ougandaise Husnah Kukundakwe est la plus jeune participante aux Jeux paralympiques de Tokyo et elle espère bien changer le regard sur le handicap en Afrique. En Ouganda, les bébés nés avec un handicap sont souvent abandonnés par leurs parents, déplore-t-elle. Elle espère que les Jeux paralympiques leur feront réaliser qu’un tel choix est « vraiment mauvais ». Le sport peut aider ces enfants à « renforcer leur confiance », à « leur donner une chance » quand ils grandissent, estime-t-elle.

« L’Afrique en général va apprendre que les personnes avec un handicap sont des gens normaux, et ils doivent faire ce qu’ils veulent faire »

Husnah Kukundakwe, nageuse

à l’AFP

« A l’abri des regards »

Husnah Kukundakwe est née sans avant-bras droit, et a aussi un handicap à la main gauche. A l’école, elle les mettait à l’abri des regards dans des vêtements amples , mais la natation l’a aidée à vaincre sa timidité et assumer son corps. Les Jeux paralympiques sont diffusés en accès libre dans 49 pays et territoires subsahariens grâce à une initiative du Comité international paralympique (CIP). L’adolescente n’a pas réussi, jeudi 26 août, à atteindre la finale de son unique compétition à Tokyo, le 100 m brasse (classe SB8), en finissant sixième de sa course, mais elle a amélioré son record personnel.

(Husnah Kukundakwe, rappelez-vous ce nom. A l’âge de 14 ans, la nageuse ougandaise est à ses premiers paralympiques, disputant l’épreuve du 100 m brasse)

« Cela montre mes progrès, et je veux continuer de progresser jusqu’au point de pouvoir décrocher une médaille », dit-elle, ayant déjà « hâte » d’être à Paris, où se dérouleront les prochains Jeux paralympiques en 2024. En attendant, elle est fière d’appartenir désormais à la communauté mondiale des paralympiens : « Quand je rentrerai chez moi et que les gens diront ‘la paralympienne Husnah Kukundakwe’, je me sentirai plus réelle ».

Source FRANCE INFO.

Jeux paralympiques : « tout est possible malgré le handicap », réagit la mère d’Alexandre Léauté…

Il remporte la première médaille d’or française des jeux paralympiques de Tokyo ce jeudi 26 août 2021.

A 20 ans, le Breton Alexandre Léauté, hémiplégique de naissance, devient champion paralympique de cyclisme sur piste.

A Saint-Caradec dans les Côtes d’Armor, sa famille se remémore son parcours.

Les parents, le frère et les sœurs d'Alexandre Léauté chez eux à Saint-Caradec dans les Côtes d'Armor

 

« 20 ans et déjà un grand champion ! ». Emmanuel Macron n’a pas tardé à réagir après la première médaille d’or française aux jeux paralympiques de Tokyo ce jeudi 26 août 2021. Une médaille décrochée par le cycliste breton Alexandre Léauté, originaire de Saint-Caradec dans les Côtes d’Armor.

Fierté et émotion

Ses parents Carine et Ralph ont ressorti pour l’occasion la photo du jour où Alexandre a décidé de se séparer des petites roulettes de son vélo. « Il avait 5 ans ». Que de chemin parcouru depuis l’AVC à la naissance et l’annonce du handicap.

On fait une IRM, on vous dit qu’il y a des séquelles au niveau du cerveau, c’est un peu la douche froide, se souvient Carine, la mère d’Alexandre Léauté.

Mais la vie continue. « On l’a beaucoup accompagné, on l’a emmené voir de nombreux médecins et spécialistes. Et puis un jour, il a voulu faire du vélo, on l’a accompagné dans ce sens aussi. Tout est possible malgré le handicap ».

Les souvenirs ressortent. « Cela nous ramène vingt ans en arrière », avoue Ralph. « On l’a élevé comme un enfant normal et un jour il a dit papa, maman, je veux partir, je veux faire du vélo. On lui a dit : vas-y ! ».

« On est super content pour lui. Il commence sa vie de jeune homme de la meilleure des façons, » sourit Ralph.

Son frère Marius et ses deux sœurs Camille et Ninon se sont bien sûr levés pour suivre la course en direct à la télé. « J’ai pleuré », reconnait Camille. « C’est une belle revanche sur son passé. Il pourrait être un exemple pour des gens qui sont handicapés et qui aimeraient se lancer dans le sport mais qui n’osent pas ».

Une grande fête est déjà prévue pour le retour du champion mi-septembre à Saint-Caradec.

Source FRANCE BLEU.

