Cancer colorectal: un test génétique pour identifier les personnes les plus à risque…

Tout le monde n’est pas égal face au risque de développer un cancer colorectal.

Certaines personnes sont porteuses de mutations génétiques qui augmentent ce risque. Elles peuvent être identifiées grâce à un test.

Cancer colorectal: un test génétique pour identifier les personnes les plus à risque

Avec plus de 44.000 nouveaux cas chaque année, le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent et le deuxième plus meurtrier en France. Chaque année, le mois de mars est l’occasion de rappeler qu’un simple test de dépistage à réaliser chez soi permet aux personnes de 50 ans et plus de le détecter précocement, ce qui améliore grandement les chances de survie. Cependant, certaines personnes peuvent avoir accès à un autre type de test: un dépistage génétique. À qui s’adresse-t-il? En quoi consiste-t-il? Dans ses toutes dernières recommandations, le Groupe génétique et cancer (GGC) du réseau hospitalier Unicancer répond à ces questions.

«Ce dépistage est proposé aux personnes ayant développé un cancer colorectal ou un polype (excroissance qui peut à terme donner un cancer, NDLR) et qui ont au moins trois cas de cancer colorectal dans la famille, voire moins si ces cancers se sont déclarés chez des proches âgés de moins de 50 ans», explique le Dr Catherine Noguès, onco-généticienne à l’Institut Paoli-Calmettes à Marseille et présidente du GGC. «Cela représente entre 3 et 5% des cas de cancer colorectal».

Le cancer colorectal est une maladie multifactorielle dont le risque peut être augmenté par la présence de mutations génétiques. Certaines sont désormais bien identifiées et peuvent être détectées grâce à un test génétique gratuit, à l’aide d’une simple prise de sang, dans un centre de consultations oncogénétiques.

Un suivi médical renforcé

Si une mutation est repérée sur l’un des 14 gènes impliqués, cela signifie que le patient présente un risque élevé de développer un autre cancer colorectal dans les années à venir. Il devra donc faire l’objet d’un suivi médical étroit. Le malade n’est toutefois pas le seul à bénéficier de ce test génétique: les membres de sa famille peuvent aussi en profiter. En effet, ces mutations qui accroissent le risque d’avoir ce cancer – certaines multiplient par 8 le risque – peuvent se transmettre au fil des générations. «Une fois que l’on a identifié une mutation chez un patient atteint d’un cancer colorectal, les membres de sa famille vont être invités à faire le dépistage génétique», détaille le Dr Noguès. «S’il s’avère qu’ils sont eux aussi porteurs de cette mutation, ils devront également être suivis.»

En temps normal, le dépistage du cancer colorectal est proposé tous les deux ans à partir de 50 ans. Mais chez ces personnes, il peut débuter plus tôt. «Des coloscopies peuvent être proposées dès l’âge de 20-25 ans afin de détecter et de retirer les polypes avant qu’ils ne grandissent», explique le Dr Marion Dhooge, gastro-entérologue à l’Hôpital Cochin à Paris. Pour ces personnes à haut risque, ce n’est pas la coloscopie classique qui est utilisée. «On utilise un colorant bleu qui permet de mieux détecter certaines lésions difficiles à visualiser avec la coloscopie conventionnelle», précise le médecin. Cet examen doit alors être réalisé tous les deux ans, voire chaque année.

«Même si ce test est pris en charge, il est très coûteux, de l’ordre de 1200 euros. Pour cette raison, nous ciblons les personnes qui sont le plus susceptibles d’être touchées.»

Dr Marion Dhooge, gastro-entérologue à l’Hôpital Cochin

Le cancer colorectal n’est pas le seul concerné par ces mutations. «Une partie de ces gènes est aussi associée à d’autres cancers, comme les cancers de l’utérus et des ovaires», explique la généticienne Chrystelle Colas de l’Institut Curie et membre du GGC, soulignant l’importance de détecter ces mutations. Toutefois, tout le monde ne peut pas se faire tester. «Outre le fait que ce dépistage est coûteux, de l’ordre de 1500 euros, il est difficile d’interprétation chez les patients indemnes. Nous ciblons donc les personnes qui sont le plus susceptibles d’être touchées», rappelle le Dr Dhooge.

Un test qui tarde à s’imposer

«La démarche oncogénétique est extrêmement importante pour la prévention de ces cancers», ajoute le Dr Dhooge. Pourtant, ce test peine à s’imposer. «Les examens de dépistages sont efficaces, les traitements se sont améliorés, mais ce test n’est pas encore bien connu, même au sein du corps médical», regrette le Dr Noguès. «Il y a beaucoup plus d’information sur le cancer du sein que sur les cancers digestifs: 72 % des consultations pour suspicion de prédisposition pour un cancer concernent le cancer du sein, contre seulement 17 % pour les cancers digestifs, alors que la fréquence est similaire pour ces deux types de prédispositions», conclut-elle.

Source LE FIGARO.

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