Ces onze mamies cherchent un logement pour vieillir ensemble et éviter la maison de retraite…

Depuis 2016, une dizaine de femmes âgées de 67 à 84 ans planchent sur un projet d’habitat participatif à Montauban (Tarn-et-Garonne).

Amies dans la vie, elles ont créé l’association La Maison d’Isis afin de trouver l’endroit idéal où passer leurs vieux jours.

Elles veulent éviter la maison de retraite et rester autonomes le plus longtemps possible.

L'association La Maison d'Isis veut créer un habitat participatif à Montauban (Tarn-et-Garonne) pour une dizaine de retraitées.

 

« Hors de question de vieillir seule dans une maison de retraite ! ». Ginette Pondarrasse, 75 ans, ne peut pas être plus claire. Présidente de l’association La Maison d’Isis, elle réfléchit depuis 2016 à un projet d’habitat participatif pour elle et ses dix amies. « Au départ, nous sommes juste un groupe d’amies qui ne veulent pas vieillir dans leur coin », nous explique-t-elle. Âgées de 67 à 84 ans, elles ont ensuite décidé de fonder une association pour réaliser leur souhait à Montauban (Tarn-et-Garonne).

« Nous voulons créer un endroit où notre petit groupe pourrait encore se côtoyer tout en étant dans des logements adaptés à notre état de santé », ajoute cette retraitée de l’administration financière. Les autres potentielles colocataires sont d’anciennes professeures, d’ex-femmes de ménages ou vendeuses. Aujourd’hui, elles partagent régulièrement des activités. « Nous organisons des cours de gym, des sorties, on fait de la lecture à haute voix et on se réunit souvent pour parler de l’association. » Elles ont également mis en place un système de covoiturage et d’entraide pour effectuer leurs courses.

Un premier projet abandonné

En finalisant ce projet d’habitat, les membres de l’association veulent conserver leur lien d’amitié et trouver une alternative à l’isolement. « Nous avons vu nos parents vieillir isolés chez eux ou seuls en maison de retraite. Et pour nous, c’est inconcevable. » Le groupe recherche des appartements proches les uns des autres, adaptés à la perte d’autonomie et situés proche du centre-ville de Montauban. « Il nous faudrait également une salle à proximité pour se retrouver et développer nos activités », précise Ginette Pondarrasse.

Peu après la création de leur association, les amies avaient déjà travaillé sur un premier projet avec un architecte et un bailleur social. « Il s’agissait d’une résidence comprenant plusieurs appartements avec un jardin suspendu au milieu. On avait aussi imaginé une salle commune pour nos réunions et une chambre pour recevoir nos familles ». Mais le projet n’a finalement pas abouti « à cause de problèmes internes et faute de financement ».

« Être ensemble, c’est notre force »

Après six ans de recherche, les retraitées croient encore en leur rêve. Pour réussir à le concrétiser, les futures locataires ont demandé de l’aide à la mairie de Montauban et au département du Tarn-Et-Garonne. L’association est également en pourparlers avec un bailleur social. « Les discussions sont en cours mais rien de concret ne nous a été proposé, regrette Ginette Pondarrasse. Notre plus gros souci, c’est que nous avons des revenus très hétérogènes. Certaines peuvent prétendre à un logement social, d’autres non. »

La septuagénaire assure cependant que la situation est urgente. « Cela fait des années que l’on rêve de ce projet et nous en sommes toujours au même point. À chaque fois, nous repartons à zéro alors que nous, nous prenons de l’âge. » Mais la présidente de l’association en est sûre, le groupe doit rester soudé. « D’autant plus que notre famille est loin et ne peut pas intervenir en cas d’urgence », glisse la mère de deux filles.

Elles ne veulent pas être « infantilisées en Ehpad »

Les retraitées souhaitent garder une autonomie le plus longtemps possible pour ne pas « avoir l’impression d’être infantilisé comme c’est le cas pour beaucoup de résidents en Ehpad ». Les récentes révélations de maltraitances dans ces établissements n’ont fait que les encourager à concrétiser leur projet. « Cela fait froid dans le dos de lire tous ces témoignages. Notre association organise régulièrement des conférences avec des professionnels sur le thème du bien vieillir et la santé des personnes âgées », explique la présidente de l’association La Maison d’Isis.

Résidant toutes à Montauban, les dix amies souhaitent rester dans cette ville car elles sont toutes engagées dans diverses associations. Ginette Pondarrasse devrait se rendre prochainement en Belgique et en Allemagne pour visiter des habitats participatifs, a repéré France 3 Occitanie. Elle espère y trouver la clé de son « projet de vie ».

Source OUEST FRANCE.

Maltraitances en Ehpad : cacophonie dans le suivi des alertes et des contrôles…

Le gouvernement ne donne pas de chiffres sur les signalements de mauvais traitements dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.

Il s’est pourtant doté dès 2004 d’outils pour faire remonter ces informations. 

Dans la salle commune d’un Ehpad de Kaysersberg (Haut-Rhin), en avril 2020.

 

Sur les 7 500 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) que compte la France, combien sont contrôlés chaque année ? « Je suis incapable de vous le dire comme ça », a reconnu Brigitte Bourguignon, la ministre déléguée chargée de l’autonomie, mardi 1er février sur France Inter.

Les révélations du livre Les Fossoyeurs (Fayard, 400 p., 22,90 euros), du journaliste indépendant Victor Castanet, sur les dérives au sein d’établissements de ce type du groupe Orpea, posent une question d’échelle. A quel point la maltraitance est-elle répandue ? Combien de potentielles victimes compte-t-on parmi les 700 000 personnes âgées en perte d’autonomie qui vivent en Ehpad ? Et de quels moyens les autorités sanitaires se dotent-elles pour les protéger ?

