Covid: la forte mortalité dans les Ehpad aggravée par le manque de personnel, selon la Cour des comptes…

34.000 personnes sont décédées du fait de la pandémie entre mars 2020 et mars 2021.

Une mortalité importante qui révélait, avant même le scandale Orpea, des difficultés structurelles du secteur.

L'âge moyen des résidents en Ehpad était de 86 ans et six mois en 2015.

Sur les 600.000 personnes résidant dans l’un des 7500 établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), près de 34.000 sont décédées du fait de la pandémie entre mars 2020 et mars 2021. Un lourd bilan humain qui ne s’explique pas uniquement par la fragilité des résidents, estime la Cour des comptes dans son rapport annuel 2022 publié mercredi, mais résulte également de difficultés structurelles. On peut en lister au moins trois.

D’une part, alors que les personnes accueillies sont de plus en plus âgées – la proportion des plus de 90 ans est passée de 29% à 35% entre 2015 et 2019 -, les médecins représentent moins de 1% des 377.000 équivalents temps plein que comptent les Ehpad. Si tous les établissements doivent normalement disposer d’un médecin coordonnateur, 32% n’en déclaraient aucun en 2015, et un quart fonctionnait avec des temps de présence inférieurs aux seuils.

D’autre part, les établissements font face à de fortes tensions sur le personnel, qui ont pénalisé la qualité de la prise en charge. Le taux d’absentéisme se situait en 2019 autour de 20%, selon la Cour, et l’instabilité des équipes rend difficile la formation et la montée en compétences du personnel.

Ainsi, la rotation annuelle des infirmiers était montée jusqu’à 83 % en 2017 dans l’Ehpad de La Filature à Mulhouse. À l’Ehpad Maison bleue de Villeneuve-lez-Avignon, en 2019, près de 159 personnes distinctes travaillant le jour se sont succédé, pour un effectif théorique de 40 personnes – avec un taux de rotation de 50 % pour les infirmiers et de 38 % pour les aides-soignants. Compte tenu des difficultés à recruter des aides-soignants, nombre d’entre eux sont remplacés par des personnels «faisant fonction» d’aides-soignants, bien qu’ils ne disposent pas des diplômes nécessaires.

Enfin, les bâtiments sont parfois inadaptés. Ainsi, 15% des Ehpad sont installés dans des bâtiments de plus de trente ans et leur configuration architecturale n’a pas toujours permis la mise en place de zones Covid-19 séparées, ni l’isolement des résidents atteints par la maladie. Seuls 45 % des Ehpad sont à même de ne proposer que des chambres individuelles, affirme la Cour. Enfin, à l’exception de ceux faisant partie d’établissements de santé, ils ne sont pas équipés de systèmes de distribution de gaz médicaux, notamment d’oxygène.

Face à la crise, les pouvoirs publics ont consenti «un effort financier pérenne considérable» souligne la Cour: compensation des pertes de recettes, couverture des dépenses liées à la pandémie, prise en charge par l’Assurance maladie (soit 1,7 milliard d’euros en 2020) de la «prime Covid» allouée aux personnels, revalorisations salariales du «Ségur de la Santé» allant de 10% à 15% (soit un coût de plus de 2,2 milliards d’euros en 2022). À cela s’ajoutent des investissements importants pour la rénovation de l’immobilier (1,5 milliard sur 4 ans) et le numérique (600 millions d’euros).

Au-delà de cet effort financier pour renforcer l’attractivité des métiers, il convient encore d’améliorer les conditions de travail des personnels: formation, évolution des carrières, prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles etc. D’autre part, il faut éviter les Ehpad isolés et pour cela favoriser leur insertion dans un réseau : adossement à un hôpital ou à un groupe, afin de permettre une mutualisation des ressources.

Source LE FIGARO.

Mayenne – Alzheimer et maladies apparentées : des actions pour rompre l’isolement des familles sur le territoire de l’Ernée…

Des actions sur le territoire d’Ernée ont pour but d’accompagner les familles touchées par la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées.

Paul Choisnet de France Alzheimer avec Colette, bénévole, accueillent pour un temps d’écoute et de partage.

 

Depuis plusieurs années, Paul Choisnet, président de France Alzheimer 53, et une équipe de bénévoles, animent des groupes de parole sur le territoire de l’Ernée, pour venir en aide aux familles touchées par la maladie.

Ce temps de soutien et d’écoute se déroule tous les deux mois dans les locaux de la communauté de communes de l’Ernée.

« Nous essayons de toucher un maximum de familles par le biais de nos différents partenaires, comme l’ADMR, le SSIAS, le CIAS, l’Accueil de jour, mais aussi les professionnels de la santé. Cette centaine de destinataires sont de véritables relais auprès des aidants. »

Paul ChoisnetPrésident de France Alzheimer 53

Le baluchonnage

« La crise sanitaire a sans nul doute accentué un sentiment d’isolement. Quand une personne est malade, c’est tout une famille qui souffre et qui a besoin d’aide. »

Pour venir en aide à ces familles qui se sentent isolées et en grande souffrance, un certain nombre de propositions existent sur le territoire.

À l’initiative du Centre Intercommunal d’Actions Sociales, (CIAS), la journée du 23 septembre 2021 a permis à des participants, qui accompagnent au quotidien un proche en situation de fragilité, de partager leurs difficultés avec différents professionnels : stress, fatigue, impact sur la vie professionnelle et personnelle, mais aussi problèmes administratifs et financiers.

« Le logement, l’environnement et le cadre de vie sont importants à prendre en considération. Il existe des alternatives comme le baluchonnage qui est en Mayenne porté par la fédération ADMR. Ce dispositif qui consiste à accueillir à son domicile un professionnel qui prend le relais de l’aidant pour quelques jours, est reconduit jusqu’en 2023. L’hébergement d’urgence pour ces malades d’Alzheimer, suite à l’hospitalisation de l’aidant, est un réel problème car il n’y a pas de prise en charge personnalisée et surtout immédiate. Il faut obligatoirement passer par un dossier Via Trajectoire. La possibilité d’accueillants familiaux peut être une solution. »

Ateliers de prévention

L’association mayennaise réfléchit également à une proposition de formations communes aux maladies chroniques évolutives, avec un tronc commun pour les parties techniques, administratives et financières et une partie spécifique pour les maladies d’Alzheimer ou Parkinson.

