Affaire Orpéa : les avocats de Bordeaux créent un institut de défense et de protection des seniors car  » les personnes âgées ont besoin de droit »…

Une trentaine d’avocats du barreau de Bordeaux travaillent au lancement d’un institut pour défendre les personnes âgées vulnérables et leur faciliter l’accès à la défense de leurs droits.

Maître Myriam Sebban, présidente du nouvel institut de défense et de protection des séniors, une spécialité des avocats de Bordeaux.

 

Les « graves défaillances » pointées dans le livre-enquête « Les Fossoyeurs » de Victor Castanet ont fait réagir les avocats bordelais. « Avant d’être trop vulnérable, il faut faire entendre sa volonté et faire valoir ses droits », selon Myriam Sebban, présidente du nouvel institut de défense et de protection des séniors.

Faciliter l’accès à un avocat aux séniors

« Le droit à une défense au crépuscule de la vie est garant des libertés fondamentales », estime le barreau de Bordeaux dans un communiqué en réaction aux dénonciations de maltraitance dans des établissements pour personnes âgées du groupe Orpea. Avec un avocat, certaines situations n’arriveraient pas, assure Myriam Sebban.

« Nous sommes partis du constat que les séniors sont les personnes les moins défendues. Or, la société est vieillissante et les personnes âgées ont besoin de droit car la dépendance arrive et elles n’y sont pas souvent préparées ».

Ainsi, un groupement d’une trentaine d’avocats du Barreau de Bordeaux travaillent à la mise en place d’un institut spécialisé, l’IDPS (Institut de défense et de protection des séniors) avec des formations pluridisciplinaires, « pour offrir des consultations « au plus près » de ces personnes, en se déplaçant dans les mairies par exemple, ou même à l’EHPAD si besoin », explique Myriam Sebban. « Nous sommes en discussions avec plusieurs mairies et aussi le Département de la Gironde qui est en charge des personnes âgées pour voir comment organiser ces consultations et leur prise en charge ».

« Il faut rendre les avocats plus accessibles au séniors. »

Myriam Sebban, avocate au barreau de Bordeaux

France 3 Aquitaine

Ne pas attendre d’être trop vulnérable pour agir

« Il faudrait que la personne puisse avoir droit à un avocat lorsqu’elle fait l’objet d’une mesure de protection. Il y a de plus en plus de dossiers d’abus de faiblesse, et les gens sont de plus en plus isolés », constate l’avocate bordelaise.
« Ce sont parfois des amis ou un proche qui se chargent d’une personne âgée et ils peuvent en profiter dans cette période un peu grise où la personne n’est ni sous curatelle ni sous tutelle, mais a besoin d’aide car elle rencontre des difficultés pour faire valoir ses intérêts ou quand elle commence à perdre un peu la tête et la mémoire, explique la juriste. Or, il y a peu d’avocats sur ce domaine ».

« L’aide et l’appui d’un avocat peut être aussi valable pour les aidants et les soignants familiaux pour être au plus près de la volonté de la personne âgée et vulnérable qu’ils accompagnent au quotidien ».

Ce groupement d’avocats bordelais réfléchit à la prise en charge financière de cette aide par des subventions par exemple. « La première consultation sera évidemment gratuite. Ensuite, la personne dont les revenus sont faibles, peut avoir une aide juridictionnelle. Dans le cas contraire, les honoraires classiques s’appliqueront. Il faut voir avec le Département si une aide est possible ».

« L’idée, c’est vraiment la proximité avec les séniors et se faire connaître, sortir des cabinets car cela peut faire peur et c’est un frein pour les personnes âgées. Il faut faire valoir ses droits avant d’être trop vulnérable et éviter les contentieux. Plus les personnes vieillissent et moins elles ont accès à leur défense ».

Cet Institut de défense et de protection des Séniors sera officiellement lancé le 3 mars prochain à Bordeaux, à la Villa 88, un tiers-lieu situé au 88 rue Saint-Genès, en présence de la journaliste et écrivain Marie Charel auteur du livre « Qui a peur des vieilles ?  » (ED.Babelio).

Source FR3.

Haut-Rhin : deux établissements pour seniors organisent leur premier speed-dating de la Saint-Valentin…

Ce mois-ci, les coeurs des seniors de deux établissements haut-rhinois pourraient bien s’enflammer.

Un speed-dating de la Saint-Valentin est organisé pour eux, les 14 et 15 février.

"Viens on s'aime", premier speed dating pour seniors dans le Haut-Rhin

 

Les résidences pour seniors et Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) proposent toute l’année des animations aux personnes âgées. Mais ce mois-ci, la thématique de la Saint-Valentin pourrait bien enflammer des cœurs, dans deux établissements du Haut-Rhin.

C’est une première à la résidence seniors Les Châteaux de Wettolsheim, et à l’Ehpad, “La Maison des Écureuils” de Mulhouse : un speed dating amoureux pour les résidents qui le souhaitent.