Sollicité par Le Monde, le gouvernement a refusé de communiquer tout élément chiffré pour répondre à ces questions. Impossible de savoir, donc, combien de cas de maltraitances en Ehpad remontent chaque année aux autorités sanitaires, ni combien de contrôles sont réalisés par celles-ci.

Officiellement, c’est la qualité des chiffres qui serait en cause. « Les données pour lesquelles vous nous sollicitez ne sont pas, à ce stade, suffisamment consolidées », plaide-t-on au cabinet de Brigitte Bourguignon. Mais notre enquête montre que l’Etat a multiplié les initiatives depuis vingt ans pour, précisément, être en mesure de livrer de telles statistiques. L’absence de telles données dans le débat public s’explique-t-elle par un manque de transparence ou par des carences dans le suivi des maltraitances en établissements ?

Les débuts de l’« ambitieux » projet Prisme ont été laborieux

L’Etat s’est doté dès 2004 d’outils pour recenser les signalements de maltraitances dans les établissements sociaux et médico-sociaux, Ehpad compris, et analyser les suites qui y sont données. Une base de données spécifique a été créée à ces fins, nommée Prisme (pour « prévention des risques, inspections, signalements des maltraitances en établissement »). Dès sa création, Prisme a été présenté comme un outil utile au ministère de la santé « à des fins de statistiques et de pilotage », tant sur les contrôles des établissements que sur les signalements de violences et maltraitances.

Ce projet est « ambitieux », mais ses débuts ont été laborieux, constate un rapport de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) en 2006. Prisme est alors « peu et difficilement utilisé » par les directions départementales des affaires sanitaires et sociales, ancêtres des agences régionales de santé (ARS). Son utilisation varie fortement d’un département à l’autre : certains ne l’utilisent pas, d’autres n’y renseignent que des cas avérés de maltraitance lourde ou, à l’inverse, y notent la moindre réclamation. Difficile de tirer des conclusions nationales de ces données faute de pratiques uniformes dans leur saisie, estime l’IGAS.

Quatre circulaires ministérielles successives (en 2008, 2010, 2011 et 2014) ont ensuite poussé les ARS à remplir correctement la base de données. « Toute situation de maltraitance signalée dans le secteur médico-social et toute inspection réalisée (…) doivent être saisies », clarifie la dernière, publiée dix ans après la création de Prisme.

Depuis le 30 décembre 2015, les établissements ont l’obligation légale de signaler « tout dysfonctionnement grave dans leur gestion », ce qui inclut les situations de maltraitance. En outre, le logiciel Prisme a été remplacé par un nouveau portail de signalement, le SI-VSS, censé faciliter la tâche des ARS.

Des bilans statistiques ont pourtant été annoncés

Malgré tous ces efforts cumulés depuis 2004, l’Etat ne dispose donc toujours pas de chiffres fiables, affirme le cabinet de Brigitte Bourguignon. L’entourage de la ministre déléguée a refusé de répondre à nos questions précises sur les raisons de ce blocage, le sujet faisant « partie des enjeux abordés dans les annonces du gouvernement, qui interviendront d’ici à la fin février ». Mais il précise que l’Etat a « lancé en 2019 une étude de faisabilité pour mettre en place une nouvelle interface de signalement » à destination des établissements. Ce travail « se poursuit actuellement »… Les remontées d’incidents sont actuellement signalées par les Ehpad dans un simple fichier de traitement de texte. Consolider des informations au niveau national relève de la gageure.

« Je ne peux pas me prononcer sur ce sujet », a également éludé l’ancienne ministre des affaires sociales et de la santé (de 2012 à 2017) Marisol Touraine lorsque nous l’avons interrogée sur le sujet. La socialiste se souvient bien de la circulaire de 2014 clarifiant notamment l’utilisation du logiciel Prisme, qu’elle a signée. Mais « mon sujet de préoccupation à l’époque était qualitatif et pas quantitatif, développe-t-elle. J’avais déjà eu connaissance de situations difficiles dans des Ehpad en tant que présidente de conseil départemental [d’Indre-et-Loire, de 2011 à 2012]. Ce texte pose un cadre pour faciliter les remontées d’informations par les ARS, car la culture de transmission était inégale d’une structure à l’autre. »

Reste que la circulaire en question pose bien l’utilisation du logiciel Prisme comme « un enjeu de statistiques nationales », notamment pour réaliser un « bilan statistique national annuel ». Sollicité par Le Monde pour savoir si de tels bilans statistiques ont bien été réalisés par la suite, le ministère de la santé n’a pas donné suite.

La circulaire du ministère de la santé de 2014, à l’époque où Marisol Touraine était ministre, mentionne bien l’intérêt statistique des données du logiciel Prisme.

Le Défenseur des droits déplore également l’absence de données nationales sur le sujet dans un rapport de 2021. Pour les auteurs de ce rapport, un tel outil permettrait « d’évaluer, d’objectiver et de comparer les différentes situations de maltraitance ».

« La question, c’est de savoir sur quoi débouchent nos rapports »

Les différents groupes d’Ehpad interrogés, quant à eux, assurent qu’ils font remonter les problèmes dont ils ont connaissance. Certains freins ont pu être levés récemment. La direction de Korian, poids lourd du secteur en France, indique par exemple que « les alertes peuvent être réalisées de manière anonyme » dans ses établissements, depuis 2021. Le groupe Colisée insiste quant à lui sur sa « charte d’incitation à la déclaration des événements indésirables graves » et Orpea s’est doté d’une charte comparable.

