Nancy. Une femme condamnée à 16 ans de réclusion pour avoir tué son fils autiste…

Une femme de 42 ans était jugée par la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle pour le meurtre de son fils autiste de 14 ans.

Elle souffrait d’une altération du discernement, selon les experts psychiatres.

Nancy. Une femme condamnée à 16 ans de réclusion pour avoir tué son fils autiste

Une femme de 42 ans a été condamnée jeudi 5 mars à 16 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle pour avoir mortellement poignardé son fils autiste de 14 ans en 2016 à Landres.

Les jurés sont allés au-delà des réquisitions de l’avocat général, Maxime Tebaa, qui avait réclamé douze ans à son encontre.

En revanche, la cour a retenu l’altération du discernement, comme l’avait demandé Maxime Tebaa.

Les faits (sont) très graves et l’accusée (a) une large part de responsabilité dans la création du contexte délétère dans lequel les faits ont été commis, mais son état psychologique (a) contribué à la commission des faits, a indiqué l’avocat général.

Tué à coups de couteau

L’accusée avait donné à son fils de 14 ans des médicaments, qu’il avait vomis, puis l’avait poignardé à six reprises dans le torse le 20 septembre 2016 en fin de journée.

Elle avait ensuite tenté de se suicider en se blessant avec un couteau, puis en avalant des détergents.

Elle avait passé la nuit à côté des cadavres de son fils et du chien, tué à coups de couteau, qu’elle lui avait offert un an auparavant. La mère de famille avait donné l’alerte le lendemain matin.

Son avocat, Me Gérard Kremser, avait plaidé l’acquittement, estimant que le discernement de sa cliente était aboli au moment des faits.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, [ma cliente] est très satisfaite de cette décision, elle voulait être condamnée, a-t-il réagi, précisant que sa cliente ne comptait pas faire appel.

Le discernement de la prévenue en question

Lors de l’instruction, un premier expert psychiatre avait conclu à l’abolition du discernement de la quadragénaire, qui souffrait d’une dépression sévère au moment des faits.

Mais une contre-expertise réalisée par deux psychiatres avait conclu à une simple altération du discernement. Les médecins avaient alors souligné qu’elle n’avait délibérément pas pris son traitement et qu’elle avait utilisé les médicaments pour tuer son fils.

La prévenue, divorcée et sans emploi, vivait seule dans l’appartement familial avec son fils autiste, pris en charge par un établissement en Belgique, depuis que sa fille aînée était partie vivre chez son père l’été précédent.

Son entourage avait souligné à la barre à quel point elle était isolée, ayant rompu tout contact depuis plusieurs années avec sa famille au moment des faits.

Source OUEST FRANCE.

Emmanuel Macron n’a pas totalement convaincu le monde du handicap…

Ecole, diagnostic, allocation, retraite…

Le président de la République a fait des annonces mardi 11 février, à mi-mandat, lors d’une conférence nationale sur le handicap, qui touche 12 millions de Français.

Certaines mesures sont appréciées, mais toutes les associations ne sont pas convaincues que le quotidien des handicapés va en être amélioré.

En France, douze millions de personnes sont en situation de handicap.

« Le chemin n’est pas terminé », a admis ce mardi 11 février 2020 Emmanuel Macron concernant l’amélioration de la vie des 12 millions de personnes handicapées en France. Devant 500 personnes (associations, chefs d’entreprises, élus…) invitées à l’Élysée pour cette conférence nationale sur le handicap, il a salué les actions engagées par son gouvernement et annoncé une série de mesures applicables d’ici la fin de son mandat.

Aucun élève sans solution

C’était déjà la promesse du gouvernement à la rentrée 2019, or 8 000 enfants n’avaient pas d’accompagnant pour leur scolarité (AESH) à la rentrée dernière (contre 15 000 en 2018). Il n’empêche. Emmanuel Macron a redit ce mardi qu’« aucun enfant ne sera sans solution de scolarisation en septembre prochain. Le 8 000 doit passer à zéro. On ne doit rien lâcher. » Il a ainsi annoncé l’embauche de 11 500 AESH supplémentaires d’ici à 2022 et « un contrat digne » pour ces professionnels trop souvent à temps partiel et payés au Smic. « Nous devons travailler à leur stabilisation pour leur donner au moins 35 heures par semaine. » Jusque-là inexistant, un module sur le handicap sera aussi intégré dans la formation initiale des professeurs de l’Éducation nationale dès septembre.

Elargir le diagnostic de l’autisme et des troubles du comportement

Existant pour les enfants de moins de 6 ans, le forfait précoce du diagnostic de l’autisme et de sa prise en charge (ergothérapeute, psychologue…), sans reste à charge pour les familles, sera étendu aux enfants jusqu’à 12 ans et aux troubles dys (dyslexie, dyspraxie…) à compter de 2021. Une maison de l’autisme, lieu de ressources pour les familles et les professionnels, sera aussi créée.

Un numéro unique

Pour éviter la « montagne administrative » et « l’errance de guichet en guichet », un numéro de téléphone (le 360) dédié à l’appui des adultes et enfants handicapés sera mis en place en 2021. Il sera relayé par 400 équipes locales qui seront créées d’ici à 2022. Emmanuel Macron, conscient qu’il y a « trop de différences » selon les départements, souhaite aussi associer les Maisons France service, afin de définir un lieu unique d’accès. Concernant, le temps de traitement des dossiers, très variables selon les territoires (de 2 à 8 mois pour une réponse de l’AAH), le Président a affirmé qu’au 1er janvier 2021, « aucune demande ne doit être traitée en plus de trois mois ».

Pour Jean-Luc Duval, du collectif Citoyen handicap (celui qui monte dans les grues pour réclamer des accompagnants scolaires), ces mesures ne changeront rien au quotidien des personnes handicapées. Il ne croit pas au numéro unique : Nous avons l’habitude de ceux qui ne répondent plus : Aide handicap école, ceux des maisons du handicap…

1 000 places supplémentaires

Afin d’éviter les exils vers la Belgique, 1 000 places supplémentaires seront créées dans les établissements spécialisés dans trois régions prioritaires (Île-de-France, Hauts-de-France, Grand-Est), en plus des 2 500 places déjà programmées pour 2021-2022 sur tout le territoire. Son objectif ? Il ne souhaite « d’ici fin 2021, plus aucun départ contraint vers l’étranger » et veut permettre des retours vers la France.

