Et si les aides à domicile finissaient vraiment par craquer ?… Vidéo.

832 euros par mois, c’est le salaire moyen des aides à domicile, dont les contrats sont rarement à temps plein.

Les très faibles rémunérations ne correspondent pas aux contraintes horaires, à l’engagement et au rôle crucial de la profession auprès des personnes en perte d’autonomie.
La crise des vocations fait que le secteur est sur le point de craquer.
Seul espoir : que la France renonce à vouloir financer ces services et soins vitaux… au rabais.
Et si les aides à domicile finissaient vraiment par craquer ?...

«Je vais chez des personnes qui sont presque centenaires, nos petits vieux ce sont des trésors vivants !  », s’enflamme Muriel Auvinet. Aide à domicile depuis dix ans dans le Var, après avoir vécu en Auvergne, Muriel est passionnée par son métier.

Elle a travaillé huit ans dans une « grosse structure associative », avant de rejoindre « une petite boîte, où l’on garde le lien, l’humain. On sympathise, on discute avec les bénéficiaires et les familles. Il y a beaucoup de psychologie, d’empathie ».

Si Muriel a conservé la foi, elle a vécu il y a six ans la réduction drastique des temps de présence, imposée par les services des départements : « Quand on venait une heure, ça a été réduit à 30 minutes ». C’est insuffisant mais Muriel et sa dizaine de collègues de « l’As de Cœur » à Barjols (Var) font de la résistance : « souvent dix minutes de plus chez chaque personne. Ce n’est pas facturé. À la fin de la journée, j’ai souvent cumulé une heure de bénévolat ».
Ces minutes gagnées sur la « robotisation du métier », dixit cette professionnelle varoise, sont possibles car sa patronne est l’une des rares qui « refuse de faire pointer par téléphone ».

Muriel a pris sa décision :  « Si on est rachetés par une grosse boîte, j’arrête ».

Un recrutement rendu encore plus difficile par la crise  sanitaire.

Le recrutement dans le secteur de l’aide à domicile était déjà plus que tendu avant la crise du Covid.

Placées par le gouvernement en « deuxième ligne », ces professionnelles (le métier est féminin à plus de 95 %) se sont bien senties en première ligne : « On a remplacé les infirmières. Nos bénéficiaires étaient en grande souffrance car totalement isolés. Certains sont morts, pas du Covid mais des conséquences des mesures contre la pandémie, parce qu’ils ne pouvaient plus sortir de chez eux », témoigne Muriel.

Anne Lauseig, l’une des animatrices du collectif La force invisible des aides à domicile, annonce « un été très tendu pour les structures employeuses […] les vagues de Covid successives ont épuisé beaucoup de collègues ».

 « Les arrêts maladie découlant du surmenage provoqué par la crise sanitaire s’accompagnent souvent d’une recherche de reconversion ».

Anne Lauseig (Aide à domicile en Gironde et co-fondatrice du collectif la Force invisible des aides à domicile).

Démissions et plongeon des vocations plombent le moral des employeurs alors que la demande de prise en charge explose : « On va être confronté à un doublement des personnes âgées en perte d’autonomie d’ici à 2050. Les Ehpad ont des lits de libre mais 90 % des Français préfèrent vieillir chez eux », situe Julien Jourdan, directeur de la fédération des employeurs privés de services à la personne (Fédésap).

« Dans les dix ans à venir, la moitié des salariés de l’aide à domicile vont partir à la retraite », complète Stéphane Fustec, délégué national de la CGT pour les services à la personne.
Le syndicaliste résume les modalités de rémunération qui rendent le secteur peu attractif : « Le temps d’attente et le temps de déplacement ne sont pas pris en compte. Sur une amplitude de 12 ou 13 heures sur une journée, l’aide à domicile sera payée cinq ou six heures au Smic, pas plus ».

Aides à domicile ou auxiliaires de vie ?

Dans le secteur associatif, on les appelle aides à domicile. Les salariés du privé sont auxiliaires de vie, tandis que la dénomination chez les particuliers employeurs est assistant(e) de vie. Si l’on peut rentrer dans ce métier sans qualification, la validation des acquis et la formation continue sont encouragées. Le secteur emploie aussi des aides-soignantes diplômées.  Selon le rapport parlementaire Bonnell-Ruffin, un tiers des aides à domicile sont employés par des particuliers. Le secteur public est également employeur, à travers les CCAS notamment. Les entreprises et les associations de l’aide à domicile emploient 370.000 personnes. 60 % sont dans l’associatif mais le privé gagne des « parts de marché » L’aide au maintien à domicile bénéficie est dirigée aussi vers les personnes handicapées via la PCH (Prestation compensatoire au handicap) qui relève des mêmes financements que l’APA : la prise en charge est plus élevée.

Le rapport parlementaire rendu en 2020 par François Ruffin (LFI) et Bruno Bonnell (LREM) sur les métiers du lien a chiffré ce « sous-smic » qui génère une grande précarité. Une fabrique de « femmes pauvres » n’hésitent pas à dénoncer Ruffin et Bonnell : « 26 heures de travail hebdomadaire, en moyenne et 832 euros de salaire net, 1.190 euros pour un (rare) temps plein ».

Et si les aides à domicile finissaient vraiment par craquer ?...Un employeur du Puy-de-Dôme : « C’est un métier où l’on voit des situations compliquées, qui est usant psychologiquement et physiquement. photo Agence Issoire

Les employeurs ne sont pas les derniers à convenir de cette indécence, à l’image de Patrick Quinty, patron d’Auravie services, une PME de deux cents salariés qui opère entre le Puy-de-Dôme, l’Allier, le Loiret et le Rhône : « Il faut payer les gens à leur juste valeur. C’est un métier où l’on voit des situations compliquées, qui est usant psychologiquement et physiquement ».
La prise en charge à domicile de la perte d’autonomie est complexe et technique .

«  Ce n’est plus le petit ménage de confort, ce sont des soins, des toilettes, des repas. Je fais un boulot d’aide soignante sans le salaire »,

Muriel Auvinet (Aide à domicile dans le Var)

C’est ce que les professionnels appellent le « glissement de tâches ».

Un secteur très morcelé et des professionnels sans statut clair

De multiples qualifications et statuts coexistent selon qu’on soit salarié d’une association, de la fonction publique, d’une entreprise ou d’un particulier : « Ils ont morcelé le secteur, c’est exprès », suggère Anne Lauseig.
Une ambiguïté a été également instaurée en mêlant les métiers du soin et de l’aide sociale au secteur des « services à la personne », qui comprennent par exemple des heures de ménage ou de jardinage. Un secteur développé par des crédits d’impôts.