En revanche, tous jugent les procédures de signalement trop complexes et plaident en faveur d’un système unique, et simplifié, pour les recenser. La transparence sur les données aurait également le mérite d’éclairer le travail des ARS. Parmi les éléments recensés par la base de données Prisme, puis par celle qui lui a succédé, on trouve en effet le suivi des contrôles réalisés en Ehpad, qu’ils soient consécutifs à des signalements ou inopinés. Dans les points qui doivent en principe y figurer, on trouve les suites données aux inspections. Or, pour Victor Castanet, le journaliste auteur du livre Les Fossoyeurs, les rapports des ARS n’ont que peu de conséquences sur la marche des groupes comme Orpea.

Ce constat est partagé par Marianne Pladys, consultante chez Scop Copas, responsable d’évaluations externes d’établissements – chaque établissement évalué l’est tous les sept ans. « Lors de nos évaluations, nous faisons remonter d’éventuels facteurs de risques aux ARS et à la direction des établissements. Il peut y avoir des faisceaux d’indicateurs qui alertent sur des situations à risque. C’est faux de dire qu’il n’y a pas de visite des Ehpad, la question serait plutôt de savoir sur quoi débouchent nos rapports. »

La directrice de l’ARS Ile-de-France, Amélie Verdier, a reconnu, mercredi 9 février à l’Assemblée nationale, que les sanctions sont plutôt rares, sans être inexistantes, citant notamment les huit injonctions et deux mises sous administration provisoire prononcées par ses services depuis 2018, sur les quelque 700 Ehpad de la région.

Source LE MONDE.

AUTISTES – Maltraitance, plaintes pour harcèlement, turn-over des salariés : l’institut Albert Calmette de Camiers dans le Pas-de-Calais en pleine tourmente…

L’Institut Départemental Albert Calmette de Camiers a reçu la visite de deux inspecteurs de l’ARS le 4 février.

Deux signalements de maltraitance avaient été formulés par deux mamans d’enfants autistes de cette structure.

Entrée de l'Idac de Camiers, juste au nord de la Canche, qui borde la station balnéaire bien connue du Touquet

 

L’Institut départemental Albert Calmette est un établissement public composé d’un secteur sanitaire (psychiatrie et pédopsychiatrie) et d’un secteur médico-social avec une Maison d’Accueil Spécialisée, un Institut Médico Educatif dont une section pour enfants autistes et un Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes.

Selon les témoignages recueillis, tout commence en février 2015 avec l’envoi de lettres aux parents d’enfants polyhandicapés annonçant la transformation de l’IME en internat pour autistes. Pour les parents des autres enfants jusque-là pris en charge, il va falloir trouver une autre structure. Grosse frayeur relayée dans la presse, sans conséquence finalement.

Octobre 2015, une cadre de santé socio-éducative quitte l’institut, cinq cadres différents la remplaceront jusqu’à aujourd’hui. Ce serait alors le début d’un turn-over conséquent parmi les agents des différents services, déclare Cathy Van Den Eede, maman du jeune Rémi, autiste dans le groupe des 8 « grands » accueillis à l’IME.

Présidente du conseil de la vie sociale, instance consultative, qui fait la passerelle entre l’établissement et les parents d’enfants dans cette structure, Cathy ne comprend pas aujourd’hui comment l’institut a pu tourner, il y a quelques années, avec un psychologue absent 14 mois de la structure, un pédopsychiatre présent une journée par semaine pour 30 jeunes (ils sont également 8 autistes, dans le groupe des « petits » et d’autres enfants souffrant de handicaps). Et surtout, en fonctionnant dans le groupe des grands avec trois agents sur cinq non-spécifiquement formés pour encadrer des enfants autistes.

C’est un article des Echos du Touquet, du 9 février 2022, intitulé « Signalements pour maltraitance sur des enfants autistes » qui annonce que Cathy et une autre mère ont écrit à l’Agence Régionale de Santé pour signaler un changement de comportement de leurs enfants.

Insultes, agressions physiques envers ses parents, Rémi fait désormais des clés de bras, des croche-pieds. L’autre enfant ne supporte pas que l’on mette la main sur son ventre. « Rémi avait pourtant été très calme durant tout le confinement« , assure sa mère.

« Angoisses et crises réapparues »

Des témoignages comme celui-ci, le journal assure en avoir reçu de très nombreux depuis la parution du premier article, un autre suivra le 16 février qui rend compte des angoisses et crises des enfants réapparues alors qu’elles avaient cessé depuis plusieurs années, de traces d’hématomes, de la peur des hommes ou de retourner à l’IME.

« Je pense qu’il y a de gros dysfonctionnements et de la maltraitance« , explique Cathy Van Den Eede. « La difficulté, c’est que je ne les ai pas vus et que peu de personnes parlent ou alors sous couvert d’anonymat, par peur de représailles. Mais vous savez, reprend Cathy, ne pas dénoncer des maltraitances, c’est devenir complice« .

Alors Cathy a signalé les constats qu’elle avait effectués sur l’état de santé général de son fils. « Cela ne m’empêche pas de respecter la présomption d’innocence. Je l’ai d’ailleurs expliqué dans le courrier que j’ai fait à l’ARS« 

En 2016, deux plaintes de familles d’enfants autistes avaient été classées sans suite. Mais aujourd’hui, suite au signalement de Cathy, deux inspecteurs de l’ARS sont venus de façon inopinée, le 4 février. Leurs conclusions sont attendues d’ici quelques semaines.

Selon Cathy, depuis les deux premiers signalements, au moins quatre autres ont été déposés à l’ARS.

