Agglomération Seine-Eure : une étude sur le handicap pour « donner une place à tout le monde »…

Charline Capel et Georgio Loiseau expliquent l’étude de l’Agglomération Seine-Eure (Louviers – Val-de-Reuil – Pont-de-l’Arche) sur l’accompagnement des personnes handicapées.

Après une période de diagnostic d'un an (2021), l'Agglomération Seine-Eure souhaitent trouver des réponses aux problèmes divers vécus par les personnes handicapées, physique comme mental.
L’Agglomération Seine-Eure et la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) ont lancé une étude en mars 2021 sur une offre de soutien et d’accompagnement des personnes en situation de handicap.

L’objectif de cette enquête est de mieux comprendre les besoins des personnes en situation de handicap et les accompagner dans leur quotidien.

La première étape est un diagnostic qui se poursuivra durant une année entière. À la clé, l’Agglomération Seine-Eure espère rassembler différents partenaires (associations, collectivités et institutions) mais aussi trouver les solutions idoines aux problématiques visées.

Georgio Loiseau et Charline Capel coordonnent l'étude de l'Agglomération Seine-Eure sur le handicap.

Charline Capel, responsable du service politiques publiques de santé, et Georgio Loiseau, maire de Poses et coordinateur-animateur sur le handicap à l’Agglo, détaillent les enjeux du projet.

Actu : Le handicap, « ce n’est pas que l’accessibilité », avez-vous dit dans nos colonnes en février dernier. Que cela couvre-t-il d’autres ?

Georgio Loiseau : Cela couvre beaucoup de choses. La majeure partie des handicaps est par exemple invisible. Il s’agit de traiter tout le champ du handicap, de penser à tous.

Cet ambitieux projet vous intimide-t-il ?

G.L. : Absolument pas. J’ai dédié une partie de ma vie à la question du handicap et cela continuera jusqu’à ce que mes yeux se ferment. L’objet de cette étude est de mettre en évidence certaines carences et certains axes de travail permettant de donner une place dans la cité à tout le monde. L’idée est aussi de sortir de certaines représentations.

« Arrêter de faire du pathos avec le handicap »

Y a-t-il des mesures simples et rapides à mettre en place ?

G.L. : Il y en a beaucoup. Il y a par exemple la mise en place des FALC [N.D.R.L. : Documents faciles à lire et à comprendre], qui aideraient énormément de personnes, quelle que soit leur situation d’ailleurs. Nombre de personnes en situation de handicap ne se sentent pas impliquées dans la vie de tous les jours. Faciliter la compréhension est essentiel. Donner la bonne information à une personne en situation de handicap, c’est déjà une victoire.

Vous avez dit dans nos colonnes : « Le handicap fait encore peur ». À qui, à quoi ?

G.L. : Le handicap fait peur à la société. J’axe beaucoup l’action sur la pédagogie, face aux interrogations. Il est important de comprendre les particularités des uns, des autres. Que chacun sache de quoi on parle, c’est déjà un levier en soi. La compréhension s’appuie aussi sur les journées nationales, comme la journée de la trisomie 21. Lorsque l’on a une casquette de militant comme moi, on ne souhaite qu’une chose : c’est d’arrêter de faire du pathos avec le handicap. Ce ne sont pas que des problèmes.

Pouvez-vous approfondir ?

G.L. : Ces personnes revendiquent une place dans la société, elles s’amusent, rient et n’ont aucune envie de susciter de la pitié. Elles peuvent apporter beaucoup sur la condition humaine, inculquer des valeurs humanistes et de partage pour lesquelles je suis personnellement très attaché. La clé de voûte, c’est la pédagogie.

« Une phase de diagnostic d’un an »

Est-il envisageable de pousser la formation du personnel encadrant et éducatif à des handicaps spécifiques, comme les personnes ayant des troubles autistiques ?

C.C. : Nous avons fait remonter les besoins des centres de loisirs à ce sujet, qui se trouvent sous la compétence de l’Agglomération. Nous pouvons envisager des sessions de formation et d’accompagnement pour ces structures. L’adaptation et l’inclusion des enfants en situation de handicap ont été le point d’entrée de toute cette réflexion de la part des élus et de la CAF, cofinanceur et partenaire de cette étude. Il y avait d’ores et déjà beaucoup d’envie, mais aussi des manques d’information. C’est la raison pour laquelle nous posons cette phase de diagnostic d’un an, pour bien délimiter le champ de solutions pratiques à développer dans la vie quotidienne des habitants.

Quelles formes pourraient prendre les solutions qui sortiraient de cette étude ?

G. L. : Il va en sortir l’intégration du handicap dans l’ensemble des compétences de l’Agglomération, pour des solutions concrètes et réalisables. Ces solutions pragmatiques, nous espérons qu’elles donnent envie aux EPCI (établissement public de coopération intercommunale) de suivre le mouvement. Dans ce cadre, nous faisons figure d’exception. L’appréhension du handicap dans tous les champs de compétences de l’Agglomération est quelque chose de nouveau – je n’en connais pas ailleurs. C’est très positif, d’autant que l’on a des élus très motivés. Bernard Leroy [N.D.L.R. : président de l’Agglomération Seine-Eure] a l’envie d’agir. Nous avons encore cinq ans devant nous, pour faire un état des lieux indispensable et un bilan. Les groupes de travail amèneront des propositions.

C.C. : Nous voulons accompagner les élus qui voudraient faire avancer les choses, sans vraiment savoir comment. Nous leur proposerons des astuces, des recommandations comme l’emploi de pictogrammes ou l’adaptabilité avec les documents FALC qu’évoquait M. Loiseau.

G. L. : Les élus ne peuvent pas tout savoir. Pour ceux qui ne sont pas alertes sur la question, il faut savoir aussi les orienter simplement. L’idée, c’est de ne plus se faire une montagne du handicap. Le territoire de l’Agglomération reste assez rural, ce qui fait changer la préhension, ajoute de nouveaux freins.

« Une première pierre à l’édifice »

Comment orienter les parents qui découvrent un handicap chez un jeune enfant, qui n’a pas la capacité à verbaliser ni même comprendre ses difficultés, comme un enfant autiste ?

G. L. : C’est une des pistes de travail qui seront évoquées, qui sont excessivement simples. Elles ne nécessitent pas beaucoup de moyens. La pédagogie autour des troubles, c’est capital. Si l’on ne veut pas que les familles errent sur la toile (où l’on trouve des choses dramatiques sur le sujet de l’autisme), il faut qu’ils puissent identifier un lieu qui maîtrise le sujet. Un endroit certifié, sans charlatan ni remèdes de sorcière. C’est pourquoi l’axe de la pédagogie est le premier, qui nous fait gagner un temps phénoménal.

Quelles sont les premières conclusions que vous tirez de cette étude ?

G. L. : Je voudrais que l’on salue l’initiative, vraiment. Elle rend toute la communauté enthousiaste. On a un territoire dynamique, près de l’emploi. Il ne manque plus qu’il le soit pour tous.

C. C. : C’est une première pierre à l’édifice. Cette enquête est visible pour le public et nous sommes conscients qu’elle est perfectible. Ce travail, nous le commençons tous ensemble. Il y a de l’envie, de l’ambition. Nous sommes tout au début, ce n’est ni un feu de bois ni un plan de communication.

Propos recueillis par notre correspondant, Dylan Landeau-Loquet

Source LA DEPÊCHE.

 

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