Des ateliers de prévention au profit des aidants avec différents partenaires s’inscrivent au calendrier 2022.

Des temps de répit

C’est le cas à Andouillé avec des séances proposées par Gaétane Raulo, sophrologue, et Virginie Ricourt, psychologue ; des séances dès ce mois de février avec l’association Siel Bleu qui propose des activités physiques adaptées pour les personnes aidantes et aidées ; des ateliers de musicothérapie avec Florian Ségrétain sont également en réflexion.

Pour tous ces temps de répit, des solutions peuvent être trouvées pour la prise en charge de la personne aidée.

D’autres démarches sont sur les rails, comme la plateforme de répit et d’accompagnement aux aidants, mais aussi l’écriture d’un contrat local de santé (CLS) en lien avec le Bocage Mayennais.

« Des actions novatrices dans les établissements se mettent également en place, comme à l’Ehpad Bellevue de St-Denis-de-Gastines avec des ateliers une fois par mois, gratuits, accessibles aux personnes dont l’un des proches vit une dépendance liée à l’âge, à une maladie, ou à un handicap. »

Renseignements : Clarisse Hérouard, CIAS de l’Ernée au 02 43 05 98 80.
Source ACTU.FR

 

Affaire Orpea : Les directeurs d’Ehpad dénoncent « l’incurie » de l’Etat…

L’association des directeurs d’Ehpad et de services a publié ce jeudi une série de propositions pour réformer la prise en charge des personnes âgées.

Affaire Orpea : Les directeurs d'Ehpad dénoncent « l'incurie » de l'Etat

 

Les pratiques du groupe Orpea dénoncées dans le livre-enquête Les Fossoyeurs n’ont pu se développer qu’en raison de « l’incurie » de l’Etat, estime l’association des directeurs d’ Ehpad et de services à domicile. Celle-ci a publié ce jeudi une série de propositions pour refondre le système de prise en charge des personnes âgées.

« Si elles sont avérées », les « déviations » du groupe Orpea « n’ont pu se développer que dans un terreau fertile, qui est celui de l’incurie sur ces sujets de l’Etat », a dénoncé lors d’une conférence de presse Pascal Champvert, président de l’AD-PA. Dans Les Fossoyeurs, le journaliste Victor Castanet décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale et la nourriture sont rationnés en vue d’améliorer la rentabilité des établissements Orpea, aux tarifs parfois très élevés. Des accusations que le groupe réfute en bloc.

L’Etat est « responsable » d’une telle situation de maltraitance des personnes âgées « pour ne pas avoir mis en place de ratio minimum de personnels », a précisé M. Champvert. Une telle affaire ne serait pas possible dans le secteur de la petite enfance, selon lui, car de tels ratios sont imposés dans les crèches.

Une réforme pour prendre en charge le grand âge

« Nous avons été complices de ce système », a admis le président de l’association des directeurs, qui souhaite une profonde transformation. « Il faut sortir du système avec une réglementation spécifique pour les personnes âgées vulnérables » pour aller vers un système « avec les mêmes règles que dans un habitat collectif classique », a décrit le directeur de l’AD-PA Romain Gizolme.

Permettre aux personnes âgées de recevoir des visites à l’heure qui leur convient, d’avoir un animal de compagnie ou de meubler leur logement à leur goût : l’AD-PA a formulé 44 propositions qu’elle compte soumettre aux candidats à l’élection présidentielle.

Par ailleurs, une douzaine d’organisations professionnelles, dont l’AD-PA, le Synerpa et l’Adedom, ont demandé jeudi dans une tribune que les candidats à l’élection présidentielle s’engagent à mettre en oeuvre une réforme pour prendre en charge le grand âge, dès le début de la prochaine mandature.

Source 20 MINUTES.

TEMOIGNAGE : » Qu’ils soient publics ou privés, les EHPAD, il n’y en a pas un qui rattrape l’autre » selon la fille d’une résidente dans le Var…

Victor Castanet, auteur du livre-enquête Les Fossoyeurs, a causé une déflagration en dénonçant la maltraitance dans les EHPAD privés et les langues se délient.

La fille d’une résidente raconte son parcours du combattant pour faire valoir les droits de sa mère.

Monique a séjourné dans trois Ehpad du Var, sa fille pointe du doigt des dysfonctionnements. Image d'illustration.

 

Elle s’appelle Céline. Une jeune femme de 37 ans, varoise, juriste reconvertie en aide à domicile et accompagnante psychocorporelle. Elle livre son témoignage, forcément douloureux.

Sa mère, Monique, 77 ans aujourd’hui, souffre de la maladie d’Alzheimer. Le diagnostic est posé il y a une dizaine d’années. Elle a aussi des problèmes cardiaques, elle vit alors en région parisienne. Nous sommes en 2013. Elle changera de lieu de vie pour déménager près de sa fille, dans une résidence service, ces appartements conçus pour des personnes âgées autonomes qui veulent continuer à vivre de manière indépendante tout en bénéficiant d’un environnement sécurisé.

3 EHPAD, et à chaque fois les mêmes difficultés

C’est en 2016 que mère et fille conviennent qu’un hébergement un EHPAD est le plus adapté. Ce sera dans un établissement public du centre Var. Monique y restera un peu plus de deux ans.

« Je fais confiance au départ, mais je vois rapidement les capacités cognitives et la motricité de ma mère diminuer, il y a de grosses difficultés de communication avec les équipes, ma mère est victime d’agressions verbales et de menaces de la part d’un autre pensionnaire, mes mails restent sans réponse… »

Céline, fille d’une résidente

Céline, qui veut le mieux pour sa mère, fait venir des intervenants extérieurs pour la stimuler, et elle évoque la loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale. Elle impose la création d‘un projet d’accompagnement personnalisé dans les 6 mois suivant l’arrivée du pensionnaire.