L’idée est née dans la tête d’Hélène Hirlemann, chargée de communication dans un collectif d’aide et de soin à la personne, Amaelles. « Nous faisons des animations en continu toute l’année dans nos établissements, mais ce mois-ci, je me suis dit que ce serait sympa de surfer sur la vague de la Saint-Valentin et de faire tourner toutes les activités autour de cette fête. » 

Les coeurs à prendre sont dans les starting blocks

« Les responsables d’établissements et les animatrices des établissements contactés étaient prêtes à jouer le jeu » raconte Hélène Hirlemann. « Je me suis donc rendue sur place pour prendre en photo les résidents qui souhaitaient participer au speed dating. » 

Les cœurs à prendre se sont alors parés de leurs plus beaux atours, cravate, chapeau, fleurs et ont pris la pose. « Nous avons discuté ensemble pour déterminer leur personnalité en quelques mots, afin d’accompagner leur photo d’une petite phrase les décrivant. »

Et voilà Giselle, ancienne infirmière qui aime dessiner, Pascal, blagueur et charmeur, et Alice, chapeau rouge et boa autour du cou, tout en haut de l’affiche et fin prêts pour une belle rencontre.

A côté de son portrait, André annonce qu’il « cherche une femme douce et aimante pour sortir à deux, se promener en ville, marcher dans la nature et discuter de tout! » Anna-Louise, tout sourire : « J’adore les jeux de carte comme le Schwartzepeter (Le chat noir), je cherche quelqu’un de gentil et d’attentionné pour partager d’agréables moments ».

Il n’y pas d’âge pour aimer et être aimé

« Les photos sont affichées dans la résidence et dans l’Ehpad » explique l’initiatrice des journées de rencontre. « Les personnes âgées peuvent ainsi créer des liens, au sein même de leur établissement, mais aussi dans l’autre structure. »

Poser de nouveau sur soi un regard valorisant, s’appréhender comme étant désirable, avoir une image de soi positive, des objectifs clairement affichés dans cette démarche, qui veut lever le tabou de l’amour chez les personnes âgées, et réenchanter leur quotidien.

Le slogan du réseau d’associations d’Amaelles : »Créons ensemble les jours heureux » va donc prendre une tournure toute particulière en cette Saint-Valentin 2022. Les après-midis des 14 et 15 février seront agrémentées de jeux, de musique, dessins, goûter avec mignardises, discussions sur des thématiques, toutes liées à l’amour…et il y aura bien sûr les rencontres entre les coeurs à prendre. Si les flèches de Cupidon tombent juste, on verra peut-être des étincelles dans ces deux résidences pour personnes âgées.

En 2023, une vingtaine d’établissements dans le Haut-Rhin pourraient participer à ce speed dating de la Saint-Valentin.

Source FR3.

Une résidence seniors de Montpellier condamnée pour avoir automatiquement facturé des services à ses clients…

La résidence du groupe Clinipole L’Orangerie du Château Levat, à Montpellier, a été condamnée car elle obligeait ses résidents à souscrire des services dont ils n’avaient pas besoin.

Trois retraités ont obtenu un remboursement auprès du tribunal judiciaire de la ville.

Une résidence seniors de Montpellier condamnée pour avoir automatiquement facturé des services à ses clients. Photo d'illustration

 

La résidence services seniors L’Orangerie du Château Levat dans le quartier des Beaux-Arts à Montpellier a été condamnée par le tribunal judiciaire de la ville. Elle obligeait ses occupants à payer des services dont ils n’avaient pas besoin.

Les retraités qui vivent dans ce genre d’établissement sont relativement autonomes, mais bénéficient de la présence d’un gardien, ou d’une salle commune par exemple. Des services qu’il est normal de payer. Mais en plus de ceux-ci, le groupe Clinipole facture de façon systématique à ses locataires des prestations personnalisées.

« Ils souhaitent simplement avoir le choix. » – Me Baudiere-Servat

Parmi ces services facturés automatiquement, le système de téléassistance, qui permet aux occupants d’alerter le personnel en cas de chute.  « Ces bracelets ont été imposés à tous les résidents. Mais certains d’entre eux considéraient qu’à ce jour, ils n’en avaient pas besoin, explique Me Baudiere-Servat, en charge du dossier. Ils souhaitent simplement avoir le choix d’y souscrire ou non. En plus, le coût imposé est bien au-dessus du prix du marché. »

L’UFC Que Choisir s’est tournée vers l’avocate en droit immobilier et de la consommation pour porter le litige devant le tribunal. En effet, les contrats proposés par les résidences du groupe Clinipole sont contraires à la règlementation. Ils obligent les occupants à payer à minima 200 euros par mois en plus de leur loyer et des charges pour les espaces communs.

« Il faut que ces contrats soient encadrés afin d’éviter les abus« , résume Me Baudiere-Servat, se félicitant de cette décision du tribunal judiciaire.

À présent, le groupe Clinipole devrait revoir tous ses contrats de location dans ses établissements de la région.

Source FRANCE BLEU.

Une infirmière donne naissance à une résidence dédiée aux seniors. A L’Isle-sur-le-Doubs (25)…

Pendant dix ans, Olivia Gaiffe a mûri un projet qui lui tenait à cœur : la construction d’une résidence seniors au concept novateur. Le premier coup de pelleteuse a été donné le 4 février à L’Isle-sur-le-Doubs.

Elle portera le nom de Louis Gaiffe, son cher grand-père décédé le 24 janvier.

Une infirmière donne naissance à une résidence dédiée aux seniors...

Imaginez une colocation d’étudiants. C’est un peu le même principe pour cette résidence qui n’accueillera pas des têtes apprenantes mais des personnes âgées autonomes ou légèrement dépendantes. Car elle ne sera pas médicalisée. Chacun disposera d’une chambre de 25 m² avec une salle d’eau et partagera les repas dans un espace dédié. Sachant que les fins cuistots qui voudront faire partager leurs talents et spécialités culinaires pourront se mettre aux fourneaux.