Pas touche à l’allocation adulte handicapée

Le président a affirmé clairement que l’allocation adulte handicapée (AAH), actuellement versée à 1,2 million de personnes, ne serait pas « diluée » dans le futur revenu universel d’activité (RUA). Le RUA doit fusionner plusieurs allocations : RSA, prime d’activité, allocations logement. Une réponse à l’inquiétude d’associations qui avaient claqué la porte des négociations sur le RUA, la semaine dernière, pour marquer leur refus de voir l’AAH intégrée dans ce dispositif. Cette clarification sur l’AAH a été saluée par Alain Rochon, de l’APF France handicap, qui pointe toutefois l’absence de chiffre sur les financements.

Pari sur l’apprentissage

D’ici à 2021, 10 000 places en apprentissage seront réservées aux personnes handicapées. L’idée est d’atteindre le cap de 6 % de recrutement de personnes handicapées. Aujourd’hui, il n’est qu’à 3,5 %.

Retraite anticipée garantie

Dans le cadre du système universel, la retraite anticipée à partir de 55 ans sera simplifiée pour les travailleurs handicapés, qui pourront bénéficier d’une bonification de points. Emmanuel Macron s’est aussi dit favorable à une retraite progressive dès 55 ans pour les travailleurs handicapés et à une majoration spécifique pour la retraite des parents d’enfants handicapés. Enfin, les congés de proches aidants ouvriront des droits.

Réactions : des satisfactions et des déceptions

Regroupant 48 associations, le collectif Handicaps a salué l’humilité dans le bilan des actions passées et des engagements qui répondent pour certaines d’entre elles aux attentes. Néanmoins, il pointe le manque de débats. On a beaucoup entendu parler les ministres et les associations étaient juste là pour applaudir, regrette Jean-Louis Garcia, président de l’Apajh, premier mouvement regroupant tous les handicaps. Dénonçant des discussions difficiles avec la secrétaire d’État Sophie Cluzel et son mépris, il est satisfait du discours ferme et engagé du Président.

Mais davantage de mesures concrètes étaient sans doute attendues. Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Unafam (Union de familles de handicapés psychiques), est en colère. Elle déplore que lors de la conférence, il n’y ait pas eu un mot sur le handicap psychique, qui touche trois millions de personnes. Il est grand temps de rendre visible le handicap lié aux troubles bipolaires, aux troubles obsessionnels compulsifs, à la schizophrénie…

Source OUEST FRANCE.

En Berry, des parents d’enfants autistes veulent créer un collectif pour se faire entendre…

En France, on estime que 600 000 personnes sont autistes.

Dans l’Indre et le Cher, certains parents veulent se regrouper pour fonder un collectif et faire entendre leur colère.

Pas assez de structures, pas assez de moyens, encore trop de mépris : les difficultés sont nombreuses.

Malgré plusieurs plans, la prise en charge des enfants autistes est encore loin d'être parfaite en France

Châteauroux, France

Un sentiment d’abandon. Voilà ce qui unit ces mères de famille dont les enfants sont autistes. Elles sont plusieurs dans l’Indre et le Cher à vouloir se regrouper pour fonder une association ou un collectif. Elles en appellent à tous les parents d’enfants autistes. Le but : multiplier les actions, rencontrer des députés berrichons pour faire entendre leur colère face aux nombreuses difficultés traversées. C’est un appel à l’aide qui est lancé. « On a 40 ans de retard en France. C’est la galère. Si un enfant est né autiste, il restera autiste. Mais on peut réduire les symptômes avec une bonne prise en charge, avec un dépistage précoce », explique Johanna Pion, maman d’un petit garçon autiste de quatre ans.

Pas assez de structures et pas assez de places

L’autisme était grande cause nationale en 2012 en France. Pourtant, certains comportements sont toujours d’actualité. « Beaucoup de parents se sont isolés, parce que certains médecins se sont permis de leur dire pendant des années que tout était de leur faute. Il faut arrêter de culpabiliser comme ça », dénonce Emilie Chagnon, elle-même maman d’un garçon autiste de six ans. « Il y a des pédiatres et des pédopsychiatres dans la France d’avant », confirme Johanna Pion.

Les problèmes sont partout les mêmes en France. Des structures d’accueil qui ne sont pas assez nombreuses. Un personnel qui fait de son mieux mais qui n’a pas assez de moyens. « Ils font un travail extraordinaire. Eux-mêmes sont tristes de ne pas pouvoir faire plus », explique Emilie Chagnon. La problématique est encore plus forte dans l’Indre et le Cher, deux départements ruraux. « On est dans un désert médical. Pour avoir un rendez-vous avec un orthophoniste, il faut attendre deux ans et demi dans le Cher. Or, on sait que c’est essentiel pour le développement des enfants autistes », prévient Emilie Chagnon.

« C’est le parcours des épuisements. Dans les villes, il n’y a plus trop de médecins et certains n’ont plus envie. »

Des parents qui se sentent abandonnés

Toutes ces mères d’enfants autistes témoignent d’un sentiment d’abandon. Certaines ont été obligées d’arrêter de travailler. « On n’a pas arrêté de travailler par plaisir. Nos amis nous tournent le dos, le corps médical ne nous comprend pas. On n’a plus de vie sociale », explique Johanna Pion. Le regard des autres est parfois dur à encaisser. « Certaines écoles refusent encore les enfants autistes, ce qui est pourtant interdit. Et ça met en difficulté et en péril les enfants parce qu’une personne autiste qui n’est pas en sociabilisation va avoir des difficultés plus tard », regrette Emilie Chagnon.