Du côté des bénéficiaires de la hausse, on ne se réjouit pas trop à l’avance : « Les petites mains, qui n’ont pas de diplôme, ne vont toucher que 10-20 euros par mois en plus, les cadres ce sera plutôt 300 euros », évalue Anne Lauseig. En Gironde, où elle travaille, la porte-parole des aides à domicile a déjà constaté la forte évaporation des augmentations consenties : « Une convention du Conseil départemental signée avec les entreprises permet de relever le tarif APA de 19 à 21 euros à condition qu’elles augmentent leurs salariés : sur les bulletins de salaires ça s’est traduit par 0,05 euro en plus à l’heure ! ». À la CGT, Stéphane Fustec réclame des « contrôles », afin que les augmentations impulsées par les pouvoirs publics ne « disparaissent pas dans la marge des entreprises ». Tous les acteurs du secteurs du domicile réclament un statut unifié grâce à la 5e branche de la Sécu Le patron d’Auravie services à Clermont-Ferrand, Patrick Quenty, donne sa marge de manœuvre et sa marge tout court : « Sur 23 euros facturés de l’heure, le reste à charge pour le bénéficiaire est de 2,36 euros. Le coût réel de fonctionnement est de 21 à 22 euros ». « On ne peut pas augmenter le reste à charge car nos clients ne pourraient pas suivre » Julien Jourdan (Directeur de la fédération des entreprises des services à la personne (Fédésap)) Départements, employeurs, salariés partagent la même vision : la seule issue à cette situation critique, indécente au niveau des rémunérations et territorialement inégalitaire, c’est la mise en place de la cinquième branche grand âge -autonomie de la Sécurité sociale. C’est voté à l’Assemblée, le gouvernement a posé des jalons mais la crise sanitaire et les échéances électorales ne permettent de dégager aucune perspective à court terme. Dans leur rapport, les députés Bonnell et Ruffin ont évoqué, pour mieux la dénoncer, une « tentation » : recourir à l’immigration. Une façon cynique de maintenir le métier dans la précarité et donc, pour la France, de prendre soin de ses « vieux » sans jamais en payer le coût réel. Des départements plus ou moins généreux La prime Covid, décidée en janvier par le gouvernement, avait déjà révélé un « enthousiasme » inégal des départements à l’heure de récompenser les aides à domicile. Avec des montants très disparates et même deux conseils départementaux qui ont refusé de verser ladite prime. L’augmentation décidée en avril par le gouvernement ne concernera que les aides à domicile du secteur associatif mais Marie-Reine Tillon, présidente de la fédération UNA, redoute que des « départements ne jouent pas le jeu de l’augmentation. Les associations, elles, sont contraintes d’augmenter par la convention collective ». L’État via la Caisse nationale de Solidarité pour l’Autonomie prendrait en charge 150 millions d’euros de cette augmentation, somme inscrite dans la loi de finance de la Sécurité Sociale 2021. L’Association des départements de France a évalué le « reste à charge » : le surcoût pour l’ensemble des conseils départementaux est estimé à 301 millions d’euros. En dehors des primes et des augmentations, la « générosité » des départements envers le secteur de l’aide à domicile connaît de grandes variations : quelques centimes de différences de l’heure sur le montant de l’Aide personnalisée à l’autonomie (APA) peuvent avoir une très forte incidence sur la rentabilité des structures. Céciile, aide soignante à domicile dans un SSIAD en Corrèze Du côté de l’Association des départements de France, on explique ces variations par des différences de structures sociodémographiques des territoires : « Le taux de bénéficiaires de l’APA parmi les 60 ans varie de 2,6 à 9,4 % ». « Quand vous êtes dépendant, il faut choisir votre lieu d’habitation » Au cours de ce mandat, l’autonomie financière des Conseils départementaux s’est considérablement restreinte puisqu’ils n’ont pratiquement plus de leviers fiscaux. Les élections de juin n’en sont pas moins l’occasion d’affirmer des choix politiques, même dans un contexte contraint. « Gros morceau » des compétences sociales, le financement de l’autonomie révèle des écarts qui vont du simple au double et qui ne sont pas forcément corrélés à la « richesse » du département. Le financement moyen de l’APA est de 21 euros. La « fourchette » va de 17 euros à près de… 30 euros. Des départements comme l’Isère ou le Maine-et-Loire sont parmi les plus généreux. « Les tarifs les plus hauts sont liés à des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens », relève le chef d’entreprise Patrick Quinte. La France, pays des 365 fromages et des 95 tarifs APA. Avec des restes à charge qui peuvent plomber des petites retraites. Marie Reine Tillon fait ce constat : « Quand vous êtes dépendant, il faut choisir votre lieu d’habitation ». Innovation : la Corrèze a créé une académie des métiers de l'autonomie La Corrèze a fait partie des départements dont le tarif APA était le plus faible. Il est aujourd’hui dans la moyenne avec un tarif de 21 euros de l’heure. Un effort qui s’est accompagné d’un dispositif de financement différencié, comme l’explique le président du Conseil départemental Pascal Coste : « La prise en charge de ceux qui sont en dessous de 1.200 euros de retraite par mois est intégrale. Au-dessus, il y a une participation de 5 euros sur le reste à charge ». L'académie des métiers de 'autonomie a démarré il y a trois mois en Corrèze Lancée en début d’année, une innovation devrait participer à la reconnaissance et à l’attractivité du métier : l’académie des métiers de l’autonomie. Dans tous les services d’aide à domicile du département, des professionnelles sont valorisées en tant qu’ambassadrices ou tutrices, dans l’objectif de faire découvrir le métier. Une formation en alternance sur un an a été mise en place avec le lycée agricole de Naves. « Des tutoriels ont été créés par les professionnelles confirmées et intégrés aux téléphones de service : ils permettent aux nouveaux salariés de savoir comment s’y prendre face à une situation donnée », complète Pascal Coste. D'autres départements cherchent à s'inspirer de ce modèle La Corrèze actionne également le levier de la mobilité : « En partenariat avec le Crédit agricole, nous avançons 8.000 euros sur le financement du permis de conduire et de l’acquisition du véhicule ». La question du recrutement est devenue localement moins problématique : « Nous avons 37 personnes qui sont entrées dans le métier en trois mois. À ce rythme-là, nous devrions pouvoir remplacer les départs en retraite », se félicite le président du Conseil départemental. D’autres départements veulent s’inspirer du « modèle corrézien ». Sur leur lancée, les Limousins veulent élargir les compétences de son académie à tout le secteur du domicile : des soins infirmiers aux assistantes maternelles. Julien RapegnoLes aides à domicile effectuent des tâches de plus en plus techniques – le 06/05/2021 photo Franck Boileau

Marie-Reine Tillon, présidente de l’UNA, qui fédère les structures associatives d’aide à domicile, réclame une clarification : « Il faut faire le tri entre ce qui relève ou non du médico-social. L’argent public ne doit pas financer du ménage ou un coach à domicile chez des actifs ».

C’est bien le sous-financement de la prise en charge de la perte d’autonomie qui maintient les salaires sous la ligne de flottaison.

Tarif moyen de l’APA payé par les départements : 21 euros /heure. Coût d’un service de qualité : 30 euros

Aujourd’hui, le tarif moyen horaire de l’APA (aide personnalisée à l’autonomie) payé par les départements est de 21 euros : « Si on payait 100 % des déplacements, les temps de coordination, la formation. Si on veut faire un secteur vertueux, qui traite bien ses salariés et ses bénéficiaires, et qui fait faire des économies à la sécurité sociale : ça coûte 30 euros de l’heure », chiffre Julien Jourdan.
Certains départements se gargarisent de chouchouter leurs personnes âgées. .

« Les départements  exigent de nos services à domicile de ne pas employer plus de 20 % de diplômés, pour que ça ne coûte pas trop cher »

Marie-Reine Tillon (Présidente de l’Union des associations d’aide à domicile).

La présidente de la fédération des associations d’aide à domicile dénonce un « système schizophrène » où l’État et les départements se renvoient la responsabilité du sous financement.
Les départements ont subi de plein fouet la baisse des dotations de l’État et sont confrontés à une hausse continue des prestations sociales. C’est dire s’ils n’ont pas accueilli comme une bonne nouvelle l’annonce de la ministre en charge de l’autonomie le 1er avril.

15% de hausse de salaire mais seulement dans les structures associatives

Brigitte Bourguignon a promis des hausses de 15 % des salaires des aides à domicile du secteur associatif, à partir d’octobre. L’État et les départements doivent se partager le coût de cette hausse (lire ci-dessous).

Les acteurs privés de la branche protestent. Ils voient dans cette augmentation réservée aux seuls salariés du secteur associatif « une distorsion de concurrence », qui va encore leur compliquer le recrutement : « Avec la revalorisation de 160 euros du Ségur de la santé, on assiste déjà à une fuite de nos aides soignantes diplômées vers les Ehpad », s’inquiète Julien Jourdan.

Du côté des bénéficiaires de la hausse, on ne se réjouit pas trop à l’avance : « Les petites mains, qui n’ont pas de diplôme, ne vont toucher que 10-20 euros par mois en plus, les cadres ce sera plutôt 300 euros », évalue Anne Lauseig.
En Gironde, où elle travaille, la porte-parole des aides à domicile a déjà constaté la forte évaporation des augmentations consenties : « Une convention du Conseil départemental signée avec les entreprises permet de relever le tarif APA de 19 à 21 euros à condition qu’elles augmentent leurs salariés : sur les bulletins de salaires ça s’est traduit par 0,05 euro en plus à l’heure !  ».
À la CGT, Stéphane Fustec réclame des « contrôles », afin que les augmentations impulsées par les pouvoirs publics ne « disparaissent pas dans la marge des entreprises ».

Tous les acteurs du secteurs du domicile réclament un statut unifié grâce à la 5e branche de la Sécu

Le patron d’Auravie services à Clermont-Ferrand, Patrick Quenty, donne sa marge de manœuvre et sa marge tout court : « Sur 23 euros facturés de l’heure, le reste à charge pour le bénéficiaire est de 2,36 euros. Le coût réel de fonctionnement est de 21 à 22 euros ».

« On ne peut pas augmenter le reste à charge car nos clients ne pourraient pas suivre »

Julien Jourdan (Directeur de la fédération des entreprises des services à la personne (Fédésap))

Départements, employeurs, salariés partagent la même vision : la seule issue à cette situation critique, indécente au niveau des rémunérations et territorialement inégalitaire, c’est la mise en place de la cinquième branche grand âge -autonomie de la Sécurité sociale. C’est voté à l’Assemblée, le gouvernement a posé des jalons mais la crise sanitaire et les échéances électorales ne permettent de dégager aucune perspective à court terme.
Dans leur rapport, les députés Bonnell et Ruffin ont évoqué, pour mieux la dénoncer, une « tentation »  : recourir à l’immigration.
Une façon cynique de maintenir le métier dans la précarité et donc, pour la France, de prendre soin de ses « vieux » sans jamais en payer le coût réel.

Des départements plus ou moins généreux

La prime Covid, décidée en janvier par le gouvernement, avait déjà révélé un « enthousiasme » inégal des départements à l’heure de récompenser les aides à domicile. Avec des montants très disparates et même deux conseils départementaux qui ont refusé de verser ladite prime.
L’augmentation décidée en avril par le gouvernement ne concernera que les aides à domicile du secteur associatif mais Marie-Reine Tillon, présidente de la fédération UNA, redoute que des « départements ne jouent pas le jeu de l’augmentation. Les associations, elles, sont contraintes d’augmenter par la convention collective ».

L’État via la Caisse nationale de Solidarité pour l’Autonomie prendrait en charge 150 millions d’euros de cette augmentation, somme inscrite dans la loi de finance de la Sécurité Sociale 2021.

L’Association des départements de France a évalué le « reste à charge » : le surcoût pour l’ensemble des conseils départementaux est estimé à 301 millions d’euros.
En dehors des primes et des augmentations, la « générosité » des départements envers le secteur de l’aide à domicile connaît de grandes variations : quelques centimes de différences de l’heure sur le montant de l’Aide personnalisée à l’autonomie (APA) peuvent avoir une très forte incidence sur la rentabilité des structures.