Une grande maison de 1 000 m² de deux niveaux

Sur le plan architectural, la résidence se démarque encore. Pas de cubes empilés à la verticale ou à l’horizontale. Juste une grande maison de 1 000 m² de deux niveaux, à la toiture à deux pans. Toutes proportions gardées, comme l’ancien chez soi. Elle sera posée sur un terrain de 34 ares rue des Prés-Verts, voisin d’une crèche -idéal pour les rencontres intergénérationnelles- et à quelques encablures du cœur de ville. Particularité encore : l’espace accueillera un terrain de pétanque, des potagers en carrés et surélevés « pour que les résidents puissent jardiner », des espaces fleuris « pour y faire pousser des semences », un poulailler « pour y ramasser des œufs destinés au restaurant » et peut-être même des chèvres. « Je voulais une maison dans le partage via les repas, les animations ou chacun aurait, aussi, son intimité dans un logement meublé et décoré avec des objets et souvenirs personnels, histoire de conserver ses repères », observe Olivia Gaiffe.

Un projet à deux millions d’euros

Comment une infirmière libérale, infirmière capitaine volontaire chez les pompiers l’islois, maman de deux jeunes enfants de 7 et 11 ans, est-elle devenue le promoteur de ce projet à deux millions d’euros ? « De par mon métier de soignante », répond-elle. « J’ai côtoyé des personnes âgées seules, veuves ou veufs, dans des maisons trop grandes dont ils ne pouvaient plus s’occuper, souffrant de l’isolement car les enfants résidaient loin, et de dénutrition faute d’envie de se faire à manger. Dès lors, j’ai été guidée par le besoin impérieux de leur redonner de l’envie et de la vie. C’est valorisant de porter un projet pour le mieux vivre de nos anciens ».

Une résidence de 18 chambres

Ce projet, Olivia Gaiffe l’a « maturé » pendant 10 ans avec le soutien de sa famille dont son grand-père Louis , qu’elle considère comme son papa « car je n’en ai pas eu ». Il l’a toujours épaulée, conseillée. « Même dans les moments de doute, quand je me disais : mais pourquoi te lances-tu là-dedans ». L’ancien buraliste à L’Isle-sur-le-Doubs, champion de France de ping-pong vétéran , vaillant jusqu’au bout, s’est éteint brutalement le 24 janvier. Le premier coup de pelleteuse sur le terrain des Prés-Verts a été donné le 4 février, le jour anniversaire de ses 92 ans : « Un symbole. J’y tenais. C’était un personnage, mon papa-papy. Il était fier de ce projet. La maison s’appellera Louis Gaiffe ». La résidence doit ouvrir ses portes à l’été 2023. Sans faire de publicité sur ce territoire où la population est âgée, les intéressés postulent déjà pour une place dans cette maison de 18 chambres et deux studios.

Source EST REPUBLICAIN.

 

Bien vieillir à domicile : La dépendance des personnes âgées, un enjeu de société. Le viager solidaire peut être une solution…

Après l’onde de choc provoquée par la publication d’un livre dénonçant de graves défaillances dans les établissements privés du groupe Orpea, le débat sur la prise en charge des personnes âgées est relancé.

Le viager solidaire fait partie des pistes de réflexion pour favoriser le maintien à domicile.

Comment mieux vieillir chez soi ? Le viager solidaire peut être une solution.

 

Avec l’allongement de la durée de vie, la dépendance est devenue un enjeu sociétal majeur. Une grande majorité des personnes âgées préfèrent vieillir chez elles plutôt qu’en maison de retraite. Le viager solidaire fait partie des solutions pour aider ce maintien à domicile.

Le viager solidaire, un modèle « d’utilité collective »

Dans la région lyonnaise, la SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) Les 3 Colonnes  propose un autre modèle de propriété. Lors que l’on sait qu’en France , plus de 70% des personnes âgées sont propriétaires de leur logement, certaines percevant des pensions modestes, et qu’elles désirent en grande majorité y rester jusqu’à leur dernier souffle, la structure s’est donnée des «objectifs humanistes».

Ce système est basé sur le modèle économique suivant : la coopérative rachète des logements occupés par les bénéficiaires, appelés des «crédirentiers». En compensation, ceux-ci reçoivent une fraction du prix total du logement ainsi qu’un «loyer» mensuel. Lorsque survient le décès de la personne âgée, la coopérative peut revendre le bien ou bien le mettre en location. Elle finance ainsi la propriété à travers une rente et un capital et laisse l’usage toute la vie restante à l’occupant.

La coopérative défend un modèle « de financement équitable et vertueux » , qui « permet aux financeurs d’agir de façon rationnelle et permet de procurer une source de revenus indispensable à bon nombre de personnes vieillissantes aux ressources insuffisantes. »

Selon cette société coopérative, pour maintenir un système de protection décent « il n’y a pas tellement d’autre alternative que d’accroître la richesse produite via le nombre d’actifs« . Une forme de fiscalité participative qui s’inscrit dans une nouvelle forme de modèle économique.

« Les 3 colonnes » compte aujourd’hui plus de 250 bénéficiaires et plus de 4000 financeurs.

La dépendance des aînés, enjeu politique

La publication du livre « Les Fossoyeurs », qui décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents des Ehpad gérés par la société Orpea sont « rationnés » pour améliorer la rentabilité du  groupe, a suscité une véritable onde de choc. Ces révélations entraînent de nombreuses réactions, notamment dans la sphère politique.