Et puis il y a la lenteur administrative. « Quand vous avez besoin d’un harnais car votre fils se détache en voiture, il faut faire une demande auprès de la Maison départementale des personnes handicapées. Le temps que la demande soit traitée et acceptée, il peut se passer au moins quatre mois voire huit mois parfois », s’insurge Johanna Pion.

Source FRANCE BLEU.

La natation, source de bienfaits pour les enfants autistes…

Pour les enfants atteints d’autisme, apprendre à nager présente un intérêt majeur.

Ce sport les aide à développer leurs capacités sensori-motrices et leurs compétences de communication et de socialisation.

Adam (7 ans) et son maître-nageur, Jacky Guillot, lors de la séance de natation organisée au centre aquatique de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

Dans le bassin ludique de la piscine de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), un duo retient l’attention. Un jeune garçon enjambe, agile, une série de barrières en mousse sur un tapis flottant. Ces obstacles avalés, il grimpe, tout aussi véloce, sur un mur d’escalade rembourré. Parvenu au sommet… plouf ! Le voici qui se jette à l’eau, visiblement ravi. Le maître-nageur ne le quitte pas des yeux.

S’agit-il d’exercer, avec ces obstacles, les habiletés motrices de l’enfant ? Pas du tout. Pour Adam, 7 ans, ce jeu est une récompense. Car il vient d’accomplir un mini-exploit. Il a obéi à cette consigne : s’allonger dans l’eau tout en tenant un tapis de natation.

Adam est atteint d’une forme d’autisme non verbal. Scolarisé en classe de CP avec l’aide d’une auxiliaire de vie scolaire (AVS) privée, l’enfant ne parle donc pas. Comme la plupart des enfants autistes, il éprouve de grandes difficultés à communiquer avec son entourage. Il manifeste une extrême sensibilité sensorielle à son environnement. Il lui est aussi très difficile de fixer son attention sur une tâche précise. Dès lors, on mesure le défi que constitue l’apprentissage de la natation, pour lui comme pour le maître-nageur, Jacky Guillot.

Une panoplie d’outils

Apprendre à nager à ces enfants, très tôt, est pourtant un enjeu vital. La plupart d’entre eux adorent l’eau. Ce n’est pas sans danger : « La noyade est la première cause de mortalité chez les enfants autistes. Selon une étude américaine, ils ont 160 fois plus de risques de se noyer que les autres enfants », explique l’association Ikigaï. Créée en 2016, cette association de parents s’est donné pour mission d’accompagner l’inclusion des enfants avec autisme (ou un autre trouble neuro-développemental), à l’école et dans les activités de sport ou de loisirs.

A cette fin, elle propose une panoplie d’outils et de services. Parmi eux, une série de dix cours particuliers de natation, supervisés par une accompagnatrice rémunérée par l’association. Au centre aquatique de Neuilly, cet après-midi de janvier, deux enfants en bénéficiaient, pour une séance de trente minutes chacun : Adam et Massyl.

Les premières fois qu’Adam a suivi ces cours, il partait en courant dès qu’on le sollicitait. « Il était dans l’évitement. Maintenant, il a établi un bon contact avec Jacky », se réjouit Stéphanie Gruet-Masson, cofondatrice d’Ikigaï. L’enfant fuit le regard d’autrui, son regard est tourné vers le ciel ou passe à travers vous. Pour autant, on le sent très sensible à son environnement. Mais le jeune garçon est très dispersé, ses capacités d’attention sont réduites. « La séance doit être très structurée pour qu’il comprenne la consigne et se concentre. Nos phrases doivent être simples, utiliser le même vocabulaire », explique Elise Collignon, l’accompagnatrice qui supervise la séance. Elle-même est la maman d’un enfant autiste.

Des progrès sensibles

Surtout, Elise fait appel à des supports visuels. Elle présente à Adam des pictogrammes dessinant la consigne, collés par des Velcro sur une planche de natation. Taper des pieds dans l’eau ; s’allonger sur l’eau dans la position du nageur ; souffler hors de l’eau en lançant un ballon dans un panier ; rechercher avec les pieds des anneaux placés au fond du bassin… A chaque consigne, l’enfant réalise ou amorce le geste demandé. Il doit répéter les mouvements trois fois, validant chaque action à l’aide d’un jeton. « C’est super, le félicite Elise. Tu peux aller sur le mur d’escalade ! » Et Adam de filer.

« Pour nous, ce jeu est un renforçateur : il motive l’enfant à agir selon la consigne », explique Stéphanie. Adam a déjà suivi près de dix séances de natation. Ses progrès sont sensibles. Il va sans doute bénéficier de cours supplémentaires. « Il est bien plus tranquille et posé qu’avant », constate son père.

« Cette expérience avec les enfants autistes donne du sens à mon travail. Je me sens utile. » Jacky Guillot, maître-nageur.

« L’intérêt du sport pour les enfants avec autisme est majeur », écrit l’association Ikigaï. Avant d’énumérer la longue liste de ses bienfaits : il améliore le tonus musculaire, l’endurance, l’équilibre, la coordination, la perception du corps dans l’espace, la motricité fine, la qualité du sommeil, les capacités d’attention et la concentration. Il diminue les manifestations d’hypersensibilité sensorielle, le stress et l’anxiété, l’hyperactivité, l’agressivité, l’autostimulation, les comportements obsessionnels et compulsifs ou inappropriés. Il exerce l’autonomie, le respect des règles, les interactions sociales et les émotions. Et il renforce l’image positive de soi.

« C’est entre l’enseignement et le jeu »

Massyl, 8 ans, est lui aussi atteint d’une forme d’autisme non verbal. Lui aussi est scolarisé avec l’aide d’une AVS privée, lui aussi adore l’eau. Mais il n’a pas besoin de mur d’escalade pour se motiver. Etre dans l’eau lui suffit : il tourne sur lui-même, joue à prendre de l’eau dans sa bouche et à la recracher… ou à l’avaler. « C’est interdit ! », lui rappelle sa mère par un signe, les deux index croisés. Très investie, elle utilise un langage des signes adapté à l’autisme, le Makaton.