« Le rôle des professionnels consiste, entre autres, à écouter, à entendre et/ou à aider la personne accueillie, à exprimer ses attentes et, si elle le désire, construire, avec elle, le cadre d’un accueil et d’un accompagnement singulier. L’ensemble des professionnels va devoir mettre en œuvre le projet personnalisé pour proposer un accompagnement de qualité respectueux et adapté à la singularité de chaque résident ».

Et le projet d’accompagnement, c’est-à-dire un projet personnalisé « feuille de route » pour les équipes médicales, elle explique qu’elle l’attend toujours. Elle constatera que sa mère prend alors au long cours un puissant neuroleptique prescrit par le médecin coordonnateur de l’établissement. Il ne correspond en rien aux ordonnances du médecin traitant. Elle enverra des courriers à l’ARS (Agence Régionale de Santé) et à l’Ordre des médecins. L’ARS reconnaîtra un « dysfonctionnement dans le circuit du médicament ».

Une éventration qui serait due à une malnutrition

Deuxième EHPAD, même constat. Nous sommes en janvier 2020 dans un établissement privé d’un grand groupe cette fois dans le centre Var. Là encore, pour Monique, pas de projet d’accompagnement, peu ou pas de dialogue avec la direction pour faire venir des intervenants extérieurs (kinésiologue, art thérapeute, sophrologue) et une très mauvaise nouvelle : elle souffre d’une éventration observée quand elle partira 11 mois plus tard, conséquence, selon son médecin traitant, d’une fonte musculaire suite à une malnutrition.

Désormais, depuis avril 2021, Monique réside dans un EHPAD privé familial. Cette fois encore, Céline constate qu’on donne à sa mère des médicaments sans l’informer et sans être en lien avec le médecin traitant. Une ergothérapeute qui veut rester anonyme intervient ponctuellement dans l’établissement car Monique, comme tous les patients Alzheimer, a besoin de stimulation pour la mémoire et les repères spatio-temporels.

« On parle de stimulation, d’autonomie. Or tout est fait pour que la personne ne progresse pas mais régresse. Il faut aller vite pour les repas, on confine Monique dans des espaces sécurisés, ce qui lui fait perdre encore plus d’autonomie. Il y a la maladie, certes, mais il y a aussi une perte importante dans la qualité de vie. »

Une ergothérapeute

 

Il n’y en a pas un qui rattrape l’autre

Conclusion : trois EHPAD, et beaucoup de dysfonctionnements.

« Le pire ? C’est le refus de faire les choses correctement. J’envoie les articles de loi sur les obligations des établissements, je leur demande juste de faire leur boulot. Il y a un manque de prise de responsabilité. Le projet d’accompagnement, ça date d’il y a 20 ans, ils ne savent pas ce que c’est. »

Céline, fille d’une résidente

Quant au coût, il va du simple au double,  entre 1700 et 3470 euros.

« On se sent impuissant, franchement. On a l’impression qu’on est juste bon à payer, et ce n’est pas parce que c’est plus cher que c’est mieux. »

Céline, fille d’une résidente

Céline l’affirme, elle ne désespère pas de trouver la perle rare. Un établissement où le dialogue serait ouvert. Pour établir un vrai projet pour sa mère, pour qu’elle conserve son autonomie, sa motricité et sa joie de vivre le plus longtemps possible.

Source FR3.

Les Ehpad privés, poids lourds de l’économie française…

Dans un livre enquête, le journaliste Victor Castanet met en cause Orpea, géant de l’accueil des personnes âgées qui a dû suspendre sa cotation en Bourse.

Le taux d'encadrement dans les établissements privés commerciaux est inférieur à celui des établissements publics.

 

Tempête dans la «Silver economy». La publication du livre enquête «Les Fossoyeurs» du journaliste Victor Castanet a fait plonger l’action du groupe de maisons de retraite Orpea, ciblé par l’ouvrage. Le cours de l’action dévissait ainsi de 15% à la Bourse de Paris. La veille, la cotation avait été suspendue.

Orpea entraîne dans sa chute d’autres groupes de maisons de retraite cotés en Bourse, comme Korian, qui a vu son titre baisser de 14% lundi, ainsi que LNA Santé (-5,2%). Car l’ouvrage met une nouvelle fois le doigt sur les manquements de certains établissements dans le traitement des personnes âgées. Victor Castanet décrit un troisième âge bridé par le rationnement des produits alimentaires et sanitaires, et mal encadré en raison du manque de personnel.

Encadrement moindre

Selon la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) les 7502 Ehpad français accueillaient, en 2020, 601.300 résidents. 51% sont accueillis dans des établissements publics, 29% dans des établissements privés à but non lucratif et 20% dans des établissements privés commerciaux. Ces derniers ne représentent donc qu’une partie de l’accueil en France, mais ils ont contribué à faire évoluer l’offre vers une «premiumisation», avec davantage d’activités notamment.

Cette évolution tire en revanche les prix vers le haut: alors que le tarif moyen d’une chambre seule en Ehpad est de 2004 euros par mois en France, les tarifs médians dans les établissements privés commerciaux dépassent généralement ce prix car il est librement fixé. Leur médiane se situe donc plutôt autour de 2500 euros, voire 3000 euros dans les métropoles françaises et leur banlieue. Un chiffre à mettre en perspective avec le montant moyen de la pension de retraite en France, qui était de 1393 euros nets en 2019 selon la Drees. Dans certains établissements destinés à une clientèle financièrement à l’aise, les prix peuvent même atteindre 6000 à 7000 euros.

Vieillissement de la population

Malgré ces prix plus élevés, les Ehpad privés commerciaux ont en général un ratio salariés-résidents plus faible que celui des établissements publics. Dans le public, le taux d’encadrement médian est ainsi de 72,1 équivalents temps plein (ETP) pour 100 places en 2018, contre 52,3 ETP dans le secteur privé commercial, moins subventionné. Ça ne l’empêche pas, grâce à ses charges réduites, de dégager des résultats financiers enviables: en 2019, soit avant la crise sanitaire, le chiffre d’affaires de Korian était de 3,612 milliards d’euros. Celui d’Orpea s’établissait à 3,74 milliards d’euros.