A l’instar de la candidate LR à la présidentielle Valérie Pécresse, qui a appelé à « radicalement changer le modèle des Ehpad », avec notamment un « référentiel » applicable au public et au privé, le député de l’Ain Damien Abad (patron des Républicains), évoque la nécessité de tenir des états généraux de la dépendance.

Les conditions de vie quotidienne doivent être « strictement contrôlées » selon le vice-président du département aindinois. Par ailleurs, la ministre déléguée chargée de l’Autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon, a convoqué le directeur général d’Orpea, Jean-Christophe Romersi, le 1er février pour « répondre » aux « accusations graves » concernant les pratiques du groupe dans ses Ehpad.

Source FR3.

TEMOIGNAGE : » Qu’ils soient publics ou privés, les EHPAD, il n’y en a pas un qui rattrape l’autre » selon la fille d’une résidente dans le Var…

Victor Castanet, auteur du livre-enquête Les Fossoyeurs, a causé une déflagration en dénonçant la maltraitance dans les EHPAD privés et les langues se délient.

La fille d’une résidente raconte son parcours du combattant pour faire valoir les droits de sa mère.

Monique a séjourné dans trois Ehpad du Var, sa fille pointe du doigt des dysfonctionnements. Image d'illustration.

 

Elle s’appelle Céline. Une jeune femme de 37 ans, varoise, juriste reconvertie en aide à domicile et accompagnante psychocorporelle. Elle livre son témoignage, forcément douloureux.

Sa mère, Monique, 77 ans aujourd’hui, souffre de la maladie d’Alzheimer. Le diagnostic est posé il y a une dizaine d’années. Elle a aussi des problèmes cardiaques, elle vit alors en région parisienne. Nous sommes en 2013. Elle changera de lieu de vie pour déménager près de sa fille, dans une résidence service, ces appartements conçus pour des personnes âgées autonomes qui veulent continuer à vivre de manière indépendante tout en bénéficiant d’un environnement sécurisé.

3 EHPAD, et à chaque fois les mêmes difficultés

C’est en 2016 que mère et fille conviennent qu’un hébergement un EHPAD est le plus adapté. Ce sera dans un établissement public du centre Var. Monique y restera un peu plus de deux ans.

« Je fais confiance au départ, mais je vois rapidement les capacités cognitives et la motricité de ma mère diminuer, il y a de grosses difficultés de communication avec les équipes, ma mère est victime d’agressions verbales et de menaces de la part d’un autre pensionnaire, mes mails restent sans réponse… »

Céline, fille d’une résidente

Céline, qui veut le mieux pour sa mère, fait venir des intervenants extérieurs pour la stimuler, et elle évoque la loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale. Elle impose la création d‘un projet d’accompagnement personnalisé dans les 6 mois suivant l’arrivée du pensionnaire.

« Le rôle des professionnels consiste, entre autres, à écouter, à entendre et/ou à aider la personne accueillie, à exprimer ses attentes et, si elle le désire, construire, avec elle, le cadre d’un accueil et d’un accompagnement singulier. L’ensemble des professionnels va devoir mettre en œuvre le projet personnalisé pour proposer un accompagnement de qualité respectueux et adapté à la singularité de chaque résident ».

Et le projet d’accompagnement, c’est-à-dire un projet personnalisé « feuille de route » pour les équipes médicales, elle explique qu’elle l’attend toujours. Elle constatera que sa mère prend alors au long cours un puissant neuroleptique prescrit par le médecin coordonnateur de l’établissement. Il ne correspond en rien aux ordonnances du médecin traitant. Elle enverra des courriers à l’ARS (Agence Régionale de Santé) et à l’Ordre des médecins. L’ARS reconnaîtra un « dysfonctionnement dans le circuit du médicament ».

Une éventration qui serait due à une malnutrition

Deuxième EHPAD, même constat. Nous sommes en janvier 2020 dans un établissement privé d’un grand groupe cette fois dans le centre Var. Là encore, pour Monique, pas de projet d’accompagnement, peu ou pas de dialogue avec la direction pour faire venir des intervenants extérieurs (kinésiologue, art thérapeute, sophrologue) et une très mauvaise nouvelle : elle souffre d’une éventration observée quand elle partira 11 mois plus tard, conséquence, selon son médecin traitant, d’une fonte musculaire suite à une malnutrition.

Désormais, depuis avril 2021, Monique réside dans un EHPAD privé familial. Cette fois encore, Céline constate qu’on donne à sa mère des médicaments sans l’informer et sans être en lien avec le médecin traitant. Une ergothérapeute qui veut rester anonyme intervient ponctuellement dans l’établissement car Monique, comme tous les patients Alzheimer, a besoin de stimulation pour la mémoire et les repères spatio-temporels.

« On parle de stimulation, d’autonomie. Or tout est fait pour que la personne ne progresse pas mais régresse. Il faut aller vite pour les repas, on confine Monique dans des espaces sécurisés, ce qui lui fait perdre encore plus d’autonomie. Il y a la maladie, certes, mais il y a aussi une perte importante dans la qualité de vie. »

Une ergothérapeute

 

Il n’y en a pas un qui rattrape l’autre

Conclusion : trois EHPAD, et beaucoup de dysfonctionnements.

