Cancer du sein : « Je ne voulais pas vivre avec la peur »…!

Isabelle Fumery est ambassadrice de l’association Geneticancer.

Porteuse d’un gène mutant comme la plupart des femmes de sa famille, elle a choisi la mastectomie face au risque important de développer un cancer du sein.

Cancer du sein : « Je ne voulais pas vivre avec la peur »

« Madame sans gêne », derrière la boutade qui barre le dos du blouson de l’association se cache un grand traumatisme pour une femme. Isabelle Fumery est ambassadrice régionale de Geneticancer , une association de lutte contre les cancers génétiques et/ou héréditaires créée, en 2016, par Lætitia Mendes. Ce qui se traduit principalement par le cancer du sein provoqué par une mutation génétique.

Hécatombe familiale

« Il y a eu une hécatombe parmi les femmes de ma famille, ma grand-mère maternelle, la sœur jumelle de ma maman… Quand une autre de mes tantes a fait sa troisième rechute, il m’a été proposé de me faire dépister. À l’époque, j’étais enceinte de ma deuxième fille et je n’avais pas envie de penser à ça. J’ai attendu deux ans… » Bingo, Isabelle est porteuse du gène BRCA2, qui fait monter chez elle les risques de développer un cancer du sein à 80 %. « Sur le coup, cela m’a abattue, mais je suis plutôt du genre à voir le verre à moitié plein, alors je me suis dit que c’était déjà une chance de le savoir ! »

Une « bombe à retardement »

Âgée de 35 ans, Isabelle Fumery est préparatrice en pharmacie au CHRU de Besançon. « Professionnellement, j’ai préparé des chimios pendant des années, alors, par respect pour les femmes de ma famille, pour ne pas faire subir ça à mes filles et mon mari, très vite, j’ai décidé d’enlever cette bombe à retardement. »

« Une décision très intime »

Sa décision de faire procéder à une double mastectomie , soit l’ablation des glandes mammaires suivie d’une reconstruction par l’installation d’une prothèse sous le muscle, la jeune femme l’a mûrie auprès d’ambassadrices de Geneticancer. « Elles m’ont accompagnée dans ma démarche et beaucoup aidée car en oncogénétique, on ne vous le conseille pas d’emblée. C’est posé comme une possibilité à côté du suivi mais avec beaucoup de recul car c’est une décision très intime. Moi, je ne suis pas joueuse, je ne voulais pas vivre avec la peur ni accepter la fatalité ! »

Le deuil de sa poitrine

L’opération s’est déroulée, en mars dernier, et « même avec les complications qui ont suivi, je ne regrette rien », affirme Isabelle, qui prévient : « J’ai bien le sentiment de ne pas être toutes les femmes. Est-ce parce que je viens du monde médical ? Je ne me suis pas trop appesantie sur moi-même. Je ne m’en laisse pas le droit. Mais ce n’est pas une partie de plaisir, il faut faire le deuil de sa poitrine. C’est tout le symbole de la féminité, de la maternité et j’ai la chance de l’avoir su ni trop tôt, ni trop tard… Faire ce choix quand on a 25 ans, que l’on n’a pas encore d’enfant ou quand la maladie est déjà déclarée n’est certainement pas la même chose. »

Soutenue par son mari, Isabelle Fumery a franchi le pas de cette mutilation prophylactique, dont le principe a été médiatisé voici quelques années par l’actrice Angelina Jolie , non sans hésitation. Elle souhaite donc désormais faire partager son expérience aux femmes dans le même cas qu’elle, à travers l’association Geneticancer. Elle animera un groupe de parole le 17 février, à 18 h, à la Maison des familles du CHRU Jean-Minjoz.

Source EST REPUBLICAIN.

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