Malgré leurs déboires et la préoccupation grandissante du public face aux conditions d’accueil des aînés, les Ehpad privés ont conquis à force d’investissements un rôle moteur dans ce secteur. Ainsi, selon Ilona Delouette, chercheuse à l’université de Lille et auteure d’une thèse sur la prise en charge de la dépendance interrogée par Le Monde, les groupes privés créent désormais «40% des nouvelles places d’accueil». Et ce, alors que la population française ne cesse de vieillir, et que les personnes accueillies dans les maisons de retraite sont de plus en plus dépendantes. Ainsi, en 2040, l’Insee anticipe que 1,2 million de personnes seront dépendantes en France, contre 800.000 actuellement.

Source LE FIGARO.

 

Manque de moyens dans les Ehpad, « cela fait 15 ans que l’on crie dans le désert » …

Au début des années 2000, Joëlle Le Gall a fondé la Fédération Nationale des Associations et Familles des Personnes Agées.

Manque de moyens dans les Ehpad, "cela fait 15 ans que l'on crie dans le désert" . Image illustration Ehpad

 

Quand le livre de Victor Castanet « Les Fossoyeurs » sur la maltraitance dans les établissements d’Orpéa, est sorti, elle a retrouvé dans ces pages tout ce qu’elle dénonce depuis des années. Elle vient d’adresser une lettre ouverte à la ministre des solidarités, Brigitte Bourguignon.

« Il n’est pas question que j’aille avec tous ses vieux ! » Quand le père de Joëlle Le Gall est arrivé dans l’Unité de Soins Longue Durée et qu’une aide-soignante lui a annoncé qu’elle allait le conduire à la salle à manger, les choses ne se sont pas déroulées exactement comme prévu. « Nous, on espérait qu’il allait pouvoir finir sa vie dans de bonnes conditions, confie Joëlle, ce n’était pas très bien parti ! »

Comme elle ne voulait pas alourdir le travail du personnel, Joëlle Le Gall a proposé de venir lui donner ses repas le midi et le soir. En y allant tous les jours, elle a vu ce qu’il se passait.

Joëlle Le Gall vient d'adresser une lettre ouverte à la ministre des solidarités

« On lui donnait un bain tous les deux mois, quand il sonnait pour que quelqu’un vienne changer ses protections, le personnel arrivait des heures plus tard, la nourriture était immangeable. Et c’était pareil pour les autres. »

Joëlle Le Gall avait beau interpeller les infirmières, les médecins, rien ne bougeait. Alors, elle a fondé l’association Bien Vieillir Ensemble et commencé à essayer de faire bouger les choses. « On a fait comprendre au personnel des maisons de retraite que l’on n’était pas là pour les attaquer mais pour comprendre ce qui n’allait pas ».

En Bretagne, les personnes âgées représentent 29% de la population. « Elles ont le droit de finir leurs jours de façon digne et respectueuse. Cela fait 15 ans que l’on dénonce ce qui se passe et que nous ne sommes pas entendus. »

La personne âgée n’est pas un produit marchand

Joëlle Le Gall vient d’adresser une lettre ouverte à la ministre des solidarités. « Madame la Ministre, écrit-elle, le coût des EHPAD publics et associatifs, c’est l’omerta. Si le coût de l’hébergement concernant les EHPAD à but lucratif (cotés en bourse) est révoltant, il l’est aussi pour les EHPAD publics et associatifs à but non lucratif : 2.300 euros en moyenne nationale face à des retraites bien inférieures pour un grand nombre de citoyens. Aujourd’hui on rejoint un établissement par obligation : AVC, Parkinson, Alzheimer, maladies cardiaques, et non pas par choix comme si nous recherchions un bon hôtel pour nous accueillir. »

« Quand on demande autant d’argent à une personne, ce devrait être le nec plus ultra, résume Joëlle Le Gall, mais ce n’est même pas le cas. »

Des moyens matériels et humains

Le taux d’encadrement dans les établissements en France est de 0,56%. « Un peu plus d’une demi-personne par résident, c’est très insuffisant. On parle parfois de la maltraitance du personnel dans les Ehpad, là, c’est de la maltraitance de l’Etat sur ce personnel.  »

« Quand on a des financements qui ne sont pas à la hauteur, les gens ne veulent plus faire ce métier. Ils ont appris les bonnes pratiques, mais ils sont bousculés, il faudrait qu’ils aillent d’une chambre à l’autre en patins à roulettes. Ils sont en souffrance alors ils quittent la profession et vont ailleurs. » Joëlle Le Gall insiste donc sur l’urgence à revaloriser les salaires des soignants. « Il faut tout repenser ! « répète-t-elle.

La médecine fait des progrès constants, la durée de vie s’allonge, mais les maladies ne disparaissent pas. Les établissements doivent être dotés de plateaux techniques et de soignants en nombre suffisant.

Un regard extérieur

« Les familles doivent avoir un droit de regard sur l’accompagnement de leur parent et pouvoir s’exprimer sans crainte » poursuit la lettre. Joëlle Le Gall détaille, « dans les Conseils de Vie Sociale, tels qu’ils existent, les résidents n’ont pas très envie de se plaindre de peur des représailles, leurs familles se taisent aussi pour que leurs mots ne se retournent pas contre leur proche, les élus qui sont souvent membres des conseils de surveillance ne veulent pas de vagues. Il faut des contrôles, sinon on continuera à lire des livres comme Les Fossoyeurs ! « 

Les personnes de deviennent pas des sous-citoyens le lendemain de leur soixantième anniversaire. Un citoyen doit rester un citoyen à part entière, de sa vie à sa mort.

Joëlle Le Gall,

présidente Bien Vieillir Ensemble en Bretagne

« Nous vous prions de croire à notre bonne volonté pour continuer à réformer notre système de santé » écrit Joëlle pour terminer sa lettre, et au téléphone, elle ajoute comme pour prévenir, « cela fait 15 ans que je me bats, et jusqu’au bout, je mettrai toute mon énergie pour changer le système. »

Source FR3.

Ehpad : Quelles solutions pour mettre fin à la maltraitance des personnes âgées dans certains établissements ?…

SANTE – Les révélations du livre « Les Fossoyeurs » interrogent les acteurs du secteur et les pouvoirs publics sur les réformes à mettre en oeuvre dans les maisons de retraite.

