Au 1er janvier, l’homéopathie n’est plus remboursée par la Sécurité sociale…

Les mutuelles s’interrogent sans conviction sur une prise en charge à laquelle elles ne seront plus obligées.

Au 1er janvier, l’homéopathie ne sera plus remboursée par la Sécurité sociale

 

Ils étaient pris en charge depuis la création de la Sécurité sociale, sans avoir, contrairement aux autres médicaments, à convaincre la Haute Autorité de santé de leur efficacité. Ce 1er janvier 2021 marque donc la fin d’une quasi-exception française : les médicaments homéopathiques cesseront d’être remboursés par l’Assurance-maladie. La fin d’un débat relancé en mars 2018 par la publication dans Le Figaro d’un «appel de 124 professionnels de santé contre les médecines alternatives».

L’homéopathie n’est pas interdite, insistent les autorités. Elle continuera à être vendue en pharmacie, avec ou sans ordonnance. Elle conserve son statut de médicament, qui n’a rien à voir avec la notion d’efficacité : le code de la santé publique définit le médicament comme «toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives». Les produits «à nom commun» (ceux vendus sous leur nom latin) restent exonérés de l’obtention d’une autorisation de mise sur le marché auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm) pour peu qu’ils soient administrables par voie orale ou externe, ne revendiquent pas d’indication thérapeutique et que leur degré de dilution garantisse leur innocuité. Ils passent par une procédure d’enregistrement simplifiée, selon une directive européenne de 1992 qui considère que pour l’homéopathie «la preuve de l’effet thérapeutique n’est pas requise».

Reste une question, pas encore tranchée : les complémentaires santé continueront- elles à rembourser ces produits, alors qu’elles n’y sont plus obligées? La plupart bottent en touche, affirmant «manquer de recul». D’autres «s’interrogent», attendant de voir si les prix, devenus libres avec la sortie du panier de soins remboursables, ne vont pas s’envoler.

Produit jugé inefficace

Bref, les complémentaires qui, comme leur nom l’indique, interviennent «en complément» de la Sécurité sociale et sont attachées à la pertinence des soins, renâclent à rembourser un produit jugé inefficace. Si c’est une goutte d’eau dans l’océan des dépenses de santé, la facture s’élève quand même à 250 millions d’euros par an pour les mutuelles, selon la Mutualité, et même à 300 millions l’an dernier car elles ont pris en charge le surcoût lié au désengagement progressif de la Sécurité sociale.

«Dans le cadre des contrats responsables, il y a une enveloppe de quelques dizaines d’euros pour le confort, qui peut être utilisée pour l’homéopathie. Mais en dehors de cela, la plupart des complémentaires n’ont pas pris d’option spécifique homéopathie», indique Maurice Ronat, président de l’Union nationale des complémentaires santé (Unocam), soulignant que le contexte n’est pas favorable. De fait, les complémentaires sont sous pression : dans le viseur du gouvernement qui veille à ce qu’elles n’augmentent pas trop leurs tarifs, elles font face à la hausse des dépenses de santé et devront acquitter la «taxe Covid» de 1,5 milliard d’euros décidée par les pouvoirs publics. Surtout, elles ont dû mettre en place l’an dernier le «100 % santé» promis par Emmanuel Macron sur l’optique, le dentaire et, dernière étape au 1er janvier, sur les prothèses auditives… Autant dire que l’homéopathie n’est pas leur priorité.

Pour autant, certains organismes cherchant à se différencier sur ce marché très concurrentiel devraient la rembourser partiellement dans le cadre de paniers dits «bien-être», «automédication» ou «médecine douce». «Si nos clients considèrent que cela les aide, nous serons à leur côté», affirme Marie Soyer-Content, directrice de l’expérience client chez Alptis Assurances, qui se revendique «très orienté vers la prévention, les médecines douces, les huiles essentielles». Alptis remboursera «50 % des dépenses d’homéopathie dans un plafond dépendant du niveau du contrat souscrit»et travaille avec Boiron à un système de tiers payant pour éviter aux assurés l’avance de frais.

Le courtier d’assurance Coverlife, qui distribue des contrats santé sous la marque Cocoon, continuera à rembourser «l’homéopathie prescrite sur ordonnance, dans un plafond de 50 à 120 euros»,indique son directeur général, Jean-Sébastien Nénon,«comme c’est le cas pour d’autres remèdes d’automédication type sirop pour la toux ou veinotoniques». Malgré cela, les assurés qui persistent à faire confiance à l’homéopathie verront leur reste à charge augmenter. Ils devront, c’est sûr, mettre la main à la poche.


Chronologie

19 mars 2018

Le Figaro publie «L’appel de 124 professionnels de santé contre les médecines alternatives». Ils réclament notamment le déremboursement de l’homéopathie et la fin de son enseignement.

24 mai 2018

«L’homéopathie pourrait rentrer dans le droit commun et être évaluée. Si elle est utile, elle restera remboursée. Si elle est inutile, elle arrêtera de l’être», déclare Agnès Buzyn sur France Inter.

Fin juillet 2018

Le Syndicat des homéopathes (SNMHF) dépose plainte à l’Ordre contre les auteurs de la tribune ayant signé nominativement. D’autres plaintes avaient déjà été déposées par d’autres syndicats contre une dizaine de signataires.

Source LE FIGARO.

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