« Le pire ? C’est le refus de faire les choses correctement. J’envoie les articles de loi sur les obligations des établissements, je leur demande juste de faire leur boulot. Il y a un manque de prise de responsabilité. Le projet d’accompagnement, ça date d’il y a 20 ans, ils ne savent pas ce que c’est. »

Céline, fille d’une résidente

Quant au coût, il va du simple au double,  entre 1700 et 3470 euros.

« On se sent impuissant, franchement. On a l’impression qu’on est juste bon à payer, et ce n’est pas parce que c’est plus cher que c’est mieux. »

Céline, fille d’une résidente

Céline l’affirme, elle ne désespère pas de trouver la perle rare. Un établissement où le dialogue serait ouvert. Pour établir un vrai projet pour sa mère, pour qu’elle conserve son autonomie, sa motricité et sa joie de vivre le plus longtemps possible.

Source FR3.

Ehpad : deux aides-soignantes portent plainte contre Orpea pour «faux et usage de faux»…

Le groupe est dans la tourmente depuis les révélations du livre Les Fossoyeurs, qui jette une lumière crue sur les maltraitances au sein des Ehpad privés.

Une troisième aide-soignante pourrait également déposer plainte dans les jours qui viennent.

 

Les attaques en justice contre Orpea s’amoncellent. Deux aides-soignantes ont déposé une plainte pour «faux et usage de faux» contre le leader mondial des Ehpad et des cliniques privés, révèle ce mardi franceinfo. Les deux femmes ne travaillaient pas pour le groupe, mais l’accusent d’avoir utilisé leurs noms pour multiplier des embauches abusives en CDD, d’après nos confrères. Concrètement, Orpea se servait des deux plaignantes, présentées comme étant en CDI, pour recourir à des CDD de remplacement.

L’avocate des deux aides-soignantes, Sylvia Lasfargeas, estime auprès de franceinfo que le groupe utilisait ses clientes «afin de contourner la loi et de maquiller des recours semble-t-il abusifs aux CDD». De son côté, Orpea se dédouane, assurant «qu’il n’y a jamais eu d’emploi fictif» ni de «faux contrat de travail». En attendant, une troisième aide-soignante devrait déposer plainte dans les jours qui viennent.

Enquête administrative, plaintes…

Depuis la parution du livre Les Fossoyeurs, du journaliste Victor Castanet, le groupe Orpea est dans la tourmente. Le gouvernement a annoncé l’ouverture d’une enquête administrative, confiée conjointement aux inspections générales des affaires sociales (IGAS) et des finances (IGF). Les conclusions de cette mission devront faire l’objet d’un «rapport définitif» le 14 mars, ont précisé les ministres Olivier Dussopt (Comptes publics), Olivier Véran, Élisabeth Borne et Brigitte Bourguignon (déléguée à l’Autonomie) dans une note transmise vendredi à l’AFP.

La CGT, la CFDT et FO ont également indiqué qu’elles comptaient porter plainte contre Orpea, qu’elles accusent de «discrimination syndicale» et de s’être appuyé sur un syndicat «maison» à ses ordres. «Nous avions depuis longtemps des soupçons sur des agissements inacceptables de la direction, mais les témoignages et les preuves apportés par le livre de Victor Castanet vont nous permettre d’agir en justice», a expliqué à l’AFP Guillaume Gobet, responsable CGT et ancien cuisinier à Orpea.

La plainte, qui doit être déposée avant la fin du mois, pourrait viser des chefs de «discrimination syndicale» et «d’entrave à l’activité syndicale», a précisé Guylain Cabantou, un autre responsable de la CGT. Une autre piste envisagée est une plainte pour harcèlement, dont auraient été victimes les élus CGT de la part de la direction, a indiqué de son côté Me Apolline Cagnat, l’avocate en charge du dossier au pénal.

Source LE FIGARO.

Décès à l’Ehpad de Lherm : « ll y a une chape de plomb, il faut faire bouger les choses » pour les familles de victimes…

INTOXICATION – Alors que les plaintes se multiplient contre les groupes privés gestionnaires d’Ehpad, les familles des victimes de l’établissement de Lherm, décédées après une intoxication, dénoncent les manques de moyen et attendent toujours un procès.

Décès à l’Ehpad de Lherm : « ll y a une chape de plomb, il faut faire bouger les choses » pour les familles de victimes

 

  • Depuis la sortie du livre Les Fossoyeurs, les plaintes de familles se multiplient pour dénoncer la maltraitance des aînés dans certaines maisons de retraite privilégiant la rentabilité aux dépens de l’humain.
  • Dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2019, cinq pensionnaires de l’Ehpad la Chêneraie décédaient à cause d’une intoxication alimentaire.
  • Les familles des victimes, qui attendent toujours un procès, dénoncent des dysfonctionnements dans l’établissement, qui seraient dus notamment à des économies.

« Maintenant ça fait trois ans, on aimerait que le procès arrive vite. On en a marre. Ce qu’on entend dans les médias, ça nous fait remonter la haine », reconnaît Alain Lapeyre. Cet habitant de Saubens, au sud de Toulouse, a perdu sa maman Antoinette dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2019, décédée comme quatre autres pensionnaires de l’Ehpad de la Chêneraie, au Lherm, d’une intoxication.

L’enquête judiciaire ouverte par le parquet de Toulouse pour « homicides involontaires aggravés, blessures involontaires aggravées, mise en danger de la vie d’autrui » avait rapidement pointé des manquements aux règles d’hygiène, notamment sur la propreté d’un mixeur.