Du côté des bénéficiaires de la hausse, on ne se réjouit pas trop à l’avance : « Les petites mains, qui n’ont pas de diplôme, ne vont toucher que 10-20 euros par mois en plus, les cadres ce sera plutôt 300 euros », évalue Anne Lauseig. En Gironde, où elle travaille, la porte-parole des aides à domicile a déjà constaté la forte évaporation des augmentations consenties : « Une convention du Conseil départemental signée avec les entreprises permet de relever le tarif APA de 19 à 21 euros à condition qu’elles augmentent leurs salariés : sur les bulletins de salaires ça s’est traduit par 0,05 euro en plus à l’heure ! ». À la CGT, Stéphane Fustec réclame des « contrôles », afin que les augmentations impulsées par les pouvoirs publics ne « disparaissent pas dans la marge des entreprises ». Tous les acteurs du secteurs du domicile réclament un statut unifié grâce à la 5e branche de la Sécu Le patron d’Auravie services à Clermont-Ferrand, Patrick Quenty, donne sa marge de manœuvre et sa marge tout court : « Sur 23 euros facturés de l’heure, le reste à charge pour le bénéficiaire est de 2,36 euros. Le coût réel de fonctionnement est de 21 à 22 euros ». « On ne peut pas augmenter le reste à charge car nos clients ne pourraient pas suivre » Julien Jourdan (Directeur de la fédération des entreprises des services à la personne (Fédésap)) Départements, employeurs, salariés partagent la même vision : la seule issue à cette situation critique, indécente au niveau des rémunérations et territorialement inégalitaire, c’est la mise en place de la cinquième branche grand âge -autonomie de la Sécurité sociale. C’est voté à l’Assemblée, le gouvernement a posé des jalons mais la crise sanitaire et les échéances électorales ne permettent de dégager aucune perspective à court terme. Dans leur rapport, les députés Bonnell et Ruffin ont évoqué, pour mieux la dénoncer, une « tentation » : recourir à l’immigration. Une façon cynique de maintenir le métier dans la précarité et donc, pour la France, de prendre soin de ses « vieux » sans jamais en payer le coût réel. Des départements plus ou moins généreux La prime Covid, décidée en janvier par le gouvernement, avait déjà révélé un « enthousiasme » inégal des départements à l’heure de récompenser les aides à domicile. Avec des montants très disparates et même deux conseils départementaux qui ont refusé de verser ladite prime. L’augmentation décidée en avril par le gouvernement ne concernera que les aides à domicile du secteur associatif mais Marie-Reine Tillon, présidente de la fédération UNA, redoute que des « départements ne jouent pas le jeu de l’augmentation. Les associations, elles, sont contraintes d’augmenter par la convention collective ». L’État via la Caisse nationale de Solidarité pour l’Autonomie prendrait en charge 150 millions d’euros de cette augmentation, somme inscrite dans la loi de finance de la Sécurité Sociale 2021. L’Association des départements de France a évalué le « reste à charge » : le surcoût pour l’ensemble des conseils départementaux est estimé à 301 millions d’euros. En dehors des primes et des augmentations, la « générosité » des départements envers le secteur de l’aide à domicile connaît de grandes variations : quelques centimes de différences de l’heure sur le montant de l’Aide personnalisée à l’autonomie (APA) peuvent avoir une très forte incidence sur la rentabilité des structures. Céciile, aide soignante à domicile dans un SSIAD en Corrèze Du côté de l’Association des départements de France, on explique ces variations par des différences de structures sociodémographiques des territoires : « Le taux de bénéficiaires de l’APA parmi les 60 ans varie de 2,6 à 9,4 % ». « Quand vous êtes dépendant, il faut choisir votre lieu d’habitation » Au cours de ce mandat, l’autonomie financière des Conseils départementaux s’est considérablement restreinte puisqu’ils n’ont pratiquement plus de leviers fiscaux. Les élections de juin n’en sont pas moins l’occasion d’affirmer des choix politiques, même dans un contexte contraint. « Gros morceau » des compétences sociales, le financement de l’autonomie révèle des écarts qui vont du simple au double et qui ne sont pas forcément corrélés à la « richesse » du département. Le financement moyen de l’APA est de 21 euros. La « fourchette » va de 17 euros à près de… 30 euros. Des départements comme l’Isère ou le Maine-et-Loire sont parmi les plus généreux. « Les tarifs les plus hauts sont liés à des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens », relève le chef d’entreprise Patrick Quinte. La France, pays des 365 fromages et des 95 tarifs APA. Avec des restes à charge qui peuvent plomber des petites retraites. Marie Reine Tillon fait ce constat : « Quand vous êtes dépendant, il faut choisir votre lieu d’habitation ». Innovation : la Corrèze a créé une académie des métiers de l'autonomie La Corrèze a fait partie des départements dont le tarif APA était le plus faible. Il est aujourd’hui dans la moyenne avec un tarif de 21 euros de l’heure. Un effort qui s’est accompagné d’un dispositif de financement différencié, comme l’explique le président du Conseil départemental Pascal Coste : « La prise en charge de ceux qui sont en dessous de 1.200 euros de retraite par mois est intégrale. Au-dessus, il y a une participation de 5 euros sur le reste à charge ». L'académie des métiers de 'autonomie a démarré il y a trois mois en Corrèze Lancée en début d’année, une innovation devrait participer à la reconnaissance et à l’attractivité du métier : l’académie des métiers de l’autonomie. Dans tous les services d’aide à domicile du département, des professionnelles sont valorisées en tant qu’ambassadrices ou tutrices, dans l’objectif de faire découvrir le métier. Une formation en alternance sur un an a été mise en place avec le lycée agricole de Naves. « Des tutoriels ont été créés par les professionnelles confirmées et intégrés aux téléphones de service : ils permettent aux nouveaux salariés de savoir comment s’y prendre face à une situation donnée », complète Pascal Coste. D'autres départements cherchent à s'inspirer de ce modèle La Corrèze actionne également le levier de la mobilité : « En partenariat avec le Crédit agricole, nous avançons 8.000 euros sur le financement du permis de conduire et de l’acquisition du véhicule ». La question du recrutement est devenue localement moins problématique : « Nous avons 37 personnes qui sont entrées dans le métier en trois mois. À ce rythme-là, nous devrions pouvoir remplacer les départs en retraite », se félicite le président du Conseil départemental. D’autres départements veulent s’inspirer du « modèle corrézien ». Sur leur lancée, les Limousins veulent élargir les compétences de son académie à tout le secteur du domicile : des soins infirmiers aux assistantes maternelles. Julien RapegnoCécile, aide soignante à domicile dans un SSIAD en Corrèze
 

Du côté de l’Association des départements de France, on explique ces variations par des différences de structures sociodémographiques des territoires : « Le taux de bénéficiaires de l’APA parmi les 60 ans varie de 2,6 à 9,4 % ».

 « Quand vous êtes dépendant, il faut choisir votre lieu d’habitation »

Au cours de ce mandat, l’autonomie financière des Conseils départementaux s’est considérablement restreinte puisqu’ils n’ont pratiquement plus de leviers fiscaux. Les élections de juin n’en sont pas moins l’occasion d’affirmer des choix politiques, même dans un contexte contraint.
« Gros morceau » des compétences sociales, le financement de l’autonomie révèle des écarts qui vont du simple au double et qui ne sont pas forcément corrélés à la « richesse » du département.

Le financement moyen de l’APA est de 21 euros. La « fourchette » va de 17 euros à près de… 30 euros.
Des départements comme l’Isère ou le Maine-et-Loire sont parmi les plus généreux.  « Les tarifs les plus hauts sont liés à des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens », relève le chef d’entreprise Patrick Quinte.
La France, pays des 365 fromages et des 95 tarifs APA. Avec des restes à charge qui peuvent plomber des petites retraites. Marie Reine Tillon fait ce constat :  « Quand vous êtes dépendant, il faut choisir votre lieu d’habitation ».

Innovation : la Corrèze a créé une académie des métiers de l’autonomie

La Corrèze a fait partie des départements dont le tarif APA était le plus faible. Il est aujourd’hui dans la moyenne avec un tarif de 21 euros de l’heure.
Un effort qui s’est accompagné d’un dispositif de financement différencié, comme l’explique le président du Conseil départemental Pascal Coste : « La prise en charge de ceux qui sont en dessous de 1.200 euros de retraite par mois est intégrale. Au-dessus, il y a une participation de 5 euros sur le reste à charge ».