Par ailleurs, selon nos informations, trois plaintes pour harcèlement ont été déposées (en 2017 et 2018) par des salariés administratifs et soignant contre la direction.

Sollicité, le directeur Bruno Delattre, en poste depuis septembre 2014, a prévenu qu’il s’exprimerait dès réception du rapport de l’ARS, réception qui doit se faire dans les deux mois. « Je ne connais pour le moment pas l’identité des plaignants et la nature des maltraitances reprochées », nous a-t-il précisé par téléphone.

Source FR3.

Affaire Orpea : « Le travail est fait à la chaîne… » Nos lecteurs décrivent la maltraitance vécue par leurs proches en Ehpad…

Pour de nombreuses personnes dont un parent réside en maison de retraite, les révélations récentes ne sont malheureusement pas une découverte.

Affaire Orpea : « Le travail est fait à la chaîne… » Nos lecteurs décrivent la maltraitance vécue par leurs proches en Ehpad

 

  • Le livre Les Fossoyeurs, de Victor Castanet (éditions Fayard), a jeté une lumière crue sur les maltraitances subies par les personnes âgées dans les établissements du groupe Orpea.
  • La situation ne se limite toutefois pas aux Ehpad de ce groupe privé, comme le démontrent les réponses des lectrices et lecteurs de 20 Minutes à notre appel à témoignage.
  • Manque de personnel entraînant de la maltraitance, problèmes de communication, récrimination à l’égard des repas… Les griefs sont nombreux.

« C’est toujours la même chose : on a l’impression que le travail est fait à la chaîne, sans place pour l’humain, avec un manque évident de personnel. » Depuis les révélations sur les Ehpad du groupe Orpea, les proches de personnes vivant dans une maison de retraite sont partagées entre l’impression d’être enfin entendues sur les conditions de vie dans les établissements, l’inquiétude de voir leur parent subir de la maltraitance, et la conscience que le manque de personnel dans les établissements conduit à de mauvais traitements. C’est en tout cas ce qui ressort des témoignages des lectrices et lecteurs de 20 Minutes qui ont accepté de partager leur expérience.

« Quand on confie un proche à ce type d’établissement on s’attend à plus d’attentions et de soins », poursuit Dominique, dont la mère de 93 ans réside en Ehpad « depuis juin dernier ». Perte fréquente d’équipements médicaux, toilette insuffisante, « changement de traitement médicamenteux » après une crise… La sexagénaire liste les mauvais traitements et regrette « le travail fait à son domicile par un cabinet infirmier et des aides à la personne ».

« Un mouroir »

Dans le Gers, la mère de Frédérique résidait dans un établissement public. « Levée à 11h, couchée à 15h. Une seule personne pour 40 résidents […]. Je suppose que ma mère est morte de faim. Ce n’était plus qu’un sac d’os », témoigne aujourd’hui sa fille. Un manque de personnel pointé également par Thomas, dont le père a, avant son décès, résidé en Ehpad pendant une année en Charente-Maritime. Un établissement « malheureusement en sous-effectif chronique, obligeant les soignants à [faire] la course et donc à ne pas avoir le temps de s’occuper correctement et dignement des pensionnaires ». « C’est une honte ! J’assimile ça à un mouroir où la considération humaine est bafouée », dénonce-t-il.

Ce terme de « mouroir », nombreux sont les proches à l’utiliser. C’est également le terme qui vient à l’esprit d’Estelle, 42 ans, pour décrire l’établissement où réside son père septuagénaire : « On les traite mal, on ne leur donne pas à boire, [ils] ne sont pas toujours propres… » Et d’ajouter : « Ca fait tellement de mal de voir les siens comme ça et de se sentir impuissante car on ne peut pas les reprendre à la maison. »

« Maltraitance médicamenteuse »

Plusieurs de nos lectrices et lecteurs estiment que le manque de personnel conduit à une « maltraitance médicamenteuse », comme le formule Fabienne, avant de décrire l’entrée de son père, atteint de la maladie d’Alzheimer, dans une « structure communale rurale » : « Affolée par la détermination et la tonicité du nouveau résident, refusant que la famille vienne calmer le jeu, l’équipe a administré de bonnes doses de calmants. » Après une importante perte d’autonomie, Fabienne parvient à le faire admettre dans établissement spécialisé francilien. Mais la situation ne s’améliore pas : « Pierre fait maintenant 53 kg pour 1m75, est en fauteuil roulant et n’a plus envie de vivre. Grabatisation en accéléré d’un homme joyeux et sportif. »

Au manque de personnel s’ajoutent parfois d’autres difficultés, comme le décrit Christine : « Le souci principal, ce sont les repas. C’est une honte ! […] Parfois, maman ne peut rien avaler tellement c’est mauvais, et se venge sur des petits pains au lait qu’elle a en chambre. Il faudrait qu’un contrôle soit fait à l’improviste. » Même son de cloche pour Sophie, 64 ans, dont la mère vit dans une unité pour personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer : « La nourriture est de mauvaise qualité et insuffisante. Il y a deux semaines, 20 résidents se sont retrouvés à l’hôpital après une intoxication alimentaire ! »

« Je suis heureuse que ce soit médiatisé »

« Lorsque je viens voir mes grands-parents, je vois des personnes âgées abandonnées dans des couloirs dans leur fauteuil », déplore Sophie, 32 ans, qui pointe pour sa part la communication défaillante avec la direction de l’établissement, un Ehpad du groupe Orpea situé en région parisienne. « Mes grands-parents ont été diagnostiqués positifs au Covid-19 et que ma grand-mère a été hospitalisée et mise sous oxygène. Le directeur ne m’a même pas contactée, je l’ai appris via un cousin éloigné qui a appelé et a dû insister. »

La mère de Marie-Josée a récemment été victime d’une fracture et soignée par « des points à la tête ». « On l’a laissée seule aux toilettes le temps de s’occuper d’une autre personne, et maman est tombée plusieurs fois. » Pour la retraitée, la publication du livre Les Fossoyeurs, à l’origine des révélations dans les Ehpad Orpea, a le mérite de rendre la question de la maltraitance audible. « Oui, je dénonce la maltraitance et je suis heureuse que ce soit médiatisé enfin ! »

Source 20 MINUTES.

