ALZHEIMER – TÉMOIGNAGE. Santé en Ille-et-Vilaine : « Je ne sais pas si j’ai bien fait d’accueillir maman »…

La mère de Christine Lefeuvre est atteinte de la maladie d’Alzheimer.

Faute de trouver une place dans un établissement spécialisé, cette employée de banque l’a accueillie chez elle pendant un mois.

La mère de Christine Lefeuvre est malade d’Alzheimer, cette employée de banque l’a accueillie chez elle, faute de place dans les établissements spécialisés bretons.

Faute de trouver une place dans un établissement spécialisé, cette employée de banque a accueilli sa maman chez elle pendant un mois. Elle raconte.

Vous avez cherché une place dans un établissement spécialisé pour votre maman, et vous n’avez pas trouvé ?

Ma maman de 73 ans souffre de la maladie d’Alzheimer depuis bientôt trois ans. Quand son état n’était pas trop grave, elle vivait seule, mais au mois de juillet elle a fugué plusieurs fois de chez elle. Au début de l’été, on l’a retrouvée une fois vers Goven, à presque 20 km de Pléchâtel et une autre fois sur la route. J’ai donc décidé de l’accueillir chez moi et de m’en occuper moi-même vu que je n’ai pas réussi à lui trouver une place dans un établissement spécialisé.

Trouver une place dans un établissement spécialisé n’est pas chose facile.

Il n’y a peu de places disponibles dans les établissements spécialisés en Bretagne, que ce soit en accueil temporaire ou permanent. Je suis en contact régulier avec le médecin traitant de ma mère, avec les équipes spécialisées Alzheimer (ESA) et différentes institutions de santé au niveau local ou départemental. Tous s’impliquent énormément et ont la volonté de bien faire, mais il n’y a juste pas assez de moyens mis à disposition. Et la maladie d’Alzheimer est particulière dans le sens où le nombre de places disponibles est limité et l’espérance de vie des malades est longue donc peu de places se libèrent.

Quelles conséquences l’accueil à domicile a eues sur vous ?

Je ne dormais plus et je ne mangeais plus. J’ai été obligée de la placer temporairement dans un établissement dans la Manche, cela va certainement limiter mon nombre de visites, mais je n’avais pas le choix. En plus de mon travail, c’est comme si j’avais un poste d’aide à la personne en rentrant. Je n’avais aucun moment pour moi. Les charges administratives sont très lourdes et c’était très pesant pour mes enfants aussi, nous n’avions plus d’intimité à la maison, vu qu’il y avait souvent des professionnels de santé sur place.

Que souhaiteriez-vous pour votre mère ?

J’ai juste envie qu’elle vive dans des conditions décentes, qu’elle soit proche et que je puisse aller la voir régulièrement. C’est un vrai problème de société auquel le gouvernement et les députés doivent répondre. Tous ceux qui travaillent dans le secteur de la santé m’ont beaucoup aidée et se sont énormément impliqués, mais j’estime que ce n’est pas normal de ne pas trouver de solution viable pour ma mère et pour tous ceux atteints de cette maladie. Je m’interroge pour savoir si j’ai bien fait de l’accueillir. Cela occulte un problème de société sur cette maladie ainsi que des problèmes auxquels sont confrontés les aidants.

Pourquoi ce besoin de témoigner ?

J’ai beaucoup hésité avant d’en parler, mais je sais que je ne suis pas la seule confrontée à cette situation et que c’est un problème collectif. Il faut aussi penser au personnel soignant qui vit ce que j’ai vécu tous les jours. Je n’ai pas envie de vivre dans une société où l’on s’occupe mal de nos aînés et c’est quelque chose auquel nous devons réfléchir tous ensemble. J’espère que mon témoignage pourra faire un peu avancer les choses et alerter sur la situation.

Source OUEST FRANCE.

 

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