Du côté des bénéficiaires de la hausse, on ne se réjouit pas trop à l’avance : « Les petites mains, qui n’ont pas de diplôme, ne vont toucher que 10-20 euros par mois en plus, les cadres ce sera plutôt 300 euros », évalue Anne Lauseig. En Gironde, où elle travaille, la porte-parole des aides à domicile a déjà constaté la forte évaporation des augmentations consenties : « Une convention du Conseil départemental signée avec les entreprises permet de relever le tarif APA de 19 à 21 euros à condition qu’elles augmentent leurs salariés : sur les bulletins de salaires ça s’est traduit par 0,05 euro en plus à l’heure ! ». À la CGT, Stéphane Fustec réclame des « contrôles », afin que les augmentations impulsées par les pouvoirs publics ne « disparaissent pas dans la marge des entreprises ». Tous les acteurs du secteurs du domicile réclament un statut unifié grâce à la 5e branche de la Sécu Le patron d’Auravie services à Clermont-Ferrand, Patrick Quenty, donne sa marge de manœuvre et sa marge tout court : « Sur 23 euros facturés de l’heure, le reste à charge pour le bénéficiaire est de 2,36 euros. Le coût réel de fonctionnement est de 21 à 22 euros ». « On ne peut pas augmenter le reste à charge car nos clients ne pourraient pas suivre » Julien Jourdan (Directeur de la fédération des entreprises des services à la personne (Fédésap)) Départements, employeurs, salariés partagent la même vision : la seule issue à cette situation critique, indécente au niveau des rémunérations et territorialement inégalitaire, c’est la mise en place de la cinquième branche grand âge -autonomie de la Sécurité sociale. C’est voté à l’Assemblée, le gouvernement a posé des jalons mais la crise sanitaire et les échéances électorales ne permettent de dégager aucune perspective à court terme. Dans leur rapport, les députés Bonnell et Ruffin ont évoqué, pour mieux la dénoncer, une « tentation » : recourir à l’immigration. Une façon cynique de maintenir le métier dans la précarité et donc, pour la France, de prendre soin de ses « vieux » sans jamais en payer le coût réel. Des départements plus ou moins généreux La prime Covid, décidée en janvier par le gouvernement, avait déjà révélé un « enthousiasme » inégal des départements à l’heure de récompenser les aides à domicile. Avec des montants très disparates et même deux conseils départementaux qui ont refusé de verser ladite prime. L’augmentation décidée en avril par le gouvernement ne concernera que les aides à domicile du secteur associatif mais Marie-Reine Tillon, présidente de la fédération UNA, redoute que des « départements ne jouent pas le jeu de l’augmentation. Les associations, elles, sont contraintes d’augmenter par la convention collective ». L’État via la Caisse nationale de Solidarité pour l’Autonomie prendrait en charge 150 millions d’euros de cette augmentation, somme inscrite dans la loi de finance de la Sécurité Sociale 2021. L’Association des départements de France a évalué le « reste à charge » : le surcoût pour l’ensemble des conseils départementaux est estimé à 301 millions d’euros. En dehors des primes et des augmentations, la « générosité » des départements envers le secteur de l’aide à domicile connaît de grandes variations : quelques centimes de différences de l’heure sur le montant de l’Aide personnalisée à l’autonomie (APA) peuvent avoir une très forte incidence sur la rentabilité des structures. Céciile, aide soignante à domicile dans un SSIAD en Corrèze Du côté de l’Association des départements de France, on explique ces variations par des différences de structures sociodémographiques des territoires : « Le taux de bénéficiaires de l’APA parmi les 60 ans varie de 2,6 à 9,4 % ». « Quand vous êtes dépendant, il faut choisir votre lieu d’habitation » Au cours de ce mandat, l’autonomie financière des Conseils départementaux s’est considérablement restreinte puisqu’ils n’ont pratiquement plus de leviers fiscaux. Les élections de juin n’en sont pas moins l’occasion d’affirmer des choix politiques, même dans un contexte contraint. « Gros morceau » des compétences sociales, le financement de l’autonomie révèle des écarts qui vont du simple au double et qui ne sont pas forcément corrélés à la « richesse » du département. Le financement moyen de l’APA est de 21 euros. La « fourchette » va de 17 euros à près de… 30 euros. Des départements comme l’Isère ou le Maine-et-Loire sont parmi les plus généreux. « Les tarifs les plus hauts sont liés à des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens », relève le chef d’entreprise Patrick Quinte. La France, pays des 365 fromages et des 95 tarifs APA. Avec des restes à charge qui peuvent plomber des petites retraites. Marie Reine Tillon fait ce constat : « Quand vous êtes dépendant, il faut choisir votre lieu d’habitation ». Innovation : la Corrèze a créé une académie des métiers de l'autonomie La Corrèze a fait partie des départements dont le tarif APA était le plus faible. Il est aujourd’hui dans la moyenne avec un tarif de 21 euros de l’heure. Un effort qui s’est accompagné d’un dispositif de financement différencié, comme l’explique le président du Conseil départemental Pascal Coste : « La prise en charge de ceux qui sont en dessous de 1.200 euros de retraite par mois est intégrale. Au-dessus, il y a une participation de 5 euros sur le reste à charge ». L'académie des métiers de 'autonomie a démarré il y a trois mois en Corrèze Lancée en début d’année, une innovation devrait participer à la reconnaissance et à l’attractivité du métier : l’académie des métiers de l’autonomie. Dans tous les services d’aide à domicile du département, des professionnelles sont valorisées en tant qu’ambassadrices ou tutrices, dans l’objectif de faire découvrir le métier. Une formation en alternance sur un an a été mise en place avec le lycée agricole de Naves. « Des tutoriels ont été créés par les professionnelles confirmées et intégrés aux téléphones de service : ils permettent aux nouveaux salariés de savoir comment s’y prendre face à une situation donnée », complète Pascal Coste. D'autres départements cherchent à s'inspirer de ce modèle La Corrèze actionne également le levier de la mobilité : « En partenariat avec le Crédit agricole, nous avançons 8.000 euros sur le financement du permis de conduire et de l’acquisition du véhicule ». La question du recrutement est devenue localement moins problématique : « Nous avons 37 personnes qui sont entrées dans le métier en trois mois. À ce rythme-là, nous devrions pouvoir remplacer les départs en retraite », se félicite le président du Conseil départemental. D’autres départements veulent s’inspirer du « modèle corrézien ». Sur leur lancée, les Limousins veulent élargir les compétences de son académie à tout le secteur du domicile : des soins infirmiers aux assistantes maternelles. Julien RapegnoL’académie des métiers de ‘autonomie a démarré il y a trois mois en Corrèze.

Lancée en début d’année, une innovation devrait participer à la reconnaissance et à l’attractivité du métier : l’académie des métiers de l’autonomie. Dans tous les services d’aide à domicile du département, des professionnelles sont valorisées en tant qu’ambassadrices ou tutrices, dans l’objectif de faire découvrir le métier. Une formation en alternance sur un an a été mise en place avec le lycée agricole de Naves. « Des tutoriels ont été créés par les professionnelles confirmées et intégrés aux téléphones de service : ils permettent aux nouveaux salariés de savoir comment s’y prendre face à une situation donnée », complète Pascal Coste.

D’autres départements cherchent à s’inspirer de ce modèle.

La Corrèze actionne également le levier de la mobilité : « En partenariat avec le Crédit agricole, nous avançons 8.000 euros sur le financement du permis de conduire et de l’acquisition du véhicule ». La question du recrutement est devenue localement moins problématique : « Nous avons 37 personnes qui sont entrées dans le métier en trois mois. À ce rythme-là, nous devrions pouvoir remplacer les départs en retraite », se félicite le président du Conseil départemental.
D’autres départements veulent s’inspirer du « modèle corrézien ». Sur leur lancée, les Limousins veulent élargir les compétences de son académie à tout le secteur du domicile : des soins infirmiers aux assistantes maternelles.

Julien Rapegno

Source LA MONTAGNE.

 

La Nouvelle eco : capteurs et intelligence artificielle pour des nuits sans chutes en Ehpad…

Pour éviter que les équipes de nuits des maisons de retraite découvrent trop tard les chutes nocturnes des résidents, une entreprise d’Apt (Vaucluse) installe des capteurs pour analyser mouvements, vibrations, températures et luminosité dans les chambres.

Une alerte prévient l’équipe de nuit.

 Les capteurs d'EEC-technologies d'Apt (Vaucluse) aident les équipes de nuit à détecter les mouvements des résidents en Ehpad (illustration)

 

Une jeune entreprise d’Apt (Vaucluse) propose d’installer des capteurs dans les chambres des maisons de retraites et des Ehpad pour s’assurer que les personnes âgées passent une bonne nuit. Le dispositif alerte le personnel en cas de chute. Ces capteurs d’EEC-technologies utilisent l’intelligence artificielle mais ne collectent pas de données médicales.

Observer les nuits des personnes âgées

Ce sont des petits cubes de seulement quatre centimètres, bourrés de technologies pour détecter les habitudes des personnes âgées. Mattéo Gachon, le fondateur d’EEC-technologies à Apt, assure ainsi une garde de nuit :  « on va installer deux petits boitiers dans la chambre : un capteur regarde le lit, l’autre regarde l’environnement de la chambre : mouvements, vibrations températures, hygrométrie, luminosité et taux d’UV. Le cadre de santé ou le médecin de l’établissement pourra voir le temps de sommeil par chambre, le nombre de fois où le résident se lève dans la nuit, s’il y a un changement notable par rapport aux habitudes enregistrées auparavant. Evidemment pour les équipes de nuits, il y a une alerte sur un téléphone avec une voix qui annonce qu’il s’est produit telle anomalie dans telle chambre. On ne relie pas les données collectées au nom des résidents. Nous mettons en évidence les anomalies par numéro de chambre ».

Technologie numérique pour aider les équipes de nuit

Pas de micro ni de caméras dans les chambres. L’entreprise d’Apt a voulu répondre avec l’intelligence artificielle au manque de personnel de nuit et « maximiser son action pour être au bon endroit au bon moment plutôt que de découvrir les chutes au cours de tournées. Une chute devient dangereuse si la personne reste sans intervention plus de 45 minutes car des complications peuvent survenir : déshydratation, hypothermie si le sol est froid ».