Pour Massyl, les pictogrammes sont inutiles. La « guidance physique » que réalise sa mère, présente dans l’eau, est efficace : elle se saisit des pieds de l’enfant et les guide dans un mouvement de battement. Tout près, Jacky rectifie le geste s’il le faut. « Avec chaque enfant, il faut trouver le bon canal pour expliquer le geste, commente Elise. L’idée, pour Massyl, est d’estomper la guidance maternelle pour qu’il devienne autonome. » L’enfant parvient déjà à faire trois brasses tout seul.

« Ces cours aident beaucoup Massyl dans son autonomie, le respect des consignes, le sommeil et l’anxiété, observe sa mère. Et Jacky est vraiment top ! » Le maître-nageur a suivi une demi-journée de sensibilisation à l’autisme proposée par l’association Ikigaï. « Cette expérience avec les enfants autistes donne du sens à mon travail, je me sens utile », témoigne Jacky, qui a déjà travaillé avec des enfants et des adultes handicapés. « Cela m’a toujours plu. C’est entre l’enseignement et le jeu. Il faut s’adapter en permanence à l’enfant, trouver les méthodes les plus simples et efficaces. »

Depuis juin 2019, cette intervention est expérimentée à la piscine de Neuilly grâce aux fonds issus du mécénat que reçoit l’association, tel le Fonds Autosphère. « L’idée est d’étendre ce dispositif en Ile-de-France, puis sur tout le territoire », explique Agnès Cossolini, cofondatrice d’Ikigaï.

L’association vient de postuler aux prix de la fondation La France s’engage, créée en 2014 par François Hollande. « Ici, les enfants reçoivent des cours de natation particuliers. Mais le but, à terme, est qu’ils rejoignent de petits groupes de natation », conclut Agnès Cossolini. Une belle façon de promouvoir, au quotidien, une société inclusive.

Source LE MONDE.

La maman d’un enfant autiste accuse une accompagnante d’une école d’Aix de maltraitance…

La mère du jeune Ilyes, 7 ans porte plainte contre l’accompagnante de son enfant à l’école Jules Isaac à Aix-en-Provence.

Un autre enfant de la classe dit que son camarade a été suspendu à un porte manteau pour le punir.

L'école Jules Isaac à Aix-en-Provence

C’est une affaire qui bouleverse des parents de l’école primaire et maternelle Jules Isaac à Aix-en-Provence. La maman d’un petit garçon atteint d’autisme porte plainte pour maltraitance. Elle soupçonne l’AESH (accompagnante des élèves en situation de handicap) de violences morales et physiques sur Ilyes. Âgé de 7 ans, ce petit garçon est atteint d’autisme, mais peut rester scolarisé dans un école tout à fait classique.

Avant les vacances de Noël, Ilyes aurait été suspendu à un porte manteau par cette AESH parce qu’il aurait levé la main sur elle. La scène a été rapportée par un camarade de classe à sa mère. « Est-ce que ça mérite un châtiment pareil, s’interroge Ikram Siari, la maman d’Ilyés. C’est pas un animal. C’est un enfant atteint d’handicap qui a toute sa place dans la société. J’en dors pas. J’ai essayé d’établir le dialogue avec l’école, mais j’étais face à des murs« .

Des soupçons de violences verbales et physiques

L’assistante dément formellement ces accusations et envisage elle aussi de porter plainte. Mais une de ses collègues dit avoir signalé d’autres faits de violences sur Ilyes : « Il y a eu violences verbales et physique, assure Isabelle. Des violences verbales comme tous les jours : « tu es méchant ».  Et des violences physiques comme quand on relève la tête de l’enfant en le maintenant par le front« . En arrêt maladie, Isabelle affirme que son signalement n’a pas été pris au sérieux. « Ces enfants ne sont pas comme les autres, dit-elle. Mais comme les autres, ils sont des enfants ».

Le rectorat d’Aix-Marseille appelle à la plus grande prudence face à ces accusations. Les rapports entre la famille d’Ilyes seraient tendus avec la direction de l’école contre laquelle la maman aurait déjà porté plainte.  L’assistante soupçonnée de violences et sa directrice n’ont pas répondu à nos sollicitations. Aujourd’hui, Ilyes a une nouvelle AESH et une enquête interne est ouverte.

Des SMS envoyés à la maman d'Yliès par la mère d'un camarade de classe - Aucun(e)

Source FRANCE BLEU.

 

Autisme. Une application « simple » pour aider à le détecter…

À Lyon, la start-up Sibius a créé une appli pour tablette, simple et peu onéreuse, permettant de dépister précocement l’autisme.

À partir du moment où les parents commencent à s’inquiéter s’écoule une « période d’errance et d’incertitude » de quatre ans en moyenne en Europe avant que le diagnostic soit posé.

La jeune société lyonnaise Sibius a présenté ce jeudi 28 novembre une application « simple », destiné aux professionnels, pour aider à détecter l’autisme et potentiellement d’autres troubles neurocognitifs de manière précoce et peu coûteuse, une innovation dans le domaine de la santé qu’elle espère commercialiser en 2022.

« Actuellement, il n’existe pas de marqueur objectif et simple pour mesurer le fonctionnement neurocognitif en pratique médicale courante, comme peut le faire un thermomètre pour la fièvre, le tensiomètre pour l’hypertension », explique la startup.

« Longue période d’errance et d’incertitude »

À partir du moment où les parents commencent à s’inquiéter, s’écoule une « longue période d’errance et d’incertitude » de quatre ans en moyenne en Europe avant que le diagnostic soit posé, a souligné jeudi devant la presse le fondateur Guillaume Bézie.

Depuis une dizaine d’années, les chercheurs ont montré que l’analyse des mouvements des yeux permettait de détecter certains troubles neurocognitifs. Mais le matériel nécessaire est très coûteux et hors de portée des médecins de famille.

L’application de Sibius s’appuie sur les travaux d’une équipe de l’Institut des sciences cognitives Marc Jeannerod (Université Lyon 1/CNRS), qui ont fait cette semaine l’objet d’une publication dans la revue scientifique de référence Nature.