Mais elle a aussi révélé d’autres dysfonctionnements dans cet établissement racheté deux mois plus tôt par le groupe Korian. En particulier la rupture de la chaîne du froid, mais aussi du chaud. Pour monter dans les chambres, les plats sont placés dans un meuble-casier, appelé « échelle », afin de les conserver à une certaine chaleur et éviter que les bactéries ne se développent.

Un collectif de victimes s’est monté

Mais celui de la résidence de La Chêneraie ne fonctionnait pas. Au grand dam des membres du personnel qui avait demandé son remplacement. « C’est ce que nous a appris l’enquête. Les services de l’hygiène étaient passés trois semaines ou un mois avant que le drame se produise. Les thermomètres étaient cassés, rien n’était respecté. Il y avait eu une mise en garde, mais lorsque les décès sont survenus, rien n’avait été fait. Les thermomètres n’étaient pas remis, les repas étaient servis froids », déplore Alain Lapeyre.

A côté de lui, Alexandra Bernard, qui a perdu sa grand-mère Geneviève ce jour-là, ne décolère pas. Avec sa sœur, elle se rendait régulièrement dans la maison de retraite pour voir sa « mamie » et faire en sorte qu’elle mange chaud. « Si les repas sont servis froids en chambre, le temps que ça monte aux étages, comme il n’y a que deux personnes pour 80 résidents, les gens mangent froid et ça prolifère », assure-t-elle. Des bactéries qui ont bien été retrouvées dans les assiettes par la suite.

Un drame qui aurait pu être évité selon elle. « Il y avait un cahier interne pour les demandes du personnel. Il y avait des demandes d’achats qui n’ont pas été faits. Est-ce qu’il y a eu au moment du rachat les entre les deux groupes un laps de temps et de flottement ? », interroge celle qui a monté avec les autres proches un collectif de victimes.

Un audit n’avait « pas montré de dysfonctionnements »

Alain, lui, pense que le changement de propriétaire a eu un réel impact. « J’ai senti qu’au niveau de la maison de retraite, depuis quelque temps ça partait à vau-l’eau, ce n’était plus comme avant depuis le changement de direction. On nous avait aussi dit que c’était fait sur place et on s’est rendu compte que non », critique ce retraité.

En 2019, un porte-parole de Korian avait indiqué à 20 Minutes qu’un ensemble d’audits avait été réalisé par des experts indépendants avant le rachat de la résidence par le groupe et qu’il n’avait « pas montré de dysfonctionnements ».

Des affirmations que les juges d’instruction en charge de ce dossier ont depuis cherché à vérifier. En début d’année dernière, quatre membres de l’établissement avaient été placés en garde à vue. Suivis en mai de l’ancienne directrice du groupe Omega, propriétaire de l’établissement jusqu’en février 2019 avant d’être racheté par Korian.

Depuis, les familles attendent un procès pour répondre à toutes leurs questions. Mais aussi à celles que se posent aujourd’hui de nombreuses familles après les révélations du livre Les Fossoyeurs, qui dénonce un système institué, notamment sur les repas, pour améliorer la profitabilité de ces Ehpad.

« Au Lherm, il n’y avait pas assez de personnel »

« Il y a une chape de plomb. Nos défunts ne reviendront pas, mais pour le futur il faut faire bouger les choses et c’est notre combat depuis trois ans. Dans ces groupes privés, c’est la rentabilité qui prime, on le sait. Il faut tout revoir à la base, et de l’État et des grands groupes privés parce qu’on arrive au bout de quelque chose », plaide Alexandra Bernard qui attend avec impatience un dénouement dans le dossier. Car depuis le 31 mars 2019, elle attend pour faire incinérer sa mamie et faire véritablement son deuil. Son corps est en effet depuis cette date à la disposition de la justice, avec l’aval de la famille qui veut connaître toute la vérité.

Alors quand elle entend ces derniers jours la directrice de Korian dire qu’il a parfois des difficultés à recruter du personnel, elle ne peut s’empêcher de réagir. « Il y a un manque de personnel ? Eh bien payez les plus, ils resteront, motivez-les, ils resteront, donnez leur les moyens, ils resteront dans votre groupe », répond-elle.

Depuis deux semaines, aussi bien Orpea que Korian tentent de déminer le vent de critiques qui visent leur groupe, sur les questions de maltraitance et des moyens déployés pour faire fonctionner leurs nombreuses maisons de retraite. « Je suis assez content que les langues se délient. On a l’a vu dans ce dossier, on privilégie le financier sur l’humain. Au Lherm, il n’y avait pas assez de personnels, pas assez de rotations sur les horaires. Il y a trois ans, Agnès Buzin avait promis que tout serait fait dans les meilleurs délais, les promesses n’engagent que ceux qui les tiennent », tacle Me Nicolas Raynaud de Lage, avocat de l’une des familles de victimes.

Comme les autres parties civiles dans ce dossier, il attend la mise en examen des responsables. « On nous les avait promis à la fin de l’année dernière, on les attend. Aujourd’hui, les manquements sont clairement établis, il n’y a pas de doute sur la chaîne de responsabilité. Les audits les avaient informés sur les problèmes de tel ou tel appareil, et ils sont restés sans réponse », conclut Me Emmanuel Franck qui défend une autre famille.

Les Ehpad privés, poids lourds de l’économie française…

Dans un livre enquête, le journaliste Victor Castanet met en cause Orpea, géant de l’accueil des personnes âgées qui a dû suspendre sa cotation en Bourse.