Covid: la forte mortalité dans les Ehpad aggravée par le manque de personnel, selon la Cour des comptes…

34.000 personnes sont décédées du fait de la pandémie entre mars 2020 et mars 2021.

Une mortalité importante qui révélait, avant même le scandale Orpea, des difficultés structurelles du secteur.

L'âge moyen des résidents en Ehpad était de 86 ans et six mois en 2015.

Sur les 600.000 personnes résidant dans l’un des 7500 établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), près de 34.000 sont décédées du fait de la pandémie entre mars 2020 et mars 2021. Un lourd bilan humain qui ne s’explique pas uniquement par la fragilité des résidents, estime la Cour des comptes dans son rapport annuel 2022 publié mercredi, mais résulte également de difficultés structurelles. On peut en lister au moins trois.

D’une part, alors que les personnes accueillies sont de plus en plus âgées – la proportion des plus de 90 ans est passée de 29% à 35% entre 2015 et 2019 -, les médecins représentent moins de 1% des 377.000 équivalents temps plein que comptent les Ehpad. Si tous les établissements doivent normalement disposer d’un médecin coordonnateur, 32% n’en déclaraient aucun en 2015, et un quart fonctionnait avec des temps de présence inférieurs aux seuils.

D’autre part, les établissements font face à de fortes tensions sur le personnel, qui ont pénalisé la qualité de la prise en charge. Le taux d’absentéisme se situait en 2019 autour de 20%, selon la Cour, et l’instabilité des équipes rend difficile la formation et la montée en compétences du personnel.

Ainsi, la rotation annuelle des infirmiers était montée jusqu’à 83 % en 2017 dans l’Ehpad de La Filature à Mulhouse. À l’Ehpad Maison bleue de Villeneuve-lez-Avignon, en 2019, près de 159 personnes distinctes travaillant le jour se sont succédé, pour un effectif théorique de 40 personnes – avec un taux de rotation de 50 % pour les infirmiers et de 38 % pour les aides-soignants. Compte tenu des difficultés à recruter des aides-soignants, nombre d’entre eux sont remplacés par des personnels «faisant fonction» d’aides-soignants, bien qu’ils ne disposent pas des diplômes nécessaires.

Enfin, les bâtiments sont parfois inadaptés. Ainsi, 15% des Ehpad sont installés dans des bâtiments de plus de trente ans et leur configuration architecturale n’a pas toujours permis la mise en place de zones Covid-19 séparées, ni l’isolement des résidents atteints par la maladie. Seuls 45 % des Ehpad sont à même de ne proposer que des chambres individuelles, affirme la Cour. Enfin, à l’exception de ceux faisant partie d’établissements de santé, ils ne sont pas équipés de systèmes de distribution de gaz médicaux, notamment d’oxygène.

Face à la crise, les pouvoirs publics ont consenti «un effort financier pérenne considérable» souligne la Cour: compensation des pertes de recettes, couverture des dépenses liées à la pandémie, prise en charge par l’Assurance maladie (soit 1,7 milliard d’euros en 2020) de la «prime Covid» allouée aux personnels, revalorisations salariales du «Ségur de la Santé» allant de 10% à 15% (soit un coût de plus de 2,2 milliards d’euros en 2022). À cela s’ajoutent des investissements importants pour la rénovation de l’immobilier (1,5 milliard sur 4 ans) et le numérique (600 millions d’euros).

Au-delà de cet effort financier pour renforcer l’attractivité des métiers, il convient encore d’améliorer les conditions de travail des personnels: formation, évolution des carrières, prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles etc. D’autre part, il faut éviter les Ehpad isolés et pour cela favoriser leur insertion dans un réseau : adossement à un hôpital ou à un groupe, afin de permettre une mutualisation des ressources.

Source LE FIGARO.

Saint-Valentin : le coup de foudre de Monique et Alfred, fiancés à l’EHPAD de Saint-Amand-les-eaux…

Ce 14 février, c’est la Saint-Valentin, jour des amoureux. A Saint-Amand-les-eaux, un jeune couple d’amoureux vit à la résidence du Bruille.

Monique, 67 ans et Alfred, 75 ans, se sont rencontrés dans les couloirs de l’EHPAD il y a trois ans.

Ils sont fiancés depuis le mois de juin.

Monique, 67 ans et Alfred, 75 ans, se sont rencontrés à la résidence du Bruille à Saint-Amand-les-eaux. A l'occasion de la Saint-Valentin, ils célèbrent leurs 8 mois de fiançailles.

 

En ce jour de Saint-Valentin, France Bleu Nord a décidé de déclarer sa flamme à un jeune couple d’amoureux : Monique, 67 ans et Alfred, 75 ans, se sont rencontrés dans un EHPAD, à la résidence du Bruille à Saint-Amand-les-eaux, entre Lille et Valenciennes. Le couple a été immortalisé, juste après le deuxième confinement, alors que l’épidémie de Covid-19 était encore très sévère, par une photo de la Voix du Nord qui les montrait s’embrassant langoureusement dans les couloirs de la maison de retraite.