C’est justement parce qu’il avait peur que sa grand-mère chute que Mattéo Gachon a développé ces capteurs en test dans des établissements à Noves et Cabanes (Bouches-du-Rhône). Le dispositif sera commercialisé cet été. EEC-technologies va recruter des développeurs informatiques et des techniciens d’installation.

Source FRANCE BLEU.

Quand la musique rallume la flamme dans les Ehpad malmenés par la Covid-19…

Sur le front de la guerre sanitaire, les Ehpad furent les fantassins des premières lignes qui tombèrent par dizaines, fauchés par le virus ou les conséquences de l’isolement forcé.

Quatorze mois plus tard, la vie « d’avant » reprend. Doucement.

En musique pour remettre en harmonie l’orchestre du corps.

Quand la musique rallume la flamme dans les Ehpad malmenés par la Covid-19

 

Le Montbéliardais Florent Puppis qui aligne vingt-quatre ans d’expérience en gériatrie, cite volontiers un proverbe africain : « Une personne âgée qui se meurt et une bibliothèque qui brûle  » Car, embraye le musicothérapeute dans une institution pour personnes âgées en Suisse, « la connaissance, la transmission des valeurs, la sagesse s’éteignent. Dans nos sociétés, une personne âgée qui se meurt est un appartement qui se libère. Ça me pose vraiment soucis. La société aurait tort de mettre au rebut ses anciens ».

Des anciens que Florent Puppis observe, écoute, soutient via la musicothérapie depuis la sortie du confinement avec la reprise des visites familiales et des animations.

La Covid a déshumanisé les relations

Comment ont-ils vécu cet isolement forcé dicté par un virus mortel et planétaire ? « Très très mal malgré tous les accompagnements mis en place par des équipes extraordinaires dans les Ehpad qui ont fait ce qu’elles pouvaient avec leurs cœurs et leurs bras pour faire face à une situation totalement inédite et angoissante. »

La Covid a déshumanisé les relations

L’âge moyen d’entrée en Ehpad est de 85 ans. Souvent dans des situations d’urgence avec des personnes dépendantes et fragiles.

Ceux qui ont vécu la dernière guerre, la faim, les bombes assurent que la pandémie fut pire

Florent Puppis

« On le dit peu mais la personne admise en institution perd une partie de son identité », note Florent Puppis. « Elle n’est plus dans sa maison ou son logement donc n’a plus ses repères spatio-temporels. Elle sait que ce qui a été ne sera plus, que l’Ehpad est sa dernière demeure. Vous ajoutez à cela la Covid qui a déshumanisé les relations. Inutile de se voiler la face : le virus a mis le personnel et les résidents en état de stress. Les visites et les activités qui maintiennent du lien social ont été stoppées avec l’isolement que ça suppose. »

Le lâcher prise

Puis il y a eu les morts. Beaucoup de morts dans les maisons des seniors. Liées au coronavirus. Aussi au syndrome de glissement. Ce que Florent Puppis nomme pudiquement « le lâcher prise. Fragiles, fatiguées, les personnes âgées renoncent et se laissent mourir ». De cette période virale, sous cloche et anxiogène, les anciens disent peu ou prou la même chose : « Celles et ceux qui ont vécu la dernière guerre, la faim, les bombes assurent que la pandémie fut pire. Beaucoup plus dure car d’une évidente violence psychologique. »

Résultats extraordinaires de la musique sur la maladie d’Alzheimer

En douceur, la vie reprend dans les maisons pour personnes âgées. L’enseignant à la fac de musicologie de Besançon et à l’IUT de Belfort Montbéliard, par ailleurs responsable de la vie socioculturelle au sein de la fondation suisse, a repris ses ateliers de musicothérapie.

Quand la musique rallume la flamme dans les Ehpad malmenés par la Covid-19

Car la musique en général, les sons en particulier sont essentiels pour attiser la mémoire, les émotions et l’étincelle de la vie.

« Notre notre corps est un véritable orchestre »

« Notre cœur bat, nos cellules vibrent, le sang circule, bref notre corps est un véritable orchestre. Nous avons tous de la musique en nous », s’enthousiasme Florent Puppis qui utilise les instruments de percussion, aussi le bol tibétain et le bol chantant en cristal de quartz dont les vibrations sonores et positives stimulent le corps, le mental et l’émotionnel, favorisent la relaxation.

Des malades Alzheimer sont capables de chanter sur un morceau alors que d’ordinaire ils ne parviennent plus à composer une phrase

Florent Puppis

Les neurosciences ont prouvé que le son a une influence sur les ondes cérébrales, le système nerveux, la chimie du corps.

Réminiscence du passé

Florent Puppis dispose aussi de sa playlist dont les extraits musicaux causent aux souvenirs des personnes âgées. « La musique est fondamentale dans la réminiscence du passé », dit-il. « Elle suscite en nous un profond sentiment de sécurité. »

Les résultats sont d’ailleurs extraordinaires sur les malades Alzheimer. « Ils sont capables de chanter sur un morceau alors que d’ordinaire ils ne parviennent plus à composer une phrase. » Kant l’écrivait. La musique est l’art qui fait revivre !

Le clip des mémés a fait plus d’un million de vues

Le clip des mémés a fait le buzz sur la toile en 2018. Aujourd’hui encore, il suscite des commentaires.   Capture de vidéo.

La musique fut le vecteur d’une furieuse dynamique à l’Ehpad la Résidence du Parc à Audincourt et à l’association d’aide et de soins à domicile des personnes âgés Colchique à Belfort. Sur la musique de « Je veux » de Zaz, les mamys ont commis un clip de 5 minutes titré « les mémés s’éclatent » vu plus d’un million de fois sur You Tube. Un clip message où les mémés de 80 ans et plus font savoir qu’elles ne comptent pas pour des prunes, préfèrent « le rock au tricot », ont besoin de « respect et considération ». Besoin aussi de personnel pour soutenir le grand âge. Un message porté en 2018 jusqu’au Sénat et à l’Assemblée nationale.

Le clip pétillant porté par des mamys pétulantes a fait souffler un zef revigorant sur l’Ehpad. « Je marche la tête haute » nous confiait à l’époque l’énergique Mauricette Cassis, 86 ans qui aurait bien aimé accueillir à l’Ehpad celui qu’elle nomme alors « le gamin » (N.D.L.R. Emmanuel Macron) et «Madame Brigitte ». Mauricette n’en aura pas le plaisir. Elle est décédée l’an dernier. Demeure ses copines de l’aventure musicale : Jacqueline, Marie-Thérèse, Colette et les autres. 2020 fut une année difficile, le temps passe mais le clip demeurera.

Source EST REPUBLICAIN.

«Sans les 8 millions d’aidants, il faudrait financer autant de professionnels de santé !»…

Comment gérer sans eux la dépendance ou le handicap au quotidien ?

Il y aurait en France 8 millions d’aidants, indispensables compléments des services de santé.

«Sans les 8 millions d'aidants, il faudrait financer autant de professionnels de santé !»

 

Au coeur d’une crise sanitaire qui a souvent compliqué leurs missions de tous les jours, ils sont aujourd’hui en attente de soutien et de reconnaissance. C’est ce qu’explique pour Pourquoi Docteur le Dr Imad Sfeir, président du réseaux RESEDA (réseau des maladies neuro-évolutives) de Bourgogne-Franche Comté, très impliqué dans l’accompagnement de la dépendance.

– Quelle est la situation des aidants alors que la deuxième vague a entraîné une nouvelle période de confinement ?

Dr Imad Sfeir : Les aidants ont encore plus besoin aujourd’hui d’être soutenus ! Cette deuxième vague de l’épidémie et le confinement qui l’accompagne impacte leurs déplacements, leur vie quotidienne, au moment même où ils doivent être encore plus aux côtés des personnes aidées. Pour cette raison ils ont besoin d’être à leur tour soutenus psychologiquement et de se voir proposer des solutions de répit. C’est pour cette raison que le réseau RESEDA propose aux aidant le soutien de notre équipe de psychologues, même s’ils ne peuvent intervenir qu’à distance en raison du confinement. Et nous avons d’autres activités, également en distanciel, qui leur permettent de bien s’occuper d’eux-mêmes, et surtout de passer du temps à penser à autre chose que la maladie ou aux difficultés des personnes qu’ils accompagnent.

– Mais des aidant, notamment ceux qui accompagnent des personnes à domicile, sont parfois très isolés. Comment vous parvenez, dans les circonstances actuelles, à rester en relation avec chacun d’entre-eux ?

Dr I.S. : Depuis bien avant la crise, par le biais de notre réseau, nous avions organisé des contacts et des temps de rencontre avec les aidants, comme des visites de musée pour les couples ‘aidant-aidé’, mais aussi des cours de cuisine, des ateliers de couture, que l’on a pu poursuivre en distanciel et de garder le contact avec les aidants pendant cette deuxième vague et cette nouvelle période de confinement.

– Cela, c’est l’action de votre réseau. Mais d’une façon plus générale, alors que le rôle des aidants est essentiel, est-ce qu’on leur apporte suffisamment de soutien, de reconnaissance ?

