Handicap : la société au défi de l’inclusion…

Alors que le handicap reste encore le principal motif de discrimination en France, l’inclusion des personnes en situation d’handicap, dans l’éducation ou dans l’emploi, est largement insuffisante.

La société se doit donc d’être à la hauteur de cet enjeu d’égalité et d’accessibilité fondamental. 

Un travailleur handicapé travaille sur la chaîne d'emballage de produits chimiques dans l'atelier F43 de l'entreprise du Pont de Nemours à Wittelsheim en 2009

 

La France compte aujourd’hui 12 millions de personnes en situation d’handicap. 67% d’entre eux déplorent un manque d’accessibilité des lieux publics et déclarent avoir des difficultés à se déplacer seuls. Il est important de savoir qu’environ 80% de ces personnes souffrent d’une incapacité qui ne se repère pas facilement pour quelqu’un de non averti, soit d’un handicap physique léger, de surdité ou de troubles psychiques, … Ces personnes peuvent, par crainte de discrimination, cacher leur situation personnelle.

Cette crainte de discrimination est absolument légitime, dans un contexte où les personnes en situation d’handicap font face à un chômage deux fois plus important que le reste de la population, de par la réticence des entreprises ou de certaines administrations d’adapter leurs unités de travail à ces besoins particuliers. La libération de la parole autour des questions d’inclusion, d’autonomisation et d’acceptation des personnes en situation d’handicap est donc un enjeu sociétal majeur en vue d’améliorer leur représentativité dans l’ensemble des structures productives et sociales.

Quelle égalité dans l’accès à l’éducation ?

Face à cette inégalité d’accès à l’emploi, il apparait légitime de se demander si celle-ci ne prennent pas leurs racines dans le système éducatif. Les personnes en situation de handicap ont-elles plus de difficulté à accéder à une formation ?
Selon le gouvernement, à la rentrée 2018, 408 000 enfants ou adolescents en situation de handicap sont scolarisés : 83% d’entre eux le sont en milieu ordinaire et les 17% restants dans des établissements hospitaliers ou médico-sociaux.

Cependant, la scolarisation des élèves en situation d’handicap a tendance à baisser avec l’âge,  étant donné qu’ils ont encore aujourd’hui beaucoup de difficultés à poursuivre leurs études dans le secondaire, et à fortiori dans les études supérieures. Ils se tournent ainsi plus fréquemment vers les filières professionnelles.

Cette situation s’explique par des parcours scolaires plus difficiles, une faible adaptation des supports éducatifs et des contenus pédagogiques, des limites quant à l’aménagement des examens ou encore l’autocensure…

… et aux services publics ?

Autre préalable à l’insertion dans l’emploi, la question de l’accès aux services publics n’est également pas encore résolue.
L’exemple le plus évident étant celui de l’accessibilité du réseau de transports publics, d’autant que le paradigme de “l’accessibilité universelle” est encore loin d’être atteint.

Bien que les nouvelles infrastructures et services sont pensés au travers de cette problématique de l’accessibilité, il est encore difficile d’adapter des installations plus anciennes, étant que les gestionnaires de réseau sont réticents à procéder à de tels investissements de par leur couts budgétaires importants. Pourtant, de la même manière que le reste de la population, les personnes en situation de handicap ont besoin de solutions de transports pour accéder à l’emploi.

Quelles conséquences pour l’emploi ?

Les personnes en situation de handicap mettent en moyenne 883 jours à trouver un emploi, contre 668 jours pour l’ensemble des français.
Les salaires à l’embauche des personnes en situation d’handicap ont tendance à être plus faibles, notamment en raison d’une autocensure que ces personnes pratiquent en étant moins regardant sur les conditions d’embauche et en acceptant les emplois les moins bien rémunérés.

Des solutions qui existent et qui doivent être étendues

Cependant, certains dispositifs ont été mis en oeuvre pour améliorer l’autonomie et l’intégration des personnes en situation d’handicap dans le marché du travail, du logement et de la sphère sociale en général.

La nouvelle aide à la vie partagée (AVP) doit permettre de favoriser les collocations de personnes en situation de handicap, ou de dépendance liée au grand âge, pour les maintenir dans un habitat individuel. Par ailleurs, du côté des entreprises, la loi oblige les employeurs à penser à l’inclusion des personnes handicapées dans leurs recrutements. Les entreprises de plus de 20 employés sont ainsi tenues de respecter une part de 6% de personnes en situation de handicap dans leurs effectifs.

Le levier financier peut aussi être utilisé sous forme d’aides, notamment pour adapter un poste de travail ou plus largement l’environnement productif, si l’employeur démontre l’existence de coûts spécifiques liés à l’intégration d’une personne en situation de handicap dans son entreprise. Pour fonctionner, ces aides doivent être bien connues par les entreprises, et mobilisables facilement et rapidement.