Le taux d'encadrement dans les établissements privés commerciaux est inférieur à celui des établissements publics.

 

Tempête dans la «Silver economy». La publication du livre enquête «Les Fossoyeurs» du journaliste Victor Castanet a fait plonger l’action du groupe de maisons de retraite Orpea, ciblé par l’ouvrage. Le cours de l’action dévissait ainsi de 15% à la Bourse de Paris. La veille, la cotation avait été suspendue.

Orpea entraîne dans sa chute d’autres groupes de maisons de retraite cotés en Bourse, comme Korian, qui a vu son titre baisser de 14% lundi, ainsi que LNA Santé (-5,2%). Car l’ouvrage met une nouvelle fois le doigt sur les manquements de certains établissements dans le traitement des personnes âgées. Victor Castanet décrit un troisième âge bridé par le rationnement des produits alimentaires et sanitaires, et mal encadré en raison du manque de personnel.

Encadrement moindre

Selon la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) les 7502 Ehpad français accueillaient, en 2020, 601.300 résidents. 51% sont accueillis dans des établissements publics, 29% dans des établissements privés à but non lucratif et 20% dans des établissements privés commerciaux. Ces derniers ne représentent donc qu’une partie de l’accueil en France, mais ils ont contribué à faire évoluer l’offre vers une «premiumisation», avec davantage d’activités notamment.

Cette évolution tire en revanche les prix vers le haut: alors que le tarif moyen d’une chambre seule en Ehpad est de 2004 euros par mois en France, les tarifs médians dans les établissements privés commerciaux dépassent généralement ce prix car il est librement fixé. Leur médiane se situe donc plutôt autour de 2500 euros, voire 3000 euros dans les métropoles françaises et leur banlieue. Un chiffre à mettre en perspective avec le montant moyen de la pension de retraite en France, qui était de 1393 euros nets en 2019 selon la Drees. Dans certains établissements destinés à une clientèle financièrement à l’aise, les prix peuvent même atteindre 6000 à 7000 euros.

Vieillissement de la population

Malgré ces prix plus élevés, les Ehpad privés commerciaux ont en général un ratio salariés-résidents plus faible que celui des établissements publics. Dans le public, le taux d’encadrement médian est ainsi de 72,1 équivalents temps plein (ETP) pour 100 places en 2018, contre 52,3 ETP dans le secteur privé commercial, moins subventionné. Ça ne l’empêche pas, grâce à ses charges réduites, de dégager des résultats financiers enviables: en 2019, soit avant la crise sanitaire, le chiffre d’affaires de Korian était de 3,612 milliards d’euros. Celui d’Orpea s’établissait à 3,74 milliards d’euros.

Malgré leurs déboires et la préoccupation grandissante du public face aux conditions d’accueil des aînés, les Ehpad privés ont conquis à force d’investissements un rôle moteur dans ce secteur. Ainsi, selon Ilona Delouette, chercheuse à l’université de Lille et auteure d’une thèse sur la prise en charge de la dépendance interrogée par Le Monde, les groupes privés créent désormais «40% des nouvelles places d’accueil». Et ce, alors que la population française ne cesse de vieillir, et que les personnes accueillies dans les maisons de retraite sont de plus en plus dépendantes. Ainsi, en 2040, l’Insee anticipe que 1,2 million de personnes seront dépendantes en France, contre 800.000 actuellement.

Source LE FIGARO.

 

En Haute-Loire, les colocations pour personnes âgées se développent et sont une alternative aux Ehpad…

La Haute-Loire compte désormais une dizaine de colocations pour séniors, retardant d’autant l’entrée dans des structures d’accueil plus médicalisées que sont les Ehpad.

Pourtant l’administration a encore du mal à les reconnaitre et les occupants de ces maisons ne bénéficient pas de toutes les aides financières.

La Maison Buissonnière accueille des personnes âgées seules en colocation.

 

La sortie du livre « Les fossoyeurs » le 26 janvier 2022 dans lequel le journaliste Victor Castanet dénonce les pratiques et dérives mises en place dans certains Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes a mis en exergue la question de l’accueil des séniors. Pour les personnes en perte d’autonomie qui ont besoin d’une prise en charge, c’est une nécessité.

Mais pour celles qui sont dans une période intermédiaire, qui ne peuvent rester seules chez elles mais n’ont pas recours à cet accompagnement médical, la colocation pour séniors est une nouvelle proposition qui connait un certain succès. En deux ans à peine, une dizaine de maisons de ce type a ouvert en Haute-Loire, une des dernières créées se situe en plein centre d’Yssingeaux. Cinq dames âgées de 88 à 93 ans y vivent sous le même toit.

Avant d’être invités à entrer dans la Maison Buissonnière, on croise une des colocataires, Fernande Morisson, qui revient de la boulangerie où elle est allée chercher le pain du jour pour toute la maison : « Là j’ai l’infirmière le matin et après je peux partir, mais il faut être là à l’heure des repas ce qui est tout à fait normal. Ici, tout de suite, ça m’a plu ! ». C’est bientôt l’heure du repas, préparé en commun avec Guillaume Chastel, le maître de maison.

Pourtant il ne déjeunera pas avec les colocataires car il veut que cela reste un moment privilégié qu’elles partagent entre elles : « Elles ne sont pas seules et l’idée c’est qu’on est là pour les aider dans le quotidien, le ménage, le repassage et surtout la nourriture, parce que c’est ce qu’elles aiment, c’est le moment où elles se rassemblent ».