Dr I.S. :Même si l’on a fait des efforts depuis quelques mois puisque l’on a mis en place des dispositifs pour aider financièrement les aidants en leur versant des forfaits annuels pour les aider à prendre du répit, une sorte de congés payés, on n’est pas allés jusqu’au bout pour répondre à leurs besoins et les remercier. Or, sans les aidants – ils représentent environ 8 millions de personnes en France si l’on considère comme tels les proches aidants de personnes handicapées ou dépendantes- il faudrait financer autant de nouveaux professionnels de santé ! Il faut reconnaître le rôle très important qu’ils jouent dans la prise en charge des personnes malades en France, reconnaître aussi leur statut et les aider dans des moments difficiles comme ceux que nous traversons pour qu’ils puissent continuer à s’occuper de ces malades.

– Qu’est-ce qui permettrait, selon vous, de mieux les accompagner ?

Dr I.S. : J’insiste, il faudrait d’abord une reconnaissance de leur statut d’aidant et cette reconnaissance elle passe beaucoup par quelque chose de très important pour eux, la possibilité de prendre des congés payés. Ils ont droit aujourd’hui à trois mois sur l’ensemble du temps passé auprès des personnes aidées mais il faudra aller bien au-delà pour que les aidants puissent avoir de vrais temps de répit.

– Ce qui implique qu’il faut aussi pouvoir les remplacer auprès de la personne aidée …

Dr I.S. : Exactement. Mais il faudra également apporter un soutien financier aux couples aidant-aidé pour qu’ils puissent partir en vacances ensemble : il y a plusieurs centres en France qui peuvent les accueillir mais tout cela coûte de l’argent … Il faut absolument aider l’aidant à tenir le coup !

– Cette aide matérielle, vous l’évaluez à quel niveau ?

Dr I.S. :On a déjà fait bouger les choses puisque l’on propose aux aidants des forfaits de 500 euros par an pour prendre du répit. Mais ce n’est pas suffisant. Si l’on a amélioré le système, il faut pourtant aller plus loin et dans ce que l’on propose financièrement, et dans la reconnaissance en termes de statut.

– Concrètement, quelles seraient les décisions, les mesures à prendre ?

Dr I.S. : On pourrait par exemple financer l’hébergement pour des séjours temporaires en établissements mais aussi prendre en charge les transports pour les accueils de jour. Actuellement, une grande partie de des frais reste à la charge de l’aidant. Mais pour cela il faut des lois qui améliorent les financements et la prise en charge.

– Cette crise sanitaire avec ses conséquences sur les aidants peut-elle aboutir à ce que les choses avancent plus vite ?

Dr I.S. : C’est effectivement le possible côté positif de la crise, il y a toujours des côtés positifs dans une crise ! Cela peut être un accélérateur pour faire avancer certaines lois, aller plus loin dans certains dispositifs si tout le monde a compris les enjeu d’une aidance en difficultés … Les pouvoirs publics semblent avoir pris conscience du rôle de l’aidant mais il faut maintenant faire avancer cette nouvelle loi « grand âge et autonomie » que l’on attend toujours avec impatience, qu’il y ait des dispositifs supplémentaires pour soutenir les aidants et leur apporter la reconnaissance qui leur est due !

Source POURQUOI DOCTEUR.

Près du Havre, 4 ans de prison avec sursis pour l’octogénaire ayant tenté de tuer sa femme malade d’Alzheimer…

Un octogénaire de Gonfreville-l’Orcher, près de Havre, a comparu devant la cour d’assises de Rouen.

A bout, il avait tenté de tuer sa femme, souffrant de la maladie d’Alzheimer.

Décrit comme un « homme bon » par ses proches, il a été condamné à quatre ans de prison avec sursis.

L'avocate de la défense, Célia Lacaisse

 

La fin de trois jours de procès d’assises à Rouen pour Michel, l’aidant qui a tenté de tuer sa femme malade d’Alzheimer près du Havre. L’homme de 83 ans a été condamné à quatre ans de prison assortis d’un sursis en totalité. Il y a quatre ans, en décembre 2016, au bout du rouleau, il lui avait asséné plusieurs coups de couteau à leur domicile de Gonfreville-l’Orcher avant d’essayer de se donner la mort en se taillant les veines. Les deux survivront, sa femme meurt un mois plus tard à l’hôpital non pas de ses blessures mais de la maladie. Le geste de désespoir d’un aidant dans un quotidien de plus en plus compliqué. 

Un époux aimant qui a « pété les plombs »

Le jury a été clément. Durant ce dernier jour de procès, la personnalité de Michel a été évoquée à de nombreuses reprises, par les experts psychiatres, l’avocate générale et l’avocate de la défense. C’est le portrait d’un homme exemplaire qui est dressé. « Un homme unanimement bon et doux et qui a consacré sa vie aux autres« , indique l’avocate générale.

Michel est décrit comme un époux aimant, un aidant qui n’en pouvait plus. Un homme probablement dépassé par cette maladie qui ronge celle avec qui il est marié depuis 55 ans. Une femme qui est devenue méconnaissable avec un comportement violent, notamment quand elle le gifle ou le griffe. « Il n’a pas voulu tuer sa femme mais il a voulu tuer cette maladie qui les détruisait« , souligne Me Célia Lacaisse, son avocate, lors de sa plaidoirie. « Michel ne s’est jamais présenté comme la victime, il n’a jamais cherché d’excuses, jamais. »

Michel regrette son geste, il le dit, le répète à la barre, mouchoir à la main : « J’ai une pensée pour ma femme, je l’aime toujours. » L’émotion est alors forte sur le banc de la famille. Des enfants, qui l’ont toujours soutenu. Ils sont satisfaits de voir que leur père échappe à la prison.

Source FRANCE BLEU.

« La Covid a révélé une manière de maltraiter la prise en charge de nos aînés » : un directeur d’EHPAD jette l’éponge…

Directeur général adjoint de la Mutualité française en Normandie, Sylvain Meissonnier supervisait six EHPAD.

Après 30 ans de carrière au contact des personnes âgées, il jette l’éponge.

Il dénonce un système sociétal qui a privé son travail de sens.

Sylvain Meissonnier, directeur général adjoint de la Mutualité française en Normandie a décidé de quitter ses fonctions.

 

Ils sont tous un peu sonnés. Et perdus. Depuis un an, ils traversent tous ensemble la tempête du Covid. « C’est peut-être la pire année de ma carrière« , confie Patricia Becq-Poinsonnet, directrice de l’EHPAD « les jardins d’Elsa » à Ifs, « On a vécu des choses vraiment terribles. Il y a des jours où on se demandait comment on allait pouvoir continuer notre prise en charge. C’était vraiment au jour le jour. » Dans cette tempête, les équipes des EHPAD du groupe ont pu compter sur Sylvain Meissonnier, le directeur général adjoint. « C’était le chef d’orchestre », raconte Maxime Montagne, médecin coordonnateur. « Il avait un rôle de soutien, d’encouragement. Il nous amenait ce dont on avait besoin quand c’était possible« , explique Patricia, « Il nous a aidé à tenir. » Mais aujourd’hui, le capitaine a décidé de quitter le navire.

Et l’éclaircie tant attendue depuis des mois de s’éloigner encore plus dans l’esprit des personnels. « La réalité, c’est que c’est vous les forces vives« , lance Sylvain Meissonnier à ses collaborateurs abattus, comme pour les consoler, « C’est vous, des directeurs aux aides-soignantes, des personnes qui font le ménage à celles qui sont en cusine, c’est vous qui faites le quotidien de nos aînés. En réalité, des gens comme moi on est là que pour vous dire : vous avez des projets, on va vous soutenir. Mais ce ne sont que des mots. L’action, c’est vous qui la menez. C’est vous qui faites vivre cette qualité d’accompagnement et de respect qu’on doit à nos aînés. »

Sylvain Meissonnier a travaillé près de 30 ans auprès des personnes âgées

« Je ne veux plus faire semblant de croire à un système »

Si le directeur général adjoint a foi en ses équipes, la crise de la covid a balayé ses dernières illusions. « On continue à ne pas se poser les bonnes questions sur la prise en charge, l’accompagnement, le respect qu’on doit aux personnes du grand âge« , estime Sylvain Meissonnier, « Le choix que je fais c’est de ne plus être à la manette pour abîmer la relation avec les résidents, les familles et le personnel (…) Je ne veux plus faire semblant de croire à un système auquel je ne crois plus. » Un système au sens large, à l’échelle de toute la société.

