Asnelles. Le handicap, une barrière à faire tomber dans le sport…

Clubs frileux et prothèses coûteuses constituent de sérieux obstacles à l’épanouissement sportif des personnes victimes d’amputation.

Asnelles. Le handicap, une barrière à faire tomber dans le sport. En provenance de la Sarthe, Marie-Élisabeth Flecheau a fait découvrir, samedi matin, le char à voile à des personnes victimes d’amputation, lors d’une séance encadrée par le Centre de loisirs nautiques d’Asnelles (CLNA).

« Sur la côte normande, j’ai appelé une dizaine de sites nautiques, fulmine Marie-Élisabeth Flecheau. Le club d’Asnelles est le seul à avoir accepté de nous recevoir. Le handicap lourd fait peur. Dès que je parle sport pour personne à mobilité réduite, j’entends toutes sortes de prétextes pour refuser de nous accueillir. Ça me révolte ! C’est dur ! On n’a pas demandé à être amputés! » Privée d’un membre inférieur à la suite d’un accident de la route, cette habitante de Sablé-sur-Sarthe entraîne, une fois par an, ses compagnons d’infortune à la poursuite d’un défi sportif.

« Ouvert à tous les publics »

Ce samedi matin, Marie-Élisabeth et sept autres amputés se préparent à connaître la griserie du char à voile. Sourcil réprobateur à l’égard des autres clubs, le directeur du Centre de loisirs nautiques d’Asnelles (CLNA) est perplexe. François Garnavault rappelle que « le CLNA est ouvert à tous les publics. Nos chars à voile sont adaptés aux valides et aux non-valides, grâce au système de double commande. Le pilotage peut se faire avec les mains, pas seulement avec les pieds. »

Sur la plage, le groupe écoute, attentivement, les consignes de la monitrice. Embarqué dans l’aventure pour la troisième année, Frédéric Messe, amputé des deux membres inférieurs, a pratiqué le catamaran et le karting, au côté de Marie-Élisabeth. « J’ai toujours un peu d’appréhension, confie l’apprenti pilote. Mais, à chaque fois, ces séances me reboostent. Je retrouve des gens comme moi. Je n’ai pas besoin de donner des explications. Ça m’apprend aussi à aller vers les autres parce que j’ai tendance à me couper du monde. »

Pivot du réseau amical, le prothésiste Sylvio Bagnarossa, « celui qui nous change la vie », confirme l’apport « essentiel du sport pour aider à se reconstituer. L’acceptation passe par la reprise du travail mais aussi par l’activité physique. Le sport fait partie de l’équilibre psychique et psychomoteur de la personne handicapée. »

Et de dénoncer le scandale des prothèses « mal remboursées. C’est la double peine. D’une part, le patient est confronté à l’amputation et d’autre part, on lui dit qu’il existe une solution technique mais qu’elle n’est pas prise en charge.»

Source OUEST FRANCE.

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