Ne pas rester seules

Elles sont même 6 à table aujourd’hui, il y a Marinette Jardin, une voisine : « Je suis veuve, je mangeais très mal. J’habite juste à côté, à 15 mètres à peine alors on m’a proposé de venir de temps en temps. Moi ça me permet de parler parce que je ne vois personne et ça m’oblige aussi à très bien manger et à m’habiller parce que parfois toute seule, il y avait des jours où je restais en robe de chambre. Et parfois je viens aussi quand il y  a une activité. Ça me fait un bien fou. Je viendrais là dans quelques temps car j’ai des problèmes d’équilibre ».

Quant à Mairie Moulin, elle habite ici depuis 2 ans : « J’étais la première, j’ai vu construire cette maison alors j’ai dit : si j’en ai besoin, j’irai là. Ce n’est pas un hôpital, c’est une petite maison, ça me plaisait. On n’est pas seul c’est sûr, mais ma maison était trop grande ».

Pour Jacques, un de ses neuf enfants : « Pour nous elle ira dans une structure comme un Ehpad que le jour où elle sera obligée d’y aller. Aussi longtemps qu’elle peut l’éviter, elle n’ira pas. C’est vraiment la formule tampon entre rester à la maison et l’obligation de soins quotidiens, contraignants qui sont dans un Ehpad qui feront qu’aussi longtemps qu’elle pourra rester autonome, elle restera dans une structure comme celle-ci et celle-ci lui va très bien ».

Une coloc’ presque comme une autre Guillaume Chastel, qui organise la vie de la maison, assisté par deux salariés. « On fait des colocations étudiantes et bien là c’est des colocations pour personnes âgées et l’intégration des mamies se passe très bien » dit-il. « On a de la demande mais c’est vrai qu’aujourd’hui, on aimerait que ça rentre dans les mœurs c’est à dire que ce n’est pas encore connu de tout le monde. Les personnes pensent essentiellement à l’Ehpad mais c’est vrai qu’entre le domicile et l’Ehpad, il y a encore une petite marge de manœuvre où elles peuvent intégrer une colocation pour séniors comme ici et retarder cette entrée en Ehpad ».

« Elles sont vivantes car elles participent à la vie de la maison »

Guillaume Chastel, maître de la Maison Buissonnière

Précurseur, il constate que la formule connait un réel succès, les colocations pour séniors sont de moins en moins un phénomène anecdotique : « Ça se développe de plus en plus et je trouve ça intéressant, c’est-à-dire c’est un bon compromis avant l’entrée en Ehpad. L’Ehpad, il y en a besoin forcément, mais pour des personnes qui ne peuvent pas rester chez elles, qui ont besoin d’être médicalisées. Ici, elles ont leur infirmière, leur kiné comme si elles étaient chez elles, mais en colocation et partagent la maison. Une grande maison où toutes les pièces sont chauffées plutôt que chez elles où elles ne chaufferaient qu’une pièce, on mutualise les coûts. C’est intéressant pour elles ».

L’administration à la traine

Tout serait formidable dans ce tableau, pourtant la nouveauté a pris de court les administrations, qui ne reconnaissent pas encore totalement ce mode d’habitation pour les personnes âgées. Pour l’instant, les colocataires ne peuvent pas toucher l’APA, l’allocation destinée à les aider à régler certaines dépenses liées à la perte progressive de leur autonomie dans la vie quotidienne. Ce que déplore Guillaume Chastel : « Pour l’instant ce n’est pas reconnu. Aujourd’hui l’APA, c’est de l’Aide Personnalisée à l’Autonomie, pour chaque personne. Mais il y a ici des communs, des salons, salles à manger, des terrasses, la cuisine alors oui quand on fait le ménage ce n’est pas personnalisé. Pour l’instant les colocations, c’est nouveau, il faut que l’administration se mette en route, la case n’existe pas. Maison individuelle, ça existe, Ehpad, ça existe et entre les deux il y a la colocation et cette case doit exister le plus rapidement possible car je trouve que les mamies sont bien dans cette forme d’habitat ».

Par son développement, ce système de partage d’habitat adapté au grand âge prouve pourtant son intérêt, d’autant qu’il s’articule autour de mécanismes plutôt simples : « Financièrement, les personnes louent une maison en commun. Il y a une partie loyer, il y a une partie charges, une partie nourriture qui est intégrée ;  comme dans une colocation quand on part en vacances on va mettre chacun de l’argent et il y a la partie services à la personne : ménage, repassage, entretien de la maison qui donne droit à un crédit d’impôts sur cette partie-là. Ça couvre également la téléassistance pour la nuit. Ça coûte 600 €, avec le crédit d’impôts ça revient à 300 €. En gros elles sont nourries, logées, blanchies pour 1330 € de reste à charge. L’APA permettrait la prise en charge d’une partie des services à la personne ».

Le département, « compétent pour mettre en œuvre toute aide ou action relative à la prévention ou à la prise en charge des situations de fragilité, au développement social, à l’accueil des jeunes enfants et à l’autonomie des personnes » comme l’indique l’article L3211-1 du code général des collectivités territoriales dit « réfléchir à une dérogation pour ce type de colocation pour personnes âgées » et l’Etat est en train de mettre en place une aide à la vie partagée, mais ce n’est pas encore à l’ordre du jour en Haute-Loire.

Source FR3.