Ehpad : Quelles solutions pour mettre fin à la maltraitance des personnes âgées dans certains établissements ?...

 

  • Dans son livre « Les Fossoyeurs », le journaliste Victor Castanet met directement en cause Orpea pour des situations de maltraitances. L’auteur y dénonce notamment l’obsession de la rentabilité au sein du groupe privé de maisons de retraite.
  • Joachim Tavares, ancien directeur d’Ehpad et fondateur de Papyhappy (entreprise spécialisée dans la recherche de logement pour senior) et Pascal Champvert, président de l’association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), détaillent pour 20 Minutes les leviers à mettre en œuvre pour lutter contre les situations de maltraitances.
  • Tous deux estiment qu’une prise de conscience de l’État est nécessaire, tout comme un renforcement des moyens financiers alloués.

Comme un nouveau pavé dans la mare. La sortie l’ouvrage « Les Fossoyeurs » du journaliste indépendant Victor Castanet dévoile après trois ans d’enquête, les coulisses de certains établissements du groupe Orpea : carences de certains produits de santé et alimentaires, manque de soins administrés à certains résidents… Son travail vient étoffer la liste des signalements des associations et reportages télévisés déjà réalisés ces dernières années dans certains Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) français.

Dès la parution de bonnes feuilles dans Le Monde, la réaction du ministère de la Santé ne s’est pas fait attendre. « Pour que lumière soit faite sur les faits graves évoqués dans le livre de Victor Castanet, le directeur général d’Orpea a été convoqué dans les plus brefs délais , sur demande d’Olivier Véran. J’ai une pensée émue pour les résidents d’Ehpad, leurs familles et les professionnels », a assuré par le biais  d’un tweet Brigitte Bourguignon, ministre déléguée en charge de l’Autonomie.

Le directeur général Orpea reçu par la ministre

Une enquête flash a également été demandée auprès de  l’ARS Ile-de-France. Contacté par 20 Minutes, le ministère a confirmé que la ministre était totalement « révoltée contre ces traitements qui sont dégradants et indignes, s’ils étaient avérés ». Le Conseil d’administration d’Orpea a depuis annoncé avoir pris la décision de faire appel à deux cabinets indépendants pour évaluer l’ensemble « des allégations rapportées ». Jean-Christophe Romersi, le directeur général du groupe, a été reçu le mardi 1er février par Brigitte Bourguignon.

A la suite de ces révélations, 20 Minutes fait le point avec Joachim Tavares, ancien directeur d’Ehpad et fondateur de Papyhappy (entreprise spécialisée dans la recherche de logement pour senior) et Pascal Champvert, président de l’association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). Quels sont aujourd’hui les différents leviers à disposition pour contrer la maltraitance dans certains Ehpad ?

Un système maltraitant ?

Pour Joachim Tavares, fondateur de Pappyhappy, ces révélations soulèvent « la problématique du système global de la prise en charge des personnes âgées ». Pour autant, il ne faut pas en faire une généralité transposable à tous les établissements, estime l’ancien directeur d’Ehpad. « Je pense qu’on ne prend pas le problème par le bon bout. On a de la facilité à taper sur des grands groupes comme Korian ou Orpea, mais c’est la profession et le secteur d’activité qui a besoin qu’on l’aide à s’améliorer. »

Un constat en partie partagé par Pascal Champvert, qui y voit un certain nombre de « maltraitances individuelles ». Néanmoins, pour le président de l’AD-PA, « une partie des choses qui sont révélées relèvent de la maltraitance systémique. C’est-à-dire que c’est l’ensemble du système qui est maltraitant ».

« L’État et les départements sont juges et parties »

Valérie Précresse a indiqué vouloir « radicalement » revoir le modèle des Ehpad et plaide pour la création d’un « référentiel obligatoire » pour tous les établissements. La candidate LR à la présidentielle souhaite que les conditions de vie quotidienne soient « strictement contrôlées », de la qualité de  l’alimentation​ et des soins à la taille des chambres, en passant par « le temps consacré individuellement à chaque résident par les soignants ».

Une meilleure prise en compte de ces signalements pourrait apparaître comme une solution simple et pérenne. D’après le directeur de l’AD-PA, un renforcement des contrôles n’aurait pas de sens sans une augmentation de la part de l’État des moyens humains et financiers et seulement s’ils sont effectués par des autorités indépendantes. « Dans ce cas-là, elles pourront vérifier ce que font l’État et les départements. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, puisqu’ils sont juges et parties. »

Une autorité indépendante pour assurer les contrôles ?

Car le financement des Ehpad, qu’ils soient publics ou privés, se divise en trois domaines : soins, dépendance et hébergement. Il repose en partie sur des fonds publics. Les dotations soins et dépendance sont financées respectivement à 100 % et 70 % par les administrations publiques. Or, dans plusieurs cas évoqués dans Les Fossoyeurs, « une partie de l’argent public qui devait être alloué au bénéfice des personnes âgées ne l’était pas », a affirmé Victor Castanet sur France Inter mardi. Le journaliste pointe également les responsabilités des agences régionales de santé (ARS) « qui, à bien des égards, ont failli à leurs missions premières : s’assurer de la bonne utilisation de l’argent public et, surtout, protéger nos aînés ».

Laurent Garcia, cadre infirmier et ancien d’Orpea, est le principal lanceur d’alerte dont les propos sont repris dans Les Fossoyeurs. Interrogé par France Info, il estime qu’il est nécessaire « qu’il y ait une autorité administrative indépendante qui puisse contrôler tous les Ehpad privés et publics ». Très engagé, il milite pour la création d’un Observatoire du grand âge (Ogra).

Problème de fond

D’après des informations transmises par les ARS au Défenseur des droits, le nombre de contrôles inopinés et d’inspections au cours des années de 2017 à 2019, variait entre trois et 50 par an, selon les régions. Dans un récent rapport de la défenseur des droits à propos des « droits fondamentaux des personnes âgées accueillies en Ehpad », cinq recommandations abordaient la maltraitance. L’une d’entre elles propose de mettre en place des observatoires régionaux afin de répondre aux signalements.

