À 16 ans, elle publie un livre pour clore le chapitre de son cancer…

Manon Tireau avait 2 ans lorsqu’on lui a diagnostiqué un cancer du foie.

Aujourd’hui âgée de 16 ans, la jeune fille, qui vit en Normandie, dans l’Orne, vient de publier sa courte biographie.
Elle s’est lancée dans l’écriture de ce livre fin 2019, pour poursuivre sa vie plus sereinement.

Un écrin de tendresse pour panser mes blessures. C’est le titre d’un livre qui paraît aujourd’hui aux éditions Vérone. Un livre écrit par Manon Tireau, une jeune fille de 16 ans scolarisée en première au lycée professionnel agricole d’Alençon, dans l’Orne.

Sans fioritures, avec ses mots à elle, Manon raconte sa vie avant, pendant et après le cancer du foie qui a failli l’emporter lorsqu’elle était enfant.

Un écrit thérapeutique

« J’ai eu besoin de raconter mon histoire afin de me libérer de toutes mes angoisses, confie-t-elle. Mais j’ai aussi voulu montrer à mes proches que je suis capable de faire quelque chose de bien. Et si cela peut donner du courage à d’autres personnes, c’est encore mieux. Mon message, c’est qu’il ne faut jamais cesser de se battre, qu’il faut croire en soi pour réaliser ses rêves. »

Manon voit le jour le 9 décembre 2004 à Laval. C’est un bébé tout ce qu’il y a de plus normal. Puis elle mange moins, vomit souvent.

Au printemps 2006, ses parents consultent une pédiatre et leur médecin traitant qui ne s’alarment ni l’un ni l’autre. En novembre, l’état de Manon s’aggrave. Un autre pédiatre est sollicité, des examens sont réalisés.

Un hépatoblastome

« Allez d’urgence au CHU de Rennes, je leur annonce votre arrivée », lâche le spécialiste aux parents de Manon, après avoir vu son échographie du foie. Trois semaines plus tard, le diagnostic tombe : la petite fille, qui vient de fêter ses 2 ans, a un hépatoblastome, un cancer u foie rare, qui touche les nourrissons et les enfants.

De tout cela, la jeune fille n’a pas de souvenirs, « juste l’odeur de l’hôpital ». Pour coucher sur le papier cet épisode douloureux, elle a sollicité sa grand-mère paternelle Marianne Tireau, avec laquelle elle a tissé « des liens formidables », selon les propres mots de cette dernière.

« Elle m’a demandé si j’acceptais de lui raconter son histoire, confie Marianne Tireau. Je lui ai dit que je voulais bien essayer. »

« Cela a été très dur »

« Les quatre premières années de ma vie se résument ainsi, écrit Manon. Radios, échographies, biopsie, pose d’un cathéter, chimiothérapies, gastrostomie, multiples prises de sang, électrocardiogrammes, ablation de la vésicule biliaire et des trois quarts de mon foie, six mois d’hospitalisation, perte de mes cheveux et quatre anesthésies générales… »

« Cela a été très dur, soupire Marianne Tireau. Quand le téléphone sonnait, on se demandait ce qu’on allait nous annoncer. »

Puis, un jour, Manon est déclarée guérie. « Si on a du mal à s’habituer à la souffrance, le retour au bonheur se fait très rapidement », témoigne-t-elle au début du second chapitre intitulé « Retour à la vie ».

Vivante mais coupable

Manon entre en maternelle à Saint-Mars-sur-la-Futaie, en Mayenne, prête à croquer la vie, enfin. Mais le ciel familial s’assombrit à nouveau. Ses parents, qui ont repris un hôtel-restaurant un an après sa naissance, sont contraints de déposer le bilan. Et son père la tient pour responsable de cet échec. « Son papa ne l’a pas épargnée », reconnaît Marianne Tireau.

« Vers l’âge de 8 ans, n’en pouvant plus du manque d’affection de mon père et des mots blessants qu’il me disait, j’ai fini par exploser en leur criant : Ça aurait été mieux pour tout le monde si j’étais morte », raconte Manon.

En 2018, ses parents divorcent. « Aussi choquant que ça puisse paraître, j’étais contente, soulagée », poursuit-elle.

« Me surpasser pour réussir »

Écorchée vive, Manon rencontre de grosses difficultés à l’école, mais parvient à décrocher son brevet des collèges. Aujourd’hui, elle rêve de devenir infirmière puéricultrice, comme sa tante Émeline qui « a joué un rôle très important auprès d’elle », souligne Marianne Tireau.

« J’ai hâte de retourner à l’hôpital pour m’occuper des enfants », confie la jeune fille.

Avec la publication de son livre, Manon franchit une étape clé qu’elle décrit ainsi : « Me surpasser pour réussir et surprendre est la meilleure thérapie qui soit pour moi, parce que j’ai besoin de reconnaissance pour me sentir bien, revalorisée, m’épanouir. Et si ma biographie est aujourd’hui entre vos mains… Alors, c’est que j’ai réussi ! »

Un nouveau combat

Auprès d’elle, Corinne Ligot, assistante d’éducation à l’internat du lycée, se réjouit : « Elle me racontait des bribes de sa vie, alors je lui ai suggéré d’écrire ce qu’elle me disait. »

Manon s’exécute, puis après avoir tout relu, cherche un éditeur, seule, sans en parler à personne. « Ce livre, c’est encore un combat que Manon remporte », salue Corinne Ligot.

Marianne Tireau aussi se dit « contente pour elle » : « Elle avait besoin de ça pour trouver la paix en elle-même. Maintenant elle va pouvoir aller de l’avant. »

La page du cancer est tournée, mais « j’ai encore la trouille quand même », avoue sa petite-fille. Les blessures affectives, elles, commencent seulement à cicatriser. Mais Manon n’a que 16 ans, elle a la vie devant elle.

Un écrin de tendresse pour panser mes blessures, Manon Tireau, aux Éditions Vérone, 10,50 €. Disponible à la commande auprès de toutes les librairies indépendantes et sur internet (Fnac, Amazon, Decitre, Chapitre, Cultura, Le Furet du Nord).

Source OUEST FRANCE.

 

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