Depuis ils se sont fiancés et filent le parfait amour. Les fiançailles ont eu lieu le 12 juin 2021, le jour de l’anniversaire d’Alfred. Le matin où nous les rencontrons, ils célèbrent leurs huit mois de fiançailles. Monique reçoit un bouquet de roses rouges de la part de l’équipe de l’EHPAD et montre fièrement sa bague montée d’une émeraude, Alfred, lui, porte une chevalière offerte par son amoureuse.

A la résidence de Bruille, on célèbre volontiers l'amour entre Alfred et Monique

Alfred, grand timide, célibataire, est arrivé à la maison de retraite après Monique, veuve, et c’est elle qui a fait le premier pas, il y a trois ans. « Il était dans le hall » raconte Monique, « je lui ai dit de venir s’asseoir à côté de moi. On se faisait la bise. Le lendemain, je lui ai dit de m’embrasser sur les lèvres, directement« .

« Les personnes âgées ont droit à une vie amoureuse, à une sexualité »

Chacun a sa chambre mais, sourit Monique, « il passe les trois quart des nuits chez moi« . Toute l’équipe est ravie de cette relation. Tony Dumonceau, médecin coordonnateur de l’EHPAD, estime que « les amourettes ne s’arrêtent pas à la porte de l’EHPAD. Les personnes âgées ont droit à une vie amoureuse, à une sexualité, comme tout être humain. Pour nous, le fait que ce couple se crée, ça met du baume au cœur. Ca fait du bien de penser à autre chose qu’au Covid« .

Pour l’instant il n’est pas question de mariage, Monique et Alfred se voient bien rester éternellement fiancés. « C’est un coup de foudre, il me rend heureuse« , lance Monique, « ça me rajeunit« .

Source FRANCE BLEU.

Indre : un an de prison avec sursis requis contre un ancien soignant soupçonné de maltraitances en Ehpad…

Un ancien aide-soignant de l’Ehpad de Sainte-Sévère dans l’Indre comparaissait ce lundi au tribunal de Châteauroux, pour des violences contre les résidents de cet établissement.

A la barre il nie les faits. La procureur a requis un an de prison avec sursis, avec obligation de soins psychologiques.

Salle d'audience palais de justice de châteauroux (Tribunal de grande instance)

 

Des propos dégradants, ou encore des gestes brusques pendant les toilettes. Voilà une partie des faits reprochés à un ancien aide-soignant de l’Ehpad le Castel, à Sainte-Sévère. Il comparaissait ce lundi 14 février au tribunal de Châteauroux pour violences sur personnes vulnérables. Au total, 14 résidents ou leurs familles. La procureur a réclamé 12 mois de prison avec un sursis probatoire de 2 ans, avec obligation de soins psychologiques, et interdiction d’exercer un métier en lien avec des personnes âgées. Le prévenu, lui, nie les faits. Son avocate demande la relaxe. Le tribunal de Châteauroux rendra sa décision le 7 mars.

Des violences physiques..

Les faits reprochés se seraient étalés sur trois ans, entre 2017 et 2020, pendant les gardes de nuit auquel le mis en cause était affecté. Il s’agit en grandes partie de gestes brusques, observés par des collègues : des résidents retournés parfois de manière brutale dans leur lit par l’ancien aide-soignant, qui amène leur tête à cogner la barre du lit. Le prévenu nie en bloc : « Il n’y avait pas de barre sur les lits la nuit, les personnes n’ont donc pas pu s’y cogner » explique-t-il. Les anciens collègues du prévenu évoquent également des toilettes assez peu délicates, des frottements brusques et appuyés.

Des jambes écartées avec force pour exercer la toilette, malgré les protestations ou la résistance de certaines pensionnaires. « Ce sont des personnes qui souffrent de troubles cognitifs, et qui sont donc parfois réticentes » précise l’ancien aide-soignant, qui précise n’avoir jamais eu la sensation de forcer ces toilettes. On reproche aussi à cet ancien salarié d’avoir aspergé d’eau de Cologne les parties intimes de certains résidents; là aussi, il conteste catégoriquement : « sur les fesses ou les jambes oui, mais jamais sur les parties intimes. »

.. et verbales

On reproche aussi à cet ancien aide-soignant des remarques dégradantes à l’encontre de certains pensionnaires de l’Ehpad. Une ancienne collègue évoque ainsi un change souillé qui aurait été brandi sous le nez d’une résidente, accompagné d’une remarque crue. Ou encore cette résidente, qu’il aurait menacée de laisser « dans sa pisse ». Là encore, le prévenu conteste fermement : « On m’appelait Mr Propre, je l’ai appris pendant ma garde à vue (…) je ne vois pas pourquoi j’aurai fait ça« .

Le prévenu dénonce « une cabale »

L’ancien aide-soignant mis en cause dénonce une « cabale » lancée par ses anciens collègues contre lui. Il évoque un possible conflit, après l’annonce de son mariage. L’une de ses collègues aurait été vexée de ne pas en avoir été prévenue. Un argument qui convainc peu les avocats des parties civiles. « Cela fait 25 ans que je travaille dans cet établissement, je n’ai jamais été maltraitant » affirme le prévenu.

En effet, avant 2017, ses collègues ne témoignent d’aucun agissement déplacé. Dans ses réquisitions, la procureur évoque « une cassure » à un moment donné, un « glissement vers la maltraitance » que personne ne peut expliquer, mais qui auraient démarré lorsque le prévenu a été assigné aux gardes de nuit.

