Emploi des personnes handicapées : « C’est une valeur ajoutée, une diversité, qui rend l’entreprise plus performante »…

« On ne peut pas continuer de penser que les personnes handicapées sont un quota dans la population », a expliqué, mardi 19 juin sur franceinfo Dominique Gillot, présidente du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH).

Jean-Claude Mauran, confiseur et responsable de la production à l'entreprise Patrelle, travaille le 13 novembre 2003 sur une chaîne de production à Houlgate.

Plus de 500 000 personnes handicapés sont au chômage en France. On est encore très loin de l’objectif des 6% de salariés handicapés comme le prévoit la loi. « Il y a des préjugés. Il y a encore des employeurs qui considèrent que recruter une personne handicapée c’est une charge », a expliqué sur franceinfo Dominique Gillot, présidente du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), ancienne secrétaire d’État socialiste chargée de la Santé, auteure du rapport « Personnes handicapées : Sécuriser les parcours, cultiver les compétences », présenté mardi soir au gouvernement. Pour elle, « on ne peut pas continuer de penser que les personnes handicapées sont un quota dans la population, qui nécessite un volet supplémentaire dans une loi. Elles doivent être considérées dès le début d’une loi comme des citoyens à part entière ».

franceinfo : Pourquoi y-a-t-il si peu de personnes handicapées salariées ?

Dominique Gillot : On considère trop les personnes handicapées du point de vue de leur handicap, de leur limitation que du point de vue de leurs compétences. Je me suis engagée à la présidence du CNCPH à faire la promotion du handicap, des personnes handicapées, de leurs compétences, leurs aptitudes à exercer leurs droits, leurs talents professionnels.

Les préjugés persistent-ils ?

Tout à fait. Il y a des préjugés. Il y a encore des employeurs qui considèrent que recruter une personne handicapée c’est une charge, c’est une obligation, c’est un poids. Dans le collectif de travail c’est pareil. On peut considérer qu’avoir un collègue handicapé c’est plus de boulot pour le collectif, qu’il va avoir des avantages et des privilèges qu’on aimerait bien avoir aussi. Donc, tout ça il faut le casser. Il faut considérer la personne handicapée pour ce qu’elle est, une personne qui a des aptitudes, des compétences, qui fait l’effort de dépasser son handicap et qui développe des compétences qui peuvent être un levier pour l’entreprise.

La loi impose 6% de travailleurs handicapés aux entreprises. Préfèrent-elles payer des amendes plutôt que de les recruter ?

De moins en moins. C’est aussi une idée reçue. J’ai rencontré beaucoup d’entrepreneurs, de managers, qui considèrent l’intérêt qu’il y a à recruter une personne avec des besoins spécifiques, une intelligence particulière, une sensibilité particulière, au sein des équipes professionnelles. C’est une valeur ajoutée, une diversité, qui rend l’entreprise plus performante.

Les salariés rencontrent-ils des freins administratifs à leur insertion professionnelle ?

L’éventail de dispositifs pour accompagner les personnes handicapées vers l’emploi est inouï, c’est d’une complexité très grande, il y a trop d’interlocuteurs, des cloisonnements, de transferts. Il y a vraiment besoin de simplifier, de rendre les choses plus rationnelles, plus performantes et de généraliser l’information, l’accompagnement des personnes vers l’emploi, du point de vue de l’orientation, de la formation, de l’accompagnement dans l’emploi après le recrutement. Pôle emploi n’est pas suffisamment sensibilisé à l’orientation des personnes handicapées, les organismes de formation ne leur font pas suffisamment de place, donc il y a une volonté d’ouvrir le milieu ordinaire de formation aux jeunes avec handicaps, aux adultes.

Emmanuel Macron a promis de faire du handicap une priorité de son quinquennat. Qu’attendez-vous ?

J’interpelle le président de la République. Il doit donner des indications fortes sur la culture qu’on doit partager. Donner une priorité au handicap, cela veut dire que toutes les actions publiques doivent être imprégnées de cette volonté de considérer les personnes handicapées parmi les autres, comme elles le souhaitent. On ne peut pas continuer de penser que les personnes handicapées sont un quota dans la population, qui nécessite un volet supplémentaire dans une loi. Elles doivent être considérées dès le début d’une loi comme des citoyens à part entière.

Source FRANCE INFO.

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