« L’épidémie touche tout le monde, c’est la maladie de tout le monde », a martelé sur BFM Lille ce mercredi matin le Dr Patrick Goldstein, chef des urgences du CHU de Lille, rappelant la nécessité du respect des mesures de confinement pour lutter contre le coronavirus. Mais certaines personnes ont plus de risques de développer des cas graves de covid-19. C’est désormais une certitude acquise par le monde médical qui découvre chaque jour des éléments sur la maladie.
« C’est une maladie que l’on découvre au fur et à mesure, atteste ce mercredi sur BFMTV le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon à Paris. C’est une maladie qui est beaucoup plus compliquée qu’on le croyait. Elle touche plusieurs organes, le système nerveux, la coagulation, le coeur, elle donne des myocardites. »
Le poids moyen des personnes décédées du coronavirus est de 80 kilos. On sait désormais que « le risque d’être intubé est multiplié par deux – après ajustement sur l’âge et le sexe – pour les patients qui ont une obésité sévère », indique sur RMC le professeur Olivier Ziegler, endocrinologue et nutritionniste au CHRU de Nancy.
« Il y a un effet dose: plus la corpulence augmente, plus le risque d’être intubé et ventilé augmente », poursuit-il.
Selon les premières données du registre national, publié par Le Monde, 83% des patients atteints du coronavirus en réanimation sont en effet en surpoids. « Le risque (de développer une pathologie sévère et donc d’être admis en réanimation) augmente avec l’importance du surpoids et de l’obésité », détaille le professeur Ziegler. Il rappelle, qu’en France, 1,3 million de Français sont en situation d’obésité sévère (Indice de masse corporelle supérieur à 35), et que 600.000 Français ont un IMC, calculé en divisant le poids par la taille au carré, supérieur à 40.
Les chercheurs établissent des hypothèses sur une telle conséquence en faisant des analogies avec la grippe H1N1. Le professeur Ziegler cite comme facteurs explicatifs « une réponse immunitaire à l’infection moins bonne » chez les personnes atteintes d’obésité, « un état d’inflammation chronique, c’est-à-dire qu’il produise plus de cytokines », qui peuvent, en cas de surproduction provoquer des défaillances organiques. « Ils ont des complications chroniques qui sont directement liées à l’importance du surpoids et qui gênent la respiration », complète encore le professeur.
C’est une donnée actée depuis le début de l’épidémie. Les personnes âgées présentent des risques plus importants de développer des cas graves du coronavirus. Le 15 mars, le Haut conseil de la santé publique établissait une liste des patients à risque incluant les personnes âgées de plus de 70 ans. 3.237 résidents en Ehpad ou autres établissements médico-sociaux sont morts des suites du coronavirus, sur les 10 328 décès recensés au total en France.
Au fil des semaines, la classe d’âge s’est élargie puisque l’on parle désormais des personnes âgées de plus de 60 ans comme étant plus à risque. Selon le point épidémiologique publié le 2 avril par Santé publique France, entre le 16 et le 29 mars, 35% des personnes en réanimation étaient âgée entre 65 et 74 ans et 22% de plus de 75 ans. Les décès, sans co-morbidité, c’est-à-dire sans la présence d’autres maladies, concernaient quasiment tous des personnes de plus de 65 ans.
L’âge médian des personnes ayant été hospitalisées entre le 1er et le 31 mars était de 68 ans. « La médiane des gens en réanimation est autour de 60 ans, donc il y a la moitié des patients qui ont moins de 60 ans », rappelle désormais le professeur Pialoux, précisant que les patients à Tenon en réanimation ont entre « 30 à 78 ans ».
Selon le professeur Pialoux, le ratio est de 7 hommes pour 3 femmes hospitalisés en réanimation, c’est-à-dire ayant développé une forme grave de convid-19. « Il y a probablement une enzyme dont le gène présent sur le chromosome X sert à faire entrer le virus dans les cellules », émet comme hypothèse le chef du service des maladies infectieuses ou tropicales de l’hôpital Tenon à Paris.
Le groupe sanguin pourrait également être un facteur aggravant. « C’est la même voix (d’entrée pour le virus, NDLR), explique le professeur Pialoux. C’est l’enzyme de conversion, qui est le récepteur du virus, et dont la régulation est dépendante du sexe. »
Les personnes du groupe O+ présenteraient moins de risque d’être atteintes car elles présentent le plus d’anticorps qui pourrait avoir un rôle bloquant.
Selon une étude chinoise, menée à Wuhan, sur 1.775 patient contaminé, le groupe A représentait 38% de la population contre 26% pour le groupe O, alors même que la population globale présentant le second groupe sanguin est plus nombreuse que celui du premier, détaille Le Monde.