Seniors : Une famille d’accueil plutôt que la maison de retraite ?… Où se renseigner ?

VIE PRATIQUE – Les familles d’accueil pour personnes âgées sont une option pour les seniors qui aspirent à une certaine sécurité sans pour autant sacrifier leur autonomie.

Les familles d'accueil pour personnes âgées permettent de lutter contre la solitude, tout en conservant son indépendance.

Les familles d’accueil pour personnes âgées permettent de lutter contre la solitude, tout en conservant son indépendance.

Entre les difficultés propres à leur condition et le manque de disponibilité des proches, vivre seul peut être vécu comme un triste destin pour les seniors. Si certains apprécient la sécurité et le confort des maisons de retraite, d’autres déplorent leurs règles de vie trop strictes et leur cadre parfois peu convivial. Les familles d’accueil pour personnes âgées proposent alors une solution intermédiaire.

L’alliance de la sécurité et de la liberté

Ces structures sont une option pour un senior ou un couple autonome, dont l’état de santé ne nécessite pas un environnement médicalisé. Cet hébergement peut être temporaire ou permanent, à temps complet ou partiel, selon les besoins du demandeur.

Le principal avantage de cette solution est d’offrir une grande liberté au pensionnaire. En effet, le « locataire » âgé a la possibilité d’aller et venir à sa guise, sans contrainte horaire. Il s’engage simplement à prendre part à la vie quotidienne du foyer d’accueil, notamment en partageant ses repas avec ses hôtes et en participant aux sorties collectives.

Un encadrement strict pour les accueillants

Les familles d’accueil doivent obtenir un agrément délivré pour cinq ans par le conseil départemental, au terme d’une enquête qui doit déterminer si elles répondent bel et bien aux conditions matérielles nécessaires à la prise en charge d’une personne vulnérable.

En pratique, il est impératif de proposer une chambre individuelle de 9 m2 minimum pour un hôte unique, contre 16 m2 pour un couple, ainsi que des commodités privées, afin de garantir l’intimité de la personne accueillie, et un libre accès aux pièces communes du logement. Les accueillants sont également tenus de lui fournir le gîte, le couvert et la blanchisserie.

Plus largement, les hébergeurs doivent veiller au confort et au bien-être de leur pensionnaire âgé, quitte à lui venir en aide pour la réalisation de tâches quotidiennes. Afin de s’en assurer, un suivi médico-social est d’ailleurs réalisé par les services départementaux durant toute la durée de l’hébergement.

Statut et rémunération de l’accueillant

L’accueillant peut être salarié d’une structure – Ehpad, association, institut médico-social, municipalité – ou directement rémunéré par la personne logée. Dans les deux cas, il fait l’objet d’un contrat de travail et bénéficie des mêmes droits que n’importe quel employé : congés payés, arrêts maladie, couverture sociale…

Compte tenu de la diversité des situations, il est difficile de définir le salaire moyen d’une famille d’accueil. Celui-ci dépend d’une multitude de facteurs tels que le nombre et la nature des services rendus, le montant des frais d’hébergement, la présence d’un handicap et le loyer estimé pour la location de la chambre et la jouissance des lieux. Néanmoins, certaines aides publiques dédiées au public senior peuvent alléger la facture, telles que l’allocation personnalisée d’autonomie à domicile (APA), les aides au logement ou encore l’aide sociale à l’hébergement (ASH).

Où se renseigner ?

Différentes associations permettent aux seniors de trouver des accueillants familiaux et aux ménages de savoir s’ils peuvent être candidats à ce type de prestation :

  • Famidac.fr : la structure propose une carte interactive des accueillants et un simulateur de coût pour ce type d’hébergement.
  • France accueil familial : elle informe sur la législation en vigueur et met en contact avec des associations susceptibles d’aider dans ses démarches. Rendez-vous sur Franceaf.fr.
  • Fédération nationale des aidants et accueillants familiaux : le site Fnaaf.org permet lui aussi de trouver des familles d’accueil et de se renseigner sur cette formule.

