Aidants – Au Havre, la Journée des aidants sert d’exemple…

La Journée nationale des aidants, vendredi dernier. Le Havre est citée comme ville pilote pour ses initiatives dans ce domaine.

Paris Normandie, un membre de la rédaction raconte un événement par le petit bout de la lorgnette.

J’avoue en entendre beaucoup parler autour de moi, sans en connaître les contours. Aidant ? Mais encore ? La Journée nationale des aidants (JNA), le 6 octobre, qui est leur est dédiée va-t-elle éclairer un peu plus ma lanterne ?

Mercredi après-midi : le contact

Rien vu, rien reçu sur cette initiative. Pourtant, je trouve un entretien accordé par Lucie Navinel au site de cette Journée nationale, qui évoque de « nombreuses actions organisées tout au long de l’année. » Je contacte directement cette chargée de mission Aide aux aidants au sein de la Direction de la solidarité « Pôle bien vieillir » de la Ville du Havre. Au cours d’une conversation de cinq minutes, cette ingénieure du secteur social m’invite à venir le vendredi comprendre la vie d’un aidant grâce à la demi-journée mise en place à la bibliothèque.

Vendredi, 13 h : en immersion

Les stands des 18 associations et partenaires venus s’installer dès le matin sont disséminés de manière légère au rez-de-chaussée. À mon arrivée, je suis chaleureusement accueillie par cinq jeunes filles. Aidantes ? Pas vraiment… Dina, Farah, Meltem, Lydia et Hasna, étudiantes en 2e année de BTS (sanitaire et social) au lycée Jeanne-d’Arc à Sainte-Adresse, ont donné un coup de main pour l’installation, distribuent des questionnaires pour mieux cerner l’aidant. Ces jeunes, en tee-shirt et devant des ballons bleus siglés, en immersion pratique, avouent tout net : « Nous ne connaissions pas l’aidant, mais c’est intéressant, cela touche notre filière. »

Justement, Florence arrive pour témoigner devant la caméra de l’organisation de la Journée des aidants à Paris. Cette dernière a pris Lyon et Le Havre comme exemples, parce qu’ici les aidants y sont… aidés. Justement. « C’est lors de la 2e édition que j’ai récolté plein d’infos pour moi et ma maman », raconte cette Havraise qui dit avoir mis en place « une vraie PME » pour sa maman dépendante. Une maman de 85 ans, atteinte de la maladie d’Alzheimer, toujours chez elle, qu’elle aide quatre fois par semaine. « Et il faut être en forme. C’est obligatoire ! »

14 h 30 : la parole se libère

C’est ce qui revient souvent au cours des témoignages : l’aidant appelle au secours, entre épuisement, culpabilité et parfois déni. « C’est important qu’on s’en occupe autant que les malades et personnes dépendantes et qu’ils ne restent pas seuls. Et nous n’hésitons pas à leur dire qu’ils ont le droit d’être fatigués », reconnaît Sandrine Delaistre, chef de service du secteur aide à domicile à l’UNA, solidarité Normandie.

Pour cette 4e édition (après la salle François 1er, le Magic Mirrors et la bibliothèque), la Ville propose cet événement parce que « les infos ne circulent pas assez et beaucoup sont aidants sans en avoir vraiment conscience », résume Lucie Navinel. Son service propose une fois par mois des réunions thématiques du Cercle des aidants; des formules qui permettent de prendre des vacances ensemble ou encore d’informer sur les dispositifs existants.

Pour en apprendre davantage, je m’incruste discrètement (enfin, jusqu’à un certain point parce qu’un aidant va demander logiquement qui je suis…) à un des trois temps de parole encadrés par un agent de la Ville et une psychologue. Sans prendre trop de notes, j’écoute. Les mots qui reviennent le plus : « amour », « aidant naturellement », ou encore « situation compliquée et douloureuse. » Une mère parle de son fils de 47 ans atteint de la sclérose en plaques revenu au domicile familial ; un mari entoure sa femme parkinsonienne avec tout ce que cela implique ; une maman d’un enfant né handicapé évoque toutes les étapes depuis plus de quarante ans. Je comprends qu’à l’époque, il y avait moins de prise en compte et prise en charge, et dispositifs qu’actuellement. Renée et Gérard, ont perdu leur fils d’une tumeur au cerveau et auraient bien aimé en avoir de l’aide, eux. « En dehors de l’aspect médical, nous n’avons pas été entourés. Quand la maladie arrive, c’est toute la famille qui est en maladie. » L’association Le sourire de Matthieu, créée en avril 2005, comble le manque grâce à des permanences instaurées par le couple.

17 h, un peu de répit

C’est dans cette ambiance pesante qu’un vent de fraîcheur souffle sur les lieux. En fin d’après-midi, un récital de harpe est donné par Alice Cissokho. Des ateliers découverte de la bibliothèque et « surfer sur internet » sur les sites pour aidants font le plein. Celui de yoga « libérer les tensions » pendant deux heures a aussi pour but de faire connaître autre chose à l’aidant « qui doit penser à lui et se protéger ». Un chiffre en dit long : 30 % d’entre eux partent avant le malade. Après cet après-midi, je comprends aussi et surtout que ce rôle qui vous tombe dessus du jour au lendemain sort de l’ombre. Tant mieux : 11 millions de Français sont concernés.

Source PARIS NORMANDIE.FR

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