Afin de mieux comprendre la persistance de ces discriminations et d’aborder les mesures mis en oeuvre pour renforcer l’inclusion des personnes en situation d’handicap dans la société, nous avons le plaisir de recevoir Sophie Cluzel, Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée des Personnes handicapées, Sophie Crabette, Chargée de plaidoyer de la FNATH et  Anne Revillard, Professeure associée en sociologie à Sciences Po, rattachée à l’observatoire sociologique du changement (OSC) et directrice du laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP).

Source FRANCE CULTURE.

« La prise en compte du handicap est un enjeu de justice sociale qui concerne toute la société »…

Malgré la multiplication de mesures en faveur des personnes en situation de handicap, leurs conditions de vie n’ont cessé de se dégrader, estime, dans une tribune au « Monde », un collectif de responsables d’associations.

Ils appellent à la mise en place d’une véritable politique inclusive qui prenne en considération tous les pans de leur vie.

« La prise en compte du handicap est un enjeu de justice sociale qui concerne toute la société »...

 

Tribune. En 2021, la France compte environ 12 millions de personnes en situation de handicap, soit près d’un Français sur cinq. Cependant, un grand nombre de ces personnes restent sans solution quant à l’accès à leur pleine citoyenneté et à leur autonomie. Depuis la loi « handicap » de 2005, les politiques en faveur de l’inclusion des personnes en situation de handicap se sont multipliées, pourtant les objectifs définis par le texte sont encore loin d’être tous atteints.

Quand le gouvernement abandonne des millions de personnes au bord de la route, quels leviers reste-t-il pour se faire entendre ? L’Etat français est signataire de textes internationaux qui l’engagent, parmi lesquels la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées, adoptée et ratifiée par la France en 2010. Il est responsable de l’accès aux droits fondamentaux de chaque citoyenne, citoyen en situation de handicap.

Or, en France, un retard considérable a été pris depuis des années. De ce fait, les personnes en situation de handicap voient leurs conditions de vie se dégrader profondément. Le défaut de propositions de l’Etat français les laisse privées de leurs droits d’accès à des accompagnements adaptés, au logement et aux soins. Ces personnes, trop souvent exclues de la société, sont exposées à la pauvreté.

Une dégradation de la situation des handicapés

Leur droit à une protection sociale n’est pas respecté. Les familles, qui doivent assumer l’accompagnement de leur proche handicapé, sont quant à elles fragilisées socialement, financièrement, mentalement et physiquement. Des personnes dont la pandémie a aggravé la situation mais qui ont eu peu de place dans les discours politiques. Les observations du Défenseur des droits, publiées en mars 2021, démontrent encore une fois que les droits des personnes en situation de handicap et de leurs familles restent entravés.

Face au silence assourdissant qu’on oppose aux personnes concernées, en mai 2018, le Forum européen des personnes handicapées et inclusion Europe, soutenu par un collectif de cinq associations françaises – APF France handicap, Clapeaha, Fnath, Unafam, Unapei –, a déposé une réclamation devant le Conseil de l’Europe. Il attend aujourd’hui la décision définitive du Comité européen des droits sociaux.

Source LE MONDE.

 

Cher. Jugée pour avoir détourné 200 000 € à une association défendant les droits des handicapés…

Le tribunal correctionnel de Bourges jugeait mercredi 21 avril une femme de 64 ans, pour abus de confiance et blanchiment aggravé.

Les faits reprochés s’étaient déroulés entre 2010 et 2016, alors qu’elle était présidente puis trésorière du groupement de la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (FNATH) du Cher.

L'argent détourné aurait notamment servi à payer une partie du crédit de l'appartement de la prévenue, revendu pour acheter une maison sur la Côte d'Azur. Photo d'llustration.

 

Une femme de 64 ans était jugée, en son absence, par le tribunal correctionnel de Bourges (Cher) mercredi 21 avril. Elle devait répondre d’abus de confiance et de blanchiment aggravé, commis entre 2010 et 2016, au préjudice de la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (FNATH) du Cher, rapporte Le Berry Républicain.

127 chèques encaissés

La sexagénaire est soupçonnée d’avoir signé 127 chèques alors qu’elle était présidente puis trésorière de cette association, qu’elle aurait ensuite déposés sur son compte bancaire. La FNATH estime le préjudice total à 219 000 €, une somme qui provenait en partie des cotisations des adhérents. Pour faire face à ses difficultés économiques, la fédération nationale a notamment dû vendre des biens immobiliers et licencier du personnel.

La FNATH déplore également un préjudice moral et d’images, rappelant que ces fonds devaient, à la base, « aider des personnes victimes de la vie. Ils l’ont été, non pas à cause de la précarité de la prévenue, mais pour qu’elle s’achète une villa sur la Côte d’Azur ! ».

Le parquet de Bourges a requis trois ans de prison avec sursis et confiscation de la maison, rapporte le quotidien régional. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 26 mai prochain.

Source OUEST FRANCE.