Joachim Tavares souligne également un manque d’action sur ce dossier. « Depuis plus de 20 ans, rien n’a été fait effectivement pour réfléchir à un nouveau système d’Ehpad et à un accompagnement. Les moyens humains à l’heure actuelle ne sont pas suffisants. »

Une feuille de route « Ephad » attendue

Pascal Champvert défend notamment la mise en œuvre d’un ratio de huit professionnels pour dix résidents. Outre les difficultés inhérentes aux manques de personnels soignants et qualifiés, « le vrai problème de fond, c’est qu’on est dans une société âgiste », souligne-t-il. Il estime qu’une prise de conscience est nécessaire, notamment de la part du monde politique et espère une prise de parole  d’Emmanuel Macron sur le sujet d’ici la fin de son mandat.

Source 20 MINUTES.

Affaire Orpea : Comment revaloriser le métier d’aide-soignant en Ehpad ?…

PREMIERE LIGNE – Les aides-soignants en Ehpad veulent profiter de la crise pour mettre en lumière leurs conditions de travail.

Affaire Orpea : Comment revaloriser le métier d'aide-soignant en Ehpad ?

 

  • L’enquête de Victor Castanet dans son livre « Les Fossoyeurs » bouscule le monde des Ehpad et dévoile les conditions de travail souvent difficiles des aides-soignants qui y travaillent.
  • Toute la corporation s’accorde sur le manque d’effectifs dans les maisons de retraite, conduisant à un travail réalisé dans l’urgence, au détriment des patients, mais aussi des professionnels.
  • Les aides-soignants souffrent également de l’image peu valorisée de la profession auprès du grand public.

Le scandale soulevé par le livre Les Fossoyeurs sera-t-il salvateur ? La convocation ce mardi de Philippe Charrier, nouveau PDG du groupe Orpea, en remplacement de Yves Le Masne (limogé dimanche), par Brigitte Bourguignon, sera peut-être la première étape d’une remise en cause globale. Parmi les acteurs concernés, les aides-soignants espèrent voir leur métier revalorisé. A plus d’un titre.

« Dans toute cette histoire, il ne faudra pas oublier la souffrance des personnels qui vivent ça au quotidien », a écrit sur Twitter Nathalie, aide-soignante dans une maison de retraite en Vendée. Si elle se sent « soulagée » que l’affaire fasse autant de bruit dans les médias, elle craint de voir le statut des aides-soignants mis sous le tapis, étouffé par les autres volets de l’affaire : « Parce que nous aussi, on en bave », insiste-t-elle.

Le manque d’effectif, à la base de tous les problèmes

Paule*, aide-soignante dans un Ehpad privé « similaire à Orpea », attend aussi beaucoup de cette mise en lumière : « C’est très simple, nous manquons de bras. C’est à la base de la majorité de nos problèmes. » Les repas servis froids, les soins parfois expédiés, les patients qui attendent des heures avec une couche souillée, la maltraitance… Pour l’aide-soignante la solution est de recruter : « Ce qui nous manque, c’est du temps, parce qu’on doit s’occuper de trop de patients à la fois, donc il faut tout faire très rapidement et devoir hiérarchiser les priorités. »

Un constat partagé par Denis Fischer, vice-président de la Fédération nationale des associations d’Aides-soignants (Fnaas) : « Le ratio personnel/patients est bien trop faible pour prodiguer une qualité de soins optimale. » Pour rétablir des effectifs en conformité avec les besoins du secteur, Pascal Champvert, président de l’Association des Directeurs au service des Personnes Âgées (AD-PA) demande le recrutement d’au moins deux aides-soignants par établissement, soit 40.000 personnes : « C’est au gouvernement de décider de cela. Pourquoi ne pas proposer des formations adaptées aux personnels de ménage qui pour beaucoup seraient ravis de le faire ? Et ensuite relancer une grande campagne de formation ? ».

Dans son rapport « Après la crise COVID, quelles solutions pour l’EHPAD de demain ? », voté le 18 janvier dernier, l’académie nationale de médecine tire la même conclusion en préconisant de « tendre vers un même ratio de personnel soignant quel que soit le type d’Ehpad » que dans le secteur sanitaire ou les missions sont moins larges et les charges moins lourdes. Autre problème : la difficulté à utiliser certains équipements. Lèves-personnes, verticalisateurs, draps de glisse… Le matériel existe pourtant pour faciliter la vie du personnel : « Mais c’est du matériel qui demande du temps à l’utilisation, et parfois d’être deux », ajoute le professionnel. Deux options souvent indisponibles pour les personnels.

Une souffrance physique et psychique pour les aides-soignants

Les conséquences de ce manque de moyens sont multiples pour les aides-soignants. Physiquement, la tâche est usante : « On court toute la journée et on se casse le dos à replacer des patients seuls », raconte Paule, qui ne compte plus les troubles musculosquelettiques parmi ses collègues. A ce rythme infernal s’ajoutent les congés trop souvent annulés pour combler une absence.

Mais le pire, ce sont les conséquences sur le moral. Outre la « gestion des ressources humaines paternaliste » et « le mauvais partage d’informations entre les différents membres de l’équipe soignante » en raison d’absence de relève, mis en avant par l’Académie de médecine, les aides-soignants souffrent de la considération portée à leur travail. La leur en premier lieu. « C’est difficile de voir la détresse des patients et de ne pouvoir y répondre tous les jours. Quand ils demandent du temps, de l’affection, ou juste de la dignité. Et qu’on ne peut s’attarder parce qu’on est débordé… Parfois on se demande comment on peut accepter ça. On perd un peu de notre humanité », commente Nathalie avec des trémolos dans la voix.