Les chercheurs lyonnais y ont démontré une « parfaite corrélation » entre les mouvements de l’œil et ceux du doigt qui « explore » une image.

Une image floue sur une tablette

Le jeune patient se voit ainsi présenter sur une tablette une image floue dont les composantes deviennent nettes lorsque le doigt passe dessus. Il reproduit ainsi le trajet qui correspond à celui qu’il fait naturellement avec ses yeux, selon les chercheurs.

Les mouvements du doigt sont captés par la tablette et analysés par les logiciels d’intelligence artificielle de Sibius.

Dans le cas de l’enfant autiste, celui-ci évitera les visages pour se concentrer sur d’autres éléments de la photo, explique Guillaume Bézie.

Cette technologie, couplée avec d’autres logiciels et référentiels d’analyse, devrait permettre de détecter d’autres pathologies neurologiques comme la maladie d’Alzheimer, les troubles DYS ou les commotions cérébrales.

L’utilisation de cette technologique par les médecins – notamment par les orthophonistes qui sont souvent les premiers consultés en cas de retard de développement – devrait être facturée par Sibius de 20 à 30 euros par examen, a précisé Guillaume Bézie.

Sibius, qui emploie à ce stade trois personnes, cherche encore 1,7 million d’euros pour développer son produit, qu’elle espère en partie lever auprès de Bpifrance en sa qualité d’entreprise « deeptech » (à la technologie découlant directement de la recherche fondamentale).

La société est accompagnée par Pulsalys, l’incubateur qui aide les chercheurs lyonnais à passer du stade du laboratoire à celui de l’entreprise.

Source OUEST FRANCE.

Autisme : pourquoi le biais psychanalytique français a fait beaucoup de mal à la recherche…et aux parents…

L’autisme est l’objet de préjugés et d’une ignorance toujours vivaces, entretenus par des années de psychanalyse et une méconnaissance importante de cette maladie mystérieuse.

Mais ce mystère s’éclaircit.

Que sait-on, aujourd’hui, des causes de l’autisme et de ses formes ?

 

Guy-André Pelouze : L’autisme a été décrit pour la première fois par Léo Kanner, un psychiatre autrichien en 1943. Après sa description minutieuse, L. Kanner ajoute: « Dans tout le groupe, il n’y avait qu’un petit nombre de père et de mère aimants. Pour la plupart, les parents, grands-parents et collatéraux sont des personnes hautement préoccupés par des abstractions scientifiques, littéraires ou artistiques et limitées dans leur intérêt authentiquement populaire.

Même quelques uns des mariages les plus heureux ne furent rien moins que tièdes et une affaire formelle. Trois mariages furent de sombres échecs. La question se pose de savoir dans quelle mesure ce fait a contribué à la condition des enfants » (https://www.cairn.info/revue-journal-de-la-psychanalyse-de-l-enfant-2011-2-page-5.htm#no3) .

Il ne savait pas que cette affirmation, qu’il regretta semble-t-il par la suite, était en fait déjà la reconnaissance de l’importance de la génétique dans ce trouble du développement. Les difficultés de communication sociale des parents d’enfants autistes ont été par la suite bien établies (https://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/fullarticle/1878924). Ce n’est donc pas leur « faute » mais bien un trouble constitutionnel.

Les études de jumeaux ont confirmé une héritabilité d’environ 80%. En 1979 (https://link.springer.com/article/10.1007/BF01531287) l’autisme est reconnu comme un trouble du développement et non comme la conséquence psychopathologique d’un environnement psychique et relationnel.

Dès lors les pays anglo-saxons vont développer des programmes de recherche importants au sujet de l’autisme alors que nous sommes longtemps restés figés dans l’approche psychopathologique ou pire dans l’idéologie politique la plus dépassée. En 2012, ce psychanalyste n’hésite pas à caricaturer l’irruption de la science dans le jardin de la psychanalyse:  “Ce déguisement de modernité est une des stratégies destinées à imposer un courant de pensée dont l’intérêt est en réalité d’ordre économique et idéologique”.

Plus loin il brouille les cartes: “ En revanche, ne pas reculer devant le réel du sujet dans sa dimension de langage est ce qui caractérise la position de la psychanalyse. De cette éthique se déduit un traitement différent de l’autisme et, avec lui, de la culpabilité des parents. Voilà le véritable enjeu, une éthique gouvernée par une idéologie de la rentabilité, ou celle qui consiste à faire face au réel d’une clinique du parlêtre” (https://www.cairn.info/revue-psychanalyse-2012-2-page-51.htm) .

Pendant ce temps loin des gourous l’effort de recherche porte ses fruits. L’autisme révèle un certain nombre de caractéristiques fondamentales. Récemment, Simon Baron Cohen, probablement un des plus grands neurobiologistes actuels, spécialiste de l’autisme a donné une définition tout à fait pertinente et conforme aux dernières données de la science :

« L’autisme est un ensemble de conditions neurodéveloppementales hétérogènes, caractérisées par des difficultés précoces de communication sociale et par un comportement et des intérêts inhabituellement limités et répétitifs. La prévalence mondiale dans la population est d’environ 1%.

L’autisme affecte plus d’hommes que de femmes et la comorbidité est fréquente (> 70% ont des troubles concomitants). Les personnes atteintes d’autisme ont des profils cognitifs atypiques, tels qu’une altération de la cognition et de la perception sociale, un dysfonctionnement exécutif et un traitement atypique de la perception et de l’information. Ces profils sont étayés par un développement neural atypique au niveau des systèmes. La génétique joue un rôle clé dans l’étiologie de l’autisme, conjointement avec les facteurs environnementaux précoces du développement. Les mutations rares à grand effet et les variants communs à faible effet contribuent au risque. » (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24074734).

Il faut lire et relire cette définition pour se rendre compte de la complexité et du défi médical que représente ce trouble.

Oui, l’autisme est mieux compris et surtout, s’agissant d’un trouble du développement cérébral sa prise en charge précoce afin de favoriser les outils cognitifs de communication sociale donne des résultats.

