Accompagnants d’enfants en situation de handicap (AESH), « Un métier de passion », mais de précarité aussi…

Pour Sandrine Leclerc, accompagnante d’enfants en situation de handicap (AESH) au collège de Brezolles et représentante des AESH à la FSU 28, il y a encore des progrès à faire du côté de l’Éducation nationale pour donner à ce métier toute la place qu’il mérite au sein de l’institution scolaire. 

Accompagnants d’enfants en situation de handicap (AESH), « Un métier de passion », mais de précarité aussi

 

Sandrine Leclerc reconnaît volontiers un « bon dialogue social avec les services académiques de l’Eure-et-Loir » : « On sent une volonté du Service de l’école inclusive d’augmenter les contrats des gens en place » et « de l’académie d’harmoniser les contrats », qui étaient gérés jusqu’ici par deux gestionnaires différents, ce qui occasionnaient des incohérences.

Selon elle, ce qui manque aux AESH, ce sont « des avancées au niveau national ». Même si les discussions entre les syndicats et le ministère de l’Éducation nationale ont permis quelques avancées (notamment une revalorisation des salaires, qui sera effective à la rentrée), il reste du chemin à accomplir pour sortir les AESH de la situation précaire dans laquelle les place leur contrat.

« Dans le département, et c’est pareil partout ailleurs, la grande majorité est engagée en temps partiel imposé, à 62 % d’un temps plein. Cela amène des collègues à avoir deux emplois. Beaucoup cumulent avec du temps d’accompagnement aux devoirs le soir ou de la surveillance de cantine à midi. Mais on doit se tenir à disposition, car notre emploi du temps est par nature fluctuant. On emploie des gens à 760 € par mois, certes en CDI, mais en leur demandant d’être compétents, souple sur les horaires et en les formant très peu… », constate la syndicaliste.

Se former à la diversité des handicaps

La formation est en effet un autre des chevaux de bataille des syndicats. « Il y a soixante heures de formation la première année, puis dix-huit par an de formation continue. Mais il existe tellement de handicaps différents qu’on se forme sur notre temps personnel, et parfois sur nos propres deniers », constate Sandrine Leclerc, qui vient elle-même de se former « sur le sujet du TDAH [trouble de déficit de l’attention/hyperactivité, NDLR] sur un mooc [cours en ligne, NDLR] canadien ».

Bonne nouvelle pour les AESH, un panel de formations va leur être proposé à partir de cette rentrée, « enfin », lâche Sandrine Leclerc, qui se réjouit également du plan national de formation des AESH en cours d’élaboration.

L’implication qu’elle voit parmi ses collègues vient selon du fait qu’AESH est « un métier de passion, qui plaît à beaucoup des gens » qui l’exercent.

L’école inclusive, un système complexe à mettre en œuvre.

Depuis la rentrée dernière, les services de l’adaptation scolaire et de la scolarisation des élèves handicapés sont organisés sous forme de pôles inclusifs d’accompagnement localisés (Pial). Une forme de mutualisation qui permet, selon l’Éducation nationale, « plus de réactivité et plus de flexibilité dans l’organisation de l’accompagnement humain dans les établissements scolaires ».

« Une situation temporaire »

Les 620 AESH du département sont « tous affectés sur un Pial depuis le 30 juin et la plupart savent déjà sur quel(s) établissement(s), mais on ne met pas un AESH en face d’un nom d’enfant », précise Pascal Grimoin, qui sait l’attente des parents d’élèves en situation de handicap. Les services académiques doivent en effet jongler entre les notifications de la Maison départementale des personnes handicapées qui tombent tout au long de l’année et attribuent des heures d’accompagnement à certains élèves, les besoins des enfants et la répartition géographique des AESH.

« Parfois, nous recrutons un accompagnant à Dreux, mais à la rentrée, nous apprenons que l’enfant a déménagé à Châteaudun. Il faut alors recruter quelqu’un à Châteaudun, car il n’est pas question de faire traverser tout le département à l’AESH, ni de laisser un enfant sans accompagnant. »

C’est cette gymnastique complexe qui explique que 2 % des enfants « notifiés MDPH » dans le département se retrouvent sans AESH. « Une situation temporaire », assure Pascale Grimoin.

Source L’ECHO REPUBLICAIN.
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