« L’objectif, c’est le bien-être des gens à qui on doit le respect, des gens qui nous ont nourris, des gens qui nous élevés »

Sylvain Meissonnier

Pour le capitaine, la boussole est cassée. « Quand on s’occupe d’un public malade, fragilisé par l’âge, on ne peut pas rentrer dans la question de l’accompagnement et de la prise en charge par la donnée économique« , pense celui qui se présente pourtant comme un gestionnaire, « La donnée économique, c’est un résultat. Ça ne peut pas être l’objectif de départ. L’objectif, c’est le bien-être des gens à qui on doit le respect, des gens qui nous ont changés, qui nous ont nourris, qui nous ont élevés, qui ont payé nos études. » Et de citer l’exemple des repas. « Est-ce que c’est respectueux d’imaginer de continuer à faire manger des résidents pour 5€10 par jour ? Nous, à 5€10, on est plutôt cher. La moyenne nationale c’est plutôt 3€50. Est-ce que vous imaginez manger quatre repas par jour pour 3€50 ? »

Des sacs poubelle pour habiller le personnel

Les aînés ne sont pas les seules victimes du système que dénonce Sylvain Meissonnier. « Ça fait 25 ans qu’on dit que les personnels des EHPAD sont les oubliés d’un système social« . Le Ségur de la santé apparait selon lui comme un premier pas en avant mais « il a fallu attendre six mois avant qu’il soit décliné dans les établissements privés non lucratifs« . Et le compte n’y est pas. « Les aides-soignantes de nos établissements vont bénéficier d’une revalorisation mais pas celles qui interviennent à domicile. Or, depuis 25 ans, on nous dit qu’il faut développer la prise en charge à domicile. Au bout d’un moment, quand on se lève le matin, on a besoin d’avoir du sens. »

La considération financière ne passe pas que par les salaires. Le début de l’épidémie en France a été marqué par le manque d’équipements de protection. « Dans les EHPAD, on habillait les personnels avec des sacs poubelle« , rappelle Sylvain Meissonnier, « C’est juste ça la vraie vie. Combien de temps, en tant que dirigeant, je vais continuer d’accepter qu’on habille des soignants avec des sacs poubelles ? »

« Quelqu’un, qui n’a sans doute jamais mis les pieds dans un EHPAD, décide de quelque chose et l’annonce dans un bureau »

Sylvain Meissonnier

Un manque de respect des pouvoirs publics qui, selon lui, va bien au-delà des moyens attribués. « Je n’ai pas envie de continuer à cautionner un système où on apprend le dimanche soir à 2O heures à la télévision que les visites vont reprendre le lendemain. Après vous avez l’ARS qui vous dit : ne vous inquiétez pas, on va vous envoyer une note pour vous expliquer comment organiser ces visites mais vous l’aurez jeudi ou vendredi. Nous sommes en plein milieu d’un désastre de communication où quelqu’un, qui n’a sans doute jamais mis les pieds dans un ehpad, décide de quelque chose et l’annonce dans un bureau. »

Hôpital ou prison

Cette envie de jeter l’éponge, Patricia Becq-Poinsonnet, directrice de l’EHPAD « les jardins d’Elsa » à Ifs, reconnait, après un instant d’hésitation, qu’elle lui a traversé l’esprit. Le 17 octobre dernier, un premier cas positif est signalé dans son établissement. Très vite, la spirale infernale s’enclenche. 90 résidents sur 100 sont touchés par le virus. « Notre établissement ressemblait plus à un hôpital qu’à un EHPAD. » Le personnel n’est pas épargné. Le coronavirus frappe aussi les salariés. Et les familles frappent aux portes, angoissées par le sort de leurs parents. « J’avais plus l’impression de tenir une prison qu’un EHPAD. Pour moi, ce n’était pas entendable. »

Patricia Becq-Poinsonnet, directrice de l'EHPAD "les jardins d'Elsa" à Ifs

Mais « l’équipe a vraiment tenu le choc« , raconte Patricia Becq-Poinsonnet. Durant cette période où le personnel est sur le pont du lundi au dimanche, le contact avec Sylvain Meissonnier est permanent. « On avait des réunions tous les jours. On pouvait appeler n’importe quand. Il y avait toujours quelqu’un qui nous répondait. » Le directeur fera même venir un glacier devant l’établissement pour réconforter personnels et résidents.

Distribution de glaces à l'EHPAD d'Ifs

Depuis le début de la crise, Sylvain Meissonnier tente, selon ses équipes, de répondre à leurs besoins mais aussi de « créer des liens entre les EHPAD, faire de l’échange d’expérience, créer une entraide et la chapeauter« , indique le médecin coordonateur, alors que les consignes des autorités sanitaires « pouvaient être en contradiction d’une semaine ou d’un jour à l’autre« . Et d’adapter les ordres venus d’en haut à la réalité du terrain. « Il réfléchissait toujours dans l’intérêt des résidents et des familles. »

Si la période la plus sombre de cette crise semble être passée dans ces EHPAD, les effets du coronavirus continuent de se faire sentir. « On se rend compte que toutes les nouvelles entrées sont des entrées trop tardives. Ces personnes auraient dû rentrer plus tôt. Mais à cause de la pandémie, pour X raisons, elles n’ont pas pu rentrer dans l’EHPAD et finalement elles arrivent très fatiguées, avec un état très altéré« , raconte Maxime Montagne, « On a énormément de décès dans les jours qui suivent les entrées, une à deux semaines après l’arrivée de ces personnes. Elles ont tenu tout ce qu’elles ont pu au domicile, dans des conditions assez précaires d’isolement.Toutes les conséquences de cette pandémie, tout cet isolement, cette non accessibilité aux soins, on le ressent maintenant. »

Maxime Montagne, médecin coordonnateur, au chevet d'un résident

« Bousculer un peu tous ces vieux modèles »

Après trente ans de carrière, Sylvain Meissonnier quittera ses fonctions le 30 juin prochain. « Si on continue malheureusement à donner envie aux passionnés de ne plus être passionné, demain, dans des établissements comme les EHPAD, on ne fera plus que des gestes techniques. Et ça, clairement, ça ne m’intéresse pas du tout« , prévient le futur ex directeur, qui envisage son départ plus comme une parenthèse que comme point final. « Je veux faire le point sur cet engagement de près de 30 ans, chercher à quel endroit je peux être utile pour faire évoluer les choses. Le prochain point de chute devra avoir du sens et permettre de bousculer un peu tous ces vieux modèles. »

Source FR3.

Vendée : Condamné pour avoir soutiré 92.000 euros de dons à des personnes âgées…

L’escroc vendéen prétextait un soutien à une association religieuse ou à une abbaye pour obtenir la générosité de personnes vulnérables.

Le tribunal de La Roche-sur-Yon.

 

Un homme âgé de 50 ans a été condamné à douze mois de prison avec sursis pour avoir escroqué deux personnes âgées vulnérables. Les faits se sont déroulés en Vendée entre 2014 et 2016. L’individu mettait avant sa foi religieuse, prétextait un soutien à une association catholique ou des besoins de rénovation dans une abbaye, pour abuser de la générosité d’une vieille dame et d’un vieil homme, rapporte Ouest-France.

La première, atteinte de la maladie d’Alzheimer, a versé un total de 85.000 euros. Le second, également fragile psychologiquement, a lâché 7.000 euros.

L’escroc quinquagénaire avait tout encaissé. Il devra indemniser ses deux victimes. La justice soupçonne l’existence d’autres victimes sans dépôt de plainte.

Source 20 MINUTES.

Maladie de Parkinson : « le regard des autres est blessant, sur moi, ma lenteur, mes petits pas » témoigne Danièle, 69 ans….

Le 11 avril, c’est la journée mondiale de la maladie de Parkinson. En France, 120 000 personnes en sont atteintes.

La maladie provoque le vieillissement accéléré de certaines zones du cerveau.

A Dole, dans le Jura, témoignage de Danièle, 69 ans, malade depuis une dizaine d’années.

Avec la maladie de Parkinson, "le mot-clé est la lenteur dans l'initiation et l'exécution des mouvements"

 

Il est 10h00 du matin. Dans sa petite maison, à Dole, dans le Jura, Danièle (*), 69 ans, me propose un café. Elle va dans sa cuisine et le prépare. Presque normalement. Mais elle sait que ça ne va pas durer. Dans quelques heures, la maladie de Parkinson s’imposera, brutalement :

« L’après-midi je ne fais rien, je suis une larve,  je n’ai plus du tout de force, Je dors, dans une espèce de sieste noire, un puits sans fond, le corps tombe, ça s’impose à moi. »

« Il faudrait que le temps dure deux fois plus longtemps ! Tout est ralenti, on ne peut pas oublier la maladie »

Danièle, 69 ans, atteinte de la maladie de Parkinson

Petit à petit, la vie s’est organisée au rez-de-chaussée de la maison. Impossible de monter à l’étage. Le risque de chute est trop grand. Les journées sont ponctuées par quelques courses et les promenades avec son chien, dans un parc en ville. Et bien sûr par la prise régulière de médicaments. 7 cachets,  répartis du matin au soir.

« Les médicaments nous aident à affronter le quotidien, sans aide chimique ce serait insupportable » précise-t-elle, « à l’hôpital de Besançon, il y a vraiment de la compétence et des personnes très bien, j’en suis très contente. »

Des cachets répartis tout au long de la journée : le traitem7nt médicamenteux permet d'améliorer le confort de vie des malades.

La maladie de Parkinson touche aussi l’amour propre des malades :

« C’est dévalorisant, je ne peux plus guère sourire, les muscles se figent, je donne l’impression de faire la tête alors que ce n’est pas vrai du tout ! »

Le regard des autres est tout aussi difficile, dit-elle, « sur moi, sur ma lenteur, sur mes petits pas. Les gens ne se rendent pas compte qu’ils peuvent blesser sans le vouloir. »

Tout commence en 2012. D’abord la main droite, avec la difficulté de plier les doigts. Quelques mois plus tard, son médecin soupçonne un problème neurologique. Le diagnostic est  confirmé par un neurologue. La réaction de Danièle oscille entre colère et abattement :

« On en veut au monde entier, je venais de prendre ma retraite, je ne pouvais profiter de rien  ! Je me suis dit, ce n’est pas possible, ça ne concerne que les personnes très âgées, pas moi ! »

Une maladie de plus en plus fréquente

Le docteur Matthieu Bereau est neurologue. Il travaille au centre expert Parkinson du CHU de Besançon, qui fait partie du réseau national NS-park. Il accompagne les patients aux différents stades de la maladie : diagnostic, complications et traitements, phase avancée. Le centre expert de Besançon est également associé à des protocoles de recherche.