On a longtemps culpabilisé les parents, en surestimant le facteur environnemental, en expliquant que les vaccins provoquaient l’autisme, etc. On a aussi réduit l’autisme à Asperger. Quels ont été les erreurs commises dans le passé concernant le diagnostic de cette maladie et comment peut-on les corriger ?

C’est un peu toujours la même histoire, en sciences une théorie se base sur des faits expérimentaux. Elle est par définition falsifiable. L’histoire de l’autisme a été marquée par deux catastrophes intellectuelles, toutes deux étrangères au rationalisme scientifique et à la falsifiabilité poppérienne. La première a été d’envisager une explication globalisante non pas à partir de faits expérimentaux mais à partir d’un système de pensée, la psychanalyse, qui avait la prétention d’expliquer le fait psychique a priori et par le haut.

Un système de pensée qui visait à comprendre et traiter l’autisme en étudiant l’interaction des éléments conscients et inconscients et en introduisant des peurs et des conflits refoulés dans l’esprit conscient au moyen de techniques telles que l’interprétation des rêves et la libre association. Le plus étonnant c’est que devant les résultats inexistants de la psychanalyse dans l’autisme infantile, l’évaluation critique ait été aussi biaisée et tardive. De nombreux psychanalystes considèrent toujours que l’autisme n’est pas un trouble neuro-développemental avec un degré élevé d’héritabilité génétique.

Ils persistent à définir l’autisme comme une maladie psychique générée, entretenue par un environnement familial perturbé. En particulier par des problèmes dans les relations de l’enfant avec sa mère. Pour eux la prosodie du discours maternel joue un rôle important dans le développement de l’autisme. Des considérations aussi définitives que: “l’autiste souffre de quelque chose de très simple, sa mère n’a pas pu transmettre le sentiment que sa naissance lui était un cadeau” ont créé les conditions d’un drame familial iatrogène surajouté au trouble neurodéveloppemental de l’enfant.

Ensuite l’autisme a été pris en otage par des fraudeurs, ce fut l’épisode de Wakefield et le prétendu lien entre autisme et vaccination. Aucun des faits publiés par Wakefield n’a pu être reproduit ni contrôlé et l’opinion de la communauté scientifique est très majoritairement qu’il s’est agi d’une fraude. Mais ce n’était pas une fraude banale. Elle a joué sur des peurs complexes dans les sociétés développées où la question du risque de maladie infectieuse est appréhendée au niveau collectif et le risque de complication de la vaccination préventive au niveau individuel. En même temps, dans certains pays le caractère obligatoire des vaccinations a engendré une opposition irréductible qui a confondu la remise en cause de l’obligation avec la remise en cause de la validité scientifique des vaccins.

C’est donc un sujet très lourd et il faut vite tourner ces deux pages pour regarder l’avenir qui est totalement dépendant de la recherche scientifique. Il se trouve que s’agissant des fonctions les plus complexes du cerveau nous étions jusqu’à il y a peu extrêmement démunis en matière de méthodes et de techniques d’investigation. Les études d’association pangénomique, l’IRM cérébrale notamment fonctionnelle, le dosage de certains marqueurs ont transformé notre vision de l’autisme.

A chaque débat ou rapport sur la maladie, les controverses sont vives entre différentes professions. Pourquoi est-ce si difficile de se mettre d’accord sur ce qu’est l’autisme, sur ses origines et la manière de le soigner ?

La plus grande avancée dans la compréhension de l’autisme est sans conteste l’analyse génomique combinée au modèle empathie/systémisation. De quoi s’agit-il? Les sujets masculins ont entre deux et trois fois plus de probabilité de présenter une forme d’autisme par rapport aux sujets de sexe féminin. Ce fait qui est bien corroboré par les analyses épidémiologiques a des conséquences dans la compréhension de l’autisme.

Le cerveau est en effet un organe sexué. Le déterminisme génétique de cette différenciation sexuelle est lié principalement au chromosome Y et à l’imprégnation hormonale testostéronémique de la période fœtale et post natale. Ce dimorphisme sexuel du cerveau humain a des bases anatomiques et fonctionnelles. Les différences sont nombreuses et complexes. Il y a en particulier le fait que le cerveau féminin présente un fonctionnement beaucoup plus efficace dans la communication et l’empathie, un état mental décrit comme une empathie cognitive et affective qui conduit entre autres à facilement reconnaître l’état mental d’autrui.

Le cerveau masculin est plus tourné vers la systématisation ce qui conduit à analyser ou construire des systèmes basés sur des règles. Cette différenciation est le produit de pressions évolutionnistes qui ont spécialisé différentes fonctions physiologiques chez la femme et chez l’homme.

Dans ce contexte, le cerveau de l’enfant autiste apparaît comme un cerveau hyper mâle, c’est-à-dire présentant des caractéristiques fonctionnelles qui privilégient la systématisation au détriment des fonctions de communication. Des arguments génétiques comme l’analyse pangénomique de plus de 600 000 personnes, l’imprégnation testostéronémique prénatale viennent à l’appui de cette théorie. Bien évidemment ces caractéristiques sont largement distribuées à la fois chez les femmes et chez les hommes ce qui interdit tout déterminisme strict. Plus de 1000 gènes sont impliqués dans cette architecture et ces aspects du fonctionnement cérébral. En revanche il s’agit bien d’un outil de compréhension et ensuite d’intervention pour traiter l’autisme à l’avenir (https://www.pnas.org/content/pnas/115/48/12152.full.pdf) .

Venons en à votre question sur la manière de soigner. Il ne s’agit pas ici de détailler la prise en charge psychologique de l’autisme. Il me semble que la principale qualité des soignants qui s’occupent d’un enfant ayant des troubles du développement cérébral c’est bien évidemment de s’assurer que le diagnostic a été correctement conduit et qu’il n’est pas par exemple nécessaire de refaire une étape diagnostique dans le parcours de cet enfant.

