Après un terrible accident, la nouvelle vie d’un quinqua en fauteuil…

Depuis sa chute en VTT il y a deux ans et demi au Mont-Bart, Lionel Gaudron, 51 ans, est paraplégique. Mais bien vivant.

Bénévole actif dans plusieurs associations, mari et père, il témoigne d’un quotidien pas facile mais où il va de l’avant.

Après un terrible accident, la nouvelle vie d’un quinqua en fauteuil

 

« Ce que j’ai vécu, la douleur que j’ai ressentie, je ne les souhaite à personne, même à mon pire ennemi ». Le 19 juillet 2019, Lionel Gaudron, alors âgé de 49 printemps, descend, comme ce grand sportif le fait souvent, en VTT dans les bois depuis le fort du Mont-Bart. Soudain, une racine. Le Bavanais dérape, glisse à terre, avant de tomber, « de trois ou quatre mètres de hauteur » depuis le talus sur la route goudronnée.

« Retrouver des sensations »

Un passant donne l’alerte. Pompiers, SMUR puis évacuation en hélicoptère vers l’hôpital de Besançon. Le reste, c’est un terrible inventaire à la Prévert : le fémur rentré dans la hanche, le bassin fracturé, onze côtes et les deux omoplates cassées, pneumothorax et plus tard embolie pulmonaire. Le pronostic vital est même un temps engagé.

Mais après une opération, deux mois d’hospitalisation, suivis de plus d’un an au centre de rééducation d’Héricourt, Lionel s’en sort. Pas indemne : une de ses trois vertèbres cassées a endommagé la moelle épinière. Il est donc paraplégique, sans sensation à partir des hanches. De manière définitive ? « Je pense que oui. Après, je crois dans les progrès de la science ».

D’ailleurs, ce salarié Peugeot – en maladie depuis l’accident mais qui ne demande, dès qu’il le pourra, qu’à reprendre un poste adapté – milite au sein d ’une association, « Neurogel en marche »  : elle récolte des fonds afin que les personnes en fauteuil puissent, grâce à des traitements en Chine, retrouver des sensations. « Je ne parle même pas de remarcher », explique celui qui habite Bavans depuis treize ans. « Mais déjà de maîtriser mes fonctions naturelles ».

Un ascenseur dans la maison

Car le quinquagénaire ne le cache pas : s’il a un mental d’airain et va de l’avant – « Oui, j’ai eu des moments de désespoir, des moments aussi où je me disais ‘pourquoi moi ?’ après, c’est comme ça ; je ne vais pas me mettre au fond de mon lit et pleurer » – la vie d’une personne handicapée n’a rien d’un long fleuve tranquille. « Ce que je faisais en une demi-heure, je le fais maintenant dans le triple de temps », explique Lionel, qui ce matin-là a rentré du bois et étendu une lessive.

Sans parler de la difficulté à plier le fauteuil dans la voiture (adaptée), à circuler même simplement sur les trottoirs, à demander, souvent, pour les gestes du quotidien, de l’aide à son épouse, Florence, ou à ses enfants, Louis, 20 ans et Zoé, 16 ans. La première – qui s’est entendue dire, au début, que son « mari pouvait ne pas passer la nuit » – est formidable : elle s’est occupée de tous les papiers et a fait aménager la maison (avec un ascenseur).

Balade au Ballon

« J’ai une chance inouïe. D’être en vie, mais aussi avec mon entourage, mes amis. J’arrive à me débrouiller aussi à 75 % », souligne Lionel. « Mais avec mon accident, avec mon fauteuil, toute la famille a pris un coup derrière la tête ». « Bien sûr, on peut encore faire des choses ensemble. Mais pas le Roc d’Azur (une compétition VTT) que nous avions prévu », ajoute Louis. « L’important, cependant, est qu’il soit là ».

Et qu’il continue, comme il l’a toujours fait, de quêter pour le Souvenir français avec son fils – « Mon grand-père, né en 1896, a fait les deux guerres, je lui dois bien ça » – ou dans un autre registre à jouer le chef de bande avec ses copains cyclistes et vététistes : il y a un mois à peine, équipé grâce à l’association belfortaine « Les 7 chemins » d’une sorte de quad électrique, il les a guidés sur les sentiers du Ballon d’Alsace.

Source EST REPUBLICAIN.

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