Redorer l’image du métier

Cette perte de sens, Paule la vit aussi régulièrement, dans les yeux des autres. Son mari a beau lui rappeler qu’elle fait un métier noble, son sentiment n’est pas toujours celui-ci à la fin de la journée. Elle, qui a choisi cette voie parce qu’elle « aimait s’occuper des autres », a parfois honte de ce qu’elle fait. « Ce qu’on vit tous les jours, la manière dont nous sommes traités par la hiérarchie, par les familles des patients… Ce n’est pas tous les jours, mais c’est assez souvent pour qu’on en souffre. »

Pire, les difficultés auxquelles font face les personnels soignants en Ehpad ne sont même pas bien récompensées financièrement. Denis Fischer aimerait que ce point soit maintenant abordé pour soutenir les personnels, mais aussi pour rendre le métier plus attractif. Une revalorisation de 183 euros net par mois a bien été mise en place en 2020 dans le cadre du Ségur de la santé, mais les salaires proposés restent modestes au regard de la mission qui est confiée.

Une mission très mal connue du grand public selon Denis Fischer : « Quand on parle d’une infirmière, les gens identifient rapidement son rôle. Pour les aides-soignants, le travail n’est pas toujours compris. On limite souvent cela à du “nursing” (Les soins d’hygiène-NDLR). » Aussi, la FNAAS rappelle le rôle prépondérant des aides-soignants dans les soins thérapeutiques, dans toutes les activités qui permettent de maintenir le niveau d’autonomie des personnes âgées. Pour cela, Denis Fischer préconise des campagnes d’information sur le métier, pour faire comprendre la formation, le rôle social et l’importance des aides-soignants.

*Le prénom a été changé

Source 20 MINUTES.

 

Orpea : ‘’On a peur de dénoncer’’ témoigne une ex-salariée du groupe. « Le groupe m’a déjà menacée », affirme-t-elle !…

À Nîmes, France Bleu Gard Lozère a rencontré une ancienne salariée du groupe Orpea, accusé de maltraitances envers les résidents de ses Ehpad.

« Le groupe m’a déjà menacée », affirme-t-elle.

Orpea : ‘’On a peur de dénoncer’’ témoigne une ex-salariée du groupe. Photographie d'illustration.

 

Le président directeur général du groupe Orpea, Philippe Charrier, a été auditionné mercredi 2 février par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. La ministre chargée de l’Autonomie des personnes âgées a annoncé l’ouverture de deux enquêtes sur le groupe Orpea, au cœur d’une vive polémique sur les conditions d’accueil dans ses Ehpad. L’une est menée par l’Inspection générale des affaires sociales, l’autre est menée par l’Inspection générale des finances.

Ce mardi, à Nîmes, France Bleu Gard Lozère a rencontré une ancienne salariée du groupe Orpea et de Korian. Elle a travaillé dans d’autres départements que le Gard, mais exercice toujours son métier dans ce secteur. Elle préfère rester anonyme, par peur de nouvelles représailles : elle a été licenciée, explique-t-elle, parce qu’elle était handicapée.

Parlez-nous de votre métier quand vous travailliez pour Orpea.

« Mon métier est normalement de m’occuper des personnes, mais là, on n’arrivait pas à en s’occuper parce qu’il manquait beaucoup de personnel, c’est-à-dire que même nous à l’accueil, on devait faire la comptabilité. On devait faire rentrer les chèques, on devait s’occuper des équipes, faire rentrer le côté commercial, donc faire entrer les résidents, enfin on avait tout à charge. Et de l’autre côté, les soignantes. Donc elles étaient trois pour l’étage… 40 résidents. Et deux pour l’unité Alzheimer, sachant qu’il y avait une aide soignante, enfin c’était censé être deux aides soignantes. Et il y avait toujours une aide soignante et une AVS. »

Du coup, le temps consacré à tous ces pensionnaires était extrêmement réduit…

Ah oui, c’est-à-dire que même les ASH avaient tout un étage à faire à elles toutes seules. Et ensuite, elles devaient partir en restauration, faire tout ce qui est hôtellerie, donc donner à manger aux résidents et faire le service hôtelier comme on dit. Enfin c’était censé être du service hôtelier. Les filles, elles étaient formidables, mais on manquait de vaisselle ; c’est-à-dire que quand il fallait acheter de la vaisselle, on n’avait pas le budget ; quand il fallait acheter des serviettes pour essuyer les résidents, on n’avait pas de budget non plus. Il est arrivé que des soignantes aient séché les résidents avec des draps. Il fallait les punir parce qu’elles avaient jeté les serviettes, sachant que les serviettes étaient usagées, donc elles ne pouvaient pas être réutilisées.

« Il est arrivé que des soignantes aient séché les résidents avec des draps. Il fallait les punir parce qu’elles avaient jeté les serviettes, sachant que les serviettes étaient usagées. »

Comment réagissait la direction ?

La direction ? Ça dépend. La directrice, elle cautionnait, celle d’avant, non. C’est pour ça qu’elle est partie. Même moi, j’ai été dans un déni. C’est-à-dire qu’on nous demandait de faire des choses. Et petit à petit, je me suis rendu compte que c’était impossible par rapport au nombre de personnes qu’on était.

Et petit à petit, je m’apercevais que les résidents, on les couchait de plus en plus tôt. Normalement l’heure, c’était 18h30. Mais les soignantes, elles n’avaient pas le temps de s’occuper d’eux. Donc elles couchaient une partie -en fait, les personnes qui ont besoin de grands soins- on les couchait… Je suis émue parce que c’est un grand, un grand souvenir… on les couchait à cinq heures et demie (17h30, ndlr) et on les levait, les premiers, à 11 heures(le lendemain), parce qu’il y avait beaucoup de personnes qui avaient un grand besoin. Et les derniers à midi, jusqu’à midi.

Ça veut dire que pendant tout ce temps là, pour des personnes qui étaient bien sûr incontinentes, elles restaient dans leurs excréments ?

Oui, exactement. Parce qu’il n’y avait pas de soignants pour s’occuper d’eux. Elles étaient occupées ailleurs, donc elles n’avaient pas de temps pour s’en occuper.

Comment réagissaient les familles lorsqu’elles venaient voir ces personnes ?

Elles allaient voir les soignantes. Les familles ont beaucoup de respect pour les soignantes. Donc, du coup, la direction disait toujours : « Allez voir la soignante, allez voir la soignante », c’était toujours comme ça. Donc c’était elle qui était aux premières loges. Ou alors moi, la responsable hôtelière, justement. À peine arrivée, je réglais déjà les problèmes. Même la nuit, on m’appelait. C’était vraiment la catastrophe. Elle sont deux la nuit, une aide soignante et une personne pour faire le ménage, et qui s’occupe finalement des résidents. Donc, elles ne font qu’un change, un seul change la nuit.