Les conditions de travail qui s’invitent dans les débats

L’avocate de l’ex aide-soignant, maître Florence Chaumette, a souligné à plusieurs reprise les conditions de travail de son client. À savoir : 87 résidents, laissé aux soins de deux salariés pendant le service de nuit. Avec une cinquantaine de change à effectuer à la ronde de 4 heures du matin. « J’ai fait le calcul : ca fait trois minutes par change » détaille l’avocate, qui souligne un manque de nuance dans les plaidoiries des parties adverses, et un manque de précision dans les dates des témoignages à charge contre son client. Maître Chaumette interroge aussi la notion de maltraitance; un qualificatif qui lui pourrait disproportionné dans le cas présent.

« Que les familles de résidents se rassurent : il n’y a pas eu de maltraitances au Castel » déclare-t-elle dans son plaidoyer. Un avis que ne partage évidement pas maître Sébastien Robin, qui défend l’Ehpad et plusieurs familles de résidents. Selon lui, ce sont les collègues de l’aide-soignant, donc des professionnels, qui ont estimé qu’il s’agit de maltraitances, il n’y a donc aucun doute. Il rejette aussi l’idée d’une violence « institutionnalisée » par le fonctionnement de l’Ehpad; selon lui, les faits reprochés relèvent uniquement de la responsabilité du prévenu, et non de l’établissement.

Le mot de la fin à l’audience revient à ce prévenu, les yeux rougis par les larmes, qui déclare : « À 55 ans, après avoir donné tout ce que j’avais dans un établissement, le ciel m’est tombé sur la tête (…) Je ne suis pas quelqu’un de méchant« .

Source 20 FRANCE BLEU.

Quand l’orchestre national de Montpellier joue dans les Ehpad, « les yeux des résidents s’allument »…

Régulièrement, des duos ou des trios s’invitent dans des maisons de retraite de la ville.

Quand l’orchestre national de Montpellier joue dans les Ehpad, « les yeux des résidents s’allument »...

 

  • A l’heure de la sieste, le silence a fait place à des airs d’opéra dans l’Ehpad Françoise-Gauffier. Deux musiciennes de l’Orchestre national de Montpellier ont offert un concert aux résidents et résidentes.
  • « La musique est un média très particulier, qui stimule la mémoire chez les résidents, confie le directeur de l’Ehpad Françoise-Gauffier. Et pas seulement la mémoire cognitive, mais la mémoire émotionnelle aussi. Ça leur fait un bien fou. »
  • « La musique adoucit les mœurs, se réjouit Paulette, une pensionnaire de la maison de retraite, âgée de 97 ans. Ça soulage, on pense à autre chose. »

A l’heure de la sieste, l’air de Carmen rompt le silence, à l’Ehpad Françoise-Gauffier, à Montpellier (Hérault). Dans le hall de la maison de la retraite, des pensionnaires ont reconnu L’amour est un oiseau rebelle dès les premières notes, et battent la mesure sur leurs fauteuils. Certains fredonnent même quelques mots du célèbre opéra.

« Alors, vous avez reconnu ? », lance Héloïse Dautry, à la harpe. « Carmen ! », lâche en chœur le public. Cette musicienne de l’Orchestre national de Montpellier a joué, avec Isabelle Mennessier, à la flûte traversière, devant les mamies et les papis de l’Ehpad du quartier Ovalie. Toutes les deux se réjouissent d’« apporter de la vie » dans cette résidence, à ces personnes âgées endimanchées pour l’occasion. « Au fur et mesure, on voit leurs yeux qui s’allument, des petits mouvements… Ça fait chaud au cœur ! », sourit la flûtiste. Régulièrement, des duos ou des trios de la prestigieuse formation font une petite infidélité à l’Opéra, pour jouer quelques airs aux pensionnaires.

« Ça soulage, on pense à autre chose »

« C’était magnifique ! », confie Christian, 76 ans, qui était aux premières loges, dans son fauteuil roulant. « J’ai vu Johnny et Michel Polnareff à Paris, mais de la musique classique, c’est la première fois. Ça fait chaud au cœur. » Paulette est aux anges, elle aussi. Ce concert a ravivé en elle des souvenirs, lorsqu’elle allait voir, avec son mari, des opérettes. « La musique adoucit les mœurs, se réjouit cette dame de 97 ans. Ça soulage, on pense à autre chose. » A ses côtés, sa fille, Christine, venue lui rendre visite, voit ces moments suspendus comme un « vrai plus ». « Ça permet d’apaiser les personnes âgées, confie-t-elle. La plupart n’ont pas l’habitude, d’écouter du classique. »

Pour le directeur de cette maison de retraite gérée par la commune, l’apport de ces quelques notes est immense, pour les pensionnaires. « Ça réveille beaucoup de choses, chez les résidents, explique Jean-Marie Sillou. La musique est un média très particulier, qui stimule la mémoire chez eux. Et pas seulement la mémoire cognitive, mais la mémoire émotionnelle aussi. Ça leur fait un bien fou. Après avoir traversé une aussi période aussi difficile [la crise du Covid-19], ils le méritent, ce bonheur. »

La flûtiste Isabelle Mennessier, dans un Ehpad de Montpellier

« Une personne âgée s’est levée, et a commencé à danser »

Et parfois, même, la musique a donné lieu à des scènes étonnantes, presque cinématographiques, dans les Ehpad. Michel Calvo (PS), adjoint au maire et vice-président du Centre communal d’action sociale (CCAS), se souvient d’une valse, durant laquelle « une personne âgée s’est levée, et a commencé à danser, et la violoniste s’est mise à danser elle aussi. C’est génial, il n’y a pas d’autre mot. »

Ou cette pensionnaire, émue aux larmes, devant un air d’opéra. « C’était la première fois qu’elle entendait une chanteuse d’opéra, elle pleurait, tellement c’était beau, se souvient Françoise Bretton, directrice générale adjointe des politiques publiques du CCAS. Elle s’est dit que jamais, elle n’aurait pensé que l’opéra, c’était pour elle. Toute personne, quel que soit son âge, doit avoir accès à la culture. » Et bientôt, quand le Covid-19 aura disparu, le CCAS n’exclut pas d’inviter à nouveau des habitants des quartiers, à partager ces moments étonnants avec les pensionnaires des maisons de retraite.