Source 20 MINUTES.

TÉMOIGNAGE. « On fait notre vie avec eux » : à la maison, elles ouvrent la porte au handicap…

Accueillantes familiales, Hélène et Élodie s’occupent, chez elles, de personnes en situation de handicap.

Un métier souvent méconnu.

Elles lancent un appel pour trouver de nouvelles familles.

Hélène Bougon (en noir à gauche) et Élodie Pouessel (au milieu) sont accueillantes familiales dans le pays de Vitré : elles lancent un appel pour trouver de nouvelles familles.

 

« Notre grand truc avec Sylvie, c’est la musique. » Hélène Bougon a le sourire quand elle se remémore les dernières fois où sa protégée l’a fait rire aux éclats. Sylvie a 59 ans et souffre d’un handicap. Depuis deux ans, elle vit chez Hélène et son fils de 9 ans, à Vitré. « Il a fallu un an d’adaptation entre les deux mais maintenant, ça se passe très bien. »

De la même manière, à Vergéal, à quelques kilomètres de Vitré, Élodie Pouessel et son mari Cédric, qui ont un agrément de couple (ils peuvent tous les deux assurer les responsabilités), accueillent Linda, 40 ans, Katy, 21 ans et Amélie, 23 ans. Elles sont venues agrandir la famille aux côtés de leurs deux filles de 3 et 6 ans.

Hélène et Élodie sont accueillantes familiales pour personnes handicapées, et très dévouées. Mais aujourd’hui, elles militent pour plus de reconnaissance de leur métier et de leurs droits. Les accueils familiaux constituent une alternative aux hébergements collectifs pour les personnes en situation de handicap ou âgées de plus de 60 ans mais sont souvent méconnus.

« Un métier qui mérite d’être connu et reconnu »

« C’est un métier qui tend à se professionnaliser, mais cela prend du temps. » Quand un contrat s’arrête, elles n’ont pas par exemple pas de droits au chômage. Pour les vacances, elles doivent s’y prendre un an à l’avance et trouver des familles relais pour accueillir les personnes dont elles ont la charge.

« Au départ, j’ai commencé par du relais, explique d’ailleurs Hélène Bougon, qui a en parallèle l’agrément d’assistante maternelle et garde des enfants. Sylvie a commencé à venir un été en vacances, puis est revenue et enfin de façon permanente car son accueil familial précédent a arrêté. » La petite famille apprend petit à petit à se connaître. Ils ont passé le confinement ensemble.

« Au début, j’en faisais trop pour elle alors qu’elle est capable. » Toute une équipe est constituée autour avec infirmier, kiné, taxi pour le transport en centre la journée à Rennes, à raison d’une journée sur deux en temps de Covid. « J’ai un parcours d’aide-soignante et j’ai aussi travaillé en maison de retraite. J’ai eu un déclic, il fallait faire quelque chose. Et puis au quotidien, ils nous ramènent tellement à l’essentiel. On fait notre vie avec eux, on les emmène au restaurant, au cinéma… »

« Katy rêvait depuis dix ans de faire de la danse »

Élodie Pouessel, elle, a marché dans les pas de sa maman. L’accueil à la maison fait partie du quotidien. Aide-soignante de formation, elle a passé dix ans à Saint-Hélier à Rennes et est accueillante familiale depuis 2018. L’agrément permet d’accueillir jusqu’à trois personnes. Sa plus grande fierté est de voir le bonheur dans leurs yeux. « Katy rêvait depuis dix ans de faire de la danse. La danse Louvignéenne a accepté de la prendre et elle est revenue toute heureuse après son premier cours. »

Linda, aussi, avait deux rêves : devenir mannequin ou serveuse. Son accueillante s’est démenée pour elle. « On a postulé dans plusieurs restaurants et le café Bulle (café associatif à Vitré) a accepté de la prendre une fois par mois. C’est de l’autonomie et la réalisation de ses rêves. »

Élodie ne regrette pas une seule seconde de s’être lancée dans l’aventure et d’avoir embarqué toute sa famille avec. « Ce sont de bons moments. Ils ont parfois un lourd passé mais ont un besoin d’affectif. »

Les deux jeunes femmes veulent désormais alerter les pouvoirs publics et sensibiliser de nouvelles familles. « On cherche du relais, notamment pour les vacances. » La formation dure quinze jours.