Et vous, personnel, vous pouviez vous plaindre ? Vous le faisiez ?

Au début, c’était gentiment. Je me plaignais. C’était : « On n’a pas le choix, c’est comme ça ». Il y avait les produits d’entretien aussi. On avait des restrictions. Il y avait aussi des restrictions sur tout ce qui est nourriture, c’est-à-dire que moi, on m’a demandé de servir du pain, de l’eau avec un peu de brocolis pour faire de la couleur. On nous parlait de ratio, il fallait faire attention au ratio, ratio, ratio. Donc, même les cuisiniers, on n’arrivait pas à les garder parce qu’ils n’étaient pas bien payés. On n’arrivait pas à trouver de bons cuisiniers. Ils n’étaient pas assez payés par rapport à la valeur de leur travail. Quand on recherchait des cuisiniers, on n’en trouvait pas. Du coup, c’étaient les ASH qui allaient cuisiner.

« On m’a demandé de servir du pain, de l’eau avec un peu de brocolis pour faire de la couleur. »

Est-ce qu’aujourd’hui, ce que dénonce le journaliste Victor Castanet avec son livre, ça vous paraît loin de la réalité ?

Non c’est vraiment proche. C’est très, très proche de la réalité. C’est-à-dire que de toute façon, il n’y a qu’à voir le nombre de salariés pour le nombre de résidents. Même avec ça, on fait le calcul, sachant qu’il y a toujours des absents. Donc, faites le calcul. Rien qu’avec le personnel qui est compté dans l’établissement, on ne peut pas s’occuper bien des personnes avec ça. Avec 4 ou 5 ASH, c’est pas possible.

Ça vous inspire quoi vous aujourd’hui ? Maintenant que vous n’y êtes plus…

Un soulagement. Et je continue à me battre pour eux, en fait, actuellement, mais toujours parce qu’on m’a déjà menacé. En fait, le groupe m’a déjà menacée. Donc, j’essaye d’être discrète pour protéger ma famille. Aujourd’hui, j’ai un emploi, je n’ai pas envie de le perdre, parce que ça va très vite. Malheureusement, ça va très vite. J’ai des copines qui travaillaient pour le groupe aussi qui ont perdu leur emploi parce qu’elles ont dénoncé. Et maintenant, du coup, on a peur de dénoncer. Mais il ne faut pas parce que c’est grave ce qu’il se passe, c’est très grave.

Il est vrai que les familles, elles ne peuvent plus s’occuper des personnes et elles ne savent plus comment faire. Elles sont obligées de fermer les yeux, comme on dit, et elles viennent s’occuper elles-mêmes de leurs résidents. C’est-à-dire qu’il y a des familles qui viennent faire prendre la douche à leur mère pour être sûr que ce soit fait. C’est la catastrophe.

« Il y a des familles qui viennent faire prendre la douche à leur mère pour être sûr que ce soit fait. C’est la catastrophe. »

Je me demande sérieusement où part l’argent, parce que quand on voit l’établissement, il est pratiquement toujours au complet. Bon, peut-être moins maintenant, avec le Covid. Mais à chaque fois qu’il y a un résident qui part, on a toujours une personne qui le remplace. Et d’ailleurs, même quand ils décèdent les résidents, on fait en sorte que la personne parte de suite, ce sont les familles qui doivent s’occuper de ça, sinon, c’est facturé. Ça fait froid dans le dos parce que nous, on est là, le personnel, à devoir annoncer le deuil à leurs familles. Mais on nous demande de bien leur dire qu’il faut qu’ils fassent vite, parce que ça va être facturé. Mais on parle de beaucoup d’argent à la journée.

Source FRANCE BLEU.

Ehpad : Orpea annonce le limogeage de son directeur général…

Le changement à la tête du groupe fait suite aux accusations portées dans un livre sur la gestion et la «maltraitance institutionnelle» envers les résidents de ses maisons de retraite.

Ehpad «Les bords de Seine» du groupe Orpea.

« ORPEA a trouvé … un fusible… pour rassurer les actionnaires sur les dividendes à venir ! Rassurant pour les personnes âgées ? « 

LA REDACTION HANDICAP INFO.

 

Le conseil d’administration d’Orpea, dont les pratiques dans ses Ehpad ont été dénoncées dans un livre-enquête mercredi dernier, a annoncé ce dimanche 30 janvier le limogeage de son directeur général, Yves Le Masne, et la nomination d’un nouveau PDG, Philippe Charrier, «avec effet immédiat». Ce dernier «aura pour mission de garantir, sous le contrôle du conseil, que les meilleures pratiques sont appliquées dans toute l’entreprise et de faire toute la lumière sur les allégations avancées», a annoncé Orpea dans un communiqué. Philippe Charrier était directeur général des laboratoires pharmaceutiques Mayoly Spindler depuis 2019.

Ce changement à la tête du groupe fait suite aux accusations portées par le journaliste indépendant Victor Castanet, qui a enquêté pendant trois ans sur le groupe, et dont le livre, Les Fossoyeurs, a été publié mercredi dernier aux éditions Fayard. Orpea, qui gère 1100 établissements à travers le monde dont 220 Ehpad en France, y est accusé de mettre en place une «maltraitance institutionnelle» envers ses résidents.

Face à ces accusations, et alors que la parution de ce livre-enquête a fait plonger le titre en Bourse, le groupe a immédiatement mandaté deux cabinets reconnus pour une mission indépendante d’évaluation sur l’ensemble des allégations portées à son encontre.

Les dirigeants d’Orpea sont attendus mardi matin chez la ministre déléguée chargée de l’Autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon, suite à une convocation de cette dernière.

L’agence régionale de santé d’Ile-de-France a été chargée par le gouvernement de mener une enquête, et a lancé une inspection dans l’Ehpad du groupe Orpea à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), plus particulièrement visé dans le livre.

Source LE FIGARO.