Handicap et enfance : Céline Boussié (Lanceuse d’alerte) persiste et signe un livre…

Céline Boussié avec ses soutiens en 2017 lors de son procès à Toulouse. Elle sera relaxée et signe «Les Enfants du silence» à paraître le 13 février. Photo./ archives Thierry Bordas.

Céline Boussié avec ses soutiens en 2017 lors de son procès à Toulouse. Elle sera relaxée et signe «Les Enfants du silence» à paraître le 13 février. Photo./ archives Thierry Bordas.

Dans «Les Enfants du silence », Céline Boussié témoigne de la maltraitance institutionnelle et de son expérience au sein de la Maison des enfants de Moussaron dans le Gers. 200 pages en coups de poing.

Comme tous les livres, le sien a un point à la fin mais il n’est pas final. Céline Boussié fait ces jours-ci paraître «Les Enfants du silence (*) et le sous-titre de ces pages aide à comprendre que ce point final attendra : «Donner une voix à ceux qui n’en ont pas. »

Le nom de cette mère de famille apparaît sur la liste des candidats aux élections législatives de 2017 avec deux lettres, FI, pour France Insoumise, le mouvement politique de Jean-Luc Mélenchon. Pas la peine donc d’aller chercher ailleurs l’engagement militant politique de cette quadragénaire vivant à Agen, originaire de Nérac, toujours aujourd’hui à la recherche d’un emploi.

En mai 2008

«J’ai fait mon devoir en dénonçant ce que je pensais avoir à dénoncer» explique-t-elle en juin 2017, juste avant le premier tour de scrutin. Elle s’est fait connaître avant. «Si c’était à refaire, malgré les ennuis que cela m’a procurés, je recommencerais à dénoncer les dysfonctionnements.» Les dernières années de Céline Boussié sont directement liées à trois autres lettres encore : IME, comme institut médico-éducatif de Moussaron, dans le Gers. La soi-disant Maison des enfants, une jolie demeure qu’elle découvre en mai 2008.

Elle est à la recherche d’un emploi, elle entre pour la première fois en contact avec ces enfants du silence. Ce qu’elle y voit, ce qu’elle entend défile dans les pages de ce témoignage livré brut, en prise directe. Boussié Céline n’est pas la première à faire le constat de cette «maltraitance institutionnelle» dans les établissements spécialisés pour l’accueil du handicap. Avant elle, d’autres ont tenté de le faire et ont parcouru le chemin d’accès à Moussaron dans le sens inverse, car licenciés. Céline Boussié perd aussi son emploi en 2014.

Relaxée

Entre-temps, elle a dénoncé, elle est devenue même si l’expression n’est pas encore courante, une «lanceuse d’alerte.» Elle ne sera pas la première à être poursuivie par son employeur pour diffamation. Elle sera en revanche la première à être blanchie par la justice en 2017. Elle ressort libre et innocente du tribunal correctionnel de Toulouse.

Si elle était un animal ? «Un chat» Un chat par nature rebondit. «Il est indépendant aussi.» Cinq ans après, à quoi peut servir ce témoignage, à supposer que la maltraitance ait cessé au sein de la maison pour enfants de Moussaron ? «Je caresse l’espoir que de mon témoignage naîtront une prise de conscience et des changements en profondeur pour qu’enfin les personnes en situation de handicap soient traitées avec bienveillance et dignité, dans le respect de leurs droits «écrit Céline Boussié en préface. «Je caresse également l’espoir que grâce à ce livre, plus aucun professionnel, plus aucune famille, n’ait peur de briser cette omerta parfois mortifère qui règne dans le secteur social et médico-social.»

(*) Céline Boussié « Les Enfants du silence » en vente le 13 février prochain (Harper Collins).


Maison des lanceurs d’alerte

Depuis cinq ans, le monde des lanceurs d’alerte s’est structuré même si leur statut reste fragile. Ces hommes et femmes qui dénoncent à leurs risques et périls paient parfois le prix fort pour avoir levé un coin du voile, scandales de santé publique, scandales financiers… Ces lanceurs d’alerte ont désormais un toit commun à Paris, la MLA, la Maison des lanceurs d’alerte. Céline Boussié en est l’une des responsables.

Source LA DEPECHE.