À quoi ressembleront les maisons de retraite du futur ?…

En France, il y a actuellement 7 500 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

Ces maisons de retraite médicalisées sont amenées à se redéfinir alors qu’elles se préparent à absorber le choc démographique de l’arrivée des « papy boomers », cette génération née après-guerre, qui avait la vingtaine en 1968.

À quoi ressembleront les maisons de retraite du futur ?

 

De vrais appartements dotés d’une cuisine où chaque pensionnaire se sent chez lui et vit à son rythme, des maisons de retraite qui prennent soin des personnes âgées vivant alentour : c’est peut-être à cela que ressembleront les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de demain.

Ces propositions ont été présentées aux professionnels de la dépendance, directeurs d’Ehpad, responsables de services à la personne ou autorités locales, lors des Assises nationales des Ehpad, les 7 et 8 septembre 2021, à Paris.

Ces maisons de retraite médicalisées sont amenées à se redéfinir alors qu’elles se préparent à absorber le choc démographique de l’arrivée de seniors surnommés « papy boomers », cette génération née après-guerre qui aura 85 ans en 2030 et a eu 23 ans en 1968. « Ils vont révolutionner la vieillesse comme ils ont révolutionné la société », affirme Luc Broussy, coauteur de l’étude L’Ehpad du futur commence aujourd’hui, du think tank (groupe de réflexion) Matières grises.

 

« Gérer sa vie »

« L’Ehpad doit s’adapter aux attentes de l’individu, qui doit pouvoir choisir ce qu’il fait, qui il voit, ce qu’il prend au déjeuner. L’Ehpad doit répondre à ses besoins médico-techniques en le laissant gérer sa vie », estime Didier Sapy, directeur général de la Fnaqpa, la Fédération nationale des organismes gestionnaires d’Ehpad et de services à domicile.

« Il y a 7 500 Ehpad actuellement : il devrait y avoir 7 500 Ehpad différents les uns des autres. Au lieu d’imposer leur organisation aux individus, ils devront s’adapter à l’organisation des individus », affirme-t-il, alors que pendant la crise sanitaire des familles ont souffert de voir les établissements restreindre les libertés des résidents.

L’objectif est de dire aux nouveaux pensionnaires : « Bienvenue chez vous » et non plus « Bienvenue chez nous », selon Didier Sapy.

Une maison de retraite où l’on se sent chez soi, pour l’architecte Fany Cérèse du cabinet AA, c’est avoir un logement avec une cuisine, actuellement absente des chambres de quelque 21 m2 en moyenne avec salle de bains le plus souvent proposées aux usagers. « Avoir du jus de pomme dans son frigo à offrir quand on a de la visite au lieu de courir derrière une employée, c’est se sentir chez soi », observe Fany Cérèse.

Au Danemark, comme l’explique Annette Bertelsen, chargée des affaires de santé à l’ambassade de ce pays scandinave, les pensionnaires vivent dans un vrai logement de 40 à 60 m2 comprenant chambre, salle de bains, salon et kitchenette. Le restaurant de l’établissement est ouvert aux habitants de la ville.

Un centre de ressources ouvert sur le quartier

L’Ehpad de demain sera ouvert sur son quartier, recevant universités du temps libre ou associations, et sera même responsable des personnes âgées vivant sur son territoire.

Alors que le gouvernement envisage de moins construire d’Ehpad, coûteux, et de favoriser le maintien à domicile, les maisons de retraite pourraient trouver un nouveau rôle en aidant les seniors à rester chez eux le plus longtemps possible, sachant que 69 % des Français vivent à 5 kilomètres d’un Ehpad, selon l’étude de Matières grises.

Dans cet « Ehpad plateforme de services » ou « Ehpad ressources », les retraités pourront se rendre pour participer à un atelier ou se faire aider pour remplir leur feuille d’impôt sur internet. « Par exemple, un Ehpad peut apporter des repas au domicile des retraités ou les accueillir dans son restaurant. Elle peut les inviter à des ateliers de prévention des risques de chute et aller à leur domicile pour l’adapter à leur perte d’autonomie », explique Anna Kühn Lafont, consultante pour le think tank Matières grises.

« Nous avons une secrétaire pour faire des démarches administratives, des conseillers numériques pour aider à commander par internet, des salles de télémédecine qui peuvent être utilisées par des seniors vivant à domicile », détaille Jean-Marc Borello, président du groupe SOS.

Pour se transformer de façon systémique, ces professionnels espéraient une loi Grand Âge sur la dépendance, annoncée depuis 2018, mais que le gouvernement a finalement abandonnée.

« Pour changer de modèle, nous avons besoin d’une loi. Le cadre réglementaire est sclérosant et empêche les transformations. C’est pourquoi une loi Grand Âge est indispensable pour apporter plus de souplesse », estime Didier Sapy, regrettant que le gouvernement ait finalement renoncé à faire voter une loi avant la fin du quinquennat.

Source OUEST FRANCE.

 

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