Le neurologue résume la maladie de Parkinson en ces termes :

« C’est une maladie qui touche à l’essence de l’être humain, à ses émotions, à sa motricité »

Matthieu Bereau, neurologue au CHU de Besançon

La France compte 120 000 personnes touchées par la maladie de Parkinson. Elles sont 8000 de plus chaque année.

Avec le vieillissement de la population, la maladie de Parkinson va concerner de plus en plus de personnes, explique le docteur Bereau, « pour autant, ce n’est pas une maladie du sujet âgé, près de 20 % des malades ont moins de 65 ans. C’est typiquement la maladie de la pré-retraite, entre 55 et 65 ans, majoritairement des hommes ».

« Le mot clé est la lenteur »

La maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer sont les plus fréquentes des maladies neuro-dégénératives. Elles provoquent le vieillissement accéléré de certaines zones du cerveau :

  • La zone de la mémoire, pour la maladie d’Alzheimer
  • La zone qui fabrique la dopamine, dans le cas de la maladie de Parkinson.

Le docteur Bereau précise le rôle de la dopamine : « Elle permet la fluidité des mouvements du corps. Elle joue aussi un rôle dans la motivation. Le mot clé est la lenteur, c’est une maladie qui s’associe à la lenteur dans l’initiation et l’exécution des mouvements ».

Pourtant, la lenteur n’est que la partie émergée de l’iceberg : « il y a des signes non moteurs, notamment des troubles de la motivation, de l’apathie, des troubles du sommeil, des difficultés à ressentir les émotions. »

Améliorer le confort de vie, mais pas guérir

Contrairement à la maladie d’Alzheimer, il y a des traitements. Non pas pour guérir. Ni pour ralentir l’évolution de la maladie. Mais pour améliorer le confort de vie des malades. Médicaments et pompes à dopamine sont les traitements les plus fréquents. La neuro-chirurgie concerne, elle, une minorité de cas. Il s’agit d’implanter des électrodes dans les zones profondes du cerveau, afin de réguler l’activité cérébrale.

« C’est une maladie multifactorielle », précise le docteur Bereau, « il y a des facteurs d’environnement, notamment l’exposition aux pesticides, et des prédispositions génétiques. C’est l’interaction entre ces deux types de facteurs qui fait qu’un patient peut développer la maladie ».

Quels sont les signes qui doivent nous alerter ? « Les symptômes sont la  lenteur dans la pensée et dans les gestes, les tremblements, une gêne à l’écriture, une perte de la motivation, qui passe parfois pour de la déprime ».

« Je pense aux aidants »

Depuis le décès de son mari, Danièle vit seule. C’est presque une chance, dit-elle avec humour :

« Je pense aux aidants, à ce qu’ils doivent endurer, parce les malades sont tellement lents… Moi au moins, je n’enquiquine que moi ! »

Un éclat de rire. Et puis le ton se fait plus grave : « Je  pense à la fin de vie, on sait comment on va terminer, complétement paralysée, c’est épouvantable ». Danièle a fait les démarches nécessaires pour partir un jour en Suisse. Le pays voisin qui a légalisé le suicide assisté.

En attendant, son chien s’impatiente. C’est l’heure de sa promenade.

Demain, Danièle pourra s’accorder un moment plaisant. Faire un petit tour en ville. Enfin, peut-être. Si la maladie de Parkinson veut bien l’oublier pendant quelques heures…

(*) le nom et le lieu de résidence ont été modifiés pour préserver l’anonymat

Source FR3.

 

 

La vie après la mort : des «gènes zombies» peuvent modifier les cellules cérébrales pendant de nombreuses heures…

Les gènes de certaines cellules cérébrales continuent de s’exprimer après la mort clinique.

Une découverte qui doit être prise en compte dans les recherches sur l’autisme, la schizophrénie ou Alzheimer menées sur les tissus cérébraux post-mortem.

La vie après la mort : des «gènes zombies» peuvent modifier les cellules cérébrales pendant de nombreuses heures

 

Et si toute vie ne s’arrêtait pas lorsque le coeur cesse de battre ? C’est ce que l’on peut déduire des travaux menés par des chercheurs de l’université de l’Illinois à Chicago et publiés dans la revue Scientific Reports. Cette recherche montre que l’expression des gènes de cellules du tissu cérébral non seulement ne cesse pas après la mort mais devient même encore plus active !

Ces « gènes zombies », comme les appellent les chercheurs sont spécifiques à des cellules inflammatoires appelées cellules gliales pour lesquelles ils ont observé qu’elles se développaient en produisant de longs appendices en formes de bras « pendant de nombreuses heures après la mort ». Ces cellules sont localisées dans le tissu cérébral.

Des cellules inflammatoires qui nettoient les effets des lésions cérébrales

« La plupart des études supposent que tout s’arrête dans le cerveau lorsque le coeur cesse de battre, mais ce n’est pas le cas », remarque le Dr Jeffrey Loeb, auteur principal de ces travaux. Ce qui, d’ailleurs, lui semble finalement assez logique : « Le fait que les cellules gliales s’agrandissent après la mort j’est pas trop surprenant étant donné qu’il s’agi de cellules inflammatoires dont le rôle consiste à faire le nettoyage après des lésions cérébrales liées à la privation d’oxygène ou à un AVC ». Autrement dit, leurs gènes survivraient au décès clinique pour leur permettre de continuer de s’acquitter des tâches pour lesquelles elles sont programmées.

Comment Jeffrey Loeb et son équipe sont-ils parvenus à cette étonnante découverte ? Ils ont prélevé des tissus cérébraux sur des patients décédés dans le cadre de recherches sur de nouveaux traitements pour l’épilepsie. Et c’est en analysant ces tissus qu’ils ont constaté des comportements très différents de plusieurs groupes de gènes. Les gènes qui fournissent les fonctions cellulaires de base sont restés stables et un autre groupe de gènes, tous ceux connus pour être présents dans les neurones et impliqués dans l’activité cérébrale -la pensée et la mémoire- se sont rapidement dégradés dans les heures ayant suivi la mort. C’est un troisième groupe, celui des « gènes zombies » qui a attiré leur attention lorsqu’ils se sont aperçus que leur activité augmentait en atteignant un niveau maximum environ 12 heures après la mort.

Mieux comprendre les analyses de tissu cérébral post-mortem

Au-delà de révéler qu’une part de la vie cellulaire peut se poursuivre après le décès, cette constatation a un intérêt pour la recherche concernant des troubles neurologiques comme l’autisme ou la maladie d’Alzheimer : celle-ci s’appuie en effet parfois sur l’analyse du tissu cérébral post-mortem. Et les travaux de Jeffrey Loeb et de son équipe, en montrant que ce tissu peut continuer d’évoluer après la mort sous l’effet des « gènes zombies », indiquent que ces changements doivent être pris en compte. Et qu’il est préférable pour de telles recherches de travailler sur des tissus cérébraux post-mortem « frais » ouy de ne travailler que sur les cellules dont l’expression génétique est stabilisée.

Source POURQUOI DOCTEUR.

Alzheimer, infarctus, cancers : les dents sont le miroir de la santé…

Mal de tête ou de dos, diabète, Alzheimer, maladies cardiaques et cancers ont un lien étroit avec la bouche.

Explications.

Alzheimer, infarctus, cancers : les dents sont le miroir de la santé

 

Le samedi 20 mars, c’était la journée mondiale de la santé bucco-dentaire, une occasion pour l’association Dentéon Santé de rappeler le lien étroit entre une bouche saine et un corps en bonne santé.

Bactéries présentes entre la gencive et les dents

En effet, de nombreuses pathologies se reflètent dans notre bouche. C’est ainsi que certaines douleurs lombaires, céphalées mais également des pathologies telles que le diabète (notamment le diabète de type 2), la maladie d’Alzheimer, certaines maladies cardiaques ou même certains cancers ont un lien étroit avec nos dents.

« Les bactéries présentes entre la gencive et les dents passent à travers les vaisseaux de la gencive. Ces mêmes bactéries s’étendent par voie sanguine à d’autres parties du corps et exposent ainsi, dans le temps, à un risque certain de problèmes de santé. C’est pourquoi des soins dentaires réguliers signifient que notre bouche et notre corps seront en meilleure santé », insiste le Dr Edmond Binhas, chirurgien-dentiste et fondateur de Dentéon Santé.

Deux détartrages par an réduisent de 150% le risque d’infarctus

Le Dr Edmond Binhas précise d’ailleurs que deux détartrages par an réduisent de 150% le risque d’infarctus chez une personne souffrant d’une pathologie cardiaque. La bouche est donc le reflet du corps, et l’entretenir signifie prendre soin de sa santé et de son bien-être.

Pour préserver sa santé globale, voici quelques conseils buccaux :
– Se brosser les dents au moins deux fois par jour pendant 2 minutes.
– Passer du fil dentaire ou des brossettes au moins une fois par jour pour enlever les bactéries et la plaque dentaire entre les dents (de préférence, après le dernier repas de la journée).
– Rendre visite régulièrement à son chirurgien-dentiste de façon préventive et sans attendre d’avoir mal.
– Limiter les collations sucrées, les boissons gazeuses, ainsi que certaines boissons diététiques riches en acide.
– Informer son chirurgien-dentiste de tout changement dans sa santé générale.

Source POURQUOI DOCTEUR.