Handicap: à Tokyo, un café avec des robots fait le pari de l’inclusion…

Tokyo – Dans un café de Tokyo, Michio Imai salue un client et s’apprête à prendre sa commande. Mais il se trouve en réalité à plusieurs centaines de kilomètres de là, opérant à distance un robot dans le cadre d’une expérience pour faciliter l’emploi des personnes handicapées.

Un robot sert des clients au café Dawn à Tokyo, le 17 août 2021

 

Les robots blancs du café Dawn, avec leur allure de bébés manchots accueillant les consommateurs en battant des ailes, sont destinés à être plus que des gadgets, et offrent un emploi à des personnes pouvant difficilement quitter leur domicile.

« Bonjour, comment allez-vous?« , demande M. Imai par l’intermédiaire du robot, depuis chez lui à Hiroshima (ouest du Japon), à 800 km de distance.

Il est l’un des quelque 50 employés en situation de handicap moteur ou mental qui « pilotent » les robots du café Dawn. D’autres travaillent depuis l’étranger, mais certains sont physiquement sur place.

Ouvert en juin dans le quartier tokyoïte de Nihonbashi, le lieu devait initialement voir le jour en 2020 pour coïncider avec les Jeux paralympiques. Reportés comme les JO à cause de la pandémie de coronavirus, ils doivent s’ouvrir mardi.

Dans ce café sans escaliers et aux larges passages facilitant l’accès aux fauteuils roulants, une vingtaine de robots nommés « OriHime » attendent les clients, équipés de caméras, d’un micro et d’un haut-parleur pour permettre aux opérateurs de communiquer avec eux.

« Puis-je prendre votre commande?« , demande l’un des robots, placé près d’une tablette montrant le menu: hamburgers, curry et salade. Trois humanoïdes de plus grande taille se déplacent entre les tables pour apporter les commandes, et un robot-barista vêtu d’un tablier manie une cafetière.

– « Faire partie de la société » –

Mais ces mignons robots sont avant tout un vecteur de communication.

« Je peux parler avec les clients de beaucoup de sujets: le temps, ma région d’origine, ma santé…« , explique Michio Imai, qui souffre d’un trouble somatoforme et a de la peine à quitter son domicile.

« Aussi longtemps que je serai en vie, je veux rendre quelque chose à la communauté en travaillant. Je suis heureux de pouvoir faire partie de la société« , dit-il.

D’autres opérateurs sont atteints de la maladie de Charcot, se traduisant par une paralysie des muscles, et peuvent utiliser les mouvements de leurs yeux pour envoyer des signaux aux robots.

« C’est un endroit où les gens peuvent être inclus dans la société« , explique à l’AFP Kentaro Yoshifuji, à l’origine de ce projet et fondateur de la société Ory Laboratory, qui fabrique les robots.

Des problèmes de santé dans son enfance l’ont empêché d’aller à l’école, l’amenant à réfléchir à des moyens pour permettre de travailler à des gens ne pouvant pas sortir de chez eux.

Cet entrepreneur de 33 ans a reçu le soutien de grandes entreprises mais aussi du financement participatif pour ouvrir le café, qu’il voit comme bien davantage qu’une expérience robotique.

« Les clients ne viennent pas ici juste pour rencontrer OriHime« , dit-il, mais plutôt « les gens qui le pilotent en coulisses« .

– Paralympiques « plus inclusifs » –

L’ouverture de ce café, tout comme celle des Jeux paralympiques, est l’occasion d’attirer l’attention sur les progrès de l’inclusion et de l’accessibilité au Japon.

Depuis que la candidature de Tokyo pour les Jeux a été choisie en 2013, le pays a médiatisé ses efforts pour rendre les lieux publics plus accessibles mais le soutien à l’inclusion reste limité, regrette Seiji Watanabe, à la tête d’une ONG soutenant les personnes en situation de handicap qui souhaitent travailler.

Le gouvernement nippon a relevé en mars la proportion minimum d’emplois de personnes handicapées de 2,2% à 2,3% dans les entreprises, mais « ce niveau est trop bas« , juge M. Watanabe, qui ajoute que « ce n’est pas dans la culture des entreprises japonaises d’avoir par elles-mêmes de la diversité« .

Au café Dawn, Mamoru Fukaya, venu avec son fils de 17 ans, a apprécié sa conversation avec le « pilote » du robot. Il « était très sympa« , note-t-il. « Puisqu’il ne peut pas sortir de chez lui, c’est super qu’il ait ce genre d’opportunité.« 

Kentaro Yoshifuji, qui concentre actuellement ses efforts sur ce lieu, pense que les robots pourraient un jour rendre les Jeux paralympiques encore plus inclusifs.