C’est un signe d’humilité car s’agissant de ces troubles complexes dont fait partie l’autisme, les connaissances sont en pleine évolution, ce qui n’est pas un argument en faveur du relativisme mais au contraire pour la mise à jour régulière de notre approche diagnostique et thérapeutique.  Ensuite il y a effectivement la question des résultats. Il faut avoir le recul critique suffisant pour remettre en cause l’approche thérapeutique si les résultats sont médiocres voire si la situation s’aggrave. Dans ce contexte il ne faut pas attendre des années avant de se livrer à cette approche critique.

Alors se mettre d’accord est-il possible ? Je considère qu’il ne faut pas céder à cette tentation car cela voudrait dire qu’il existe une vérité sur l’autisme, que cette vérité est établie et que les différents intervenants n’ont plus qu’à s’y conformer. Ce n’est pas le cas même si certaines “explications” peuvent être écartées comme celle de la psychanalyse à propos de la responsabilité des parents .

L’autisme est pour l’enfant un trouble du développement relationnel qui a différent degrés de gravité et entraîne différents niveaux de souffrance. Il est essentiel avant tout de ne pas lui nuire et donc de respecter cet enfant dans sa différence sans l’exclure, ni du jeu familial, ni de l’école, ni d’aucune activité. L’empathie demeure au centre du soin. Quand la technique guérit le temps de l’empathie est court, et fort heureusement le patient retrouve sa liberté et la vie normale. Quand la technique ne guérit pas, ou lentement ou si peu, l’empathie est notre chemin commun avec le patient. Il est difficile.

Pour autant l’enfant autiste a des parents. Ce sont eux qui ont porté les changements de la prise en charge en France. Malgré ces changements timides ils éprouvent du désarroi, de l’inquiétude qui doivent être respectés car ils reflètent l’incertitude devant un trouble du développement cérébral dont on ne sait déterminer le devenir. Une différence profonde, complexe aux conséquences difficilement prévisibles sans parler des comorbidités.

J’ose à peine prononcer le mot de bienveillance tant il est dévalué par un usage abusif. Mais c’est bien cela, il nous faut soignants, relations et proches faire preuve d’une immense bienveillance pour les parents d’enfant autiste. Ils ont besoin de ce soutien pour aller sans arrêt et mille fois encore vers leur enfant afin de tisser des liens, d’atténuer, de réduire le trouble neurodéveloppemental par cette relation.

Source ATLANTICO.

Rennes. Des réactions après un témoignage : « l’autisme n’est pas synonyme de violence »…

Un habitant de Rennes a fait part de son expérience, après avoir vécu plus de vingt ans avec son ex-épouse autiste, sans s’en apercevoir.

Des lecteurs témoignent à leur tour, pour nuancer ses propos.

Une classe pour les enfants atteints d’autisme, dans une école de Saint-Brevin (Loire-Atlantique).

Un retraité rennais, âgé de 68 ans, raconte les difficultés qu’il a dû affronter avec son ex-épouse, atteinte d’autisme. Ce n’est que tard, après avoir quitté son domicile et divorcé, qu’il a découvert le mal dont elle souffrait. Plusieurs lecteurs réagissent à son témoignage, d’abord pour rappeler que l’autisme n’est pas une maladie « mais un trouble envahissant du développement. » D’autres désignent l’autisme comme « une déficience, un handicap ». D’ailleurs, l’autisme est reconnu comme un handicap en France depuis 1996.

« C’est cliniquement faux »

Le papa d’un enfant, un fils Asperger (autiste de haut niveau), s’étonne que ce témoignage fasse de la violence un des traits de l’autisme. « C’est cliniquement faux, tient-il à préciser. Les traits de caractère de son épouse n’ont rien à voir avec ce handicap particulier. L’amalgame me semble pour le moins malheureux. »

L’autisme est un trouble de la petite enfance qui se développe et perdure jusqu’à l’âge adulte. 8 000 enfants autistes naissent chaque année. Pendant longtemps, la psychanalyse a été la seule discipline à s’intéresser aux troubles autistiques. Les recherches récentes apportent un nouvel éclairage, en montrant l’existence de prédispositions génétiques chez certaines personnes autistes.

« La France a 40 ans de retard »

« La France a 40 ans de retard concernant la prise en charge de l’autisme, regrette Olivia Cattan, présidente de SOS autisme France. Même si l’information s’est améliorée, tout cela reste bien insuffisant. Le regard n’a pas beaucoup évolué et nous, familles, nous nous battons chaque jour contre « l’autismophobie », afin d’éclairer de plein feux les discriminations qui touchent les personnes autistes en France. »

Source OUEST FRANCE.

À Dijon, l’école Trémouille accueille la première Unité d’enseignement élémentaire autisme…

La première Unité d’enseignement élémentaire autisme (UEEA) a ouvert à l’école Trémouille à Dijon.

Elle accueille depuis la rentrée huit élèves atteints de trouble du spectre de l’autisme.

C’est la seule classe de toute l’académie de Dijon. Visite aux côtés de la rectrice Nathalie Albert-Moretti.

La première Unité d'enseignement élémentaire autisme (UEEA) accueille 8 élèves depuis la rentrée à l'école Trémouille à Dijon.

C’est la première Unité d’enseignement élémentaire autisme (UEEA) et elle a ouvert depuis la rentrée à l’école Trémouille à Dijon. Elle accueille huit enfants, âgés de 6 à 8 ans, atteints de trouble du spectre de l’autisme. Une ouverture qui s’inscrit dans le projet de Stratégie Nationale Autisme (2018-2022) avec le troisième Plan Autisme, qui prévoit la création de 45 unités comme celle-ci partout en France.

L'unité d'enseignement élémentaire autisme (UEEA) est ouverte depuis la rentrée à l'école Trémouille à Dijon. - Radio France

Une unité au cœur de l’école

Les enfants sont accueillis chaque matin en groupe dans la grande salle pédagogique. Ils s’y retrouvent pour un premier temps collectif, celui de la transition de la maison à l’école, avant d’être séparés pour le travail en individuel. Quatre professionnels les accompagnent au quotidien.