Source 20 MINUTES.

Affaire Orpea : Les directeurs d’Ehpad dénoncent « l’incurie » de l’Etat…

L’association des directeurs d’Ehpad et de services a publié ce jeudi une série de propositions pour réformer la prise en charge des personnes âgées.

Affaire Orpea : Les directeurs d'Ehpad dénoncent « l'incurie » de l'Etat

 

Les pratiques du groupe Orpea dénoncées dans le livre-enquête Les Fossoyeurs n’ont pu se développer qu’en raison de « l’incurie » de l’Etat, estime l’association des directeurs d’ Ehpad et de services à domicile. Celle-ci a publié ce jeudi une série de propositions pour refondre le système de prise en charge des personnes âgées.

« Si elles sont avérées », les « déviations » du groupe Orpea « n’ont pu se développer que dans un terreau fertile, qui est celui de l’incurie sur ces sujets de l’Etat », a dénoncé lors d’une conférence de presse Pascal Champvert, président de l’AD-PA. Dans Les Fossoyeurs, le journaliste Victor Castanet décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale et la nourriture sont rationnés en vue d’améliorer la rentabilité des établissements Orpea, aux tarifs parfois très élevés. Des accusations que le groupe réfute en bloc.

L’Etat est « responsable » d’une telle situation de maltraitance des personnes âgées « pour ne pas avoir mis en place de ratio minimum de personnels », a précisé M. Champvert. Une telle affaire ne serait pas possible dans le secteur de la petite enfance, selon lui, car de tels ratios sont imposés dans les crèches.

Une réforme pour prendre en charge le grand âge

« Nous avons été complices de ce système », a admis le président de l’association des directeurs, qui souhaite une profonde transformation. « Il faut sortir du système avec une réglementation spécifique pour les personnes âgées vulnérables » pour aller vers un système « avec les mêmes règles que dans un habitat collectif classique », a décrit le directeur de l’AD-PA Romain Gizolme.

Permettre aux personnes âgées de recevoir des visites à l’heure qui leur convient, d’avoir un animal de compagnie ou de meubler leur logement à leur goût : l’AD-PA a formulé 44 propositions qu’elle compte soumettre aux candidats à l’élection présidentielle.

Par ailleurs, une douzaine d’organisations professionnelles, dont l’AD-PA, le Synerpa et l’Adedom, ont demandé jeudi dans une tribune que les candidats à l’élection présidentielle s’engagent à mettre en oeuvre une réforme pour prendre en charge le grand âge, dès le début de la prochaine mandature.

Source 20 MINUTES.

Orpea: l’ancien directeur général visé par une enquête préliminaire pour «délit d’initié»…

Yves Le Masne avait revendu pour près de 600.000 euros d’actions en juillet, trois semaines après que la direction d’Orpea a appris la parution prochaine du livre Les Fossoyeurs.

Le groupe Orpea est dans la tourmente depuis la parution du livre-enquête Les Fossoyeurs de Victor Castanet.

 

L’affaire Orpea rebondit sur le terrain judiciaire. Une enquête préliminaire pour délit d’initié vise désormais Yves Le Masne, l’ex-directeur général d’Orpea, débarqué le 30 janvier par le conseil d’administration. Le parquet national financier souhaite étudier les circonstances dans lesquelles le dirigeant a revendu des actions Orpea, le 29 juillet dernier, pour 588.000 euros. L’opération, révélée le 2 février par Le Canard enchaîné , a eu lieu trois semaines après que la direction d’Orpea a été officiellement informée de la publication de l’enquête de Victor Castanet. Son livre,

Les Fossoyeurs , accuse l’entreprise de maltraitance, pointe des pratiques financières douteuses et désigne Yves Le Masne comme l’un des trois instigateurs d’un « système Orpea ». Le 21 juin, Orpea a reçu une liste de 56 questions du journaliste ; le 6 juillet, l’entreprise a refusé d’y répondre.

Pour sa défense, Yves Le Masne – que son entourage dit très affecté par l’affaire et sa mise en cause – avait assuré début février dans un communiqué transmis par son avocat que la vente d’« environ un tiers de (ses) actions » n’avait « rien à voir avec le livre de M. Castanet, qui ne créait pas pour (eux) d’inquiétude particulière ». Il avait précisé qu’il n’avait « aucune raison » de céder davantage d’actions, « ayant pleinement confiance en l’avenir de la société ». « Le milieu de l’été est la période à laquelle je vends habituellement des actions, comme le montrent mes déclarations publiées antérieurement », avait ajouté l’ancien dirigeant, et « j’ai toujours effectué mes ventes d’actions dans les périodes autorisées et fait toutes les déclarations réglementaires aux autorités compétentes ».

Preuve du peu d’importance qu’il accordait à ce livre, Yves Le Masne – qui était au courant depuis de longs mois de la préparation de l’enquête – n’aurait, selon nos informations, pas jugé nécessaire d’avertir son conseil d’administration.

Source LE FIGARO.