Pour aider les personnes en situation de handicap à trouver un emploi, Agnès Dotte a créé l’entreprise Dragon Fly.
Rencontre.
Ils seraient plus de 6 000, dans le département, à être en situation de handicap et à la recherche d’un travail. Pour les aider à trouver un emploi, Agnès Dotte a créé Dragon Fly.
Cette agence d’intérim est dédiée aux personnes atteintes d’un handicap physique ou psychique. Unique structure du genre en Seine-et-Marne, celle-ci accueillera les demandeurs d’emploi à partir du mois de mars à Champs-sur-Marne.
Directrice d’un établissement et service d’aide par le travail à Chelles pendant quinze ans, Agnès Dotte a décidé de créer son entreprise adaptée de travail temporaire car elle estime que « le handicap n’est pas un obstacle mais bien un talent ».
C’est la raison pour laquelle elle a baptisé son entreprise Dragon Fly, « libellule » en anglais. « Les libellules possèdent cette capacité inégalée à pouvoir changer brusquement de vitesse et de direction », explique l’entrepreneuse. Selon elle, « ces personnes développent cette même aptitude, elles s’adaptent et trouvent toujours des solutions pour avancer ».
Seule condition pour s’inscrire : être reconnu comme travailleur handicapé
Accompagnée l’an dernier par le dispositif de l’agglomération Paris – Vallée de la Marne « Boostez votre projet », la Seine-et-marnaise a ensuite rejoint l’incubateur départemental Émergence.
« Là-bas j’ai appris à élaborer un business plan, à convaincre les banques et j’ai intégré tout un réseau d’entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire », raconte-t-elle. Elle rencontre notamment Sophiatou Ndiaye, aujourd’hui son associée à la tête de la seconde agence Dragon Fly bientôt implantée sur le territoire de Paris-Saclay (Essonne).
Actuellement à la recherche de locaux, la quadragénaire a trouvé plusieurs PME intéressées à l’idée d’embaucher des travailleurs handicapés. « Je me suis concentrée sur les secteurs de la restauration, la logistique et l’industrie car ce sont des domaines qui recrutent », précise-t-elle.
Elle cible des entreprises situées près des stations des lignes de RER A et E, où l’on effectue des tâches répétitives et où l’ambiance y est sereine. Pour rappel, selon la loi, toute entreprise d’au moins 20 salariés doit compter 6 % de travailleurs handicapés dans ses effectifs.
Agnès Dotte a aussi démarché les missions locales, Cap emploi ou encore le réseau écoles de la deuxième chance. « Là aussi, les différentes structures étaient partantes pour participer au projet », se félicite-t-elle. Comme sur n’importe quel site d’intérim, les demandeurs d’emploi pourront déposer leur CV et prendre rendez-vous en ligne.
Pour s’inscrire, la seule condition est d’être reconnu travailleur handicapé. Deux profils devraient se dégager parmi les demandeurs d’emploi selon l’entrepreneuse : « Les jeunes qui sortent des institutions à 21 ans et les adultes handicapés à la suite d’une maladie ou d’un accident. »
Le premier jour de travail, «je suis là pour dédramatiser la situation»
« La première rencontre sert à faire le point sur le projet de la personne, évaluer ses compétences et son handicap afin de savoir si elle n’a pas des restrictions », indique-t-elle. Une fois un poste adéquat trouvé, Agnès Dotte accompagnera le travailleur pour son premier jour. C’est là que son rôle est déterminant.
« Ça peut être compliqué de travailler avec une personne handicapée quand on n’a pas l’habitude, poursuit-elle. Je suis là pour dédramatiser la situation en expliquant qu’elle n’est pas un poids mais une aide. »
Par exemple, « si quelqu’un a un regard fuyant et ne regarde pas dans les yeux, ce n’est pas par ce qu’il est malpoli. Il est juste mal à l’aise et il ne faut pas le prendre contre soi. »
Agnès Dotte suit le travailleur pendant une journée ou jusqu’à cinq jours si c’est nécessaire. « Au départ, ce sont des contrats courts comme des remplacements de congé maladie ou si l’entreprise fait face à un surplus d’activité, précise-t-elle. L’objectif au bout de deux ans est de parvenir à une embauche durable. »
D’ici un an, Agnès Dotte prévoit d’accompagner quinze travailleurs, puis quarante-cinq la troisième année.
Source LE PARISIEN