Alternance entre temps collectif et individuel

Pour adapter le travail aux enfants, la classe est partagée. Quatre élèves partent dans la salle à l’étage pour les activités sensorielles avec des jeux de construction ou de transvasement. Les autres restent avec Christelle Girard, enseignante spécialisée chargée des apprentissages de base comme la lecture ou les maths. « L’objectif comme pour les autres élèves c’est d’atteindre l’autonomie et la socialisation. »  

Et cela grâce à des temps d’inclusion, avec d’autres élèves, « ça a commencé avec des inclusions au gymnase pour du sport mais il y en aura aussi à la cantine ou en récréation » poursuit l’enseignante spécialisée.

Comment les élèves sont-ils orientés vers cette unité ?

Il faut que le diagnostic des troubles de l’autisme soit posé, qu’ils soit reconnu par la Maison départementale des personnes handicapées. Ensuite une commission examine chaque fin d’année les profils des élèves, une commission avec des membres de la MDPH, de l’Agence régionale de santé, du CESAD de l’Acodège et des membres de l’Éducation nationale comme Sylvie Salle, elle est inspectrice pour l’adaptation et la scolarisation des élèves en situation de handicap. « Ce sont des élèves avec de lourds handicaps qui sont par exemple non verbaux et pour lesquels une autre scolarité ne serait pas efficace. »

Des soins apportés aussi à l’école

Mais il ne faut pas oublierl’aspect médical de cette unité car si les enfants sont scolarisés ici à plein temps, ils suivent aussi des soins qui sont parfois dispensés dans la salle d’activité avec des professionnels qui viennent sur place ou parfois c’est un taxi qui vient les chercher et qui les ramènent à l’école. Un équilibre à trouver pour des enfants qui n’avaient, jusque-là, jamais connu l’école à temps plein mais un dispositif plein de promesses pour Christelle Girard, « on est sur le chemin de l’autonomie et je trouve que c’est très intéressant. »

Source FRANCE BLEU.

TÉMOIGNAGE. « J’ai vécu pendant 21 ans avec une autiste, sans m’en rendre compte… »…

L’autisme est un trouble envahissant du développement qui touche de plus en plus d’enfants.

Mal compris par beaucoup, il existe aussi chez l’adulte.

Un retraité rennais témoigne sur l’autisme, un mal dont a souffert son ex-épouse.

Un habitant de Rennes livre un récit poignant, à partir de son expérience personnelle.

Un lecteur de Rennes nous a adressé une longue lettre de plusieurs pages dans laquelle il raconte, avec beaucoup d’émotion, le trouble autistique dont a souffert son épouse. « Avec le recul, le diagnostic est brutal, écrit-il, J’ai vécu pendant vingt-et-un ans avec une autiste. Cette maladie, on en parle beaucoup aujourd’hui, mais elle n’était pas détectée dans les années 1950. C’est un handicap de naissance, difficile à soigner. »

Des souffrances de part et d’autre

Le couple a longtemps vécu sans mettre un mot sur ce qui a rongé leur vie de famille et sans avoir de diagnostic, avec des souffrances de part et d’autre. Un témoignage fort, que ce Rennais âgé aujourd’hui de 68 ans – nous l’appellerons Claude – livre sous couvert d’anonymat.

« Nous nous sommes mariés en août 1971, à Dinard, raconte-t-il. Mon épouse me rejoint alors en région parisienne, où je travaillais. À l’époque, je remarque qu’elle prend de nombreux médicaments. Je suis étonné, je ne le savais pas. Je la trouve triste, renfermée. Je mets cela sur le compte du dépaysement. »

« Violente, elle m’a frappé »

Au fil des mois, la situation ne fait qu’empirer. « Certains signes auraient dû m’alerter. Elle montrait une hypersensibilité au bruit : dès qu’une porte claquait ou qu’une moto passait dans la rue, elle était inquiète. » Plus grave, son ex-épouse peut se montrer agressive, voire violente. « Elle s’énervait facilement, elle m’a frappé devant ma mère, ce sont des choses qu’on n’oublie pas », confie Claude, encore gêné.

La situation n’est pas facile à vivre au quotidien, mais personne ne se doute de rien à l’extérieur. Les proches, les voisins, les amis, tous sont loin d’imaginer la réalité. « Elle était comptable. La situation sociale permet de sauver les apparences. Les gens étaient plutôt admiratifs, ils disaient d’elle qu’elle comptait comme une machine. »

« Un grand sentiment de solitude »

« Il y avait un déséquilibre énorme entre nous, constate Claude, avec le recul. Elle ne me voyait pas. Elle montrait aucune empathie à mon égard, alors que j’étais malade. Je devais tout gérer après ma journée de travail : les courses, les repas, le ménage, les devoirs des enfants, etc. Rien n’était partagé. J’éprouvais un grand sentiment de solitude. »

Son ex-épouse se montre de plus en plus violente. Les insultes pleuvent, les coups parfois aussi. « J’avais peur pour moi, mais aussi pour nos deux filles. » Un beau matin de 1992, il décide de partir, de disparaître, en laissant tout derrière lui : maison, voiture, objets personnels. « J’ai attendu que mes enfants soient autonomes. Je n’en pouvais plus, il fallait que je m’échappe de ce piège qui se refermait sur moi. »

En 1992, il part de chez lui

Il se retrouve seul, dans une chambre de 7 m² qu’il loue près de la gare. « Je repartais de zéro mais j’étais heureux. J’ai pu me reposer, reprendre des forces, car j’étais épuisé. C’était comme une délivrance. » Plus tard, le couple a divorcé. Claude a emménagé, seul, dans un appartement plus grand.

Il n’a jamais revu son ex-femme mais il est resté très proche de ses deux filles, qu’il voit régulièrement, avec ses petits-enfants. Comment a-t-il pu découvrir ce dont souffrait son ex-épouse ? « En consultant un médecin, j’ai fini par comprendre la maladie qui était la sienne », confie le retraité. Il s’est tourné vers des associations qui soutiennent les personnes souffrant d’autisme et leurs proches. Il s’efforce d’aider les autres à son tour.

Source OUEST FRANCE.