« Un nouveau genre de Paralympiques pour les gens alités pourrait être créé« , imagine-t-il. « On pourrait même inventer de nouveaux sports. Ce serait intéressant.« 

Source L’EXPRESS.

Les Paralympiques changeront-ils le regard sur le handicap au Japon ?…

Les Jeux paralympiques qui se tiendront du 25 août au 6 septembre permettront-ils aux mentalités d’évoluer dans l’archipel nippon ?

Les Jeux paralympiques de Tokyo

 

Même si les Jeux paralympiques de Tokyo, qui s’ouvrent mardi, se tiendront quasiment à huis clos à cause de la pandémie, beaucoup au Japon espèrent que l’événement sera un «tremplin» pour améliorer l’inclusion des personnes handicapées dans la société nippone. «C’est un événement précieux», dit à l’AFP Masaaki Suwa, un para-canoéiste japonais de 35 ans. Les paralympiens «accomplissent de grandes choses, mais ce ne sont pas des super-héros. Je veux que les gens sachent qu’ils sont des êtres humains, comme n’importe qui», ajoute ce para-athlète regrettant de n’avoir pas pu se qualifier pour les Jeux.

Depuis l’attribution des Jeux à Tokyo en 2013, le Japon s’est surtout efforcé d’améliorer l’accessibilité dans les transports publics notamment, mais celle-ci était déjà élevée auparavant dans ce domaine par rapport à de nombreux autres pays. À titre d’exemple, des ascenseurs sont désormais installés dans 96% des stations de métro et gares à Tokyo, contre 91% en 2013. Mais ces progrès quantitatifs masquent des barrières invisibles toujours élevées pour la pleine intégration des personnes en situation de handicap dans la société japonaise.

Un faible quota dans le monde du travail

«En termes de nombre d’installations accessibles, le Japon apparaît avancé» dans ce domaine, reconnaît Miki Matheson, une responsable de la délégation japonaise aux Paralympiques. Mais «je suis souvent traitée comme une personne handicapée lorsque je suis de retour au Japon», remarque cette ancienne para-athlète triple médaillée d’or en luge aux Jeux paralympiques de Nagano en 1998, qui vit aujourd’hui au Canada. «Là-bas, je vis sans remarquer du tout mon handicap», explique encore cette femme de 48 ans se déplaçant en fauteuil roulant.

Les personnes handicapées sont toujours largement exclues du monde du travail au Japon : un quota d’à peine 2,3% d’employés avec handicap est prévu pour les entreprises à partir d’une quarantaine de salariés. Et au lieu de montrer l’exemple pour le secteur privé, de nombreux ministères et agences de l’État avaient artificiellement gonflé leurs ratios de travailleurs handicapés, un scandale pour lequel le gouvernement s’était excusé en 2018.

Impact du huis clos ?

Motoaki Fujita, un professeur en sociologie du sport à l’université Nihon Fukushi près de Nagoya (centre du Japon), pense que la société nippone est devenue plus inclusive qu’avant mais que ce changement est «encore marginal». Environ 57% des personnes sondées par son équipe de recherche en 2020 estimaient que les gens avec un handicap étaient des êtres fragiles et éprouvaient des difficultés à vivre avec des personnes valides, contre 61% lors d’un sondage identique en 2014.

« Les Jeux paralympiques sont une très bonne opportunité de changer les mentalités. »

Shigeo Toda

«Les Jeux paralympiques sont une très bonne opportunité de changer les mentalités», déclare Shigeo Toda, un responsable d’un institut de recherche de Tokyo étudiant les modes de vie avec le handicap. «Mais on ne peut pas s’empêcher de penser que la dynamique pourrait s’affaisser si les gens ne peuvent pas y assister en personne», prévient ce chercheur.

Les Paralympiques se dérouleront pratiquement sans spectateurs du fait de l’actuelle vague record de Covid-19 au Japon. Organisateurs et autorités locales souhaitent toutefois que des écoliers y assistent, si leurs parents et établissements scolaires y sont favorables. Saki Takakuwa, une sprinteuse paralympique japonaise de 29 ans, a confié ses doutes au quotidien nippon Mainichi : «Comparé aux Jeux précédents, c’est difficile pour moi d’espérer que les gens vont ressentir quelque chose» en étant absents des sites de compétition.

Dans un récent entretien à l’AFP, le président du Comité international paralympique (CIP) Andrew Parsons a lui aussi reconnu que le huis clos représentait un «défi», tout en voulant croire que la portée des Jeux de Tokyo resterait «incroyable» malgré tout. «Nous croyons pouvoir toucher plus de quatre milliards» de téléspectateurs, «nous toucherons plus de nations et plus de gens que jamais», y compris au Japon, a-t-il assuré.

Source LE FIGARO.