A savoir ! Si votre maladie est diagnostiquée après 60 ans, c’est trop tard pour être considéré comme handicapé…

Hélène est en fauteuil roulant mais n’a obtenu aucun financement pour aménager son logement : elle avait plus de 60 ans lorsque sa maladie a été diagnostiquée, trop tard pour être considérée comme handicapée.

Une barrière d’âge dont des associations dénoncent l’absurdité

Si votre maladie est diagnostiquée après 60 ans, c'est trop tard pour être considéré comme handicapé

« C’est aberrant, on ne choisit pas à quel moment on est cloué dans un fauteuil », enrage l’octogénaire domiciliée près de Chambéry, qui ne peut presque plus marcher depuis 22 ans, du fait d’une affection neurologique. Le cas d’Hélène Sartre est emblématique des complexités administratives en vigueur : des règles différentes s’appliquent aux personnes handicapées et aux personnes âgées dépendantes.

Si le handicap survient avant 60 ans, la personne peut bénéficier – à vie – de la prestation compensatoire du handicap (PCH). Dans le cas contraire, elle sera éligible seulement à l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA), versée aux personnes âgées dépendantes.

Or les deux prestations sont d’une nature et d’un montant différents. La PCH permet de financer l’aménagement du logement ou du véhicule, mais aussi une aide humaine à domicile, théoriquement non plafonnée : si une personne très lourdement handicapée doit être aidée 24h/24, la prestation peut atteindre quelque 13 000 € par mois. L’APA est plafonnée et varie de 672 à 1 737 € par mois, en fonction du degré de dépendance.

Discrimination

Dénonçant une « discrimination », le collectif « une société pour tous les âges » milite pour une « convergence des dispositifs de compensation ». La future loi sur la dépendance, que le gouvernement a promise pour 2019, devrait instaurer une « prestation autonomie universelle », plaide ce collectif, qui rassemble des associations de personnes handicapées et des structures d’aide aux personnes âgées.

Une telle prestation devrait « couvrir l’ensemble des besoins » de chacun, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui, estime Malika Boubekeur, de l’Association des paralysés de France (APF). Handicapés et seniors ont « les mêmes besoins », il est « insupportable » qu’ils soient traités différemment, souligne-t-elle.

« Arbitraire »

Pour Romain Gizolme, de l’AD-PA, association de directeurs d’EHPAD, il est incompréhensible que dans les maisons de retraite « on n’emploie jamais le mot « handicap » ».

« L’État veut nous fait croire qu’il y a d’un côté des personnes en situation de handicap, de l’autre des personnes dépendantes », ironise-t-il.

Cette barrière d’âge semble d’autant plus « arbitraire » qu’aujourd’hui « à 65 ou 70 ans on est encore un citoyen actif, inséré dans la vie sociale, et tout l’enjeu c’est de le rester », observe Marie-Anne Montchamp, présidente de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), qui gère le financement des aides aux handicapés et aux seniors dépendants.

Il serait toutefois simpliste de considérer que la PCH est toujours plus favorable que l’APA. La première, contrairement à la deuxième, ne permet pas, par exemple, de financer l’intervention d’une femme de ménage à domicile.

La réforme a un coût

Une réforme de la barrière d’âge aurait cependant un coût : jusqu’à 504 millions d’euros par an si la limite était seulement déplacée de 60 à 75 ans, selon l’Inspection générale des affaires sociales. Un montant à comparer aux 7,7 milliards d’euros qu’ont coûtés en 2017 les deux prestations (5,8 milliards pour l’APA et 1,9 pour la PCH).

Pour Florence Leduc, de l’Association française des aidants, il ne faut toutefois pas « faire inutilement peur » en « agitant des chiffres ». Seul un nombre « infinitésimal » de personnes âgées dépendantes ont besoin d’une assistance 24h/24, et seraient donc éligibles à une aide financière très élevée, selon elle.

Une autre barrière d’âge, fixée à 75 ans, fait débat : elle concerne des personnes dont le handicap s’est déclaré avant 60 ans, mais qui dans un premier temps n’ont pas demandé à bénéficier de la PCH. Lorsqu’elles la réclament des années après – souvent, au moment où leur conjoint n’est plus en mesure de les aider -, c’est la douche froide : après 75 ans, il est trop tard.

En mai dernier, l’Assemblée nationale a voté la suppression de cette autre barrière. Mais la mesure n’a pas encore été soumise au Sénat.

Source OUEST FRANCE.

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