Contact : Ludivine Belan, référente accueil familial social à l’ADMR, tél. 07 87 50 92 25.

Source OUEST FRANCE.

 

 

Personnes âgées ou handicapées : propositions pour développer l’accueil familial…

La France compte 2,5 millions de seniors en perte d’autonomie et 1,2 million de bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés.

Or, seules 10 000 personnes âgées ou handicapées sont hébergées dans des familles.

Ce dispositif gagne à être davantage connu et développé.

 

Femme âgée sur un canapée entourée de petits-enfants et de leur maman.

 

Un rapport de l’Assemblée nationale publié en décembre 2020 dresse un état des lieux de l’accueil familial des personnes âgées ou en situation de handicap. Il avance des pistes pour promouvoir ce mode de prise en charge et rendre le métier d’accueillant plus attractif.

L’accueil familial en France aujourd’hui

L’accueil familial, réglementé depuis 1989, permet à des particuliers d’héberger chez eux, à titre onéreux, des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur famille. Les accueillants familiaux doivent obtenir un agrément du conseil départemental et bénéficient d’une formation initiale et continue.

La personne accueillie établit avec l’accueillant un contrat (dit « de gré à gré ») qui prévoit un projet d’accueil personnalisé et précise les conditions matérielles et financières de la prise en charge. Il n’existe aucun lien de subordination entre accueillant et accueilli. Depuis 2007, les accueillants familiaux peuvent aussi être employés par des personnes morales de droit public ou privé.

Actuellement, 10 000 accueillants proposent plus de 18 000 places, réparties inégalement sur le territoire. L’accueil familial constitue une solution intermédiaire entre le maintien à domicile et l’établissement. Mais son développement se heurte à :

  • la précarité du statut des accueillants de gré à gré, qui ont une faible rémunération et des droits sociaux limités. Le décès ou le départ inopiné d’un accueilli peut aussi compliquer le paiement des mensualités dues et causer une forte perte de revenu à l’accueillant ;
  • la difficulté du remplacement en cas d’absence (ponctuelle ou durable) de l’accueillant.

                                                            

20 propositions pour réformer et promouvoir le dispositif

Il est urgent, selon le rapport, de développer et faire connaître l’accueil familial car :

  • la France compte aujourd’hui 1,3 million de seniors dépendants pour seulement 600 000 places disponibles en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ;
  • le nombre des plus de 85 ans va quadrupler d’ici 2050 ;
  • l’accueil familial offre un hébergement individualisé et préserve des liens sociaux. Adapté aux personnes qui ne nécessitent pas un suivi médical lourd, il libère des places en établissement pour des personnes moins autonomes ;
  • il est 50% moins coûteux pour le département qu’un établissement spécialisé ;
  • il permet aux accueillis de rester dans leur bassin de vie et crée des emplois non délocalisables.

Afin de sécuriser le statut d’accueillant familial et valoriser le métier, le rapport suggère de :

  • consolider le système du gré à gré en revalorisant les salaires et les retraites sur l’ensemble du territoire, en constituant un réseau de remplaçants, en accordant aux accueillants le bénéfice de l’assurance chômage et en les autorisant à héberger des membres de leur famille ;
  • délivrer l’agrément au niveau national (le département n’assurant plus que le contrôle) ;
  • permettre aux accueillants qui le souhaitent d’exercer en tant que salariés ;
  • reconnaître l’accueil familial comme la 27e activité de service à la personne, et les accueillants comme des professionnels du secteur médicosocial.

Source VIE PUBLIQUE.